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J'ai adoré ce recueil de nouvelles. C'est une écriture qui surprend. Et c'est une écriture qui prend directement le lecteur dans un tourbillon de poésie et de folie, avec un humour quelquefois cinglant. le choix de la mise ne page est lui-même parfois décalé pour rendre d'autant plus fort les sentiments, l'exaspération, l'angoisse ou la rêverie. Il y a un crescendo dans la description de l'aliénation des protagonistes qui est magnifiquement orchestré par Hubert Selby Jr. jusqu'au moment où la tension culmine et fait décrocher le protagoniste pour le faire tomber dans les affres de la démence -et parfois, mais rarement- grâce à un petit flocon de neige qui tombe silencieusement, le personnage revient à l'équilibre après une longue promenade. L'auteur a une prédilection pour le prénom Harry qu'il donne fréquemment aux personnages des nouvelles. Par ailleurs j'ai remarqué que les membres de la famille présentée dans Un peu de respect possèdent tous un prénom qui commence par la même lettre : Morris Milton Miltie, comme si la famille était un tout où l'individu n'avait pas d'autonomie. Une autre petite chose a attiré mon attention, il est très souvent question de personnages masculins dans ces nouvelles à l'exception de Je suis bien sage, une suite de lettres écrites par une femme enfermée dans un hôpital psychiatrique. Je reprends ci-dessous les titres des nouvelles, incapable de dire celle que je préfère car elles ont toutes un petit truc qui les rend précieuses.

Le jour de chance du gros Phil
Salut champion
La dernière séance
Le biscuit porte-bonheur
À quoi penses-tu ?
Liebesnacht
Le bruit
Je suis bien sage
L'été de la Saint-Martin
Un peu de respect
La puberté
Le manteau
Le musicien
Des baleines et des rêves
Chanson de la neige silencieuse
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J'ai lu la semaine dernière un article qui parlait d'un SDF accueilli dans un foyer Emmaüs. Ce jeune garçon, contraint de trouver refuge dans un endroit chaud au moment où le froid polaire avait envahit les rues, se plaignait de la promiscuité du foyer, de la violence et des vols. Il venait notamment de se faire dérober 140 euros et surtout le manteau qu'il considérait comme son bien le plus précieux. Ce témoignage m'a secoué et m'a donné envie de relire une nouvelle d'Hubert Selby Jr. intitulé le manteau.

Selby fut une vraie déflagration dans ma vie de lecteur. Comparable à la découverte de Bukowski, de Carver ou de John Fante. C'est au début des années 90 que j'ai entendu parler de cet auteur dans une interview du chanteur Henry Rollins. J'avais à l'époque beaucoup d'admiration pour Rollins, ex-leader du groupe punk Black Flag, grand gaillard musculeux au cheveu ras et tatoué de la tête au pied. J'écoutais en boucle l'album The end of Silence de son nouveau groupe, le Rollins Band, sur mon walkman à cassette (je sais, c'était le moyen âge). Bref, tout ça pour dire que c'est parce que Rollins a toujours cité Selby comme une influence majeure que je me suis intéressé à lui. J'ai commencé par le sulfureux Last Exit to Brooklyn et j'ai pris une claque monumentale. J'ai enchaîné avec le démon, La geôle, Retour à Brooklyn et enfin Chanson de la neige silencieuse. Ce dernier titre est un recueil de nouvelles publiées entre 1957 et 1981. le manteau date de 1978 et c'est une de mes nouvelles préférées.

Le manteau raconte l'histoire d'Harry, un clochard new yorkais qui vit une véritable histoire d'amour avec son manteau. Harry le solitaire squatte les immeubles désaffectés. Il travaille au noir quelques soirs par semaine comme plongeur. Ce petit boulot lui permet de se payer ses bouteilles de muscat quotidiennes. Il ne demande rien de plus. Tant qu'il a son muscat et son manteau, la vie vaut la peine d'être vécue. Ce manteau est son seul ami, celui sur lequel il peut toujours compter pour lutter contre la morsure du froid hivernal. En été, il ne s'en sépare jamais, paniqué à l'idée de le perdre : « Il était long, tombant pratiquement sur ses chevilles, et lourd, et il faisait presque deux fois le tour de son corps, et quand Harry en relevait le col, il se sentait protégé du monde extérieur. C'était un manteau provenant de surplus militaires qui lui avait été donné par l'armée du Salut, l'un des derniers qui restaient. Ç'avait été le coup de foudre. » Un soir d'hiver, deux SDF l'agressent pour lui voler son vêtement préféré. S'accrochant désespérément à son bien, Harry est roué de coup et laissé pour mort mais il a toujours son manteau sur le dos. Il doit son salut à l'intervention d'une patrouille de police. Sauvé in-extremis par les médecins, il passe des mois à l'hôpital. le jour de sa sortie, personne ne retrouve ses affaires dans les vestiaires. Pour Harry, la perte définitive de son meilleur ami signifierait la fin du monde...

Si vous passez régulièrement par ici, inutile de vous dire que c'est la littérature que j'aime. de la littérature à hauteur d'homme qui vous prend aux tripes. Pas de chichi, pas un mot de trop. L'écriture est brutale et réaliste. Selby déroule ses thèmes fétiches : la solitude, la misère et l'angoisse sans la vision apocalyptique qui caractérise ses romans. Car autant vous le dire tout de suite, le manteau se termine sur une note positive.

Je me rappelle avoir lu cette Chanson de la neige silencieuse au cours de l'été 1998 sur les bords du lac d'Annecy. Je m'en souviens parfaitement tant ce moment à été magique. Grâce à un simple article paru dans un journal local, j'ai eu le plaisir de redécouvrir cette fabuleuse nouvelle. Comme quoi, il ne faut parfois pas grand-chose pour dépoussiérer les trésors de sa bibliothèque.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Des petits films en noir et blanc, voilà ce que nous offre Selby avec ce recueil de nouvelles. Des images de New-York couleur sépia. Ouais..ce "old N.Y", celui filmé par Scorsese, chanté par Lou Reed, et écrit par Selby, donc.

On y croise des frangins dangereux, des potes alcoolisés, une fratrie mélomane, de vieux marins nostalgiques, des femmes et des hommes dépressifs, un sale gosse irrespectueux, un clochard en mode survie...
Il nous emmène faire un petit tour dans le métro, nous offre deux séances de cinoche, un match des "jets", ou presque, un p'tit resto chez ce bon vieux Jack Dempsey , on se prendra quelques cachets à l'HP, on explosera des télés à coups de hache, on écoutera le chant des baleines et on y ira marcher dans la neige silencieuse.

Avec son écriture de la rue, Hubert Selby Jr sait nous raconter les vies cabossées, les amours impossibles. Il sait aussi se faire poète, de cette poésie new-yorkaise, puisée dans la marge, poésie du trottoir, faite de rires, de larmes et de rêves.

Sans être réellement des "gros" coup de coeur, mes préférences vont à :
_Salut champion.
_Je suis bien sage.
_Des baleines et des rêves.
_Le manteau.
_Un peu de respect.
_Chanson de la neige silencieuse.
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Chanson de la neige silencieuse m'a profondément attirée grâce ce sublime titre qui tinte à mes oreilles, même toutes ces années après la lecture. Je vibre à chaque fois que je lis ce titre, qui cache un somptueux recueil de nouvelles. D'ordinaire pas ma came préférée, j'avoue que celui-là a fait mouche. J'ai surtout été marquée par Le manteau, même si chaque nouvelle a son petit quelque chose de particulier, propre à Selby.

J'ai découvert l'auteur grâce au film Requiem for a dream, Selby en étant l'auteur avant qu'il ne soit un film pour ados cools. J'étais moi-même une ado (pas cool) quand il a transpercé mon cerveau. Maintenant, Selby est un de mes auteurs favoris.

J'ai beaucoup prêté ce recueil, qui devrait avoir une plus belle notoriété.
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Quand on évoque Hubert Selby JR, de façon invariable, ce qui revient en premier ce sont des romans qui transpirent le malaise et la noirceur : "Last exit to Brooklyn" le premier et le plus connu ou "Le démon" dont on raconte qu'il a directement inspiré le "American Psycho" d'Eston Ellis (ce que je pense aussi). Sans oublier celui que le cinéma s'est chargé de populariser pour lui, le "Requiem for a dream" adapté par Lynch sur grand écran.
Hubert Selby (1928-2004) est le poil à gratter de la littérature américaine bien pensante, celui qui plus que n'importe quel autre auteur s'intéressant aux déclassés et aux laissés pour compte du rêve américain l'a fait avec une prose virtuose. Dans la majorité de ses livres, il a raconté l'errance, la violence et le côté le plus obscur de l'âme humaine, la torture du quotidien des camés, des paumés, des alcooliques et du sexe. de santé fragile, tuberculeux, alcoolique au dernier degré, héroïnomane un temps, Hubert Selby disait pourtant qu'enfant il aurait voulu être un saint. Ceux qui l'ont connu parlent de lui comme d'un être doux et bienveillant qui s'exprimait d'une voix sereine et sans éclat. Il y avait assurément deux Hubert Selby : celui qui écrivait et l'autre.
Il n'a pas laissé derrière lui une bibliographie pléthorique : à peine sept romans et recueils de nouvelles entre les publications de 1964 ("Last exit to Brooklyn") et de 2002 ("Waiting Period"). Les derniers ouvrages permettent de se rendre compte qu'Hubert Selby semblait apaisé et sur la voie d'une nouvelle littérature plus intense et plus belle encore que celle de ses débuts. Il y fait montre d'une poésie qu'on ne lui connaissait pas et qui s'ajoute à l'arc maîtrisé de son style direct et percutant. Les deux font bon ménage et offrent des histoires étonnantes.

"Chanson de la neige silencieuse" fait partie de ces ouvrages de "fin de vie". Il s'agit d'un recueil de nouvelles écrites entre 1957 et 1981 et publié en 1986 aux USA. Quinze nouvelles qui permettent à Hubert Selby de s'intéresser encore aux gens modestes, à ceux qui dorment dans la rue, à tous ceux qui n'ont pas pu ou pas voulu monter dans le train de la modernité. Selby y démontre son talent de conteur aussi à l'aise avec l'écriture urbaine de l'instant, dans une frénésie à l'urgence palpable, que dans des allégories poétiques où une seule averse de neige suffit pour changer un monde sinistre en terre de rédemption propice à tous les possibles. On retrouve dans ce recueil la palette complète de tous les talents de Selby qui le rendent si particulier dans le paysage littéraire américain du XXème siècle. Il serait dommage de ne garder de lui que l'auteur du "Last exit to Brooklyn". Certes ce seul bouquin justifie à lui seul de se souvenir de Selby mais ses nouvelles en donnent une image plus complexe et plus riche encore.
Lien : https://napalm10sto.blogspot..
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On retrouve dans ce florilège de nouvelles écrites entre 1958 et 1981 toute la verve de l'auteur, servie par son style inimitable. Tous les textes ne présentent pas le même intérêt et on peut être souvent déçu de l'absence de chute, la fin restant le plus souvent ouverte ; il faut prendre ces nouvelles pour ce qu'elles sont, des tranches de vie de gens "normaux" : gamins bourrés, cadres déprimés, femme seule et dépressive en maison de repos... des misères et des joies somme toute assez ordinaires, souvent touchantes. Se distingue tout de même le dernier texte du recueil, celui qui lui a donné son nom : un petit chef d'oeuvre d'une grande sensibilité dans une atmosphère très étrange, fruit du mal-être du personnage principal. 4 étoiles, rien que pour lui…
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Une vraie déception. J'ai lu les six premières nouvelles (sur quinze) et je me suis copieusement ennuyé. Je ne m'attendais pas du tout à ça ; le titre est chouette et Selby semblait prometteur...mais là ! Je ne sais pas ce que j'ai le moins aimé, les histoires ou le style ? Ce n'est pas en distillant le mot putain un peu partout et en rajoutant couilles de temps en temps que l'on crée un style.
Je passe à autre chose pour le moment et reviendrai vers ce livre plus tard. Peut-être aurai-je un meilleur ressenti ?
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CHANSON DE LA NEIGE SILENCIEUSE d' HUBERT SELBY Jr
Un recueil d'une quinzaine de nouvelles que j'ai trouvé superbes dans l'ensemble et quelques unes dont « le manteau « qui m'a vraiment prise aux tripes. L'univers de Selby c'est la rue, les bistrots, les sdf. C'est la violence, l'alcool, le côté sombre de l'homme. C'est une écriture qui saute à la gorge et on en sort pas indemne. C'est peu dire que j'ai été enthousiasmé par ce livre.
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Il s'agit d'un recueil de nouvelles ayant pour thème l'envers du rêve américain. Les thèmes sont variés d'une nouvelle à l'autre : un amour sans lendemain, la folie, la difficile parentalité , la seule compagnie d'un manteau, la lutte contre la dépression... Ces nouvelles sont plaisantes à lire, malgré quelques longueurs. Mais j'ai trouvé l'ensemble original et à découvrir.
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