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Citations sur L'oreille interne (42)

Le monde est blanc à l'extérieur et gris à l'intérieur.
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Un jour, il avait retourné un extincteur mural simplement pour voir s’il répandait de la mousse comme le promettait la notice. Et il en répandit.
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Il faisait tout ce qu’il pouvait pour avoir l’air sympathique et bon enfant, mais David ne pouvait s’empêcher d’éprouver l’impression que c’était juste une attitude factice. D’ailleurs, c’était quelque chose qu’il ressentait face à la plupart des adultes. Ils vous faisaient des tas de sourires, mais en dedans ils pensaient des trucs comme : L’horrible petit mouflet, sale morveux de gamin. Même sa mère et son père pensaient parfois des choses comme ça. Il ne comprenait jamais pourquoi les adultes disaient une chose avec leur visage et une autre avec leur pensée, mais il en avait pris l’habitude. C’était une chose qu’il en était venu à attendre et à accepter. «
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L’enfant unique est un enfant émotionnellement frustré. En l’absence du contact naturel de ses germains, il n’a pas le moyen d’apprendre à se situer par rapport à des pairs et se voit rejeté dans un type de relations dangereuses envers ses parents dont il devient le compagnon au lieu d’être placé sous leur dépendance.
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Je n’ai jamais eu beaucoup d’affection dans la vie. Je ne dis pas ça pour me faire plaindre. C’est juste une constatation froide et objective. La nature de ma condition diminue ma capacité d’aimer et d’être aimé. Un homme qui se trouve placé dans la situation où je suis, grand ouvert aux pensées les plus intimes de tout le monde, ne peut réellement faire l’expérience de beaucoup d’amour. Il ne peut pas en prodiguer, parce qu’il ne fait pas confiance à ses semblables. Il connaît trop de leurs petits secrets sordides, et cela étouffe l’amour qu’il pourrait leur donner. Incapable de donner, il ne peut recevoir. Son âme durcie par l’isolement et l’incommunication devient inaccessible, et il est difficile aux autres de l’aimer. La boucle se referme et il est pris au piège à l’intérieur.
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Sophocle, à l’âge de quatre-vingt-huit ans ou à peu près, exprima un grand soulagement à l’idée d’avoir franchi l’âge des passions physiques contraignantes. Je suis enfin libéré de l’emprise d’un maître tyrannique, dit le sage et heureux grand homme. Pouvons-nous supposer, dans ce cas, que Sophocle, si Zeus lui avait donné rétroactivement la possibilité de modifier le cours entier de sa vie, aurait opté pour l’impuissance à vie ?
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« Quel genre de travail fais-tu ? » « Le moins possible »
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La baisse de perception sensorielle n’est évidemment pas toujours une circonstance voulue. Elle nous atteint, que nous le voulions ou pas. Si nous ne descendons pas de notre plein gré dans la tombe, nous y serons poussés de toute façon. C’est ce que je veux dire quand j’écris que l’entropie finira par nous posséder. Quelle que soit notre vitalité, notre vigueur, notre combativité farouche, le temps aura raison de nous. La vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher, tout disparaîtra, comme disait le vieux William S., et nous finirons sans dents, sans yeux, sans goût, sans rien. Rien de rien. Ou, comme le décrit aussi le même poète de génie, heure après heure nous devenons de plus en plus mûrs, heure après heure nous pourrissons de plus en plus, et toute l’histoire est là.
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Une baisse d’énergie. Une petite mort, subie de son vivant. Ne suis-je pas une victime de la guerre de l’entropie ? Ne me voyez-vous pas réduit à l’immobilité et au silence sous vos propres yeux ? Ma détresse n’est-elle pas poignante ? Que serai-je, quand j’aurai cessé d’être moi-même ? Je me rapproche du point zéro. C’est la dégradation spontanée. Un caprice de la probabilité est en train de causer ma perte. Et je regagne le néant. Je rejoins la poussière et les cendres. J’attendrai sans bouger le balai qui me ramassera.
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Cela cause toujours un choc à Selig, quand il réalise qu’il n’est plus jeune et qu’il appartient maintenant à une génération qui a le contrôle des mécanismes du pouvoir.
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Accepte. C’est la devise. Accepte. Quoi qu’il t’arrive, accepte.
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Le silence va devenir ma langue maternelle.
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Il y aura des découvertes et des révélations, mais pas de bouleversements.
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Vivants, nous nous tracassons ; morts, nous vivons. Je tâcherai de garder cela à l’esprit. Je serai de bonne humeur.
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Voyez ces paperbacks introuvables des années 40 et 50, dans des formats de toutes sortes, avec des couvertures de plastique laminé ! Voyez ce que vous pouviez acheter alors avec 25 cents ! Voyez les couvertures lascives, les caractères agressifs ! Ces livres de science-fiction datent de la même époque. Je les gobais tout crus, espérant trouver quelques indices sur la nature de mon pauvre moi disloqué dans les univers fantastiques de Bradbury, Heinlein, Asimov, Sturgeon, Clarke.
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Mais d'un autre côté, sans ton pouvoir, qu'est-ce que tu es ? Sans cet unique, sans ce faible, sans ce périssable, sans cet inconsistant moyen de contact avec eux, comment pourras-tu les atteindre ? Ton pouvoir te relie à l'humanité, pour le meilleur et pour le pire, et c'est la seule attache que tu aies. Avoue-le. Tu ne peux pas te permettre de le laisser filer. Tu l'aimes et tu le méprises en même temps, ce don que tu possèdes. Tu as peur de le perdre, malgré tout le mal qu'il t'a causé. Tu es prêt à te battre pour te raccrocher à ses derniers lambeaux, même si tu sais d'avance que le combat est perdu. Lutte donc.
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J'appelait. Le téléphone sonna, sonna, sonna. Finalement, ce fut Bob Larkin qui décrocha. C'était bien un pédé, sans l'ombre d'un doute. Petite voix de ténor, complète avec le cheveu sur la langue, pas très différente de celle de Teddy du boulot. Qui leur apprend à parler avec cet accent de tantouze ?
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Compte tenu de la baisse du niveau d'aujourd'hui, après deux décennies d'inflation académique, Bruno pourrait bien décrocher un A, pour cette étude sur Kafka. Elle possède les qualités d'intelligence voulus, avec juste le bon dosage estudiantin d'intuition sophistiquée et de dogmatisme naïf.
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Silence entre mes deux oreilles. Le vide noir résonne. Aujourd'hui, je n'ai absolument rien. Tout est parti. Je ne capte même pas la clameur des Portoricains d'à côté. Novembre est le mois le plus cruel, qui fait pousser des oignons sur l'esprit trépassé. Je suis en train de vivre un poème d'Eliot. Je me transforme en mots sur une page. Vais-je rester comme ça à m'apitoyer sur moi-même . Non. Non. Non. Non. Je me défendrai. Exercices spirituels destinés à me restaurer mon pouvoir. À genoux, Selig. Baisse la tête. Concentre-toi. Transforme-toi en une fine aiguille de pensée, un rayon laser télépathique, partant de cette pièce pour gagner le voisinage de la magnifique étoile Bételgeuse. Tu y es ? Parfait. Le rayon mental effilé et pur perce l'univers. Attends une seconde. Tiens bon. Ne laisse pas s'épaissir. Bon. Grimpe maintenant. L'ascension de l'échelle de Jacob. C'est une expérience hors-du-corps, David. Grimpe, grimpe toujours ! Transperce le plafond, transperce le toit, transperce l'atmosphère, l'ionosphère, la stratosphère. Plus haut. Dans les espaces interstellaires. Oh, noir noir noir. Froid le sens et perdu le motif de l'action. Non, arête ! Seules les pensées positives sont autorisées dans ce voyage. Élève-toi ! Élève-toi ! Vers les petits hommes verts de Bételgeuse IX. Pénètre leur esprit, Selig. Effectue le contact. Effectue... le contact. Grimpe, bordel de yid ! Pourquoi ne grimpes-tu pas ? Grimpe !
Et alors ?
- Rien. Nada. Niente. Nulle part. Nulla. Nichts.
La redescente sur terre. Dans les funérailles silencieuses. D'accord, abandonne, si c'est ça que tu veux. D'accord, repose-toi un peu. Repose-toi et prie, Selig. Prie.
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Je tenais ma main en l'air avec les doigts recourbés en V en signe de paix, et je hurlais des slogans idiots avec les autres. Je fuyais le long des couloirs de Furnald Hall devant la marée dévastatrice des uniformes bleus au bidule brandi. Je discutais stratégie avec un gauleiter barbu du SDS, qui finit par me cracher à la figure en me traitant de sale indicateur bourgeois. Je regardais les douces filles de Barnard déchirer leur corsage et agiter leurs seins nus devant des flics à la libido exaspérée, tout en hurlant de féroces expressions anglo-saxonnes que les filles de Barnard de mon époque reculée n’avaient jamais entendues. Je regardais un groupe de jeunes étudiants chevelus de Columbia pisser rituellement sur une pile de documents qu’ils venaient de tirer de l’armoire d’un malheureux assistant qui préparait son doctorat. C’est à ce moment-là que je compris qu’il ne pouvait plus y avoir d’espoir pour l’humanité, quand les meilleurs d’entre nous étaient capables de perdre la tête pour la cause de l’amour et de la paix et de l’égalité des hommes. Ces soirs-là, j'entrai dans beaucoup de pensées, et je n'y trouvai rien d'autre que folie et hystérie. Une fois, de désespoir, après avoir réalisé que je vivais dans un monde où deux factions de fous se livraient bataille pour prendre le contrôle de l'asile, j'allai vomir à Riverside Park après une échauffourée particulièrement sanglante et je me laissai prendre par surprise (imaginez un peu, moi, me laisser prendre par surprise !) par un jeune voyou noir de quatorze ans qui me soulagea avec le sourire des vingt-deux dollars que j'avais dans la poche.
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Axiome: C'est un péché contre l'amour que d'essayer de remodeler l'âme de quelqu'un que vous aimez, même si vous croyez que vous l'aimerez davantage quand vous l'aurez transformé en quelque chose d'autre.
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