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Citations sur L'enfant travesti (55)

Les hommes de la génération de mon grand-père, même lorsqu'ils se retrouvaient au café où quelquefois je le suivais, ne parlaient pas ou peu de politique (...) Jamais de conversations sur le sens de la vie ou sur le rôle de chacun sur cette terre. c'est d'autant plus curieux que ceux-là avaient fait la guerre de 14-18 et avaient participé au changement radical de l'ordre du monde. Preuve qu'ils n'en avaient aucune conscience ou, s'ils en étaient conscients, qu'ils s'en foutaient pas mal, voire regrettaient qu'il y ait eu tant de morts pour en arriver là. La seconde guerre mondiale, plus dégueulasse que la leur, les avait contraints à un silence définitif d'une part leurs efforts et leurs sacrifices en 14 n'avaient pas garanti une paix durable, et que, d'autre part, le pacifisme de nombre d'entre eux en 39 les avait réduits au statut de traîtres, de collabos et de pétainistes. De quoi la boucler jusqu'au tombeau. (p. 50)
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Quand Rose demandait à son frère : "Pourquoi tu écris ?", il lui répondait : " Je fais tabula rasa pour en finir avec le tohu-bohu." Tabula-rasa était le nom qu'il avait donné à l'écriture et Tohu-bohu à celui du chaos qui précède l'écriture; elle aimait tellement cette réponse et ces deux mots étranges qu'elle lui reposait régulièrement la question; Rien que pour entendre ces mots fabuleux qu'elle imaginait tout attachés. (p. 201)
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Le twist apparaissait d'une indécence totale. ça se remuait les hanches et les fesses dans un dévissé contrebalancé des bras. Certaines mères allaient chercher leurs filles au milieu de la piste et les ramenaient sur une chaise près d'elles. C'était surtout la première fois qu'on dansait sans partenaire. (...) Les danseurs et les danseuses de twist se faisaient face et se souriaient, s'excitaient et se lançaient des regards de défi. Plus rien à voir avec les regards passionnés du tango ou ceux plus évanescents de la valse. le rythme associé aux jeux de jambes des twisteurs inondait de gaieté les spectateurs qui n'en revenaient pas. pour ma grand-mère le twist n'était qu'un poison de plus offert par les Américains pour nous endormir et nous faire gober leur mode de vie. (p. 175)
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Tous les dimanches, après sa toilette, ma mère procédait à la mienne, ma grande toilette de la semaine, disait-elle. C'était le moment que je redoutais le plus. Longtemps le jeu consistait à faire disparaitre mon sexe de garçon ou mon sexe d'ange, comme elle l'appelait. Pour réaliser ce miracle, elle faisait glisser mon appendice entre mes cuisses qu'elle tenait fermées entre ses mains comme un étau. Le pli vertical qui se formait sur mon bas-ventre ressemblait effectivement à la fente d'une fille. Ensuite, elle me montrait l'image de cette ablation fictive dans la petite glace qu'elle décrochait du dessus de l'évier. Je la croyais !
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Ne rien dire aux enfants. Profitez de leur ignorance pour enfouir encore plus profond la vérité dont la première consisterait à leur dire pourquoi ils sont là. (...)
C'est le premier abus que l'on fait subir aux enfants et ma vie semblait avoir commencé par ce châtiment. (p; 180)
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Il n'a jamais été pour moi une image paternelle ni un père de substitution. Il était mon grand-père, le père de ma mère, un homme qui savait rester à sa place, celle d'un ancien combattant qui, une fois sorti de l'usine, se rendait dans son jardin pour goûter chaque jour le miracle d'être en vie. (...)
il avait acquis une espèce de philosophie, une sorte d'autarcie spirituelle, qui l'aidait à ne croire qu'en ses seules capacités, surtout pas en un gouvernement ou en un patron. Il était anarchiste jusqu'à la racine. (p.52)
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Tes contemporains ne comprenaient pas ta peinture [Chaïm Soutine ] sur laquelle tu ne glosais jamais. Il fallait bien se rendre à l'évidence devant sa force incontestable. Le mot "force" est déjà contestable. C'est ce que l'on dit quand on n'a rien à dire d'un artiste ou quand un artiste nous a impressionnés au point de nous rendre idiots. (p. 12)
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avant-propos

(...) Cette image découpée dans le livre [ reproduction de "La petite fille à la poupée" de Soutine ] est collée sur un bristol ne m'a jamais quitté. Perdue quelques fois dans les déménagements. toujours retrouvée. C'est un mystère les choses qui disparaissent et réapparaissent sans qu'on les ait recherchées, sans même qu'on ait voulu les perdre. Comme la dernière lettre que ma mère m'a écrite. Je la perds et je la retrouve, quelquefois des années plus tard. J'en suis arrivé à me dire que certains objets ont le pouvoir de se déplacer et de jouer avec nous. Les objets font écho à la mémoire: ils sont absences et fragments de souvenirs, grâce auxquels nous pouvons jouer avec le récit de notre vie. (p. 10)
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- Tu verras, un jour, tu auras autant besoin des livres pour vivre que de manger ou de rencontrer un ami ou même l'amour. Tu penses bien que toutes ces choses vont t'arriver. Et si par malheur tu ne ressens pas ce besoin tu seras perdu. Tu ne comprendras rien à ce qui t'arrive. Retiens bien ça: lire c'est être sauvé.
Puis elle ajouta:
- Sauvé de tout.
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Mais bien plus que le contenu des livres ce sont les annotations de son frère dans les marges qui l'attirent et qu'elle lit en premier sans se soucier du contexte. Ses mots écrits au crayon à papier sont la parole de Pierre. Quand elle les lit, elle entend sa voix et sa véhémence à cause du grand nombre de points d'exclamation. (p. 226)
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