Citations sur L'enfant travesti (55)
Tiens, ça c’est une étrangeté de la vie. Quoi ?
De ne jamais poser les bonnes questions à nos parents sur leurs vies tant qu’ils sont capables ou en état d’y répondre. Du coup personne ne sait qui étaient cet homme et cette femme qui nous ont élevés. Je crois que c’est cette prise de conscience après leur décès qui nous envahit. Ce ratage ! L’abîme vient de tout ce que nous ne saurons jamais d’eux, qui ils étaient vraiment. On ne voit en eux que deux figures totémiques, à qui nous avons refusé le droit d’être eux-mêmes. C’est ça l’enfance : terroriser les hommes et les femmes qu’ils ont été, les anéantir jusqu’à ce qu’ils s’oublient eux-mêmes.
S'ils (les hommes) pouvaient faire des enfants tout seuls, ils seraient les plus heureux de la terre! Et s'ils y arrivaient, nous serions les premières qu'ils extermineraient; Faire des enfants! Est-ce que tu te rends compte que faire des enfants c'est notre seule arme contre eux ...
page 328
Il faut que les femmes prennent le pouvoir elles aussi et ne se contentent pas des miettes. Si les femmes dirigeaient les nations, elles refuseraient de mettre au monde des soldats ou de la chair à canon et les guerres seraient évitées. Je le sais, ma mère le répète à longueur de journée. Elle ne dit pas que des bêtises. Elle n'en dit jamais d'ailleurs.
page 327.
Un jour nous serons tous de l'autre côté. N'oublie jamais ça, un jour nous serons des gens du passé, nous ne serons jamais des gens de l'avenir. C'est une bêtise de faire croire ça à la jeunesse.
page 172.
Antoine ne croyait ni aux américains, ni en Dieu, ni aux Soviétiques, ni à cette foutaise des extraterrestres dont on commençait à parler, il ne croyait qu'en une seule chose: son jardin et ses ancêtres, ce carré de terre parfaitement situé entre la monument aux morts et le cimetière.
page 53.
Ma vie, à l'image des personnages de Soutine, est faite de lambeaux arrachés au monde et à ma propre histoire.
page 10.
- Tu verras, un jour, tu auras autant besoin des livres pour vivre que de manger ou de rencontrer un ami ou même l'amour. tu penses bien que toutes ces choses vont t'arriver. Et si par malheur tu ne ressens pas ce besoin tu seras perdu. Tu ne comprendras rien à ce qui t'arrive. Retiens bien ça : lire c'est être sauvé.
Puis elle ajouta :
-Sauvé de tout. (p. 246)
Il n'y a pas de tragédie sans une certaine joie d'en finir. Pourquoi vivrais-je alors que sa vie s'est arrêtée dans une guerre? Une guerre n'est pas une maladie ou un accident, c'est une machine à tuer les jeunes hommes, c'est le sphinx à l'entrée de Thèbes qui ne trouve aucune réponse satisfaisante à la peur.
page 386.
Il le dit: "La guerre m'a été moins étrangère que l'usine." Ce qui ne veut pas dire qu'il a aimé la guerre et qu'il le regrette. Non. Personne ne peut aimer la guerre à part ceux qui ne la font pas.
page 336.
( A propos des représentations de la Vierge et l'Enfant: )
le bambin auréolé ne lui appartient pas, elle l'offre au monde. Il ne la regarde quasiment jamais, c'est la mère qui l'expose à la populace à laquelle elle le destine. C'est ça le véritable message de la mère et de l'enfant: nos enfants ne nous appartiennent pas, nous ne les faisons pas pour nous-mêmes, mais pour les offrir au monde.
pages 330-331.