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Citations sur L'Affaire Saint-Fiacre (25)

Et Maigret retrouvait les sensations d'autrefois : le froid, les yeux qui picotaient, le bout des doigts gelé, un arrière-goût de café. Puis, en entrant dans l'église une bouffée de chaleur, de lumière douce : l'odeur des cierges, de l'encens...
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C'était l'heure où, le dimanche et les jours de fête, les paysans retardent le moment de rentrer chez eux, savourant le plaisir d'être en groupe, bien habillés, sur la place du village ou bien au café. Quelques-uns étaient déjà ivres. D'autres parlaient trop fort. Et les gosses aux habits roides regardaient leur papa avec admiration.
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Le château était vaste. Du dehors, il ne manquait pas d'allure. Mais l'intérieur avait un aspect aussi miteux que le pyjama du jeune homme. Partout de la poussière, des vieilles choses sans beauté, un amas d'objets inutiles. Les tentures étaient fanées.
Et sur les murs,on voyait des traces plus claires qui prouvaient que des meubles avaient été enlevés.
Les plus beaux, évidemment! Ceux qui avaient quelque valeur!
"- Vous êtes devenu l'amant de la comtesse..
- Chacun est libre d'aimer qui..
- Imbécile! " gronda Maigret en tournant le dos à son interlocuteur.

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[...] ... La scène qui suivit fut confuse. Partout il se passait quelque chose et, après coup, chacun n'eût pu raconter que la petite partie des événements qu'il avait vue personnellement.

Il ne restait que cinq bougies pour éclairer la salle-à-manger. D'énormes pans demeuraient dans l'ombre et les gens, en s'agitant, y entraient ou en sortaient comme des coulisses d'un théâtre.

Celui qui avait tiré, c'était un des voisins de Maigret : Emile Gautier. Et, le coup à peine parti, il tendait les deux poignées vers le commissaire, en un geste un peu théâtral.

Maigret était debout. Gautier se leva. Son père aussi. Et tous trois formèrent un groupe d'un côté de la table tandis qu'un autre groupe se constituait autour de la victime.

Le comte de Saint-Fiacre avait toujours le front sur le bras du prêtre. Le médecin s'était penché, avait regardé autour de lui d'un air sombre.

- "Mort ? ..." questionnait la voix de l'avocat grassouillet.

Pas de réponse. On eût dit que, dans ce camp-là, les choses se passaient mollement, entre mauvais acteurs.

Il n'y avait que Jean Métayer à n'être ni d'un groupe, ni de l'autre. Il était resté près de sa chaise, inquiet, en proie à un tremblement, et il ne savait de quel côté regarder.

Pendant les minutes qui avaient précédé son geste, Emile Gautier avait dû préparer son attitude car à peine avait-il remis l'arme sur la table qu'il faisait littéralement une déclaration, en regardant Maigret dans les yeux.

- "C'est lui-même qui l'a annoncé, n'est-ce pas ? ... L'assassin devait mourir ... Et, puisqu'il était trop lâche pour se faire justice lui-même ..."

Son assurance était extraordinaire.

- "J'ai fait ce que je considérais comme mon devoir ..."

Est-ce que les autres, de l'autre côté de la table, entendaient ? Il y avait des pas dans le couloir. C'étaient les domestiques. Et le docteur alla à la porte pour les empêcher d'entrer. Maigret n'entendit pas ce qu'il leur dit pour les éloigner.

- "J'ai vu Saint-Fiacre qui rôdait autour du château la nuit du crime ... C'est ainsi que j'ai compris ..."

Toute la scène était mal réglée. Et Gautier était cabotin en diable quand il déclara :

- "Les juges diront si ..."

On entendit la voix du docteur.

- "Vous êtes sûr que c'est Saint-Fiacre qui a tué sa mère ?

- Certain ! Aurais-je agi comme je l'ai fait si ..." ... [...]
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[...] ... Les doigts de la vieille dame se disjoignaient, découvraient le faciès tourmenté, ouvraient le missel.

Encore quatre minutes ! Les oraisons. Le dernier Evangile ! Et ce serait la sortie ! Et il n'y aurait pas eu de crime !

Car l'avertissement disait bien : la première messe ...

La preuve que c'était fini, c'est que le bedeau se levait, pénétrait dans la sacristie ...

La comtesse de Saint-Fiacre avait à nouveau la tête entre les mains. Elle ne bougeait pas. La plupart des autres vieilles étaient aussi rigides.

Ite missa est ... La messe est dite ...

Alors seulement Maigret sentit combien il avait été angoissé. Il s'en était à peine rendu compte. Il poussa un involontaire soupir. Il attendit avec impatience la fin du dernier Evangile, en pensant qu'il allait respirer l'air frais du dehors, voir les gens s'agiter, les entendre parler de choses et d'autres ...

Les vieilles s'éveillaient toutes à la fois. Les pieds remuaient sur les froids carreaux bleus du temple. Une paysanne se dirigea vers la sortie, puis une autre. Le sacristain parut avec un éteignoir et un filet de fumée bleue remplaça la flamme des bougies.

Le jour était né. Une lumière grise pénétrait dans la nef en même temps que des courants d'air.

Il restait trois personnes ... Deux ... Une chaise remuait ... Il ne restait plus que la comtesse et les nerfs de Maigret se crispèrent d'impatience ...

Le sacristain, qui avait terminé sa tâche, regarda Mme de Saint-Fiacre. Une hésitation passa sur son visage. Au même moment le commissaire s'avança.

Ils furent tous deux tout près d'elle, à s'étonner de son immobilité, à chercher à voir le visage que cachaient les mains jointes.

Maigret, impressionné, toucha l'épaule. Et le corps vacilla, comme si son équilibre n'eût tenu qu'à un rien, roula par terre, resta inerte.

La comtesse de Saint-Fiacre était morte. ... [...]
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Monsieur le curé vous connaissez l’assassin?
Dieu le connait.
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Il n'y avait pas de whisky dans les placards ...Mais les rayons étaient chargés de livres comme les rayons d'une ruche sont saturés de miel....
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Le jour était né. Une lumière grise pénétrait dans la nef en même temps que des courants d'air.
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— Il fut un temps où l’on n’entrait dans cette pièce qu’en retenant son souffle, parce que mon père, le maître, y travaillait… Il n’y avait pas de whisky dans les placards… Mais les rayons étaient chargés de livres comme les rayons d’une ruche sont saturés de miel…
Et Maigret s’en souvenait, lui aussi !
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Maigret fumait toujours. Il avait commandé un second demi. Et la femme, peut-être parce qu'il était le plus gros, avait enfin jeté son dévolu sur lui. Chaque fois qu'il se tournait de son côté, elle lui souriait comme s'ils eussent été de vieilles connaissances.
Elle se doutait bien peu qu'il était en train de penser à la vieille, comme disait le fils lui-même, qui était couchée au premier étage, là-bas, au château, et devant qui les paysans défilaient en se poussant du coude.
Mais ce n'était pas dans cet état qu'il la voyait. Il l'imaginait à une époque où il n'y avait pas encore d'autos devant le Café de Paris et où on n'y buvait pas de cocktails.
Dans le parc du château, grande et souple, racée comme une héroïne de roman populaire, près de la voiture d'enfant poussée par la nurse...
Maigret n'était qu'un gamin dont les cheveux, comme ceux d'Emile Gautier et comme ceux du rouquin, s'obstinaient à se dresser en épi au milieu du crâne.
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