Citations sur Le Livre des crânes (36)
Qu'Origène soit mon guide : dans un de mes moments d'exaltation, je me pratiquerai l'auto-orchidectomie et je déposerai mes couilles en offrande sur le saint autel. Pour ne plus jamais ressentir les distractions de la passion. Hélas ! non, j'aime trop ça ! Accorde-moi la chasteté, Seigneur, mais, s'il te plaît, attends encore un peu.
(chap.XI)
- Il y a plein de gens qui vont encore à l'église, fit remarquer Timothy. Même à la synagogue, je suppose. - Par habitude. Ou par peur. Ou par besoin social. Est-ce qu'ils ouvrent leurs âmes à Dieu ? Quand est-ce que tu as ouvert ton âme à Dieu pour la dernière fois Timothy ? Et toi, Oliver ? Et toi, Ned ? Et moi-même ? Quand avons-nous même songé un seul instant à faire une chose semblable ? Cela paraît absurde. Dieu a été tellement pollué par les évangélistes, les archéologues, les théologiens et les faux dévots qu'il n'y a rien de surprenant à ce qu'il soit mort.
- De quoi as-tu peur Timothy? Le Neuvième Mystère? Ça te fout la frousse? Ou bien est-ce la possibilité de vivre réellement pour l'éternité qui te tracasse? Crains-tu de ployer sous la terreur existentielle? Siècle après siècle, attaché à la roue du karma, incapable de te libérer? De quoi as-tu le plus peur, Timothy? De vivre ou de mourir?
Bien sûr, il est nécessaire de préserver la force et la santé en même temps que la vie. A quoi bon devenir un Struldbrug gâteux ? Voyez l'exemple de Tithon qui, ayant supplié les dieux de l'exempter de la mort, reçut le don de l'immortalité mais non celui de la jeunesse éternelle : gris, décati, il est encore enfermé dans un lieu secret, vieillissant sans fin, prisonnier de sa propre chair corruptible. Non, il faut rechercher la vigueur en même temps que la longévité.
(chap.XXVIII)
L'homme occidental a échappé à l'ignorance supersticieuse pour tomber dans le vide matérialiste.
"Le seul sujet d'étude qui convienne à l'homme est l'homme. C'est Socrate qui a dit ça il y a trois mille ans, et c'est toujours aussi valable aujourd'hui." En fait, c'est Pope qui avait dit ça au XVIIIe siècle, comme je l'ai découvert en deuxième année d'anglais, mais passons.
(chap.III)
Je savais qu'il était inutile de demander à frater Bernard de me renseigner sur elle ; il portait le silence comme d'autres peuvent porter une armure.
Dieu est anachronique, embarrassant ; admettre à notre époque moderne que vous avez foi en Son existence équivaut à admettre que vous avez des boutons au cul. Nous, les sophistiqués, nous qui avons tout vu et qui savons à quel point c'est de la frime, nous ne pouvons pas nous résoudre à nous en remettre à Lui, bien que ce ne soit pas l'envie qui nous manque de laisser ce vieux salaud archaïque prendre toutes les décisions difficiles à notre place.
Je ne savais pas qu’il était pédé à l’époque. Le problème, quand on mène sa petite vie protégée de Blanc anglo-saxon, c’est qu’on voit l’humanité avec des œillères et qu’on ne s’attend jamais à rencontrer l’inattendu. Je savais qu’il existait des tantouzes, naturellement. Nous en avions à Andover. Elles marchaient avec les coudes levés et prenaient grand soin de leur chevelure et parlaient avec cet accent spécial, l’accent universel des tantes qu’on entend de l’État du Maine à celui de Californie. Elles lisaient Proust et Gide, et certaines portaient un soutien-gorge sous leur chemise.
Quelques impressions rapides, avant que ce voyage nous change pour l'éternité. Car il nous changera, c'est sûr.