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Citations sur Un fils obéissant (93)

Depuis la mort de mon père, ma vie tourne autour du souvenir, comme la terre autour du soleil.
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"Il avait perdu son père trop jeune pour savoir ce que la figure paternelle avait de rude, d'écrasant, de mystérieux et de flamboyant. Je lui pardonnais tout au nom de son histoire. les tourments de sa propre enfance m'accablaient de compassion et d'empathie, désamorçaient toute révolte. L'amour filial l'emportait sur l'instinct de l'homme. "
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Jacob, le père de Victor, tenait au centre du hameau une sorte d'officine, à la fois pharmacie et épicerie, devant laquelle quatre tables étaient dressées et où l'on servait une boisson dont Jacob était l'inventeur, et baptisée la Jacobine.
− C'était bien trouvé, la Jacobine, papa.
− Ton arrière-grand-oncle était un poète en même temps qu'un excellent chimiste.
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Elle se nommait Mme Boyer, la première patiente qui est décédée sous mes yeux, et, parmi la foule de silhouettes croisées dans les couloirs et les chambres des hôpitaux, je distingue encore la lueur inquiète de ses yeux, la peau parcheminée de son front, son visage mélancolique et las qui s'éclaircissait à la moindre gentillesse que vous lui adressiez. Elle avait été admise dans le service de réanimation, au stade terminal de son insuffisance cardiaque.
Alors que je l'examine à son arrivée dans le service, je l'entends dire d'une voix étouffée :
« Ne vous faites pas de souci, jeune homme, j'en connais un brin sur ma maladie, je vous aiderai si le professeur vous interroge. Si je peux me permettre un conseil, profitez vite de mon expérience : je ne vais pas durer longtemps... Oh, comme je vous envie. Avoir la vie devant vous. Évidemment, vous ne réalisez pas ! À votre âge, on croit avoir le temps... Vous savez, moi aussi, j'ai été jeune. À vingt ans, j'avais un corps splendide ! Et regardez ce qu'il en reste... »
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Elle ajoute que ça ne l'intéresse pas de rencontrer de nouveaux amis pas plus que de revoir ses anciens, c'est peut-être d'ailleurs la raison pour laquelle elle veut un animal, parce que la compagnie de ses semblables ne lui apporte plus rien, la compagnie des hommes en particulier, qu'elle trouve tous prétentieux, inconstants et frivoles, qui lui parlent comme s'ils voulaient lui refourguer un PEL, alors qu'elle aimerait les entendre prononcer des serments d'éternité, mais l'éternité, ça ne dit plus rien aux hommes (p. 103)
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Nous vivions dans une sorte d'émulation, un peu comme si nous concourions ensemble pour le César du Meilleur Rôle dans un film familial, lui dans la catégorie du Père modèle, moi dans celle du Fils parfait.
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Tous les services de réanimation se ressemblent, les secondes n'y défilent pas, les saisons n'y passent pas, le jour et la nuit diffusent la même clarté aveugle et froide où flottent regards fiévreux et gémissements de douleur. A-ton préfiguré l'enfer, prophétisé l'éternité ?
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Maman nous observait en silence, d'un air infiniment doux, dévastée par sa tristesse immense, elle contemplait l'étendue du naufrage, tout à sa confiance dans la science, regardant dignement l'homme qui ne l'avait jamais quittée disparaître sous ses yeux, son mari s'éloigner d'elle comme la mer se retire.
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Jacob, le père de Victor était tout l'inverse. Homme de parole et d'action, type bourré de qualités à qui certains prêtaient tous les défauts, grande gueule n'ayant peur de rien ni personne, il avançait dans la vie sans s'appesantir sur les obstacles ni se perdre en conjectures. Personnalité qui comptait autant d'adulateurs que de contempteurs, qu'on saluait chapeau bas ou qu'on préférait ignorer, il accordait de l'importance aux détails, était capable de s'emporter d'une même colère pour l'honneur du capitaine Dreyfus et pour un thé à la menthe refroidi. Tout lui tenait à cœur quand son épouse n'avait de cœur à rien. Le couple était bien assorti, l'une la froide majesté d'un Vermeer, l'autre le maniérisme d'un Titien.
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Ce matin-là du dernier jour de mon père, dans le taxi pour Charles-de-Gaulle, le chauffeur m'avait tendu un kleenex d'un geste empli d'aimable discrétion.
− Ne vous en faites pas, avait répondu l'homme sur un ton de bienveillance après que je me fus platement excusé du spectacle que je lui imposais.
Mes larmes taries, je commençai à lui parler de mon père, me confiai à lui comme à un ami d'enfance retrouvé par hasard, dont on ne sait plus rien, à qui rien ne nous lie plus, mais auprès de qui on retrouve une familiarité immédiate bâtie sur le sable d'un passé révolu.
− Moi aussi j'ai perdu mon papa, avait-il fini par déclarer d'un air compatissant, et sans doute voulait-il me consoler en m'emmenant communier dans la confrérie des orphelins de père.
Ses mots de réconfort eurent sur moi un effet mortifère, j'enrageais intérieurement, soupçonnant derrière ses paroles bienveillantes la volonté d'enterrer mon père vivant. Depuis qu'il se débattait entre la vie et la mort, des accès de fureur immotivée se déchaînaient à tout propos, m'entraînaient dans d'impensables algarades, la colère était devenue une seconde nature que dévoilait le moindre mot entendu de travers.
− Ça n'est pas exactement pareil, avais-je corrigé d'une voix blanche. Moi, mon père est encore en vie.
− Je comprends, admit-il sur le ton de l'excuse, vous, votre père est vivant.
J'avais laissé passer un silence, mais incapable de taire ma douleur, j'avais ajouté :
− Ce qui est terrible, c'est que bientôt il cessera de l'être.
− Oui, c'est cela qui est terrible, avait-il répété tristement... Chez moi, on dit qu'il faut prier.
− Vous pensez que cela sert à quelque chose ?
− Cela rend plus fort, je crois.
− Je ne veux pas être plus fort, je veux juste que mon père s'en sorte ! m'exclamai-je dans un nouvel éclat de colère insensée.
− Que disent les médecins ?
− Que c'est fini.
L'homme s'était accordé un instant de réflexion.
− Alors, priez, avait-il fini par lâcher.
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