Perturbé dans mon planning de lecture, j'ai choisi de me replonger dans un livre lu autrefois. le choix s'est porté sur : le manteau de martin. de fil en aiguille, je savais que j'avais également lus d'autres livres de cet auteur. Lesquels ? Saisis par la Christ ;
Essayer d'aimer.
André Sève est un Père assomptionniste, théologien, journaliste et rédacteur en chef de périodique de spiritualité chrétienne. Ses ouvrages témoignent d'une persévérante attention à ce que vivent les gens. Chez lui les mots ont la saveur du vécu.
Lorsque je lis un livre, je m'interroge souvent sur le titre. Était-ce bien le titre qu'il fallait pour donner idée du thème traité. Ici le sous-titre est : « 43 dialogues sur le partage. » Je serais plutôt tenté de dire : « 43 témoignages de vies chrétiennes. » Je vais en choisir quatre, que je condenserai très fortement en guise d'aperçus. J'introduirai les interviewés en les présentant sommairement.
1-er témoin, Fumiko.
Fumiko est Japonaise. Elle est bouddhiste. Au Japon, il faut toujours unir le bouddhisme qui est une sagesse, un humanisme, et le shintoïsme qui est la religion des Dieux présent partout et la religion des ancêtres.
Les parents de Fumiko l'ont envoyé dans une université catholique parce que fort bien de réputation pour l'éducation des filles. Là sa réflexion : « le visage du Bouddha est si doux, si beau, il me donne la paix. Mais cette croix avec Jésus, ce supplicié, cette souffrance pour moi c'était affreux. »
« J'ai dû lire la Bible, c'était un cours. Cela ne restait pas une simple information, des choses me frappaient. Quand le Christ dit : « Je suis le chemin, la vérité, la vie. » Bouddha montre le chemin, il ne dit pas je suis le chemin … J'ai découvert que Dieu est Amour. J'ai voulu être enfant du Dieu Amour. J'ai voulu le baptême.
Ainsi Fumiko s'est convertie au catholicisme.
Elle ajoute : « Bouddha est un homme au maximum de la purification et de la sagesse. C'est un chemin vers la divinité. Bouddha est devenu Bouddha après un magnifique travail sur lui-même. Jésus n'est pas devenu Dieu, Il est Dieu. »
« Toute petite, en imitant mes parents, j'étais habituée à prier, ça coulait dans ma vie. Ensuite, le Zen m'a appris à rester là immobile, en faisant le vide dans ma tête. Ça me préparait à l'oraison chrétienne. On passe du vide à l'accueil. Après le moment de silence et de vide, je suis prête, j'ouvre la Bible, je dis à Dieu : parle-moi. »
« Convertie, ça veut dire : le passé ça n'allait pas, j'arrête et je change. Ce n'est pas ça, moi je continue, je prolonge mon bouddhisme en catholicisme. »
2-ème témoin, Marcel
Marcel est entré au séminaire, puis, tout s'est défait. Vingt années sans Dieu. Un évènement déclenche, non pas un retour à Dieu mais le désir de comprendre. « Comprendre ma vie chaotique. » S'est installé peu à peu « une passion pour Dieu. »
Marcel dit :
« J'ai vécu vingt ans complètement muré. Peu à peu, j'ai découvert que Dieu m'a ouvert, il entrait dans ma vie, je n'étais plus seul, Dieu m'aimait, c'est l'Amour qui est visage. Par Lui la présence d'Amour s'est faite vivante. Par sa résurrection, cet homme d'il y a deux mille ans était près de moi. »
3-ème témoin, Danie, une responsable.
Danie, 54 ans, mariée, trois enfants. Mari professeur.
― Vous parlez beaucoup de communauté.
― Oui, j'ai besoin de retrouver des gens. Lorsque nous avons déménagé, j'ai fait inscrire mes enfants au catéchisme et on m'a dit : « Accepteriez-vous de faire la catéchèse ? » J'ai tout de suite dit oui pour ne pas rester isolé. Quand les gens se plaignent de n'avoir pas de relations, je me demande s'ils font bien tout ce qu'il faut pour en avoir. C'est dans le même esprit que Jacques et moi nous avons accepté de faire de la préparation au mariage. Cela nous a beaucoup apporté parce que nous avons dû travailler pendant un an avec d'autres ménages, pour réfléchir sur le mariage, sur notre propre mariage. Bien entendu, c'était une révision dans la foi de notre vie de couple. Après cela, nous avons fait de la préparation au mariage pendant sept ans.
Il a été également demandé à ce couple, s'il acceptait d'être responsable de secteur chez les Guides de France.
Danie : « C'est moi qui suis responsable, mais c'est très important que mon mari soit à mes côtés pour que nous puissions vivre à deux quelque chose qui continue à construire notre couple. C'est un témoignage pour les jeunes, ils voient comment nous vivons ensemble cet engagement.
4-ème témoin, l'Abbé
Pierre Descouvemont est Docteur en théologie. Il a enseigné pendant vingt ans à des terminales. Il est interrogé.
― Doutez-vous ?
― Je fais confiance à ce que l'Eglise nous demande de croire à partir de l'Ecriture
― Mais même
Thérèse de Lisieux a douté ?
― Elle a eu des doutes terribles : « Est-ce qu'il y a vraiment un ciel et s'il y en a un, est-ce que moi j'y serai ? » Mais elle multipliait les actes de foi, elle s'appuyait sur la parole de Jésus : Là où je suis, vous serez. » A elle s'applique le mot de Newman : « Mille difficultés ne font pas un doute.
― Et votre passion ?
― J'aime aider à prier. Je prêche des retraites. Mais, je me suis rendu compte que pour prier il faut croire, il faut établir sa foi sur de pilotis solides, sinon on habite une maison branlante, vite prête à crouler. Ayant enseigné la philo pendant des années, j'ai forcément développé en moi et chez mes élèves l'esprit critique. Combien de foi il m'ont dit : « Monsieur l'Abbé, comment peut-on être prof de philo et croyant ? Quand vous êtes prof, vous démontrez tout, vous nous demandez de ne rien admettre qui ne soit prouvé, et quand vous célébrez la messe, vous avalez tous les mystères les plus incompréhensibles. Est-ce que vous ne faites pas de temps en temps une petite schizophrénie, »
Comme dans :
le chemin des estives de
Charles Wright, cette histoire de deux séminaristes qui marche pendant un mois d'un point A à un point B sans argent et sans smartphone et qui rencontre des gens, les écoutes et se disent gratifié par ce qu'ils ont entendu, ici aussi, je trouve ces témoignages une richesse.