Les rares lettres que je recevais me ramenaient à une réalité qui n'était plus la mienne. Lucie m'annonça la venue de sa fille Colette. Elle évoquait Jean, son époux qu'elle me disait très gentil mais que je ne connaissais pas. Il venait de Bourg-de-Péage, de l'autre côté de la rivière.
Nous n'avions plus la tête à l'été. Les baignades dans la Bourne ou à Douce-Plage nous paraissaient oubliées à jamais, souvenirs heureux d'un autre temps qui ne reviendra plus. Elle était loin, l'ivresse du Front populaire. Notre monde se refermait.
Maman avec son grand sourire, sa chaleur réveillait chez Marie des sentiments enfouis. Elle trouvait un fiancé, une sœur, une mère de substitution et une famille prête à l'accueillir. Elle se sentait bien parmi nous et son plaisir n'était pas feint.