Nous voici à la découverte de la sexualité japonaise, grâce à la tige florale de pétasite, ou fuki-no-tô.
Atsuko habite à la campagne où elle s'occupe de la ferme familiale et où elle flâne parfois dans le bosquet de bambous. Son mari Mitsuo a eu une maîtresse, du temps où ils étaient sex-less. Il l'a abandonnée et a déménagé pour rester avec sa femme et ses enfants.
Atsuko voit sa ferme grandir et a besoin d'une assistante. Son mari la pousse à accepter la quatrième candidate. Surprise, c'est Fukiko, une ancienne amie de lycée. Elle ne l'a connue qu'une année mais le lien était fort.
Mitsuo doit annuler son voyage dans l'île de Sado avec Atsuko et propose que Fukiko l'accompagne.
Au départ du train, Fukiko offre à Atsuko le livre dans lequel elles échangeaient, adolescentes, leurs réflexions ou leurs émotions. Atsuko est troublée que Fukiko l'ait gardé.
Les deux femmes vont se découvrir un amour réciproque tout en découvrant leur vraie nature.
C'est un livre touchant et tout doux sur la sexualité au Japon.
D'un côté, le mariage, encore souvent arrangé, sert à avoir des enfants. Une fois fait, on ne peut pas se séparer bien sûr, mais on peut avoir une vie sex-less qui permet au mari d'aller voir ailleurs. Si le mari est riche, alors la femme est heureuse, dit le dicton…
D'un autre côté, on nous relate l'histoire de la cousine qui s'est suicidée de honte alors que sa compagne exigeait que leur amour soit exposé au grand jour.
Entre les deux, il y a Fukiko qui a dû se marier très jeune pour faire taire les ragots qui commençaient à courir à propos de son attirance vers les femmes.
Il est nécessaire de connaître sa vraie nature, encore faut-il pouvoir la révéler au grand jour dans un pays où tout est soumis aux obligations, au poids de la tradition.
L'homosexualité est encore un tabou au Japon (mais aussi encore dans nos sociétés occidentales). Ce livre lève un voile sur une réalité, tout en pudeur.
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Ce livre fait partie de la série des chardons, que je n'ai pas encore lue (il peut se lire indépendamment), mais je n'ai pas pu résister dès que j'ai vu cette ravissante couverture et le nom de l'auteure : je l'ai emprunté aussi sec à ma bibliothèque.
Touchant, délicat, prenant, en très peu de pages, l'auteure sait nous captiver par son écriture toute en douceur. Il faut absolument que je lise les autres.
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J'ai été nettement plus enthousiasmée par ce quatrième tome, tendre et nostalgique, que par " Suisen". Je ne connaissais pas la fleur de pétasite, " fuki-no-tô" en japonais, dont , en Asie, on consomme les bourgeons...
C'est le point de vue, cette fois, d'Atsuko, la femme de Mitsuo , qui nous est livré. Il a préféré rester avec elle et ses enfants plutôt que de les quitter pour sa maîtresse, Mitsuko.
Ils vivent maintenant à la campagne, où Atsuko s'occupe de la ferme familiale, tandis que Mitsuo a créé sa propre revue régionale. Même s'il est citadin dans l'âme, Mitsuo essaie de s'intéresser aux projets de sa femme.
Elle a besoin d'une assistante et , coïncidence troublante, la quatrième candidate est une ancienne amie de lycée, Fukiko. Elle l'engage....et c'est un bouleversement dans sa vie.
Les relations compliquées de couple sont encore au coeur de ce livre, la culture japonaise privilégiant les enfants, même si l'entente sexuelle n'existe plus entre les parents. S'y ajoute ici le thème de l'homosexualité, encore un tabou social actuellement ( et pas qu'au Japon!)
Le cahier sur lequel Atsuko et Fukiko échangeaient, adolescentes, leurs réflexions, leurs émotions, comportait deux dessins de pétasite, dont les feuilles sont liées sous la terre... Tout un symbole d'un amour unique et troublant...
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Atsuko est une femme heureuse, son mari qui lui a été infidèle est revenu à de meilleurs sentiments. Il a quitté sa maîtresse et son travail en ville pour rejoindre sa famille à la campagne et a créé une revue dans la petite ville voisine de l'exploitation agricole biologique de sa femme. Un bonheur conjugal et familial retrouvé, bientôt perturbé par l'arrivée à la ferme d'une employée, Fukiko, qui n'est autre qu'une amie de lycée d'Atsuko, toujours amoureuse d'elle...
Dans fuki-no-tô, avec délicatesse et subtilité, Aki Shimazaki aborde l'épineux problème de l'homosexualité au Japon. Un pays où semble-t-il se déclarer homosexuel ne va pas de soi. On se souvient des tourments de Mishima face à son homosexualité traduits dans l'admirable Confession d'un masque. Sans avoir la violence du livre de Mishima Fuki-no-tô montre, soixante-dix ans après, la persistance du poids de la société japonaise traditionnelle normative dans la sphère la plus intime de l'individu, sa sexualité.
« Une personne qui porte un masque s'expose à [un] danger. C'est ce que je ressens lorsque je vois du théâtre nô. ... Fukiko tourne la tête vers la fenêtre. Je réfléchis. Son masque est jeté après tant d'années. Elle aura besoin de temps pour se remettre de cette longue période où elle essayait d'être « normale ».
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Fuki-no-tô est le quatrième volet de la série “L'ombre du chardon”, dont j'avais beaucoup aimé Azami et Hôzuki et un peu moins Suisen. Ici on fait la connaissance d'Atsuko, la femme de l'amant du Mitsuko d'Azami et de Hôzuki.
Le dit amant et sa femme sont un des nombreux couples mariés « sex-less » au Japon. Une fois « la reproduction » assurée, à ce qu'il parait c'est une situation des plus normales, que la femme semble assumer sans grands problèmes, quand à l'homme, il va tout simplement voir ailleurs.
Atsuko, fermière, qui se cherche une assistante, embauche une vieille amie d'enfance Fukiko, en instant de divorce. Elle aussi suite à un mariage sex-less, le mari déjà occupé ailleurs, le quitte sans histoires, mais c'est un peu plus compliqué que ça.....
Aki Shimazaki aborde dans ce tome avec pudeur un sujet encore très tabou au Japon, aussi bien au niveau familial, social que du monde du travail. A la page 96-97 la petite histoire que raconte Fukiko à Atsuko résume l'essence de ce livre. Dénier sa propre nature, indubitablement résulte à la perdre à jamais.
Comme dans tout ses livres l'écriture est simple, limpide, on y retrouve l'attachement
aux symboles, aux signes, à la destinée.
Le fuki-no-tô, ce végétal voisin de la rhubarbe m'a encore une fois conquise !
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Un bosquet de bambous, sauvage et bien dense.
Atsuko s'occupe de sa ferme biologique, héritée de son père.
Vie campagnarde contre vie citadine.
Dans son esprit passe parfois l'image blessante de la maîtresse de son mari avec qui il a préféré rompre afin de préserver l'équilibre de sa famille.
Il vaut mieux penser aux jeunes pousses de bambous.
Tout en cueillant des fuki-no-tô, plante annonciatrice du printemps qu'elle vend à un restaurateur, elle pense à l'assistante qu'elle vient d'embaucher, Fukiko.
Fukiko, belle et sensuelle, qu'elle a connue alors qu'elles étaient toutes deux lycéennes. Confusion de sentiments inconnus, subits, troublants.
Caractère imprévisible que peut prendre la vie conjugale, familiale et professionnelle.
Pour Fukiko, difficultés dans une famille riche et traditionnelle, de faire entendre ses propres désirs d'avenir, elle qui nourrit le dessein de travailler la terre. Même l'amour doit suivre un chemin traditionnel !
L'écriture toute simple, épurée et aérienne, avec parfois des dialogues et des réflexions élémentaires, laissent filtrer des émotions justes et délicates.
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Quelques mots sur ce petit texte, quatrième volet d'une galerie de portraits mis en situation dans le Japon contemporain. Il est ici question de l'homosexualité féminine, sujet caché comme souvent dans ce pays sous les contraintes, feutrées mais fermes, des conventions sociales. La pudeur et la retenue sont des composantes essentielles des relations humaines au Japon, le respect d'autrui qui en découle peut nous paraitre désuet et quelque peu "étouffant". Il l'est pour ces femmes socialement intégrées dont la vie familiale semble marquée par le sceau d'un bonheur tranquille, juste effleuré par une infidélité masculine, excusée par la permissivité accordée aux hommes, droit de "se lâcher" en dehors du couple, inimaginable chez la femme. Cette tolérance va trouver matière à se concrétiser avec toutefois un luxe de précautions qui confirme le côté unilatéral de cette indulgence maritale.
Par petites touches, l'auteure construit une relation adultérine, se dessine une histoire d'amour prenant racine dans l'adolescence, laissée en jachère par les aléas du temps qui passe et, hasard (ou non) , reprenant vie, subtile allusion, dans une ferme, retour à la nature qui ne ment pas.
Le dénouement est admirable.
Merci
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