"En grande activité de paroles, sinon d'actes, les Grands-papas Ronchons créent une atmosphère de mélancolie sur les temps d'aujourd'hui. Ils affectent le moral des Petites Poucettes et barrent les innovations en prenant, un peu partout, le pouvoir. Jadis les pères tuaient réellement les fils ; désormais ils les tuent au virtuel."
Voilà une citation qui me restera longtemps.
Petite Poucette est le porte-étendard des générations actuelles que l'on accule de tant de mauvais maux : la virtualité, l'individualisme, la "malbouffe", la consommation à outrance... Mais pourtant,
Michel Serres n'entre pas dans ces accusations faciles et réalise au contraire une ode à notre siècle, à ses avancées technologiques, à la paix qu'il ne cesse de répéter et aux jeunes générations qui résistent et essaient de proposer des alternatives ou des améliorations aux institutions vieillissantes, qui découvrent et acceptent mieux leur prochain.
Ce texte reste un essai qui me laisse parfois un peu perplexe. Oui la paix, oui nous sommes moins à avoir à souffrir de malnutrition. Oui, l'hygiène, l'électricité et les moyens de communication sont monnaie courante pour tout un chacun.
Mais qu'en est-il des records de chaleur battus chaque année passant ? Des politiques d'un ancien monde qui ne font que des promesses face à une jeune génération qui voit en l'urgence climatique une angoisse de plus en plus prégnante ? Que répondre à ces Petites Poucettes qui cherchent à tout prix à réveiller leurs Grands Papas Ronchons en leur montrant que le "Mieux après" se réalise par les actions d'aujourd'hui ?
Et si ce texte avait été écrit en 2022? "
C'était mieux avant" deviendrait parfois un poil trop optimiste.
Mais je ne cache pas que cet optimisme m'a fait un bien fou au milieu de ces actualités parfois un peu trop angoissantes.