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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Maigret mordit dans son sandwich en pensant que Cécile était morte, et cela lui donnait froid dans le dos en dépit de son lourd pardessus. »

Cette nouvelle enquête se déroule au changement de saison. Maigret à sorti son célèbre pardessus qui sent la naphtaline. Premier brouillard sur Paris qui fraîchit, passant devant un bistro « Maigret reçut une bouffée odorante qui demeura pour lui la quintessence même de l'aube parisienne : l'odeur du café crème, des croissants chauds, avec une légère pointe de rhum ».
Dans les bureaux de la Police Judiciaire, une nouvelle visite de Cécile. Cécile, même pas la trentaine, sans grâce et déjà l'allure de vieille fille, ne veut parler qu'au commissaire en personne et ses visites épisodiques durent depuis six mois d'où des plaisanteries bien lourdes de la part des collègues ; n'aurait-elle pas le béguin pour Maigret ?
Alors que d'habitude elle est capable de rester des heures, voici qu'elle disparaît de la salle d'attente au bout d'une heure seulement.
Maigret culpabilise, s'affole, se rend chez la tante qu'il trouve étranglée. de retour au commissariat, il apprend que le corps de Cécile a été retrouvé dans un placard à balais, elle a été étranglée également. Finies les plaisanteries, Cécile ne viendra plus parler de sa certitude que des objets changent de place, la nuit, dans l'appartement de sa tante. de l'ambiance de cet appartement, justement, il doit s'imprégner : un intérieur bien tenu mais sombre et encombré d'une multitude de meubles hétéroclites, des bibelots partout, de nombreuses horloges…

Maigret assimile l'atmosphère de l'immeuble. Il faut qu'il connaisse Cécile et sa tante, leurs vies, leurs habitudes ainsi que celles des locataires de certains étages.
La concierge se régale de lui présenter, sous son angle de vue, les occupants des différents logis ; des Hongrois quelle méprise (puisque ce sont des étrangers) à Maître Dandurand, ancien avoué, donc quelqu'un de très bien. Bien sûr, la clairvoyance de Maigret ne s'y laisse pas prendre et il aura tôt fait de remettre chacun à sa place. Dandurand à été radié du barreau pour des affaires de moeurs !
Celui-ci lui parlera de la tante de Cécile qui était une de ses clientes. Il lui sert d'intermédiaire pour acheter et gérer des maisons closes. Une avarice, un amour de l‘argent tel qu'elle garde jalousement sont magot, en billets, près d'elle.

Le remords ronge Maigret, il traîne de page en page son air le plus buté, tirant avec rage sur sa pipe. Il n'informe pas Mme Maigret de ses retards et s'abîme tellement dans ses réflexions qu'il n'écoute rien autour de lui. Il devient hermétique, poursuit ses pensées alors que ses interlocuteurs s'adressent à « un bloc qui ne donnait aucune prise et qui continuait, tandis que vous parliez et que vous vous agitiez, à vivre sa vie personnelle. » Dans ces moments-là, Mme Maigret est même surprise qu'il n'ait pas reçu plus de gifles dans sa vie !
Il tentera un bon jambon-beurre et une bière mousseuse, pris à La Coupole, pour tenter de remettre en place tous les faits de l'immeuble de cinq étages où la vieille rentière s'est fait occire. La torpeur de son bureau chauffé par le poêle chargé à ras la gueule de charbon et tisonné avec acharnement va finir par lui permettre de remettre les pièces de ce nouveau puzzle à leur place.
L'intrigue est complexe, Simenon nous perd entre les rivalités des héritiers et le milieu qui a enrichi la famille. On se fait tout petit lorsqu'il se transforme en ours mal léché, on suffoque quand il s'engonce dans son pardessus, on se rafraîchit avec ses bières. Il aura un compagnon américain inattendu à la fin de son enquête qui va découvrir ses méthodes dont aucun manuel de police n'a su révéler les secrets.
Cette fois-ci nous ne sommes pas sortis de Paris. Si j'osais, je dirais que Simenon nous l'a fait à l'économie : point de train pour aller interroger un lointain témoin. Tous sont à portée de main.
Mais, de cinéma en bistrots, de tram en bus, quel régal d'arpenter le pavé de la capitale et même de suivre le cortège funèbre mené par des chevaux dans un passage si artistiquement décrit !
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Cécile est morte ! Oui, Cécile, cette jeune fille de "deuxième fraîcheur", avec son chapeau de travers, ses yeux qui louchent un peu, son énorme sac à main ! Cécile avait peur ! Elle était sûre que quelqu'un venait la nuit dans l'appartement qu'elle habitait avec sa vieille tante presque infirme. Des fauteuils changeaient de place, elle avait même senti une odeur de tabac !
Alors elle venait au Quai des Orfèvres voir Maigret pour qu'il l'aide. Elle venait même tellement souvent qu'on commençait à en plaisanter....Madame Maigret avait elle à se faire du souci ? Et Maigret avait fait surveiller l'immeuble...Mais il ne s'y passait rien !
Alors ce matin là, le commissaire traîne pour la recevoir. Et quand il se décide enfin, elle n'est plus là !
Alors il va à Bourg la Reine. et dans l'appartement, il trouve la vieille tante étranglée ! Et en revenant à Paris il apprend que Cécile a été retrouvée morte, elle aussi, dans un placard à balais du palais de Justice, juste de l'autre coté de la porte qui mène aux bureaux de la PJ.
Dans l'immeuble de Bourg la Reine il apprend que la tante, qui comptait sous par sous quand sa nièce revenait de faire les courses était la propriétaire de l'immeuble et de beaucoup d'autres dans la ville. Il a aussi vu un voisin, Dandurand, un ancien "client" de sinistre mémoire.
Voila qu'il lui explique que c'est lui qui venait la nuit : il était en quelque sorte l"homme d'affaire " de la tante: il organisait ses placements (lucratifs) dans des lieux dont une vieille dame digne devrait ignorer l'existence.
Qui a tué la tante ? Et qui a tué Cécile ? Est-ce le même assassin ? On n'en est même pas sûr !
Le frère ou la soeur de Cécile, pour hériter plus vite ? Il n'étaient riche ni l'un ni l'autre. Les cousins de province qui débarquent annonçant que la tante leur a affirmé qu'ils seraient ses seuls héritiers ? Ou y a-t-il eu une rivalité d'"affaire" avec l'un des messieurs bien mis, présents eux-aussi pour l'enterrement ?
C'est un Maigret qui s'en veut terriblement qui mène cette enquête. Un Maigret furieux après lui-même. Cécile n'aurait pas du mourir !
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Parler une nouvelle fois du commissaire Jules Maigret n'a pas de réel intérêt tant tout le monde le connaît à travers les romans, les films ou les séries adaptés de ceux-ci, des on-dit, des évocations des autres lecteurs, des articles, des documentaires et de tant des multiples rééditions savamment orchestrées par les ayant-droits cherchant à prolonger le mythe et, surtout, les recettes avant que le personnage ne tombe dans le domaine public (qu'ils se rassurent, ils ont encore une trentaine d'années devant eux).

Mais Jules Maigret, personne ne le connaît vraiment sauf, bien sûr, son père créateur, Georges Simenon lui-même, qui ne cessa, pendant quarante ans, de le dépeindre, d'histoire en histoire.

Mais si chaque enquête du commissaire Maigret est une occasion de mieux appréhender le personnage, cette assertion est d'autant plus vraie avec « Cécile est morte », le troisième opus du recueil « Maigret revient… » datant de 1942 (le texte, lui, date de décembre 1940).
Depuis des mois, Cécile Pardon se rend quai des Orfèvres dans l'espoir de parler au commissaire Maigret. Depuis des mois elle assure le policier que, la nuit, quelqu'un pénètre dans le logement de sa tante, où elle habite également et déplace les objets sans rien voler. Depuis des mois, rien d'autre ne se passe. Depuis des mois, quand un inspecteur est placé en surveillance, il ne découvre rien.

Aussi, ce matin, quand Maigret arrive en retard, qu'il aperçoit Cécile dans l'aquarium, l'espace d'attente des visiteurs protégé par une grande vitre, au lieu de recevoir la jeune femme, il vaque à d'autres occupations, sachant qu'à chaque fois, la jeune femme attend, des heures, jusqu'à ce qu'il ait le temps de lui parler.

Mais ce matin, Cécile n'attend pas. du moins, n'est-elle plus dans l'aquarium que Maigret vient pour la voir. Étrange. Inquiétant.

Maigret décide de se rendre chez elle, mais personne ne répond. Étrange. Inquiétant.

Quand il pénètre dans l'appartement, il trouve la tante morte, étranglée. Pas de traces de Cécile.

En revenant au Quai des Orfèvres, son patron l'attend pour lui annoncer une mauvaise nouvelle : Cécile est morte ! Elle a été retrouvée étranglée dans un placard du Quai des Orfèvres.

Maigret s'en veut.

Du coup, quand Maigret s'en veut, il est bougon et quand il est bougon, il est désagréable. À se demander (comme s'étonne sa femme) comment il n'est jamais giflé par les gens qu'il maltraite.

Dans une enquête de Maigret, le plus intéressant, le plus développé, ce n'est pas l'intrigue, mais le personnage lui-même. C'est une nouvelle fois le cas ici, mais plus que d'ordinaire, me semble-t-il.

En effet, Georges Simenon se concentre plus que de coutume sur son héros et nous présente sa façon de faire, de penser, de réfléchir…

C'est d'autant plus vrai que l'auteur crée un personnage, un policier américain, envoyé en France pour étudier la façon de faire de la police locale et que l'on adjoint à Maigret. Ce spectateur inhabituel, comment ne pas le voir comme une projection du lecteur qui suit et observe Maigret et que Maigret a un peu peur de décevoir tant il se déconsidère.

Mais si Simenon nous dévoile son commissaire plus que de coutume, il n'en oublie pas de proposer un panel de personnages secondaires hétéroclites et hauts en couleur. Des victimes, la vieille tante impotente, avare, méfiante, qui trempe dans des affaires louches ou de sa nièce, simple, soumise, discrète, en passant par le neveu, un raté paranoïaque et déprimé, au voisin, ancien avocat condamné pour atteintes aux moeurs envers des mineurs ou bien la fille d'un autre voisin, une ado délurée et provocatrice. Chacun, ou presque, a une part d'ombre en lui et résonne alors les propos du commissaire pour qui rien ne différencie un criminel, avant qu'il passe à l'acte, d'une autre personne, laissant entendre que chacun, pour une raison ou une autre, peut un jour franchir la barrière. Maigret, lui, s'intéresse au criminel avant le passage à l'acte, après, ce n'est plus son affaire, c'est celle de la justice.

Si on retrouve dans ce roman tout ce qui fait une bonne enquête du commissaire Maigret, ce roman offre plus encore que d'ordinaire. Certes, on retrouve cette confrontation des classes, souvent dans un champ géographique assez réduit (ici, un petit immeuble), mais là, la confrontation n'est pas une lutte, juste une exposition. Car, dans ce roman, il n'est pas tant question de mettre en avant les travers de chacun que de montrer le ressenti de Maigret face à ces travers.

On découvre ainsi un Maigret pudique, voire pudibond, choqué par l'attitude aguicheuse de certaines jeunes femmes.

Il est à noter que ce roman a eu les honneurs d'une adaptation cinématographique, réalisée par Maurice Tourneur et sortie en salles en 1944. Albert Préjean y interprète le rôle du commissaire à la pipe. Mais il est regrettable que le scénariste, le réalisateur et le comédien principal aient fourvoyé ou bien, mal compris, l'ambiance du roman, la psychologie du personnage phare, et que ce film ne soit, en fait qu'un roman policier classique au lieu d'être un « Commissaire Maigret ». Quitte à se démarquer du personnage littéraire, on préférera très largement les adaptations mettant en scène Jean Gabin dans le rôle de Maigret où l'acteur, à défaut d'être fidèle au personnage, livre une performance qui lui est propre et savoureuse. Ceci dit, Albert Préjean a interprété Maigret à deux autres reprises, pour les adaptations de « Picpus » et « Les caves du Majestic ».

Au final, un grand petit roman, composé un peu comme une étude de caractère sur le célèbre commissaire à la Pipe.
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Une belle enquête à l'ancienne pour Maigret, entre Paris et Bourg-la-Reine. l'assassinat d'une vielle dame, qui s'avérera plus riche que l'on ne croit, va l'entraîner dans une sombre et complexe histoire de famille, certains événements remontant même à plusieurs années en arrière. Entre une propriétaire de maison closes, un avoué véreux et des jeunes gens pressés, c'est aussi l'histoire d'un immeuble que va découvrir Maigret. L'occasion également pour lui d'expliquer la « méthode Maigret » (si méthode il y a) à un collègue américain de passage en France.
Cécile est morte reste dans le même ton que les deux autres romans (Les caves du Majestic et La maison du juge) composant le volume « Maigret revient » publié en 1942 : des histoires très sombres, sur fond de rivalités familiales, de jalousies et d'appât du gain. Simenon a attendu plusieurs années avant de redonner vie à son héros et le place immédiatement au plus profond de la noirceur humaine. Signé Picpus confirmera cette tendance.
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Cécile, une jeune fille qui passe sa vie à relancer Maigret pour une histoire qui semble anodine, va finalement être assassinée dans les locaux de la PJ. Maigret s'en trouve particulièrement touché, et va mettre toute son énergie pour faire avancer son enquête, à coups de verre de bière pour décompresser et analyser....Il va devoir puiser dans l'histoire des protagonistes pour trouver le fin mot de l'histoire....
À savoir que dans la série, Claude Pieplu jouait le fameux Dandurand, avec un grand brio...
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Encore un beau roman policier dans le style de l'auteur qui vieillit de mieux en mieux ! On retrouve ici entre les lignes l'ambiance du Paris de l'epoque avec plaisir ! Et l'enquete est menée de main de maitre par le celebre inspecteur !
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