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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
De quelques pages à la novella, le genre est décliné avec une belle palette, autour de la notion de propriété.

Pas de politique, encore que la dernière novella soit bien ancrée dans l'Irlande des années de feu, mais une analyse fine de ce concept qui s'étend à bien plus que l'utilisation de quatre murs et d'un toit en toute liberté. On peut posséder bien autre chose qu'une maison ou un appartement, mais dès lors qu'un objet est possédé, il semble exercer sur son propriétaire une influence extraordinaire. Toutes les faiblesses de l'âme humaine semblent se révéler avec le sentiment du bien à protéger : la radinerie, l'égoïsme, le mépris même des principes de base jusque là respectés.

Et c'est avec des histoires très variés que Lionel Shriver parcourt le thème, des parents prêt à tout pour déloger leur fils trentenaire de la maison familiale, un américaine pointilleuse envahie par une sous-locataire sans-gène, un facteur qui tourne le courrier de leur destination , un arbre invasif en plein coeur de Londres…chaque nouvelle est un univers en soi, et la promesse de s'immiscer au coeur d'une tragi-comédie originale. le thème central est pourtant bien identifié.

Il y a ceux qui possèdent et ceux qui profitent de ce que les autres ne sont pas disposés à leur confier. Il y a ceux qui réduisent leur champ des possibles autour d'un lieu ou d'un objet. Avec cette conscience ou pas de la vanité de l'avoir.

Toutes ne se terminent pas en drame, les situations peuvent même créer des effets plutôt comiques, Mais toutes sont réjouissantes pour le lecteur.


Coup de coeur pour cette découverte de l'auteur .

#Propriétésprivées #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Propriétés privées est un recueil de nouvelles même si les histoires débutant et concluant l'ouvrage font plus de 100 pages.
La thématique de la propriété , quelle qu'elle soit , est le fil rouge du live. Mais cela veut tout et rien dire : On possède un mari, une maison , un baume à lèvres, de l'argent...
Toujours est il que ces histoires mettent à nouveau , pour moi, l'incroyable talent de Lionel Shriver.
Je l'imagine prendre des notes en observant ses contemporains . Parce qu'elle nous connait. Sa plume nous décrit , ici sans exagération contrairement à d'autres écrits, avec une précision clinique .
Prenons la première nouvelle . Jillian et Weston se sont connus à la fac , ont sympathisé, couché ensemble .Puis Weston a rencontré Paige tout en passant énormément de temps avec Jillian. Arrive le fatidique moment, l'envie de mariage de Weston et le choix cornélien : Oui si tu coupes les ponts avec "l'autre morue". Celle qui jalonne ta vie depuis des années , avec qui tu joues au tennis trois fois par semaine.
Alors , Lionel Shriver sort le grand jeu des attitudes adoptées, de la recherche de compromis , de la fidélité , de la lâcheté, de la trahison. Et comme c'est magnifiquement écrit, c'est un régal.
Au fil des histoires, vous rencontrerez un arbre qui pousse du mauvais coté de la clôture, des interrogations au moment de la mort du père , une maison qui ne se laisse pas habiter, un squat au Kenya, les affres des contrôles à l'aéroport, l'oisiveté déroutante des ultra riches, des jeunes qui n'ont plus les moyens de se loger et qui ruinent l'existence de leurs parents, un couple sur le déclin endetté jusqu'à ne pas pouvoir se séparer...
Vous allez vous rencontrer peut être dans ses pages, au moins pour ceux qui ont pris l'avion et ont du lever les bras au contrôle :).
C'est fort, brillant, une étude du nos comportements au scalpel.
Une auteure qui décidément m'enthousiasme.
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Je remercie chaleureusement les éditions Belfond ainsi que Babelio pour cette lecture et leur confiance.

Intellectuelle engagée, l'auteure Lionel Shriver poursuit sa réflexion sur notre modèle de société occidentale contemporain. Son sixième et précédent roman traduit en Français, « Les Mandible », auscultait l'Amérique et son futur en 2029 dans une dystopie économique où elle imaginait cette dernière devenir aussi pauvre qu'un État sous-développé. Pour son septième roman « Propriétés privées » publiés aux éditions Belfond, Lionel Shriver se réinvente à nouveau tout en poursuivant l'immense travail d'analyse, de radioscopie entamée, depuis ses débuts en tant qu'écrivaine, sur nos sociétés occidentales malades. le coeur de ce roman a trait à la possession sous toutes ses formes d'où son titre on ne peut plus évocateur. En douze nouvelles nous emmenant dans divers endroits du globe notamment en Irlande du Nord ou encore à Nairobi au Kenya, aux États-Unis, en Angleterre.. Lionel Shriver décrit le processus d'asservissement, la mécanique générale de ce besoin irrépressible de posséder, d'accumuler des biens, des objets, l'appât du gain, mais également l'idée de possession en amour, en amitié. Chacune de ses douze histoires aborde sous un angle différent ce sujet on ne peut plus actuel. le style d'écriture est toujours aussi précis, tour à tour ironique, touchant, volontiers provocateur car l'auteure nous dépeint des situations qui sont si finement analysées jusque dans les contradictions de nos différents personnages, leur complexité d'être en but à cette envie, à cette nécessité d'acquérir, de jouir, d'avoir du pouvoir avec en creux ce sentiment confus de ne pas exister si nous ne possédons pas.. Pas de temps mort ici et ce plaisir d'avoir affaire à une littérature engagée, utile qui révèle, qui dénonce, qui soulève des questionnements sans être une oeuvre moralisatrice. Lionel Shriver a ce talent inouï de dresser en quelques phrases un tableau des lieux, de nous dépeindre des êtres en proie au désir de posséder, voir à la concupiscence comme pour cet homme d'affaire qui a détourné l'argent de son entreprise pour s'échapper au soleil abandonnant sa famille avant, dans un retournement de situation jubilatoire, de décider qu'il était moins ennuyeux pour lui de manger une pizza surgelé en prison plutôt que de passer le restant de ses jours à s'ennuyer sur cet îlot de sable fin. Lionel Shriver est drôle, pleine d'esprit, on songe à un Woody Allen en plus incisif. Autre nouvelle marquante, le récit de cet homme devant choisir entre celle qu'il souhaite épouser et sa meilleure amie depuis vingt cinq ans. On flirte en plein fantastique avec « Repossession », histoire d'une jeune femme découvrant que la maison qu'elle vient d'acheter est hantée.. J'ai beaucoup aimé aussi la nouvelle ironique nous décrivant la situation ubuesque de ces parents cherchant à pousser leur fils trentenaire à s'émanciper en prenant enfin son envol. Liam, nom de ce fils qui préfère squatter le jardin de ses parents et faire une cagnotte via internet car il s'estime lésé.. L'analyse de nos sociétés malades est d'une finesse rare. D'une écriture jouissive, Lionel Shriver met en lumière nos mensonges, nos compromissions, notre aveuglement, notre frénésie qui nous pousse à vouloir posséder. C'est intelligent, plein d'esprit, volontiers provocateur et terriblement addictif. Je ne peux que vous recommander de lire « Propriétés privées » paru aux éditions Belfond. Un coup de coeur.
Lien : https://thedude524.com/2020/..
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Ayant déjà lu plusieurs romans de Lionel Shriver dont le très connu, Il faut qu'on parle de Kevin, son dernier livre m'intéressait beaucoup. Propriétés privées est un recueil de nouvelles dont la première et dernière sont des novellas (nouvelle longue d'une centaine de pages). Je ne suis pas tellement portée sur les nouvelles mais avec Lionel Shriver, je voulais bien me laisser tenter. Je ne regrette pas du tout. Les novellas permettent de s'immerger un peu plus dans l'histoire, dans la personnalité complexe des protagonistes. Dans le lustre en pied, les relations entre « Baba », sa femme et Frisk sont compliquées et les tentatives de diplomatie déployées par « Baba » sont succulentes. La description répétée du lustre en pied donne un effet comique tout à fait cocasse. Comme la montée du ressentiment de Sara Moseley dans La sous-locataire.
L'auteur arrive à faire concis dans les autres nouvelles (environ une vingtaine de pages) tout en donnant une vraie dimension aux personnages. J'ai aimé chacune des histoires, peut-être un peu moins le baume à lèvres et Les nuisibles avec une chute trop rapide à mon goût. Terrorisme domestique est excellente, j'aurais aimé qu'elle dure un peu plus pour apprécier un peu plus cette « opposition ». Taux de change est aussi bien mené avec une belle conclusion. Repossession est la seule à amener une petite touche de fantastique.
Ces nouvelles font voyager un peu partout dans le monde (États-unis, Angleterre, Irlande, Kenya...) et le concept de propriété est assez varié (maison, objet, pays...) ainsi que le genre (achat, prêt, don...) et l'analyse psychologique des personnages est tout simplement parfaite. J'aime beaucoup le style très détaillé, notre côté possessif qui met en avant nos mauvais aspects. Un très bon recueil de nouvelles ! Merci à Babelio et à Belfond pour cette Masse Critique priviliégée.
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Quel plaisir de retrouver la plume de Lionel Shriver, qu'on aime depuis longtemps déjà .

Cette romancière, souvent ironique mais jamais condescendante et surtout jamais donneuse de leçons de morale (à l'heure où tout le monde a son petit sermon à faire sur les réseaux sociaux) continue de nous abreuver de son talent avec le récent Propriétés privées, sorti chez Belfond, juste avant le confinement.

Dans ce recueil de nouvelles (genre vers lequel on ne se dirige pas forcément de façon très ), elle décortique avec une acuité, une précision et une richesse incroyable le thème de la propriété sous différents angles et met à nu la complexité de nos réactions et sentiments.

Nos nouvelles préférées ? Sans doute les deux novella- plus de 100 pages qui ouvrent et ferment le livre, " le lustre en pied", chef d'oeuvre de subtilité autour d'une histoire d'amitié hommes femmes de 25 ans qui va s'éfriter dangeuresement à cause d'une simple sculputre et " La sous locataire" qui voit un américaine pointilleuse vivant à Belfast depuis douze ans est soudainement envahie par une compatriote sans-gène

On a aussi un faible pour Terrorisme domestique qui s'inscrit dans la droite lignée de son chef-d'oeuvre Il faut qu'on parle de Kevin. avec une histoire de Tanguy pas sympathique pour un sou et bien décidé à ne pas se laisser éjecter du nid parental malgré son âge avancer et qui va utiliser tous moyens- plus ou moins - légaux pour rester au nid.

"Liam n'était pas un imbécile. En revanche, Harriet, si , à imaginer que son fils ferait enfin ce qu'elle lui avait demandé à 24 reprises si elle le répetait une 25e fois."

Avec minutie et acuité, Lionel Shriver entre dans les replis des bassesses et des mauvaises fois des individus, pas foncièrement sympathique mais qu'on n'arrive jamais vraiment à détester tant ils semblent être un de nos lointains cousins.

L'immobilier et la possession révèlent de façon plus ou moins sous jacente les vices cachés des êtres humains entre sentiment d'avarice qu'on ne peut réprimer, envie de baffer les parasites et piques assiettes particulièremnet enervants ou casaniers tout aussi irritants..

A l'heure ou l'on arpente les moindres recoins de notre pas si home sweet home, cet excellent recueil de nouvelles est un vrai plaisir de lecture et prouve que Lionel Shriver est une immense portraitriste d'aujourd'hui.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Croustillantes, réjouissantes, un régal, ces nouvelles, vraiment un coup de coeur : on retrouve toute la cruauté d'Il faut qu'on parle de Kévin et de Tout ça pour quoi, avec des dialogues ciselés, un second degré, une impertinence et un humour qui me rendent inconditionnel de cette auteure qui a choisi, rappelons-le, un prénom masculin pour dénoncer les plus grandes facilités faites aux hommes dans cette société qu'elle dépeint si parfaitement.
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Dans la série « il y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis », alors que je n'accroche pas au genre « nouvelles » du fait même de leur format et de ce que cela implique- j'ai lu et beaucoup beaucoup (ce n'est pas une faute frappe, la répétition tente de traduire mon enthousiasme) le recueil de nouvelles de Lionel Shriver, Propriétés privées.

Pourquoi avoir choisi Propriétés privées ?
Le nom sur la couverture
Peu de chance de lire des nouvelles si sur la couverture n'était pas inscrit Lionel Shriver. Depuis son si marquant Il faut qu'on parle de Kévin, j'ai lu d'autres titres de cette écrivaine avec toujours grand intérêt et je continue de suivre son actualité éditoriale.

Le style, le style, le style
Je savais déjà que le style, la voix de l'auteure, serait à la hauteur. Il est même parfois un peu exigeant, avec des phrases longues, un vocabulaire riche utilisant des termes que je connaissais pas régulièrement. Lionel Shriver est aussi une spécialiste de l'analyse des réactions, émotions et sentiments humains. Elle dissèque, elle plonge au plus profond, si le côté introspectif vous intéresse alors il y a de fortes chances pour que vous trouviez cela aussi passionnant que moi. Pas de bons sentiments chez elle, au contraire elle s'attache à montrer nos côtés les moins reluisants, les moins avouables.

« La décision de mettre un terme à un mariage de neuf ans avait été à l'origine d'une des soirées les plus agréables et douces qu'ils aient passées depuis des mois ».


« A quarante-trois, elle avait probablement été rétrogradée dans la catégorie séduisante -dans l'attente, puisque la flatterie postménopausique ne se déclinait pas en genre, d'une rélégation consécutive dans celle des encore pas mal; fichtre, elle avait hâte de se retrouver dans celle des biens conservées. »

Le sujet : La propriété
Dans ce recueil, sont rassemblées des nouvelles aussi longues qu'un roman français et d'autres vraiment courtes. Elles ont toutes pour thème, abordé sous des angles très divers, la propriété. Je n'ai pas le souvenir d'avoir lu des tonnes de livre sur ce sujet qui pose pourtant bien des questions : Pourquoi nous comportons nous parfois comme si l'autre nous appartenait ? Pourquoi être propriétaire d'une maison, un appartement -en dehors du sentiment de sécurité qui y est lié – est si important pour la plupart d'entre nous ? Est ce aussi naturel qu'on le croit (je vois plutôt cela comme un frein à ma liberté d'action ) ou culturel ? (dans certains pays, c'est plutôt la « norme » d'être locataires) Pourquoi les histoires d'héritage où se décident le partage de biens et d'argent tournent si souvent au carnage ?

Propriétés privées : Mes nouvelles préférées
L'avantage avec les nouvelles est que vous pouvez les lire dans le désordre, au hasard, ou seulement quelques unes. A part une, je les ai toutes lues et voici mes préférées :

–Le lustre en pied qui met en scène une amitié homme-femme (peut elle exister sans ambiguité), la jalousie, les choix que la vie de couple nous incite à faire reniant parfois une partie de nous même. Incroyablement riche !

–Terrorisme domestique : Que feriez vous si votre enfant passé 30 ans n'avait aucune intention de vivre ailleurs que chez vous car il a tout le confort sans les tâches du quotidien ? C'est la question que l'on se pose forcément en lisant cette nouvelle.

–Poste restante est peut être la plus courte mais j'ai adoré son idée qui tourne autour de s'approprier des bouts de vie de personnes que nous ne connaissons pas. Je ne vous en dis pas plus au risque de gâcher la lecture.

–Repossession ou l'histoire d'une femme qui s'installe dans une maison achetée mais qui est déjà possédée par quelqu'un. La nouvelle la plus surnaturelle (mais crédible) et qui rappelle combien la question du logement pèse lourd pour beaucoup de foyers.

–Capitaux propres négatifs, ne vous fiez pas au titre, c'est un petit bijou sur l'usure du couple

–Les nuisibles ou comment le fait de devenir propriétaire va ruiner un mariage ..excellent aussi !

Intelligent, ironique, incroyablement riche dans les sentiments explorés, à rebrousse-poil des conventions, Propriétés privées est tout cela. Lionel Shriver est une conteuse géniale qui n'oublie jamais la dimension sociale de nos vies et mêlent burlesque et réalité dans ses histoires. A une époque où les donneurs de leçon de morale parlent fort sur les réseaux sociaux, quel bonheur de lire cette écrivaine !


Lien : http://www.chocoladdict.fr/2..
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Décidément j'adore Lionel Shriver ! Mais comme je n'aime pas les formats courts j'ai surtout apprécié les 2 novelas: le Lustre en pied et La Sous-locataire, qui inaugure et clôt ce recueil. le thème central, comme son nom l'indique, c'est la propriété et ce qu'elle fait de nous. Il ne s'agit pas seulement d'être propriétaire de son logement mais de se sentir propriétaire de quelque chose: de son ami, de son mec, de sa ville d'adoption, de "son" aéroport, de son poste... Lionel Shriver décortique nos travers possessifs au plus profond et pique là où ça fait mal. En plus, c'est une garce; elle ne prend pas parti: elle développe à mort le personnage du "méchant" puis retourne le point de vue. C'est cruel. C'est bon !
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Deux romans courts d'une centaine de pages et dix nouvelles composent la dernière production littéraire de l'excellente Lionel Shriver qui nous propose une variation sur le thème de la propriété.
La possession peut être un état mais aussi un désir. Et le besoin d'avoir, inhérent à notre espèce, peut porter sur n'importe quoi... ou n'importe qui comme un vieil ami qui envisage de se marier, sujet du « Lustre en pied ». Mais c'est le plus souvent la maison qui est au coeur des observations de l'auteure. Ce petit nid douillet est une forme de rempart contre les agressions extérieures. Y compris quand l'assaillant est son propre fils, sorte de Tanguy qui s'accroche au foyer familial alors que ses parents aspirent enfin à peu de tranquillité. Sa mère, la plus vindicative du couple, dit de son rejeton de 31 ans que devenir obèse « aurait requis un niveau d'ambition hors de sa portée » !
L'intrus peut revêtir d'autres formes : un jardin trop exubérant, une colocataire envahissante, un fantôme qui mène une vie d'enfer à la nouvelle occupante des lieux ou encore des ratons laveurs un peu trop entreprenants.
Notre rapport délétère à la propriété est en même temps la cause et la conséquence des passions tristes qui nous animent telles que la jalousie, la peur, la haine (« L'aversion se teintait de peur ; Jeannette poursuivait l'extermination avec la détermination sombre et stoïque propre aux monstres génocidaires »), la lâcheté, la trahison, l'avarice, l'envie, la mesquinerie, la paranoïa... Et peut nous conduire à la folie.... Même si, parfois, la raison peut l'emporter.
Bref, notre goût de la possession en dit beaucoup sur la nature humaine, la famille, le couple et, plus largement, sur le fonctionnement de nos sociétés qui fait la part belle à l'individualisme et à l'égocentrisme.
Et Lionel Shriver, avec son humour féroce et son sens de la psychologie, excelle dans la satire sociale.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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De Lionel Shriver je n'avais lu jusqu'à présent que Il faut qu'on parle de Kevin, que j'avais adoré en son temps.
L'exercice auquel elle se livre dans Propriétés privées est tout aussi délectable. Il s'agit de douze nouvelles, deux d'une centaine de pages, les autres plus courtes, centrées autour du thème de la possession. D'une maison, d'un objet…
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de textes aussi fins, aussi subtils, dans l'observation de nos habitudes, de nos modes de vie, de nos pensées.
Il faut lire la nouvelle où un fils de 30 ans s'éternise dans la maison de ses parents à leur plus grand désarroi et finit par arriver à ses fins. Il existe peu de descriptions aussi réussies de la nonchalance des millenials, de leur capacité à ne vivre que le moment présent, de leur façon d'être centré sur eux-mêmes uniquement.
J'ai adoré également le texte d'ouverture du recueil qui voit deux amis depuis 25 ans être obligés de rompre parce que la future femme de l'un déteste "l'autre". Là aussi, le chagrin de cette autre femme est si vrai que j'avais envie de pleurer avec elle.
Il est question aussi de relations parents-enfants, de la façon dont l'argent pervertit les liens, du coût des logements et de ce que cela entraîne comme conséquence dans le couple…
Une autre marque de fabrique de Lionel Shrive est la distance avec laquelle elle raconte ses histoires, son utilisation du sarcasme, d'une certaine cruauté. On sourit, mais jaune, et c'est un vrai plaisir!


Lien : https://www.instagram.com/bc..
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