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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Chris habite dans un appartement trop grand. Il est seul. Il n'a pas même pas de voisins. Seul mais il a une famille qui l'aime ; une famille engagée : sa mère est climatologue, une de ses soeurs est photographe, l'autre est grand reporter. Lui, il est musicien. Il tarde à composer son premier album. Il faut dire qu'il ne subit pas la pression du manque d'argent, depuis un héritage secret. Tout est secret dans sa vie. Surtout la nuit…


La nuit, il fait de la veille terroriste. Il infiltre les canaux jihadistes sur Telegram. Il a rejoint un groupe d'anonymes, la Katiba des Narvalos. Ces hommes et ces femmes, qui ont parfois une vie professionnelle et une famille, oeuvrent pour traquer les partisans de Daesh. Leur mission est de relever toutes les informations possibles afin de les transmettre aux autorités, dans l'objectif de déjouer des attentats.


Je n'ai pas dit à mon mari que je lisais un livre sur ce thème. Il ne comprendrait pas, car il sait, que depuis 2015, si ma fille est dans un lieu avec beaucoup de monde, je panique. Contrairement aux Narvalos qui tentent d'agir pour contrer l'innommable, je suis tétanisée face à ce fléau. Je dois, même avouer que ma première pensée, lorsque l'auteure décrit leurs méthodes d'infiltration, a été : « n'est-ce pas dangereux de révéler leurs méthodes ? ». Puis, je me suis dit que si ces personnes s'étaient confiées, c'est que le groupe était passé à une autre étape…


La Grâce et les Ténèbres est un docu-roman. La vie fictionnelle de Chris est mêlée à des faits relatés par des sources vérifiées. le jeune homme de trente ans raconte de quelle manière, sa vie est vouée à la surveillance des jihadistes. Il a aménagé son logement, qui est de typologie très particulière, pour pouvoir consacrer ses nuits à cette mission. D'autres membres du groupe lui conseillent d'avoir une soupape, mais Chris ne lâche plus prise. La pression est forte : les Narvalos vivent avec la peur de rater des signes sur un attentat annoncé. Un passage m'a profondément marquée : un de ces anonymes relate la chronologie des indices qu'un terroriste avait semés avant de passer à l'acte et que ni les services de renseignements, ni la Katiba, n'avaient interprétés comme tels. L'auteure montre à quel point cela les a traumatisés. Elle décrit aussi la difficulté de lâcher prise : Chris s'interroge sur les moyens de se protéger psychologiquement lorsque l'on est confronté à l'horreur. Son récit est entrecoupé par des bandes audio, sur lesquelles d'autres Narvalos livrent leur vision de cette mission et leur manière de compartimenter leur vie pour ne pas sombrer.


Il est difficile de trouver les mots justes pour parler de ce roman. J'ai l'impression que les termes habituels ne s'accordent pas avec le sujet qui est, hélas, réel. Par exemple, dire que j'ai été passionnée ne me paraît pas adapté en raison des passages glaçants et véridiques, pourtant je ne l'ai pas lâché. Utiliser le verbe « adorer » me dérange et cependant, c'est celui qui me viendrait, spontanément, à l'esprit, mais toujours ce thème… Ce qui est certain, c'est que c'est une lecture marquante, difficile et éclairante. Pour me ménager une petite soupape, une transition avant de dormir, j'ai commencé en parallèle, une de mes lectures-doudou (un tome d'Abigaël de Marie-Bernadette Dupuy).


Le titre est vraiment parfait : La Grâce et les Ténèbres […]


La suite sur mon blog...


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La Grâce et les ténèbres nous plonge dans la lutte contre le terrorisme. La lutte dans l'ombre, derrière un écran pour démasquer les terroristes. Chris est un musicien qu'un héritage va désoeuvrer et qui va lui permettre de se lancer dans une bataille au sein d'un groupe de cybersurveillance du jihad.
Le livre alterne les moments intenses autour de la lutte contre le jihad avec les moments plus calmes et quotidiens. Mais certains de ces passages traînent en longueur comme la soirée guitare de Chris et Jean, où l'autrice égraine les uns après les autres les morceaux qu'ils jouent pendant des pages et des pages. Pourtant, ces interludes appuient le désoeuvrement de Chris et sa quête pour donner un sens à sa vie. Pour appuyer son propos, les chapitres sont entrecoupés de notes et retranscriptions d'informations de propos sur le jihad qui nous permettent de mieux appréhender les enjeux.
En plus de Chris, on suit Cass et Claire, l'une photographe sur les zones de conflit, l'autre reporter de guerre. Mais aussi Collette, leur mère, militante écologiste. On sent une vraie empathie envers eux et l'autrice réussit à nous les rendre attachants.
Au final, le roman s'avère très intéressant à lire, à travers le parcours de Chris, qui nous offre aussi un joli parcours personnel.
Merci aux éditions Calman Lévy et à Netgalley pour cette lecture prenante.
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À la lecture de ce roman, on a parfois du mal à faire la différence entre la fiction et la réalité, c'est sans doute là qu'est le génie de son auteur Ann Scott qui travaille ici de manière assez poussée le sujet de la traque des djihadistes sur les réseaux sociaux (elle s'est très bien documentée auprès de spécialistes de l'antiterrorisme, de journalistes, de la Katiba des Narvalos…).

Et c'est en effet le combat du personnage principal, Chris, qu'elle nous dépeint comme un jeune musicien en recherche de ce qu'il est vraiment : il tourne en rond dans un appartement vide, sans arriver à écrire une seule ligne de la musique qu'il devrait/pourrait créer.

Depuis très jeune, il est fasciné par les métiers particuliers de sa famille : une mère climatologue, une soeur photographe, l'autre grand reporter… Des profils atypiques qui le font entrer très tôt dans un monde de conflits mais aussi qui lui montrent une certaine forme de courage. Lui, le petit dernier qu'on a voulu épargner, peut-il aussi trouver sa place dans ce monde-là ?

Ce sentiment et cette peur pour elles aussi, l'amènent à consulter en véritable boulimique toutes les données ayant trait au djihadisme, à la vie des journalistes en zone de guerre dont il écrit scrupuleusement les notes dans le Rolodex donné par sa mère (les passages sont des résumés de chapitres du vrai Guide pratique de sécurité des journalistes de Reporters sans frontières).
Cette fascination, presque morbide, le pousse à intégrer sur le web un groupe d'anonymes, la Katiba des Narvalos, qui traque les terroristes…

Ce mouvement existe réellement et contribue à lutter contre les cyber-djihadistes notamment en infiltrant leur réseau (sur Twitter puis Telegram…) ou encore en parodiant les comptes des propagandistes sur twitter pour les discréditer… Il a été créé suite aux attentats à Charlie Hebdo. C'est donc un roman qui vibre étrangement en cette période de procès…
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Chris, la trentaine, reste enfermé chez lui, ne sortant dehors que pour errer dans la ville. À l'abri du besoin, après avoir secrètement hérité d'une importante somme d'argent en liquide de sa grand-mère, il espère consacrer son existence à la musique. Mais quelle ambition mettre dans des chansons alors que Colette, sa mère climatologue, Cass et Claire, ses soeurs respectivement photographe et reporter de guerre, consacrent leur vie à des causes plus grandes qu'elles. Pour exister, Chris va rejoindre la Katiba des Narvalos, groupement en ligne qui lutte anonymement contre les activités djihadistes, formant un avant-poste bénévole du renseignement français. Tout au long du livre, « La Grâce et les ténèbres » d'Ann Scott va interroger cet engagement, ses causes, ses conséquences, son nombrilisme et sa grandeur.

D'un côté, le désoeuvrement, l'incapacité à trouver sa place dans le monde, à donner un sens à son existence. de l'autre, la violence froide du terrorisme, et les arcanes de la lutte contre le cyberterrorisme. Entre les deux : les réseaux sociaux, et plus particulièrement Twitter, champ de bataille où le lol et l'incitation à la haine sont traités au même niveau.

Dans les fondations de « La Grâce et les ténèbres », on retrouve des éléments du thriller terroriste, du drame familial et de l'essai documentaire, mais le roman ne cherche jamais à s'appuyer sur eux pour construire une intrigue, pour faire fiction. Il nous laisse dans la même position que Chris, physiquement ancré dans une réalité connue, mais avec une fenêtre ouverte sur la barbarie, et celles et ceux qui limitent sa propagation.

Ce refus de laisser l'intrigue prendre le pas sur le propos permet à Ann Scott de rester focalisée sur ses enjeux, de multiplier les sources d'informations, de fournir une cartographie complète des forces en présence, et même de consacrer plusieurs pages d'analyse à l'avenir de Twitter.

On est toujours dans et hors le roman. Un beau numéro d'équilibriste pour un texte moderne et politique, qui dans un même mouvement prône l'engagement et le renoncement.
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Ce roman de la rentrée littéraire 2020 a été une très bonne surprise. C'est l'histoire d'une famille à travers le regard de Chris, jeune homme musicien un brin paumé. Ses soeurs et sa mère font / ont fait carrière dans le journalisme : photographes ou journalistes de terrain, elles partent dans des zones de guerre tout en tentant de mener une vie "normale" lors de leurs retours. Chris a essayé de les comprendre et s'est peu à peu immergé dans leurs métiers en lisant tout ce qu'il trouvait sur le sujet. Il a peur pour elles et a décidé de lutter à sa manière contre les groupuscules islamistes sur les réseaux sociaux. Ainsi, le roman très bien documenté se rapproche d'un docu-fiction sur le journalisme, la lutte cyber-terroriste mais également un regard sur le terrorisme en France (les attentats de 2015), la politique et la place des réseaux sociaux dans la diffusion des idées islamistes mais également fascistes. Même si le héros est un homme, les femmes de cette famille sont des modèles d'engagement et je ne peux cacher mon admiration pour elles. Mais Chris, à sa manière et dans l'ombre, montre ce qu'un citoyen peut réaliser avec toutes les dérives : la fascination, le dégoût, l'isolement... Un anti-héros comme on les aime. #LaGrâceetlesténèbres #NetGalleyFrance
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Le roman "La Grâce et les Ténèbres" est extrêmement bien documenté, avec pas mal de références sur l'anti-terrorisme et de nombreux extraits du "Guide pratique de la sécurité des journalistes" de reporter sans frontières.
Pourquoi passer ses nuits à combattre le djihadisme ? Pourquoi composer de la musique ou chercher sa voie professionnelle quand on a hérité d'une somme d'argent assez conséquente et que l'on est conscient des dérèglements climatiques qui rendront bientôt toute vie impossible sur la planète ? le roman aborde ces questions là en filigrane.
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