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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Point de Didine dans ce roman mais deux femmes que, en dépit de leur parenté, tout opposait de leur vivant et que tout continue à opposer dans la Mort. C'est à la plus jeune, à la plus franche, à plus la authentique des deux que Simenon a donné le rôle-titre, c'est elle que, tout au long du livre, il enveloppe de sa compassion et même de sa tendresse. Cécile. Un prénom si doux pour une personnalité sacrifiée. Cécile, jeune fille et déjà vieille fille. Cécile Pardon pour l'Etat-civil. Cécile, bel et bien morte même si le lecteur l'aperçoit encore bien vivante dans la salle, surnommée "l'Aquarium" en raison de l'une de ses parois vitrées, où elle attend avec résignation que Maigret veuille bien la recevoir.

Il y avait déjà plusieurs semaines que la jeune femme était venue voir pour la première fois le commissaire. Comme tant d'autres avant et après elle, elle avait, dans les journaux parisiens, retenu son nom et le prestige dont il jouissait. Et peu à peu, s'était instillée en elle la certitude que Maigret était probablement le seul qui croirait à la véracité de son histoire - le seul à qui elle pourrait se confier sans qu'il la prît pour une folle.

L'histoire qu'avait contée Cécile était, en effet, il fallait bien l'admettre, des plus bizarres : selon ses dires, depuis quelques mois, elle était persuadée que, certaines nuits, un inconnu s'introduisait dans l'appartement qu'elle partageait avec sa tante, Juliette Boynet, dans un immeuble de rapport appartenant d'ailleurs à celle-ci, à Bourg-la-Reine. Elle n'avait jamais relevé de vol ou la moindre tentative d'effraction, rien que des objets qui se déplaçaient et, une fois qu'elle en avait placé au ras du sol, des fils-repères rompus par des pas qui n'avaient pas eu conscience de trahir ainsi celui qui les accomplissait. Et puis, une fois, il y avait eu cette odeur de tabac froid dans l'appartement. Or, pas plus la tante que la nièce ne fumait ...

Perplexe mais bonne pâte, et probablement aussi légèrement intrigué, Maigret envoie l'un de ses inspecteurs planquer plusieurs nuits à l'intérieur de l'immeuble. Mais rien ne se passe. Pire encore pour l'histoire de Cécile : il est prouvé qu'aucun étranger à la maison n'y est entré de nuit et encore moins ressorti. Jamais. Alors, fatalement, Maigret arrête les frais et renvoie poliment Cécile à ses "impressions" et à ses fils de laine tendus au beau milieu des passages principaux dans les pièces. Mais la jeune fille s'entête. Elle revient voir le commissaire qui, peut-être agacé par les moqueries de ses collègues, lesquels prétendent que la jeune fille a pour lui une sorte de passion contrariée, finit par ne plus la recevoir qu'une fois sur deux. Quand il la reçoit.

Ce matin-là, justement, et bien que, par l'intermédiaire de l'huissier de service, elle lui ait adressé un petit mot soulignant l'urgence de la situation, Maigret n'est pas du tout enthousiaste à l'idée d'accueillir Cécile dans bureau. "Qu'a-t-elle encore inventé ?" bougonne-t-il intérieurement. Il va, il vient, joue au commissaire très occupé, lanterne même au "rapport" matinal quotidien ... et soudain, en passant devant l'Aquarium pour réintégrer son bureau, il s'aperçoit que Cécile n'est plus là. Et ça, bizarrement, ça le fait tiquer. Il se renseigne : personne ne l'a vue et Cécile ne lui a même pas laissé de mot d'explication. Ce titillement qu'il perçoit enfin en lui, cette maussaderie qui s'installe, ce malaise encore au berceau mais qui ne va pas tarder à grandir, grandir, pas de doute : Maigret est inquiet. Inquiet à cause d'une pauvre fille qui, sans doute, n'a plus toute sa tête ! Il faut le faire quand même !

Lentement, prenant son temps et grognant de plus belle, peut-être pour tenter de calmer son mal-être, le commissaire se décide à aller voir à Bourg-la-Reine. Il sonne, il tambourine à la porte de l'appartement de Juliette Boynet. Si personne ne répond, les voisins, eux, s'assemblent avec zèle. Laissant alors libre cours à son inquiétude, Maigret fait ouvrir la porte ... et découvre non pas Cécile mais la propriétaire des lieux, étranglée dans son lit.

Vues les circonstances, il s'écoule évidemment un certain temps avant que Maigret ne puisse rejoindre le 36. Et là, son supérieur hiérarchique immédiat, très ennuyé, lui annonce qu'on a retrouvé Cécile, assommée, puis étranglée et enfin poussée, comme un pantin au rebut, dans un placard à balais.

Pour le commissaire, cette affaire qui avait débuté sous les sourires et les quolibets pas toujours très fins de toute la P. J., cette affaire à laquelle il se reproche désormais de ne pas avoir apporté toute l'attention que, de toute évidence, elle requérait, cette affaire devient une histoire personnelle. Bien plus que le meurtrier de Juliette Boynet - l'une des mégères les plus écoeurantes qu'ait jamais imaginées Simenon - c'est l'assassin de Cécile qu'il veut épingler à toutes forces. Un assassin si froid, si résolu, si implacable qu'il n'a pas hésiter à venir tuer au beau milieu du Quai des Orfèvres ...

Roman resserré sur l'univers bien clos de l'immeuble où vivaient Cécile et sa tante, avec de belles échappées sur un Paris printanier qui commence à fleurir, roman tendu lui aussi à se rompre, tout à fait comme les fils que plaçaient la pauvre Cécile à des endroits qu'elle jugeait stratégiques, roman tout illuminé de cocasserie par l'incroyable scène des obsèques qui voit, bagues à chaque main et descendant non sans dignité d'une superbe douze-cylindres, débarquer les "associés" que "Madame Juliette" comptait dans un nombre incalculable de maisons closes, roman glauque, sali, souillé, que dis-je, empuanti par la silhouette traînante de M. Charles, ancien notaire radié de son ordre pour détournement de mineures et ex-amant de Juliette, roman où une concierge sympathique mais affligée d'un navrant torticolis qu'elle soigne à la ouate Thermogène (vous vous rappelez la merveilleuse affiche publicitaire du produit ? ;o)) guide, non sans quelque plaisir, le commissaire au beau milieu de tous les locataires de la défunte, roman où la Douceur succombe à la Colère pour châtier l'Avarice mais où le Mal, un Mal rampant et particulièrement répugnant, finit tout de même par se voir mis en échec, "Cécile Est Morte" est à lire - et aussi à regarder, surtout dans l'adaptation qu'en fit Claude Barma avec Jean Richard, à la fin des années soixante, pour la défunte ORTF. Après tout, Noël approche et l'intégrale des "Maigret", qu'il s'agisse des romans ou de leurs adaptations, au cinéma ou à la télévision, ne constitue-t-elle pas une bonne idée de cadeau ? ... Redécouvrir la qualité, presque une gageure à notre époque. Mais, avec Georges Simenon et avec ses "Maigret", vous la redécouvrez tous les jours. ;o)
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J'avais depuis un petit moment envi de lire du George Simenon, car j'avais entendu raconté sa vie dans une émission radiophonique... et ce Belge issu d'un quartier pauvre qui a une réputation d'écrivain que reflète bien les film du cinéma issu de ses récits.... une critique acerbe des choses cachées... les choses qu'on ne le dit pas, particulièrement dans l'Affaire sans fiacre,, mais aussi dans Cécile est morte et Maigres tant un piège... Si Maigret voit rouge, Maigret tend un piège, et l'Affaire saint Fiacre nous montre un Jean Gabin mieux qu'à ses début d'acteur parfait en rôle de Maigret, c'est un autre acteur qui joue se rôle dans Cécile est morte, mais je dois bien dire que j'ai bien aimé le film... et si 'histoire commence de façon anodine une jeune femme, très quelconque, mal attifée, veux à tout prix les secours du commissaire Maigret, et même si on vérifie ses dires, personne ne prend vraiment au sérieux ses histoires d'individu qui rentre dans la maison la nuit juste pour bouger quelques objets et ouvrir un secrétaire fermé à clé... et l'appartement est aussi lu, clos de la même façon... alors un policier se met à observé... mais sans succès, pas de rodeur... Seulement Cécile disparait alors que sa tante meurt... Alors un Maigret débordé quitte soudain ses affaire en cours.... pour vérifier...
Et ce qui est vraiment intéressant dans le livre, c'est que Cécile attendant au Quai des Orfèvres patiemment un Maigret très affairé, et bien on nous plonge dans l'atmosphère de ces locaux.... Et Maigret qui inspecte la maison, observe chaque objet à la recherche d'une réponse, pendant que les questions fusent dans sa tête...
Mais surtout, on va retrouvé quelque chose dans le placard à balais de la PJ, Quai des orfèvres, ce qui va rendre célèbre se modeste placard grâce au roman... et dans les reportages, et bien oui... on vous confirme... que sur invitation, Simenon avait bien visité les locaux... ce n'est pas un hasard s'il en parle, dans son roman, car ce fameux placard, il l'a vue... Une riche idée... de faire de l'endroit le plus anodin du Quai des Orfèvres le point clé de l'intrigue...
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