- [...] C'est comme si ma vie avait commencé à la seconde où je l'ai rencontré. A l'instant où je suis tombée amoureuse, tout a trouvé sa place. Aussi confuse que soit la situation, j'ai l'impression que tout cela fait parfaitement sens.
Avec lui, je me sentais sexy, expérimentée et sûre de moi. Je me sentais vivante.
Nous étions allées boire quelques bières au bar de la piscine municipale, nous avions discuté et ri ensemble, cancané un peu sur les gens du coin. Apparemment, il y avait une fille en ville qui sortait avec au moins trois hommes mariés à la fois. C'était le tollé chez les femmes de Pelion. Bien sûr, je trouvais que les plus coupables, c'était les hommes et non la fille. Ils avaient fait un vœu et l'avaient rompu. Mais sans doute était-ce plus facile pour elles de penser que leurs hommes avaient été séduits par une sorte de tentatrice aux pouvoirs maléfiques que de juste accepter qu'ils les avaient trompées, ces salauds infidèles.
Il m'avait expliqué que son cerveau était trop occupé à réfléchir à des trucs super-importants pour qu'il se soucie de la façon dont il était habillé. J'avais trouvé que c'était une bonne réponse.
Et alors qu'il regardait cette foule, ses yeux se sont à nouveau fixés sur moi, il a levé les mains et a signé :
- Je te Bree.
J'ai répondu en riant :
- Je t'Archer. Seigneur, je t'Archer tellement.
Et même maintenant, malgré la course folle de la vie, le bruit, mon travail et l'entreprise de traiteur florissante de Bree, chaque nuit avant de m'endormir, je me fais un point d'honneur de me retourner vers ma femme pour lui dire silencieusement : Seulement toi, seulement toi pour toujours; Et son amour enveloppe doucement, me soutient, m'ancre, me rappelle qu les mots les plus forts sont les mots que nous visons.
- Et est-ce que je t'ai déjà dit que je t'aime ? ai-je chuchoté.
Il a ouvert les yeux, ses paupières battaient pendant qu'il me dévisageait avec une expression presque respectueux, avant de dire :
- Moi aussi je t'aime. (Il a retenu sa respiration.) Je suis éperdument amoureux de toi.
- Juste un dernier truc, j'ai chuchoté à son oreille sans le lâcher d'un pouce.
Il attendait. Je me suis reculée pour signer :
- La seule fille qui peut te faire un strip-tease, c'est moi.
Plus tard, quand la pluie a cessé, Archer m'a raccompagnée à l maison en poussant mon vélo, avec Phœbe tranquillement installée dans son panier. Il me tenait par la main en me regardant timidement. Nous échangions des sourires. Mon cœur bondissait dans ma poitrine. Puis il m'a embrassée sur les marches de mon entrée, un baiser d'une douceur et d'une tendresse à vous briser le cœur. Je sentais encore la douce caresse de ses lèvres sur les miennes après qu'il eut disparu à l'angle de ma rue.
- Ils ne savent pas qui tu es, Archer. Ils n'en ont pas la moindre idée. Et ils ne méritent pas de le savoir. Ne te laisse pas blesser par leur jugement.