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sur 281 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pour ce début d'été, c'est un curieux roman que nous propose les éditions Albin Michel Imaginaire avec le Livre de M de l'américaine Peng Shepherd.
Après avoir fait grand bruit outre-Atlantique, l'ouvrage débarque en France dans une période particulièrement appropriée où chacun a pu avoir (en quelque sorte) un avant-goût d'une apocalypse mondiale…
C'est en effet d'une fin du monde dont nous parle le Livre de M mais une fin du monde originale et inattendue où les hommes perdent leurs ombres…et leurs souvenirs !

Ciel, mon ombre !
« Nous sommes notre mémoire, ce musée chimérique aux formes inconstantes
ce tas de miroirs brisés. » disait Jorge Luis Borges bien avant que Peng Shepherd décide de supprimer l'ombre de ses personnages et d'effacer peu à peu leurs souvenirs.
Dans le Livre de M, quelque part en Inde pendant le « Zero Shadow Day » (moment unique où le soleil ne projette aucune ombre au sol une fois au zénith et qui arrive deux fois par an dans des lieux géographiques très précis), un homme perd son ombre. Il s'appelle Hemu Joshi et c'est le premier sans-ombre de l'histoire de l'humanité. Curiosité mondiale dans un premier temps, Hemu devient la plus grande énigme scientifique moderne… jusqu'à ce que d'autres personnes commencent à perdre leurs ombres à travers le monde et que la mémoire des contaminés s'effrite de jour en jour.
De l'autre côté du globe, à Arlington en Virginie, Max et Ory assistent au mariage de leurs amis Paul et Immanuel. C'est dans un complexe hôtelier qu'ils apprennent la nouvelle : l'épidémie se propage aux États-Unis également et les premiers cas viennent d'apparaître à Boston.
Rapidement, tout le pays tombe en morceaux avec la lente destruction des structures sociales et des institutions. Pire encore, des rumeurs arrivent aux survivants à propos de phénomènes impossibles, de rues qui changent d'aspect, de maisons qui disparaissent, d'animaux extraordinaires…
Il semblerait que les sans-ombres ne font pas qu'oublier mais qu'ils comblent le vide laissé par l'Oubli avec de faux-souvenirs devenant aussitôt réalité.
Peng Shepherd commence son récit avec le couple qui occupera la totalité de ces 592 pages, à savoir Max et Ory.
Pour nous compter sa fin du monde et l'échec de l'humanité, elle entrelace quatre points de vues : celui de Max qui se raccroche désespérément à ses derniers souvenirs tout en fuyant vers la Nouvelle-Orléans, celui d'Ory qui décide de partir à la recherche de Max qu'il croit alors en route vers Washington D.C, celui de Naz une jeune femme iranienne qui s'entraîne pour le tir à l'arc en vue des prochains jeux olympiques à Boston et enfin Celui qui Rassemble, énigmatique personnage qui sert de fil rouge à l'histoire et qui se révèle rapidement le plus original de tous.

Maladie ou Malédiction
Le Livre de M trouve son originalité dans l'origine de son apocalypse avec cette espèce de pandémie d'Alzheimer 2.0 qui transforme les gens en gruyère mémoriel. C'est cette première comparaison qui vient d'ailleurs à l'esprit lorsque l'on suit le destin des personnages de Peng Shepherd, cette sensation que le science-fiction s'utilise ici pour parler du drame quotidien vécu par des millions de personnes et qui ôte une chose capitale à l'être : la mémoire.
Pourtant, avec l'arrivée des chapitres de Celui qui Rassemble, on découvre d'autres facettes à cette apocalypse. Narré par un homme amnésique suite à un grave accident de la route, ces chapitres nous permettent de rencontrer Hemu Joshi et de visiter l'Inde. Peng Sheperd apporte avec ce voyage exotique un autre abord au sujet de la pandémie : celui de la croyance.
Comme nombre de romans post-apocalyptiques, le Livre de M va suivre le parcours de quelques survivants opposés à ce qu'il reste de l'humanité.
On y croise des sans-ombres pathétiques ou des sauvages belliqueux sous l'autorité d'un Roi sanguinaire, des illuminés vénérant les pouvoirs des sans-ombres ou encore de simples pauvres diables jetés sur la route de la Nouvelle-Orléans où, semble-t-il, Celui qui Rassemble a trouvé un moyen de vaincre l'Oubli !
Il n'y a donc pas grand chose de neuf ici malgré une exécution impeccable et des rebondissements savamment dosées par l'autrice.
La vraie surprise vient d'ailleurs…

Apocalypse magique
Si nous disions en introduction que le Livre de M est un curieux roman, c'est que malgré son étiquette science-fictive et post-apocalyptique, il s'hybride joyeusement avec un autre genre : la fantasy. Grâce aux pouvoirs que vont acquérir certains sans-ombres (et le caractère erratique de leur fonctionnement), le Livre de M devient peu à peu une aventure magique où des événements totalement fantastiques vont se produire.
Cela permet à la fois quelques dénouements étonnants mais également certaines fulgurances narratives incroyables comme cette Statue de la Liberté dévastant Manhattan ou des alligators-bateaux illuminés comme un jour de fête.
Refusant les cases, Peng Shepherd utilise la fantasy pour prolonger et exploser sa métaphore religieuse/mystique à propos de cette pandémie.
Comme nous l'avions dit, l'américaine se sert d'une légende indienne autour de Sūrya, dieu du soleil, et de son épouse Saranyu pour entretenir ambiguïté à propos de l'origine des sans-ombre. Plus tard dans le récit, l'autrice fera également référence à J.M. Barrie et Peter Pan, autre figure célèbre dont l'ombre pose problème.
En mélangeant joyeusement ces influences et en changeant régulièrement d'angle d'attaque, Peng Shepherd construit quelque chose qui ne ressemble à rien d'autre : une apocalypse magique voire mystique !
Ce choix délibéré propose une rupture radicale dans la rationalité science-fictive de l'oeuvre et pourra contrarier plus d'un lecture lorsqu'il s'agira d'accepter quelques deus ex machina un tantinet abrupt.
Mais qu'à cela ne tienne, la plus grande réussite du roman n'est pas là.

Cinquante-deux
Comment définir, globalement, le Livre de M ?
C'est une histoire d'amour et d'identité.
Voilà ce qu'est le roman de Peng Shepherd. Ce qui va structurer tout le récit de l'américaine, c'est cette émouvante histoire d'amour entre Max et Ory, qui refusent se s'oublier malgré les épreuves, malgré la pandémie, malgré les morts, malgré la vie.
Naz, quant à elle, tentera tout ce qu'elle peut pour sauver sa soeur Rojan, et le trajet de ces différents personnages sera jalonné d'histoires d'amours poignantes où un homme endosse le costume de général pour retrouver le livre de poésie de son défunt mari, où un couple se voit rappeler de jour en jour qu'ils sont ensemble pour ne pas perdre cette dernière partie d'eux-mêmes, où un magnétophone devient l'ultime déclaration d'amour d'une femme pour son compagnon.
L'amour…et l'identité.
Qu'est-ce que la mémoire ? Que devenons-nous lorsque nous oublions qui nous sommes, ce que nous aimons, ce que nous détestons, ce que nous croyons ?
Notre mémoire, cette ancre de l'âme, nous définit, nous permet d'exister. Ce sont nos souvenirs qui transforment notre enveloppe mortelle en quelque chose d'autre, quelque chose qui peut vivre par delà la mort.
Peng Shepherd explique l'amour et la mémoire, brise des souvenirs et en construit de nouveaux pour expliquer que l'humanité se définit par sa capacité à se souvenir. Pour l'illustrer, l'autrice américaine nous représente la chose à échelle humaine, elle nous montre que l'homme se raccroche de façon désespérée à sa mémoire lorqu'il sent que celle-ci lui glisse entre les doigts, par un livre, par un magnétophone, par une photo, par une peinture.
Tout plutôt que le néant. Tout plutôt que l'Oubli.
La force du Livre de M se situe là, quelque part entre les batailles sanglantes et les phénomènes surnaturels, dans la longue confession d'une femme pour son homme qu'elle aimera toujours, dans l'immense aventure d'un homme qui n'oubliera jamais que sa femme l'aime.

Apocalypse sensible et poignante, histoire d'amour terrible et fantasy-SF surprenante… voilà le programme étonnant du Livre de M, premier roman de l'américaine Peng Shepherd qui agit sur le lecteur comme un page-turner émouvant et original, redéfinissant l'être humain à l'aune de ses souvenirs et consacrant l'amour comme ultime recours.
Lien : https://bit.ly/2ygwdhI
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Extrait de la cassette audio retrouvée sur une personne sans ombre…

PLAY ▶

Mon ombre a disparu, comme pour bon nombre d'êtres humains sur la Terre.

Je sais que d'ici quelques temps, je commencerai à oublier des choses importantes, comme si j'étais atteinte d'Alzheimer mais en pire puisque je ne saurai plus lire, ni que je dois manger, ni que je dois boire et pire, j'oublierai de respirer.

Avant le grand Oubli, je voudrais dire merci à certaines personnes qui m'ont accompagnées depuis que les ombres ont commencé à disparaître… Et comme notre mémoire était contenue dans nos ombres, l'Oubli commence peu à peu. Je suis la Belette "Cannibal Lecteur" et je tenais un blog avant que nos civilisations ne s'effondrent.

Ory (Orlando Zhang), tu m'as agacée au départ, avec ton air paternaliste, d'ailleurs, j'ai eu un peu de mal à te constituer un visage et tes contours sont restés flous durant une partie de notre voyage de malade. Sous la carapace se cachait une belle personne, obstinée, têtue, mais solidaire là où l'humanité ne l'était plus.

Maxine, ma chère Max, suivre ton périple en écoutant tes enregistrements sur cassette audio fut éprouvant car tu as enduré tellement de choses depuis la perte de ton ombre et de tes souvenirs. Comme moi, tu as compris les tentations d'utiliser ce don, quitte à perdre un peu plus ce que tu étais.

Ma chère Naz (Mahnaz Ahmadi), mon archère iranienne, des couilles, tu en as ! Un des plus beaux portraits selon moi.

Je suis contente d'avoir eu une partie de l'histoire à rebours, de me retrouver, dès le départ, plongée dans ce monde post-apocalypse, post-pandémie (même si ce n'est pas dû à un virus), sans le recul nécessaire, sans préparation, même si j'ai mis un peu de temps à m'adapter.

Après quelques tâtonnements, après avoir renoncé au confort de l'électricité et de tout ce que j'ai l'habitude d'avoir, les différents personnages m'ont expliqués les débuts de ce qui fut le commencement de la fin du Monde. Glaçant, même si de prime abord, l'homme sans ombre à fait le buzz. J'aurais été comme la majorité : curieuse.

Le roman choral se prêtait bien à ce genre de récit, il m'a permis de mieux comprendre ce qu'il se passait et d'avoir une vision globale de l'horreur de devenir un sans-ombre, de se voir tirer dessus par de ceux qui avaient encore la leur…

Notre périple m'a montré la ville de Boston, New-York et Washington en proie à des dégénérés sanguinaires qui, sans leurs souvenirs, redevenaient parfois des bêtes sauvages. Ma tension est montée d'un cran car moi aussi, je pouvais devenir ÇA, un jour prochain.

Mon incorporation dans une troupe de combattants a été bénéfique pour ma survie, mais vous m'excuserez si j'ai froncé les sourcils à la vue des grades. Quand on est dans la merde et qu'on se regroupe pour survivre, on ne s'amuse pas à nommer un Général ! Un chef, un responsable, un meneur, oui, mais un Général, sans blague ?

Oui, désolée, j'enregistre tout cela en vrac, avant que j'oublie tout…

Cette aventure avait beau être folle, reprendre une partie des codes du post-apo tout en développant les siens et ne pas se contenter de faire des scènes de batailles pour un sac de riz ou un paquet de PQ, j'ai peur depuis que j'ai perdu mon ombre car je sens que des souvenirs s'effacent… Qui suis-je, déjà ? Ou vais-je ? Ma mémoire devient gruyère et je ne sais même plus ce qu'est le gruyère. Vite, faut terminer avant l'Oubli !

Ce roman post-apo n'est pas exempt de petits défauts, mais ils sont noyés dans l'énormité de l'oeuvre, de l'histoire qui, sans jamais se perdre, nous prend par la main et nous entraîne dans un Monde violent, où la solidarité est souvent un gros mot, où la magie n'est pas celle de Harry Potter (tiens, qui c'est, lui ?) car sans baguettes et avec un prix à payer est énorme.

Un Monde où un prophète inattendu pourrait émerger sous une forme encore plus inattendue… Et où la solidarité pourrait arriver, malgré tout. Il faut juste espérer que Celui Qui Rassemble, Celui Qui A Un Milieu Mais Pas de Commencement, ne soit pas une chimère.

Un très bon roman post-apo qui au lieu de prendre l'autoroute habituelle est passé par des chemins plus sinueux, moins connus afin de nous conduire à la Nouvelle-Orléans d'une manière plus qu'inhabituelle.

Ceci est la fin de mon message parce que je ne sais même plus pourquoi j'ai ce truc en main… L'Oubli commence, mes souvenirs s'effacent et je vais tout oublier, même de vivre…

STOP ◼

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Une étrange épidémie frappe la population et sème le chaos à travers le monde : les gens se mettent à perdre leur ombre et cette perte entraine chez eux un oubli progressif mais complet de leurs souvenirs. Oubliant qui ils sont, ils deviennent au fil du temps dangereux pour eux-mêmes et pour leur entourage.
 
Le roman est construit autour de plusieurs rescapés qui possèdent toujours leur ombre et qui tentent de survivre dans cet univers post-apocalyptique complètement ravagé par l'Oubli. Construction assez classique pour un roman de ce genre et qui m'a fait penser, par certains aspects, au Fléau de Stephen King.
 
Mon avis est plutôt positif sur ce roman malgré quelques réserves.
 
Il s'agit tout d'abord d'un premier roman pour cette auteure (très prometteuse à mon sens). Et clairement pour un coup d'essai, c'est globalement réussi. L'univers qu'elle a imaginé est riche, l'intrigue se tient (malgré quelques incohérences) et l'histoire, plutôt originale a le mérité également de mêler une touche de fantastique (parfois même d'humour : on y rencontre fugitivement une théière volante !) à ce monde sombre et effondré.
 
Au chapitre des réserves, j'ai en revanche trouvé que le livre était un poil long et que l'intrigue aurait gagné en rythme en étant plus « ramassée ». J'ai eu l'impression sur certains passages que l'auteur se perdait un peu et me perdait aussi au passage.
 
Au final, j'ai malgré tout beaucoup aimé ce premier roman qui révèle une auteure possédant un talent indéniable. Je suivrai avec plaisir son évolution.
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Pour son premier roman, Peng Shepherd a misé sur le post-apo, un genre qui a le vent en poupe depuis un moment, mais qui peine malheureusement de plus en plus à se renouveler. Or, avec « Le livre de M », l'autrice reprend la plupart des stéréotypes généralement associés à ce type de récits, tout en y injectant une bonne dose d'originalité qui fait de ce roman un véritable page-turner. Tout commence en Inde, lorsque plusieurs personnes se rendent compte avec stupéfaction qu'un homme a visiblement perdu son ombre. Très vite, le monde entier se fascine pour l'histoire de ce drôle de phénomène que les scientifiques ne parviennent pas à expliquer. La curiosité laisse toutefois peu à peu place à l'effroi, puis à la panique, lorsque les gens réalisent que cette perte s'accompagne d'une disparition progressive de tout souvenir, et que de plus en plus de cas sont recensés dans le monde. Très vite, la pandémie atteint un seuil critique, certaines villes voyant la quasi totalité de leur population transformée en l'espace de quelques minutes en sans-ombre, des coquilles vides incapables de se rappeler de leur vie passée et dotée d'étranges pouvoirs influents dangereusement sur le réel. Et c'est ainsi qu'arrive la fin du monde, ou du moins celui que l'on connaissait jusqu'alors. Une épidémie déclenchée à l'autre bout du monde suivie d'une pandémie mondiale, des scènes de paniques, des supermarchés pris d'assaut… : autant dire que le timing de parution de l'ouvrage ne pouvait pas coller davantage à l'actualité du moment, ce qui renforce immanquablement l'implication du lecteur (de même que son angoisse, il faut bien le reconnaître). le coup de la mystérieuse épidémie frappant aléatoirement les individus n'a, il faut bien l'admettre, rien de bien originale. de même, la mise en scène de survivants, réduits à vivre dans la clandestinité et à se méfier des personnes infectées correspond tout à fait aux codes du genre (certes, il ne s'agit pas ici de zombies mais la différence n'est parfois pas bien mince lorsque l'autrice décrit des hordes de sans-ombres agressifs et presque décérébrés). Heureusement, l'ouvrage possède un certain nombre d'atouts qui vont lui permettre de s'écarter des clichés et de titiller agréablement la curiosité du lecteur.

La première grande réussite du roman tient à l'ambiance crépusculaire vraiment très bien rendue par l'autrice. La tension est palpable en permanence, et certaines visions de villes dévastées ou complètement transformées par les sans-ombres viennent renforcer le sentiment d'oppression du lecteur. le mode de narration choisi par l'autrice participe également à faciliter l'immersion puisqu'elle alterne entre les souvenirs qu'ont les survivants de la catastrophe, et le récit de leur vie actuelle, avec toutes les difficultés et les dangers qu'elle comporte désormais. Une alternance qui permet non seulement d'entretenir le suspens (puisque le lecteur ne peut qu'être avide de comprendre les circonstances exactes du basculement), mais aussi de renforcer l'identification avec les personnages (leurs préoccupations passées étant évidemment proches des nôtres, les extrémités auxquelles ils sont désormais réduits ne nous paraissent que plus tragiques et plus réalistes). Autant de raisons qui poussent le lecteur à dévorer le roman qui ne souffre que de rares moments de temps morts et qui multiplie les rebondissements (certains prévisibles, d'autres très surprenants). Cette envie presque frénétique de continuer à lire jusqu'au bout s'explique aussi en partie par l'enchaînement de chapitres mettant en scène des acteurs différents de l'histoire. Les principaux protagonistes sont Ory et Max, deux survivants qui ne s'en sortaient pas si mal jusqu'à ce que l'un d'eux perde soudainement son ombre, mais on suit également Naz, une iranienne expatriée aux États-Unis au moment du drame, ou encore un homme devenu amnésique suite à un accident de voiture et dont on ignore pendant la majeure partie du roman le lien avec les autres personnages, ou même les raisons de sa présence dans l'intrigue. Celle-ci est d'ailleurs bien construite, et a pour originalité de mêler des scènes très stéréotypées et d'autres plus novatrices. le pitch de base est, il faut l'avouer, assez fascinant, et, quand bien même l'autrice ne se donne pas la peine d'expliquer le phénomène, sa seule existence et ses spécificités suffisent bien souvent à satisfaire le lecteur. La conclusion est pour sa part très réussie, celle-ci reposant sur un retournement de situation sans doute prévisible mais dont la portée dramatique reste incroyablement forte.

Tous ces points positifs font qu'on passe un vrai bon moment de lecture, et que celle-ci s'avère étonnement rapide. le roman n'est cependant pas parfait, et certains de ses aspects m'ont quelque peu fait tiquer, même s'ils sont dans l'ensemble assez secondaires. La plupart des bémols que j'ai à émettre s'explique d'ailleurs en grande partie par le cadre dans lequel se déroule l'histoire qui, comme la grande majorité des récits post-apo, se déroule aux États-Unis. Or, j'ignore s'il s'agit là d'une différence culturelle majeure entre Américains et Européens, ou si la plupart des auteurs se contentent de recycler des clichés, mais le comportement des personnages est vraiment surprenant, et la vision que cela donne du genre humain pas franchement optimiste. Moi, naïve, je me dis que si une telle catastrophe devait malheureusement advenir, la plupart des individus (pas tous, mais la plupart…) seraient enclin à faire preuve de solidarité, surtout si la situation ne paraît, au départ, pas encore complètement désespérée. Ici (et dans la plupart des romans post-apo US), on oublie illico toute idée de partage ou d'entre-aide : c'est chacun pour soi, et que le meilleur gagne ! Les décisions parfois très extrêmes (et franchement disproportionnées) prises par les personnages au tout début de l'épidémie viennent ainsi quelque peu écorner l'image qu'on se faisait d'eux. C'est le cas pour Ory, avec lequel j'ai eu énormément de mal (surtout que le monsieur a tendance à se montrer très paternaliste), et, dans les premiers temps, avec Max, même si celle-ci se fait par la suite bien plus touchante. Enfin, dernier aspect qui m'a dérangée et qui tient peut-être, là encore, à une différence d'ordre culturelle : à quoi rime ce trip des personnages pour l'ordre et la hiérarchie militaire ? Sans rire, alors que le monde disparaît, le premier truc auquel on pense c'est vraiment de nommer le premier quidam venu « Général » (avec la majuscule !), de mettre sa vie à son service, et de le suivre sans plus jamais se poser de question ? (c'est un détail, hein, mais ça m'a vraiment fait tiquer).

Peng Shepherd signe avec « Le livre de M » un premier roman qui tient la route et réutilise efficacement les principaux stéréotypes liés aux récits post-apo, tout en y ajoutant plusieurs éléments de son cru qui donnent une petit touche d'originalité bienvenue à l'ensemble. Si le roman n'est pas exempt de tous défauts, ceux-ci restent toutefois assez mineurs, et ne pèsent pas bien lourd face à la qualité de l'immersion proposée et à la forte dimension émotionnelle du récit. Une belle découverte.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Cité à de multiples reprises comme l'une des sorties les plus marquantes de 2020, le livre de M de Peng Shepherd assume son côté OVNI littéraire. Ce qui en fait, paradoxalement, un roman compliqué à commenter et à classer. Il a cependant été très apprécié de nombreux lecteurs, certains de mes camarades blogueurs n'hésitant pas à le placer parmi les futurs classiques du genre. Pas mal pour une première, non ? Alors autant vous dire que je remercie chaleureusement Albin Michel Imaginaire de me l'avoir proposé en service presse.

Le livre de M nous plonge dans un univers post-apo qui oscille entre délicatesse et cruauté. Dans un monde où les gens perdent leurs ombres, ces derniers ont également le pouvoir de modifier la réalité pour l'adapter à leurs souvenirs partiels. le concept est ainsi nouveau pour un sous-genre, le post-apo, qui compte bien des oeuvres marquantes et dont il est parfois difficile de renouveler les codes pour y apporter du neuf. Peng Shepherd y parvient : elle nous offre un livre qui mêle la SF post-apo avec des éléments plus fantasy, ce qui rapproche le récit d'une fable plus qu'une histoire aux ressorts plus traditionnels. C'est apporté dans un premier temps par les sans-ombres, capables de modifier la réalité. Mais c'est aussi très présent car il n'y a pas d'explications précises données aux changements connus par la Terre, hormis quelques échanges sur un phénomène astronomique rarissime.

La disparition des ombres et de la mémoire permet au récit d'aborder des questions sensibles sur la relation entre les souvenirs et son identité, et de savoir ce que l'on est prêt à sacrifier pour retrouver ses proches et de souvenir de sa vie. le récit évoque ainsi des légendes qui apportent un éclairage différent à la catastrophe, plus proche de l'ésotérisme qu'autre chose. La première est celle d'une légende indienne. C'est celle de Surya, Dieu du Soleil, et de sa femme qui ne supportait pas de regarder la lumière de son époux en face et a dû se séparer de son ombre pour qu'elle se fasse passer pour elle. Ou Peter Pan, le romans de James M. Barrie, où l'on pense à cette scène où il tente de retrouver son ombre.

Peng Shepherd présente un certain nombre de personnages pour un casting varié. J'ai en effet plutôt apprécié l'ensemble d'entre eux, en particulier Max et Ce qui Rassemble. La première est une jeune femme qui se rattache au souvenir de son mari pour ne pas perdre la mémoire totalement. Elle s'enfuit avec un groupe de sans-ombres pour atteindre la Nouvelle-Orléans où des rumeurs prétendent que les sans-ombres peuvent guérir. Son point de vue est racontée à travers sa propre voix dans un magnétophone que lui a donné Ory. C'est un moyen narratif bien trouvé qui construit une proximité émotionnelle palpable avec la jeune femme. Celui qui rassemble est un personnage d'une grande originalité. C'est un homme devenu complètement amnésique suite à un accident de voiture, qui est utilisé dans un premier temps en comparaison avec les premiers sans-ombres. Son évolution est particulièrement intéressante.

J'ai en revanche eu un peu plus de mal avec le personnage d'Ory, qui est sans doute plus froid que le reste des personnages. Je l'ai trouvé un peu transparent et sans traits de personnalité dominant, ce qui le rend globalement très générique et difficile à cerner. Sinon, le livre est peuplé d'autres personnages marquants. Naz, le Général, Malik, Vienna... Ils sont tous bien construits de manière convaincantes et leurs luttes convergentes donnent envie de lire la suite.

Si certains sont particulièrement originaux et promettent une plume singulière dans l'imaginaire, Peng Shepherd ne se départit de certains topoï de la littérature post-apo. Cela s'explique notamment car son roman tourne autour des croyances et du mystique. Dans cet esprit, nous retrouvons donc moult cultes. Les premiers sont les Rouges, des sans-ombres qui se peignent de peinture écarlate et ont mis la main sur une bibliothèque. Sans trop spoiler, ces derniers posent la question de l'attachement. Est-ce que nous aimons toujours les choses que nous aimions une fois que nous les avons oubliés ? Comme s'il existait une seconde mémoire inscrite dans nos veines, qui tenait plus de l'instinct que du rationnel. le deuxième culte est celui des blancs. C'est un groupe de personnes qui ont toujours leur ombre cette fois, mais dont les objets de vénération sont... particuliers.

Le monde est d'ailleurs assez violent. de nombreux sans-ombres, déstabilisés, sont revenus à un état quasi animal. le livre est également un road-trip. Dans beaucoup de romans post-apos, les survivants sont en mouvement, comme si rester au même endroit représentait un danger. Cette spécificité nous permet également de voir différents paysages et différentes façons de voir comment la catastrophe affecte différentes parties des Etats-Unis. Mais cela apporte quelques longueurs en milieu de récit. En effet, je ne suis pas personnellement fan des passages de roman qui se passent pendant un voyage. J'ai toujours l'impression qu'il ne s'y passe pas grand chose.

Le livre de M est un roman véritablement surprenant ! Unique, il construit un univers à la frontière des genre, une oeuvre de science-fantasy post-apo profondément mystique et humaine. La sensation à la lecture en est profondément déconcertante. Mais l'autrice construit très bien ses personnages ! Elle met en scène une galerie très attachante qui nous pose des questions sur le sens de la mémoire et le rapport entre nos croyances, nos souvenirs et notre identité.
Lien : https://lageekosophe.com/
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"Mon avis a évolué au fil du récit" - voilà une phrase qui résume parfaitement mon expérience de lecture. Bien que le rythme lent m'ait laissé un peu perplexe, j'ai été progressivement immergé dans les aventures qui se dévoilent au fur et à mesure de l'avancement de l'histoire.

L'une des idées les plus fascinantes du roman est l'utilisation des cassettes enregistrées pour se souvenir et suivre l'évolution de Max. Cette notion est ingénieuse, et j'ai apprécié la façon dont les ombres disparaissent en même temps que les souvenirs, créant ainsi un concept original et bien pensé.

Cependant, certains aspects du livre auraient pu être améliorés. Comme je l'ai lu dans différentes critiques, le texte aurait pu être plus court et plus rythmé, avec une explication plus approfondie pour mieux appréhender cet ouvrage. J'aurais aimé en savoir davantage sur les ombres, le processus de perte et l'oubli qui guette les sans-ombres.

Malgré cela, l'envie de connaître la suite m'a fait tourner les pages rapidement, grâce à un suspense bien maîtrisé et une ambiance générale captivante.

En conclusion, bien que le roman présente quelques imperfections à mon sens, il vaut largement la peine d'être découvert. Son pouvoir d'attraction réside dans la maîtrise du suspense et l'ambiance qui se dégage de ses pages.
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En prévision de la sortie du nouveau roman de l'autrice et après avoir vu qu'un ami venait de le lire, j'ai lu le livre de M de Peng Shepherd sorti en 2020 chez Albin Michel Imaginaire.

Un jour, en Inde, un homme perd son ombre – un phénomène que la science échoue à expliquer. Il est le premier, mais bientôt on observe des milliers, des millions de cas similaires. Non contentes de perdre leur ombre, les victimes perdent peu à peu leurs souvenirs et peuvent devenir dangereuses.

Nous allons suivre plusieurs personnages : Orlando et Max, un couple qui se trouvait dans un hôtel perdu dans les bois au moment où le phénomène prend une ampleur planétaire, Mahnaz, une jeune Iranienne venue aux USA pour s'entrainer pour les JO, et un 3ème personnage que je vous laisse découvrir...

Nous sommes donc ici dans un post-apocalyptique mais je dirai que c'est un post-apo atypique, pour lequel il faut définitivement ouvrir ses chakras : c'est vraiment barré ! Et j'avoue que mon côté peut-être un peu trop cartésien n'a pas été totalement convaincue par le dénouement de l'intrigue...

Cependant, j'ai adoré cette lecture grâce à la plume de l'autrice, aux émotions qu'elle parvient à nous transmettre, notamment dans l'histoire de Orlando et Max, et au côté addictif de ce récit !

Je l'ai faite en audiobook que j'ai trouvé excellent grâce à la lectrice qui parvient parfaitement à transmettre les émotions. La fin m'a énormément émue, je ne m'y attendais pas du tout !

Je vous conseille vraiment ce roman atypique ! Il s'agit, je crois, du 1er roman de cette autrice et franchement, il est bluffant !
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RESUME: "Un jour, en Inde, un homme perd son ombre - un phénomène que la science échoue à expliquer. Il est le premier, mais bientôt on observe des milliers, des millions de cas similaires. Non contentes de perdre leur ombre, les victimes perdent peu à peu leurs souvenirs et peuvent devenir dangereuses.
En se cachant dans un hôtel abandonné au fond des bois, Max et son mari Ory ont échappé à la fin du monde tel qu'ils l'ont connu. Leur nouvelle vie semble presque normale, jusqu'au jour où l'ombre de Max disparaît...
Situé dans une Amérique tombée de son piédestal, où nul n'échappe au danger, le Livre de M raconte l'incroyable destin de gens ordinaires victimes d'une catastrophe mondiale extraordinaire."

MON AVIS: Un récit post-apocalyptique teinté de fantastique qui m'a captivé jusqu'au bout.
Le combat farouche de Max qui lutte pour ne pas oublier, les recherches de Ory son mari qui tente tout pour la retrouver, les rencontres faites sur leur route avec des gens biens, des gens dangereux , ceux qui ont encore leur ombre, ceux qui ne l'ont plus. Tout cela donne une épopée surréaliste, dans un monde à la Mad Max. de quoi décortiquer une fois de plus l'âme humaine mais d'un point de vue très original. Perdre son ombre on pourrait croire que ça n'aura pas de conséquences? C'est sans compter sur l'imagination de Peng Sherpherd qui nous emmène très loin.
Ce n'est pas une promenade de santé, la violence bat son plein , mais la solidarité aussi. Une lutte acharnée pour la survie de l'humanité avec à la fin un mince espoir , fou et malin à la fois.
Un premier roman très réussi.
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Un jour, en Inde, un homme perd son ombre, puis c'est bientôt toute la population mondiale qui se retrouve vulnérable face à ce phénomène inexpliqué par la science, d'autant plus que les victimes commencent également à oublier peu à peu tous leurs souvenirs. Dans une Amérique post-apocalyptique, Max et son mari Ory ont échappé à la fin du monde tel qu'ils l'ont connu, jusqu'à ce que l'ombre de la jeune femme disparaisse, elle aussi touchée par cette catastrophe planétaire sans précédent…

Je n'ai que très peu de références dans ce genre littéraire mais j'ai tout de même l'impression que l'auteure a mélangé plusieurs styles du fantastique, rendant cette lecture riche mais difficilement classable. L'histoire racontée est vraiment très originale, et servie par une très belle plume, assez poétique, souvent mélancolique, parfois incisive. Cela permet une immersion efficace dans ce monde changé, regretté et devenu dangereux.

J'ai apprécié l'ambiance anxiogène qui plane sur les personnages de ce roman. Ils sont d'ailleurs attachants et représentent de multiples diversités de la société, ce que j'ai beaucoup aimé !

J'ai mis du temps (plus de 20 jours) à lire ce livre, son rythme étant plutôt lent même s'il se déroule une multitude d'évènements trépidants. C'est une lecture qui m'a globalement bien plu et que je recommande autant aux amateurs de post-apocalyptique qu'aux plus novices comme moi.
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Qui a dit que le genre du post-apocalyptique ne pouvait plus se renouveler ?
Première chose que je dois vous préciser : si vous avez lu beaucoup de romans de ce genre et que vous vous en êtes lassés (à force de revoir les mêmes éléments et enjeux à chacunes de vos lectures), "Le Livre de M" saura capter votre attention. Peng Shepherd nous raconte ici une histoire originale, avec une plume très délicate et mélancolique.

Cette fameuse apocalypse, comment est-elle survenue ? Eh bien tout d'abord, les gens ont commencé à perdre leur ombre...suite à ça, leur mémoire. Cette perte de souvenirs apporte également un élément fantastique (assez difficile à cerner au début), qui va semer la pagaille dans le monde entier.
Nous suivons ce récit à travers plusieurs points de vue, mais principalement celui d'Ory et Max, un couple qui se retrouve séparé lorsque Max décide de s'enfuir de leur cachette, ayant perdu son ombre et voulant protéger Ory.

Alors oui, s'il y a bien une chose à mettre en valeur dans ce récit, c'est la plume de Peng Sheperd. Très travaillé, poétique, et comme je l'ai dit plus haut, mélancolique, le style de l'auteure nous permet de nous immerger à 100 % dans le roman, et de nous faire apprécier chacun des mots qui est posé. La prise en main de ce récit n'est donc pas forcément des plus évidentes, mais je me suis vite habitué à la plume au bout d'une cinquantaine de pages, lorsque j'étais totalement embarqué dans l'histoire.

Car malgré que la plume soit très travaillée, cela ne joue pas sur le rythme du livre. Les scènes d'actions sont quand même très présentes, et les quelques "longueurs" que j'y ai trouvé sont utiles au développement de l'ambiance ou des personnages. À cela s'ajoute des points de vue alternés à chaque chapitre : la construction de ce roman est parfaite à ce niveau-là, car je me suis attaché à chacun des personnages que l'on suit.

Le côté fantastique développé avec la perte d'ombres est aussi un des points forts de cette histoire. J'ai eu simplement l'impression d'avoir eu la bonne dose en fait : juste assez pour qu'on y croie et que ça fasse sens dans l'histoire, sans qu'il se passe des événements abracadabrants incompréhensibles (rassurez-vous cependant : il se passe des choses abracadabrantes).
Je ne me suis pas attaché autant que je l'aurais voulu au couple d'Ory et Max (mais ça c'est très subjectif), en revanche chacun des personnages pris à part était remarquablement bien développé, et je ne trouve pas qu'il y ait de points faibles de ce côté-là du roman ; j'ai adoré passé du temps avec eux.

Seul petit bémol : la fin. Je m'attendais réellement à avoir un gros coup de coeur pour ce roman, mais la fin m'a un peu fait retombé toute cette hype. Ça n'enlève rien à tout ce qui s'est passé durant le récit en lui-même, mais cela m'a fait refermer le livre avec une petite pointe de déception. J'aurais peut-être préféré que ça se passe autrement (donc là encore une fois c'est TRÈS subjectif).
D'ailleurs, "Le Livre de M" n'apporte pas de réponses au pourquoi-du-comment, sachez-le : le voyage est plus important que le but de celui-ci (pas pour nos personnages, en revanche 😅).

Si vous avez envie de lire un roman qui sent le neuf dans le genre du post-apo, foncez. Il a tout pour plaire : une belle plume, une histoire originale, des personnages attachants (et de la diversité dans ceux-ci, et ça c'est cool), du fantastique bien géré.
J'ai passé un très bon moment en compagnie de ce roman, et une chose est sûre : je guetterais les prochaines sorties de l'autrice avec impatience ! (Ah oui, parce qu'en plus c'est son premier roman, c'est pas fou ça ?? 🤩)

Merci aux éditions Albin Michel Imaginaire pour leur envoi, et leur confiance 🙏
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