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3,64

sur 84 notes
La littérature nous a démontré que dans une histoire, il y en a toujours plusieurs histoires.

Dans les Elus, même si le thème n'est pas nouveau, Steve Sem-Sandberg enrichit son récit des descriptions d'une grande sensibilité.

Il nous livre un récit insoutenable sur les traitements et les expériences barbares pratiqués sur des enfants sous l'Allemagne nazie.

Les nazis ont organisé un véritable laboratoire pour étudier et éradiquer les tares jugées inadmissibles dans le nouveau Reich, qui rêve de créer la race parfaite et qui doit pour ce faire exterminer les « maladies « qui constituent une entrave à la naissance de la race pure. L'eugénisme prône l'amélioration du patrimoine génétique de l'espèce humaine. Son objectif est de prévenir la reproduction des humains considérés comme inférieurs et socialement indésirables (les criminels, handicapés physiques ou mentaux, homosexuels, sourds et aveugles de naissance, alcooliques sévères etc.) ou racialement « impurs » Juifs, Tziganes, Noirs ou Slaves.

Dans ce récit les victimes « les Elus » ce sont des enfants. Au départ ils sont admis dans un hôpital pour se faire soigner des maladies plus ou moins bénignes.
Certains enfants sont attachés dans leurs lits, abrutis par la morphine ils subissent des mauvais traitements et des tortures. Ils deviennent des précieux matériaux pour la recherche. Ils font partie du programme d'euthanasie des nazis. Ils ne quitteront jamais l'hôpital.

Parfois l'atmosphère est si tendue que la langue devient dense, le réalisme épais et tranchant, le lecteur fasciné par l'horreur, oppressé et captivé retient son souffle.

Cette lecture est un véritable marathon dans l'indicible, dans l'impensable ; sans arrêt ni ravitaillement on avale les pages d'une seule traite, au bord de la nausée.
On en ressort émotionnellement essoré et ému par le parcours de ces Elus dont le destin nous touche en plein coeur.

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Alerte livre remarquable et peu connu !
Un sujet qui obsède notre temps : la barbarie nazie ; un angle assez peu connu : l'euthanasie des êtres "dégénérés", celle des enfants et des adolescents. Un thème tabou qui traverse la fin du XIXème siècle et le XXème siècle, voire le XXIème dans toute l'Europe : l'eugénisme. Thème qui fait écho à un autre excellent roman, mais moins abouti il me semble : la Salle de Bal, d'Anna Hope. Si les pays européens, en particulier l'Angleterre, la France et l'Allemagne, et sans doute d'autres, ont poussé très loin la théorie eugéniste, voire l'enfermement des personnes jugées inaptes à la vie sociale, seuls les nazis, je pense, ont été jusqu'à l'euthanasie programmée des sujets "dégénérés".
Programmée...C'est là l'excellence du roman. On ne sait pas, on ne sait rien. On est dans plusieurs têtes : d'abord, des adolescents issus de milieu très défavorisés et entrés plus ou moins en délinquance. Ils se retrouvent au Neuhof, un hôpital de Vienne devenu un centre pédiatrique pour les enfants et adolescents handicapés mentaux, du léger au très lourd, et les adolescents associaux, à rééduquer. Les docteurs, psychiatres, doivent évaluer s'ils sont insérables dans la nouvelle société du reich. Sinon, c'est soit le camp de travail, soit le service handicapés mentaux...Ces jeunes, qu'aujourd'hui on qualifierait pour certains de violents, pour d'autres d'enfants traumatisés issus d'un milieu très difficile, nous apparaissent complètement dénués, soumis à des tortures psychologiques qui ne font que les enfoncer plus profondément dans leurs problèmes. Ils ne comprennent rien à ce qui leur arrive, ils dérivent, s'enfoncent dans leurs névroses, et le lecteur avec eux est perdu : que veut-on d'eux ? Pourquoi sont-ils là ? Un double discours constamment pervers leur explique qu'on doit les soigner, tandis qu'on les empêche constamment d'avancer...L'écriture qui permet une telle subtilité est remarquable. C'est un livre sur des adolescents à problème où aucune de leurs problématiques classiques n'est traitées (quête identitaire, soif de liberté, affirmation de soi etc...), car ils n'existent plus, ils ne sont plus rien, ils sont des choses à casser, des détritus.
On est aussi dans la tête de plusieurs infirmières travaillant au Neuhof, dont celles du bâtiment 15, où l'on place les enfants au stade terminal...Là aussi, rien n'est très clair pour la lectrice : que se passe-t-il exactement ? Quels sont les ordres ? D'où viennent-ils ? le chef de service autrichien est renvoyé puis remplacé par un homme de Berlin, pourquoi ? C'est que l'écriture prodigieuse réussit à mimer le déni dans l'esprit de l'infirmière. Elle refuse de se dire, et donc de nous dire, ce qu'elle fait. Elle travaille avec les enfants, elle soulage la douleur, elle fait une injection très forte de morphine...Elle obéit aux ordres...Lesquels exactement ? Comme pour la solution finale, rien n'est écrit clairement, toutes les "ressources humaines" sont les rouages volontairement aveugles d'une machine infernale, et elles se mentent à eux-mêmes. Car elles aussi ne sont plus que des objets dont on a confisqué facilement (c'est ça qui est si effrayant) la pensée et le sens moral.
La fin du livre, la fin de la guerre, apportent des précisions. On y voit plus clair au fur et à mesure que certains tentent de comprendre. Mais de là à ce que justice soit faite...
Tout est fondé sur l'histoire vraie du Neuhof, de ses vrais "doktors", de ses vraies "schwester" et de vrais patients, dont un miraculé, Friedrich Zawrel (1929-2015), alias Adrian Ziegler dans le livre, qui témoigna longuement de son calvaire lorsqu'on lui permis enfin d'ouvrir la bouche (vers les années 1990...!!!)
Un livre essentiel, d'une qualité magnifique, subtile et barbare, qui rend à la perversité ultime tout son aspect rampant, tous ses masques de fausse humanité, tout son discours mensonger, double, désorientant, prenant au piège les faibles et les presque forts, un livre qui provoque l'effroi, la terreur, la pitié, et qui nous dit que le mot "euthanasie" doit être manié par des esprits absolument purs et absolument sages.
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On entre dans ce récit comme dans un long tunnel, une chape de plomb autour du corps et on avance douloureusement, souvent plein d'effroi, mais l'idée de repartir en arrière ne nous vient pas en tête. Impossible, il faut aller jusqu'au bout de cet enfer que nous ne faisons que parcourir des yeux. Pour ceux qui l'ont vécu. Pour ces enfants qui sont passés entre les murs du Spiegelgrund.

En janvier 1941, Adrian Ziegler , 11 ans, franchit les grilles du Spiegelgrund. Situé en plein coeur de Vienne, cette clinique spéciale est destinée à accueillir des enfants présentant des troubles psychiatriques ou neurologiques graves, doublée d'une maison de correction pour jeunes délinquants . "C'est le dernier échelon, le degré le plus bas, le lieu où atterrissaient les damnés". Il y restera trois ans et demi.

Derrière cette façade rassurante où médecins et infirmières promettaient à des parents désemparés que désormais leurs enfants étaient entre de bonnes mains, se dressait en fait un établissement où l'équipe médicale assassinait systématiquement les jeunes patients, répondant aux objectifs de la politique eugénique nazie : "Lutter contre les individus malsains et non viables afin d'offrir aux individus sains un nouvel espace vital".
L'Autriche, depuis 1938, est en effet annexée par l'Allemagne et fait partie du 3ème Reich. En cela, elle répond elle aussi aux exigences du programme nazi d'euthanasie des handicapés et "asociaux" qui précéda d'environ deux ans le génocide des Juifs. Son but était d'éliminer ce que les eugénistes et leurs partisans considéraient comme « vie indigne d'être vécue » : les personnes atteintes de handicaps psychiatriques, neurologiques ou physiques qui, croyaient-ils, représentaient un fardeau génétique et financier pour la société et l'État allemands. A ceux-ci s'ajoutèrent ensuite toute personne simplement née de parents alcooliques ou criminels, des jeunes vagabonds, des orphelins. Un décret signé de la main d'Hitler officialise ce programme, dit Opération T4.

Steve Sem-Sandberg nous dévoile dans ce récit de plus de 600 pages absolument envoûtant et éprouvant, dense et précis à la fois, la tragédie assez méconnue de cette clinique autrichienne. Il raconte à travers plusieurs voix, notamment celle d'Adrian et celle d'une infirmière, comment de 1941 à 1945 ont été internés dans cet hôpital psychiatrique des enfants handicapés et de jeunes délinquants dans des conditions inhumaines et barbares. Affamés, bourrés de calmants, utilisés comme cobayes, torturés,... certains s'en sortiront comme Adrian, le Tatar, ou Hannes, le petit chauve... D'autres auront moins de chance et connaîtront l'entresol du pavillon 15, là où l'on administre la dernière piqûre d'une longue agonie.

L'habileté de l'auteur tient dans sa façon de mêler personnages fictifs et réels (les bourreaux), donnant à son récit la qualité et le sérieux d'une enquête historique liés à l'émotion procurée par les éléments romanesques. La chronologie discordante n'entache en rien ce roman qui par certains aspects me rappelle "Les bienveillantes" : l'auteur dépeint avec force le psychisme de ses personnages, pénétrant et fouillant des âmes chahutées par la folie des temps.
C'est tout simplement puissant et bouleversant.

Le docteur Gross, le "Mengele autrichien", un des principaux médecins exécutant, est mort en 2005, à 91 ans, après une belle carrière de médecin psychiatrique, soutenu par le corps scientifique et politique autrichiens. Bien après la guerre, il continuait à travailler sur les cerveaux de ses victimes, conservés dans du formol. "Il n'y a pas de justice, il n'y a même pas de condamnation".

789 enfants handicapés ont été tués par le régime hitlérien dans cette clinique nazie autrichienne. Selon une estimation prudente, on compterait environ 5000 enfants allemands handicapés morts dans le cadre du programme d'« euthanasie » pendant la guerre.

Pour eux, pour les Adrian et Hannes, spoliés d'une justice non advenue ; pour tous les Julius, Jockerl, Pelikan et Felix, morts dans l'anonymat le plus complet, lisez ce livre. Pour enfin leur dire : non, vous n'êtes pas oubliés.

Un grand merci à Steve Sem-Sandberg, dont la ferveur du style et le sérieux des informations, offre un hommage magnifique et inoubliable à ces enfants.
"Je m'incline devant la souffrance et la mort de ces enfants. Cette terre est plus légère maintenant que nous les laissons y reposer".
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J'ai eu du mal à m'imprégner à la lecture.
Souvent je m'arrêtais et revenais en arrière parce que mon esprit s'était volatilisé ailleurs.
Peut-être parce que la monstruosité et plus facile à survoler. Que les maux de ses enfants sont dures à attendre.
Alors pour ne pas oublier, lisons ses atrocités, pour que cela ne se reproduise plus.

Extrait :

Le mutisme mensonger protège les criminels. C'est pourquoi nous venons, ici et devant vous, vous rappeler que l'injustice n'est pas encore réparée, que les auteurs des faits n'ont pas encore été punis et qu'ils sont, en raison d'une perte de mémoire consciente, tombés dans l'un de ces oublis légitimés par les autorités. Il n'y a pas de justice, il n'y a même pas de condamnation. 

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Les élus, ce sont ces enfants, présentant des handicaps physiques, intellectuels qui furent écartés, éliminés par le régime Nazi, afin de préserver la pureté de la race. Autant vous dire immédiatement qu'on ne sort pas indemne de cette longue descente dans le bas-fond de l'enfer.
Le cadre de l'histoire est le Spiegelgrund, hospice viennois, dans lequel les gamins sont isolés, dans des pavillons différents selon leur degré de handicap ou de dangerosité. Des gamins qui arrivent là placés par le régime quand ils sont petits délinquants ou placés par leurs parents dans l'espoir d'un traitement, d'une guérison. le Spiegelgrund est à la fois un "hôpital" et un centre de redressement, une maison de correction. Des parents qui ne pourront plus les voir, malgré leurs demandes répétées, malgré le siège de l'établissement, et des gamins qui les attendent
L'auteur nous permet de suivre quelques uns de ces gamins, dont Adrian, né d'un père gitan alcoolique et d'une mère qui ne s'occupe pas de ses enfants. Une gamin qui passera d'un bâtiment à l'autre au fil de ses incartades, de ses évasions...Un gamin qui nous raconte son histoire.
D'autres et ils sont nombreux ne pourront jamais raconter leur histoire. Euthanasiés à la demande de Berlin, ils seront autopsiés, leurs organes seront mis dans bocaux, afin de "faire progresser la science", des gamins "qu'il faut les considérer comme des sortes d'abcès vivants et le «traitement» prescrit par Berlin, n'est qu'une simple mesure hygiénique, un processus de désinfection naturelle." Tous subiront des violences s'ils mouillent le lit.
On se lie d'affection avec ces gamins, attachés, enfermés, sujets d'expériences médicales, punis par des injections de souffre...et j'en passe.
Rien de cela n'aurait pu se faire sans ces médecins, sans ces infirmières, qui obéissaient à des ordres, en toute bonne conscience pour le bien de la race ...Ainsi à l'issue de la guerre, ils ont pu dire :"On obéissait à des ordres", ou "Je ne savais pas". Certains ont pu même exercer, donner des conférences jusqu'à la fin de leur vie
Ecrit comme un reportage, "Les élus" est un roman mettant en scène des personnages imaginaires, des enfants handicapés et du personnel médical, synthèse de ces bourreaux jugés, emprisonnés ou exécutés et parfois non inquiétés à la l'issue de la Guerre. le livre nous permet de les suivre depuis 1941, jusqu'à l'arrivée des russes ou des américains....et même après. Des gamins devenus des hommes, mal dans leur peau, dont la réinsertion sera difficile, dont on prendre toujours en compte les emprisonnements passés
Livre révoltant, du fait des traitements subis par ces gamins sur ordre du régime, mais aussi parce qu'aucun médecin ou infirmière n'a refusé ces gestes de violence et de mort; révoltant du fait du système de défense adopté devant les tribunaux à l'issue de la guerre, par ces médecins et infirmières de l'horreur - se déclarant non coupables - révoltant parce que devant le nombre de ces salauds, certains ont pu passer au travers des mailles de la justice, devenir des personnalités reconnues...qui ont malgré tout pris comme vérité les conclusions de leurs anciens collègues nazis, une fois la guerre terminée.
"Les élus" a obtenu le Prix Médicis Etranger 2016. Un prix mérité.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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J'ai eu l'occasion de lire de nombreux livres sur le nazisme et sur toutes leurs horreurs.Ce livre est pour moi le plus dur,le plus difficile;peut-être parce qu'il s'agit d'enfants et de handicap.J'ai eu beaucoup de mal mais à la fois beaucoup d'envie car ce livre est écrit avec beaucoup de respect.
Je le conseille vivement.


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A Vienne, en Autriche, pendant la Seconde Guerre Mondiale, des enfants porteurs de handicap ou issus de familles défavorisées socialement, sont placés au Spiegelgrund, un hôpital. Mais là-bas, loin de leur offrir les soins dont ils ont besoin et un peu de réconfort, ces enfants sont victimes d'expérimentations médicales odieuses, de mauvais traitements, de sévices divers et quand les médecins estiment que ces enfants ne sont pas "récupérables", ils leur donnent la mort. Felix Keuschnig, Jacob Nausedas parmi d'autres, sont ainsi tués, Julius Becker se donne la mort lui-même avec une paire de ciseaux, quant à Adrian Ziegler, il fait trois tentatives de fugue mais est rattrapé par ses bourreaux. le procès du Spiegelgrand après la guerre punira-t-il enfin les tortionnaires ?

Il y a longtemps que j'avais noté la parution des Elus en librairie et que je souhaitais l'acquérir car je lis beaucoup de romans sur la Seconde Guerre Mondiale et celui-ci, sur le programme T4 mis en place par les Nazis, m'effrayait et m'attirait tout à la fois. Aussi, quand Masse Critique de Babelio et les Editions 10/18 m'ont permis de le découvrir, j'ai été ravie.
Ce roman sur une partie de la doctrine nazie autour de la pureté raciale et du sort réservé aux personnes différentes m'a beaucoup plu, même s'il est très glauque et plein de monstruosités, qui ont existé, il faut le savoir. J'ai fait des recherches complémentaires et appris que près de 800 enfants étaient morts au Spiegelgrund dans d'horribles conditions ; j'avais besoin sans doute de ces confirmations historiques pour y croire totalement tant l'horreur de la chose me paraissait inimaginable.
Ce roman n'est pas construit sur un mode ordinaire, on a des tranches de vie de différents personnages, enfants ou infirmières du Spiegelgrund, et pas une histoire véritablement suivie. Au début, ce procédé m'a surprise mais finalement, on rentre bien dans l'histoire quand même.
J'ai aussi été surprise car on assiste souvent aux délires hallucinatoires d'Adrian, rendant le récit parfois surréaliste mais c'est pour mieux nous faire pénétrer à l'intérieur de la tête d'Adrian. D'ailleurs, je me suis attachée à ce jeune garçon, fil conducteur de l'histoire, il m'a beaucoup touchée.
J'ai particulièrement apprécié les derniers chapitres du roman après la Libération, quand les Russes découvrent ce qu'il se produisait dans cet "hôpital", et le procès des Docteurs Illing, Hübsch, Türk qui fait froid dans le dos.
Je relirai Les Elus avec plaisir je pense car c'est un livre très fort et qui laisse une trace inoubliable.
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L'horreur de la seconde guerre mondiale et de l'idéologie eugéniste des nazis nous est racontée ici au travers de l'histoire de ces enfants du Spiegelgrund qui réunit des handicapés, des « débiles » et des inadaptés sociaux. En fait de handicap ou de débilité ce sont les traitements réservés à ces enfants qui les rendent à moitié fous et mourants. Laissés alités à contempler le vide et à pousser des cris d'angoisse et de douleurs, coupés de tout lien affectif et traités comme de petites choses monstrueuses. Et c'est évidemment la monstruosité des médecins et du personnel « soignant » qui nous est jetée en pleine face. Et c'est l'humanité de ces enfants, derrière leurs difformités, qui nous transperce le coeur.
La « mort miséricordieuse » cyniquement nommée par Hitler est prodiguée à ces enfants jugés irrécupérables et inaptes. Ils sont une charge pour la société, une tare pour la race aryenne. « L'euthanasie » est ici provoquée par manque de soins, par la malnutrition et les injections médicamenteuses. Parfois, la mort résulte d'expériences médicales douloureuses.
Ceux qui sont considérés comme inadaptés sociaux ou aux pathologies moins lourdes font aussi l'objet de sévices s'apparentant à de la torture. Les humiliations, les coups, le viol, la solitude et la misère affective, sont le quotidien de ces enfants.
Ce livre laisse un sentiment de dégoût, de colère et de révolte. Il m'a donné envie d'en savoir un peu plus sur l'opération Aktion T4 et sur les « euthanasies » (exécutions !) qui ont perduré jusqu'en 1945. Et la question « comment en est-on arrivé là » m'est venue en même temps que le sentiment de la monstruosité humaine qui me parait toujours plus sans limite. Un livre qui m'a laissé un sentiment de tristesse et un temps de recueillement à la dernière page tournée.
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J'adore lire des ouvrages qui tournent autour de la seconde guerre mondiale. À chaque fois, je suis émue par les récits, que ce soit en fiction ou en non-fiction. Dans l'optique de créer une race parfaite, les Nazis chassent. Ils chassent les malades, les criminels, les handicapés, les homosexuels. Ils veulent éradiquer le plus de « tares » possibles, comprenant dans le lot les Juifs, les Tziganes, les Noirs. Bref, tout ce qui ne correspond pas à l'idéal, au parfait, au propre. Dans ce roman, les chassés sont des enfants. L'idée, c'est d'enfermer dans un hôpital les enfants sourds, aveugles, handicapés, etc. Et de faire des expériences sur eux pour comprendre d'où viennent ces maladies, afin de les éradiquer, et de s'assurer de faire une race pure. L'eugénisme au détriment de la vie humaine. C'est triste, déchirant, émouvant, rageant, perturbant. Mais nécessaire. Nécessaire pour ne jamais reproduire. Pour le souvenir. Pour l'hommage à ces millions de victimes d'un idéal Nazi qui ne fait aucun sens. Un devoir de mémoire. Une lecture éprouvante.
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Pour ce roman, l'auteur est parti d'un fait réel. Pendant la seconde guerre mondiale, à Vienne, un hôpital psychiatrique est "reconditionné" pour l'accueil d'enfants handicapés. Il s'agit en fait, sous couvert de soins apportés aux enfants, d'euthanasie (et aussi d'expériences médicales sur ces « cobayes » sans défense).
On suit plus particulièrement le destin d'un jeune garçon qui survivra 3 ans dans cet hôpital : il n'est pas idiot ce gamin, juste un physique qui fait que tous le surnomme "le Tatar". Il a 11 ans à son entrée dans ce centre.
Il s'agit d'un roman où le sujet est très difficile et j'ai souvent été obligée de poser mon livre tant la détresse est prégnante.
Les trois quarts du livre sont présentés avec le regard de ces enfants principalement ceux du pavillon 15. Moins « malades » que les autres, ils ont une infime chance d'en réchapper. Ceux du pavillon 17, par contre, sont euthanasiés plus ou moins rapidement (pour les familles de ces enfants un laconique "décès pour cause de pneumonie" ou autre leur parviendra).
Battus, drogués, les enfants n'ont que peu d'espoir d'en sortir ; quand la survie est un combat quotidien, il reste peu de place à l'amitié.
Adrian a un père (alcoolique et qui bat sa femme), la mère a baissé les bras et préfère son petit frère (joli aryen aux yeux bleus).
Le récit des enfants est entrecoupés des réflexions de plusieurs l'infirmières qui assistent les médecins-bourreaux.
Enfin, la dernière partie raconte les suites de la guerre pour certains des protagonistes (dont Adrian et Anna Katschenka l'infirmière principale)

En conclusion : un roman très intéressant mais très difficile sur les faits évoqués (public sensible s'abstenir)
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