Ma première lecture de
Shakespeare ! Pour laquelle j'ai été assez prudente puisque je me suis avancée en terrain (relativement) connu. Songe d'une nuit d'été est une pièce à laquelle on trouve de multiples références. Coucou Sandman, coucou le cercle des poètes disparus. Et je l'ai aussi vu jouée au théâtre, même si j'en ai un souvenir assez brumeux. Bref, en gros, je connaissais plus ou moins l'histoire quand j'ai sorti ma brique –
Oeuvres complètes, je vous prie –, je me suis installée et me suis plongée dans ma lecture pour en ressortir ravie.
Le simple aspect onirique de la pièce me séduisait. La rencontre avec Titania, Obéron et Puck, évoluant non loin des mortels, un monde de rêves, de magie, de folie, un univers sombre et trouble dans lequel le suc d'une fleur peut rendre une personne éperdue d'amour pour l'être le plus repoussant. Un monde cruel parfois dans lequel Puck se délecte des disputes et des cruautés des humains tandis que Titania martyrise pléthore de petites bêtes (elle ordonne à plusieurs reprises à ses fées de « tuer les vers dans les boutons de rose musquée », « guerroyer avec les chauves-souris, pour avoir la peau de leurs ailes », « couper leurs cuisses [aux abeilles] enduites de cire » ou « arracher les ailes des papillons diaprés »).
(Les humains ne sont toutefois guère plus civilisés : entre Hippolyte violée par Thésée – même si ce charmant couple s'apprête justement à convoler en justes et heureuses noces, Thésée déclame « Hippolyte, je t'ai courtisée avec mon épée, et j'ai gagné ton amour en te faisant violence » – et Hermia menacée de mort si elle n'épouse pas l'homme choisi par son père, y a d'la joie !)
Pendant une nuit mouvementée, mortels et fées seront tourmentés par l'amour. Ah, l'inconstance des sentiments ! Avec un apprenti Cupidon aux desseins peu recommandables, les promesses d'amour s'envolent à toute allure. Tandis que Titania tombe amoureuse d'un homme à tête d'âne, les jeunes Hermia, Héléna, Lysandre et Démétrius forment un quatuor dont les membres tantôt s'aiment tantôt se détestent et dont le sort se complique lorsque les lutins se mêlent de jouer avec leurs sentiments.
Mais surtout, je ne m'attendais pas à rire comme ça. Il y a un côté farce que je ne suspectais pas, du moins, je ne pensais pas qu'il serait aussi réussi. Il faut pour cela remercier la bande d'artisans désireux de monter une pièce de théâtre pour le mariage de Thésée et Hippolyte. Avec ces comédiens d'un jour, la répétition est déjà assez épique, mais la représentation le jour J est irrésistible. Entre la présentation qui résume tout, les acteurs qui explicitent les choix de costumes, les erreurs de textes, les craintes d'un homme du peuple d'effrayer une gente dame et par là d'y perdre la tête et les commentaires amusés de leur noble public, je n'ai cessé de rire de bon coeur. Chose très rare par ailleurs, d'où ma surprise : mon amusement lors d'une lecture se cantonne souvent à un sourire ou un bref éclat de rire. Félicitations, M.
Shakespeare, vous m'avez donné un bon gros fou rire très apprécié !
Ne connaissant rien de
Shakespeare, je m'arrête là, je ne me vois pas écrire une dissertation sur cette oeuvre qui m'a bien séduite par son étrangeté, son atmosphère chimérique et son humour totalement inattendu.
Lien :
https://oursebibliophile.wor..