AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,15

sur 588 notes
5
53 avis
4
53 avis
3
9 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est l'automne. L'arbre du zakuro resplendit, l'arbre de la grenade, fruit rouge, rouge sang.

Sang des japonais versé pendant la deuxième guerre mondiale.
Sang des familles dispersées, avec la déportation en Sibérie de nombreux hommes à la fin de la guerre, et de leur retour problématique des années plus tard.

Zakuro, fil rouge qui nous guide du présent au passé, d'une génération à une autre, du fils à son père, du mari à sa femme.

Dans la mémoire blessée de Yoshiko, éclate comme une grenade le souvenir de son mari, Bânzo Toda. Dans l'esprit délabré de Yoshiko, brûlent encore les braises de l'amour.
Elle l'a attendu, son mari, soi-disant disparu après la guerre ! Las… il n'est jamais revenu. le fils ainé, Tsuyoshi, a dû prendre en charge l'éducation de ses frère et soeurs, et puis endurer la blessure douloureuse de voir sa mère diminuée par l'Alzheimer.
Quand soudain, des dizaines d'années après, explose la vérité, c'est encore Tsuyoshi qui va tenter de relier passé et présent, sans blesser ni sa mère, ni son père.

Ce roman sobre est dominé par la figure du père, par la frêle silhouette de la mère, et par la force tranquille du fils.

Dans le jardin, l'arbre du zakuro tient bon, malgré la neige, malgré le froid.
Commenter  J’apprécie          656
Deuxième volet de la grande fresque 'Au coeur du Yamato', 'Zakuro' évoque avec délicatesse et retenue un fait méconnu et sombre de l'histoire du Japon moderne, à savoir l'emprisonnement longtemps après la fin de la seconde guerre mondiale de soldats japonais dans les camps soviétiques.

Le narrateur est Monsieur Toda, le supérieur bienveillant de Takashi dans 'Mitsuba'. C'est son père qui a été envoyé en Sibérie et n'en est jamais revenu. Après ça, la vie a repris son cours pour Monsieur Toda et ses frère et soeurs, mais pas pour leur mère qui attend toujours le retour de son mari, alors même que 25 ans ont passé et qu'elle est désormais atteinte de démence. Monsieur Toda continue donc à chercher son père et, ce faisant, découvre de difficiles secrets sur son pays et sa famille.

Voilà pour l'histoire. Mais ce résumé ne suffit pas à montrer le talent de l'auteure Aki Shimazaki, qui parvient à garder sa même patte caractéristique que dans 'Mitsuba' : pudeur, poésie, jeu sur les mots et les symboles, tout en se renouvelant complètement, à la fois dans le thème abordé, les caractères des personnages et le ton serein du livre. C'est donc à mes yeux une très belle réussite que ce savoureux 'Zakuro'.
Commenter  J’apprécie          513
Cela fait près de vingt cinq ans que Tsuyoshi n'a plus eu de nouvelles de son père Banzo Toda. Ce dernier était parti travailler en Mandchourie, mais à la fin de la seconde guerre mondiale, cette zone est passée sous domination soviétique et de nombreux japonais ont été déportés en Sibérie, soupçonnés d'espionnage. A l'époque Tsuyoshi, revenant de la guerre, a dû interrompre ses études et subvenir aux besoins de sa mère et de son frères et soeurs. Sa mère n'a jamais renoncé à l'espoir de voir revenir son mari mais, atteinte d'Alzeimer, attentes, souvenirs et fantasmes se mélangent au grand désespoir de Tsuyoshi qui ne sait pas comment gérer les obsessions de sa mère. Jusqu'au jour où, apprenant que son père serait en vie et habiterait Yokohama, il se lance dans une enquête pour connaître les évènements tragiques que son père a traversé après-guerre.

Azi Shimazaki avec Zakuro aborde les relations sombres entre l'Union soviétique et le Japon qui, après la seconde guerre mondiale, doivent régler le sort des détenus japonais exilés en Sibérie alors qu'ils étaient installés en Mandchourie. Des conditions de vie difficiles - famine, froid intense, persécutions par les gardiens, cobayes humains - et des retours négociés au coup par coup, au gré des changements d'humeur de Staline et, au final, par une absence de dédommagement de la part de l'état Japonais. Une page sombre et méconnue de l'histoire et surtout une gestion méprisant la souffrance des familles doublement victimes - par les souffrances de la détention ou de l'attente du retour des prisonniers et par l'absence d'indemnités qui montre la négation du statut de victimes.
Un récit poignant.
Commenter  J’apprécie          392
J'ai d'abord été un peu rebutée par les phrases très simples et une narration monocorde, jusqu'à ce que surgisse l'histoire de ce père disparu à la fin de la guerre, déporté de Mandchourie auprès de nombreux soldats japonais pour les camps de la Sibérie. Encore un pan de l'Histoire que je ne connaissais pas...
Sa femme, la mère du narrateur, aujourd'hui atteinte d'Alzheimer, n'a jamais perdu espoir de le retrouver vivant, et l'attend avec détermination dans sa chambre en maison de retraite. Elle est étonnamment lucide lorsqu'il s'agit de la défaite du Japon et les relations entre son pays et l'Union soviétique, mais ne reconnait plus les membres de sa famille.
C'est à ce moment que le spectre du père refait surface, contre toute attente.
le roman est très court et pour cette raison je n'en dévoilerai pas plus. J'ai finalement été gagnée par le style minimaliste de la narration qui, en toute sobriété, parvient à provoquer l'émotion au fur et à mesure que l'histoire familiale se dévoile en parallèle à celle d'un Japon vaincu par les Alliés.
Je n'en resterai finalement pas là avec cette autrice qui a sans aucun doute beaucoup à m'apprendre sur l'histoire de son pays et de son peuple.
De plus, en lisant sa fiche biographique, je comprends maintenant la raison de ces phrases simples car comme Agota Kristof, Aki Shimazaki a réellement appris le français - sa langue d'écriture - tard dans sa vie, une fois adulte. Bref, chapeau!
Commenter  J’apprécie          382
Je me demandais qui allait être le personnage central du deuxième tome, je ne m'attendais pas à ce que cela soit Monsieur Toda, le supérieur bienveillant ( le seul!) de Takashi Aoki...

Il est ici plus jeune, une allusion est juste faite à la compensation financière qu'il a réclamée haut et fort, à la mort du père de Takashi, pour sa famille. Il vit sereinement avec sa femme, entouré de ses soeurs ,de son frère, et de son neveu Satoshi qu'il affectionne particulièrement car il lui rappelle son père disparu. Il s'inquiète cependant pour sa mère, souffrant d'Alzheimer, qui prétend revoir bientôt son mari.

Un pan de l'histoire japonaise peu connu et esquivé dans les manuels nous est présenté. Après la deuxième guerre mondiale, des japonais travaillant en Mandchourie ont été déportés en Sibérie, et le rapatriement de ceux qui étaient encore vivants s'est fait difficilement, et a même été arrêté un moment...

La grenade ," zakuro", est au centre de ce livre. Elle évoque le sang, et symbolise aussi la sottise. On comprendra pourquoi à la fin du roman.

Encore un beau personnage, émouvant, sensible, soucieux des autres, malgré ses souffrances intimes. Vivement le prochain opus, qui sera une relecture enrichissante, éclairée par les deux premiers tomes.
Commenter  J’apprécie          365
Me revoici immergée dans le plume toujours aussi délicate d'Aki Shimazaki.
Je lis l'histoire de cette famille dans le désordre ; cela n'a pas tant d'importance finalement.
Il est questions ici de l'histoire de japonais déportés en Sibérie, du deuil impossible d'un père dont on est sans nouvelle, d'une mère qui sombre lentement dans la sénilité mais qui attend toujours, au bout de 25 ans, le retour de l'être aimé, d'un fils encore bien jeune qui va devoir grandir trop vite pour s'occuper de sa famille et tenter de remplacer l'absent.
Comprendront-ils un jour ?
Le style est élégant et minimaliste ; il n'y a pas un mot de trop.
C'est doux, nostalgique et émouvant.
Commenter  J’apprécie          330
Deuxième volet de la série "Au coeur du Yamato". Mr Tudo en est le narrateur, un des personnages secondaires de Mitsuba. J'avais bien aimé son côté humain.

Ici, c'est un pan de l'histoire japonaise qui paraît avoir été gommée que l'auteur dévoile. Des centaines de milliers de japonais, soldats ou civils, ont été envoyés en Sibérie, après guerre. Au goulag. Puis, grâce à des accords russo-japonais dans les années 50, des milliers ont pu retourner au pays. Des rescapés, des survivants. Des fantômes. L'Etat ne leur a jamais octroyé, ni à leur famille, l'aide espérée pour se reconstruire. Au contraire, tout cela a été passé sous silence et rayé des livres scolaires d'histoire. Un de ces japonais était le père de Mr Tudo. Je ne vous dirai pas ce qu'il est devenu pour ne pas divulguer son histoire, mais elle est surprenante, triste et laisse un sentiment amer.

La maladie d'Alzheimer dont la mère de Mr Tudo est atteinte n'est pas seulement évoquée. Elle est lancée au visage du lecteur et on ne peut en ressortir indemne, si l'on sait ou si l'on entrevoit ce que cette maladie apporte de mélancolie, de doutes et d'incertitudes.

Il est facile ensuite de faire le parallèle entre la mémoire oubliée de cette femme et l'oubli volontaire de l'Histoire.

Je suis sortie émue de cette lecture.
Commenter  J’apprécie          310
Une très émouvante découverte de la société japonaise d'après-guerre.
Il est raconté de manière simple à la première personne. Mais ce n'est pas une simplicité due à un manque de talent, mais au contraire une retenue toute japonaise.
Le ton presque sobre fait contraste avec la force d'événements relatés.
Les sentiments, même forts, ne sont que peu partagés avec l'entourage.

Comme pour les 5 romans faisant du "Poids des secrets", ce livre peut se lire seul. Je conseille cependant de le lire peu de temps après Mistuba. On y croise brièvement quelques personnages, lieux et situation communes. Les redécouvrir d'un autre point de vue apporte beaucoup.

J'aime beaucoup le lien que crée un simple fruit (le Zakuro) entre tous les personnages.

Point négatif : le roman est court
Lien : http://travels-notes.blogspo..
Commenter  J’apprécie          310
Les oeuvres de Shimazaki m'évoquent le shodô, "Voie de l'écriture", art de la calligraphie japonaise. Fluide ou anguleux, le trait brosse, dessine, caractérise les aléas de nos destinées. Dans une langue à la fois vive et mesurée est évoquée L Histoire lorsqu'elle rudoie nos âmes.
Comment le Japon d'après-guerre pourrait-il se reconstruire alors qu'Okinawa est sous domination américaine ?
Comment le narrateur poursuivrait-il ses études tandis que son père est emprisonné dans les geôles de la Russie soviétique ?
Comment cette touchante épouse saurait-elle éviter la démence, percluse dans l'attente du retour de son "amour de jeunesse" déjà dans le tombeau ?
En attendant Godot, Samuel Becket fait dire à ses personnages :
"- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- On attend.
- Oui, mais en attendant ?"
Peut-être s'abîmer dans la contemplation des Zakuro ("Sottise"), symboles de la captivité de Perséphone aux Enfers, de la frivolité de nos revendications terrestres, afin qu'ici-bas, l'inhalation esthétique de la nature ouvre notre entendement aux beautés ineffables...
Commenter  J’apprécie          300
Un beau dimanche d'automne à Tokyo. "Dans le jardin, les chrysanthèmes sont en pleine floraison. Jaune, rose, blanc, orange... les fleurs brillent, éclairées par la lumière du soleil. Les moineaux gazouillent dans l'arbre du Zakuro, dont les fruits sont mûrs."

Nous sommes au début des années 70. le narrateur, Tsuyoshi Toda, la cinquantaine, va bientôt aller chercher sa mère, Yoshiko, qui depuis quelques années sombre dans la maladie d'Alzheimer. Pertes de mémoire, propos incohérents, elle espère et attend interminablement le retour de son mari, Banzô, déporté en Mandchourie puis en Sibérie pendant la seconde guerre mondiale.
Tsuyoshi n'a pas revu son père depuis 1942 ; lui-même envoyé soldat dans les iles Philippines et miraculé des combats, il a, au retour, été contraint d'abandonner ses études universitaire pour soutenir sa mère financièrement et prendre en charge l'éducation de ses jeunes frère et soeurs. La disparition de Banzô demeure un drame terrible, jusqu'au jour où des doutes se font jour. Il semblerait que Banzô soit vivant. Quelle réalité pourrait se cacher derrière ce mystère insoupçonnable ?

Aki Shimazaki aborde ici un pan bien sombre de l'histoire japonaise : les déportations de milliers d'hommes en Mandchourie, les travaux forcés dans les goulags de Sibérie, la malnutrition et les persécutions, les rapatriement hasardeux, le manque de reconnaissance et de prise en charge. Elle mêle habilement une belle histoire familiale aux événements dramatiques de la Grande Histoire. Elle décrit avec sobriété et justesse l'absence, le manque, la maladie et la dégenérescence mais aussi l'amour et l'espérance.
Son écriture est simple, légère, tout en délicatesse. Ce roman, comme tous ceux de cette autrice, se lit avec beaucoup de plaisir et charme le lecteur par sa poésie et sa limpidité.

Zakuro est le deuxième tome de la pentalogie Au coeur de Yamato, dont par erreur je n'ai pas lu le premier opus. Cela n'a d'ailleurs aucune importance, chaque roman pouvant se lire indépendamment des autres.

#Challenge Riquiqui 2023
#Challenge solidaire 2023


Commenter  J’apprécie          260




Lecteurs (1084) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3193 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}