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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« La nuit du carrefour » décrit une enquête policière mouvementée qui, pour l'essentiel, est extra-parisienne. Au 36 Quai des Orfèvres, une garde à vue tourne court, grâce à la résilience inhabituelle d'un suspect. Carl Andersen est relâché faute de preuves. le meurtre d'un diamantaire anversois par arme à feu attendra son coupable, le cadavre a été découvert dans son garage, dans une voiture qui appartient à son voisin. le dénouement de l'affaire se jouera à court terme mais ailleurs, en Essonne. le roman suit un déroulé d'intrigue très majoritairement campagnard. Trois longues nuits durant (d'où le titre) la traque d'un meurtrier… entre chien et loup jusqu'aux pales heures de l'aube, jusqu'au dernier matin, maussade et triste, celui définitif (ou presque) des aveux …. Coups de feu au ras des labours, meurtres, bagarres, courses-poursuite, cadavre échangé, suspect(s) traqué(s) comme autant d'ombres perdues au sein d'un brouillard laiteux. Une galerie de personnages contrastés … et ambigus. En somme, un petit bout de « mauvais genres », presque de roman noir US, qui flirte avec la littérature générale (comme d'habitude chez Simenon).

« La nuit du carrefour » est un des Maigret les plus connus (le 7ème paru, en 1931, achevé d'écrire à la Ferté-Alais en Essonne), l'un des plus adaptés aussi pour le cinéma et la télévision. Dans le rôle du commissaire, on trouve successivement : Pierre Renoir (réalisateur, Jean Renoir), Jean Richard (deux fois), Bruno Cremer, l'inattendu et à contre-emploi Rowan Atkinson).

Avril en Essonne. Paris est à quelques dizaines de kilomètres. le Carrefour des Trois-Veuves est un lieu-dit de rase-campagne à peine sorti de l'hiver ; il se montre tel qu'on pourrait l'entrevoir d'un train de nuit filant sur une plaine endormie, une vision presque subliminale. Une maison (les Michonnet), une autre (les Andersen), un garage automobile (Oscar et sa femme) et c'est tout. Un clocher au loin, égrenant lugubrement les heures nocturnes. Des aboiements, des frémissements dans les fourrés et les arbres dénudés. Météo maussade, gelées matinales et soleils du loup crépusculaires. Nuits froides et profondes, figées dans un brouillard rampant. Une atmosphère, en somme, comparable à celle du « Chien des Baskerville »). Un hameau comme sorti de nulle-part, isolé sur la longue ligne droite d'une route nationale très fréquentée entre Arpajon et Avrainville. Un incessant défilé de véhicules divers d'un bout d'horizon à l'autre, au rythme des plein-phares hystériques et des codes prudents, des points rouges de feux arrière s'éloignent à l'opposé ; entre les deux de longues pétarades moteurs augmentant puis décroissant au fur et à mesure qu'ils s'approchent puis s'éloignent, un souffle au passage devant Maigret, coups de klaxons, insultes … Des automobiles, des camions, des charrettes allant ou revenant des Halles parisiennes, des voitures faisant le plein à la pompe.

Des mots-images, à la Simenon, comme autant de clichés inspirés, tels ces photos des années 30, en noir et blanc, en gris tristesse, en gris hiver, habillés d'haleines givrées et de cols de pardessus rabattus sous la pluie. La lecture se peuple d'éclats de chiches lumières sur l'écran sombre de la nuit. J'aime.

L'impression générale est celle d'un huis-clos étouffant et glacial où s'agitent des hommes et des femmes qui, on le pressent, ne sont pas ce qu'ils paraissent être.

Un garagiste, Oscar, la trentaine, gouailleur et bluffeur, grande gueule, au passé incertain. Son épouse. Ses mécanos, qui, jour et nuit …

Un assureur, Emile Michonnet, et sa femme ; procéduriers et volontiers dénonciateurs ; un couple aux aguets de chacun derrière leurs fenêtres … Des choses à dire, toujours et encore.

Un jeune aristocrate danois, Carl Andersen, décorateur, en rupture familiale, fauché comme pas deux, en exil campagnard à moindre frais ; une grande demeure en location, délabrée, presque insalubre, un mobilier défraichi et moisi, de chiches lumières de rares lampes à pétrole au lieu d'ampoules électriques ; un homme hautain et décalé, oeil de verre et monocle associé. Il a résisté à la garde à vue inaugurale, ce qui attise la curiosité de Maigret.

Sa soeur Else, typée roman noir US des années 30's US ; une vamp sur son divan, en robe de velours moulante, telle ces unes de couverture en noir et blanc de la revue Ciné-Monde de l'époque ; une femme semble t'il inatteignable, un astre lointain, fatale, apparemment inconsciente du sex-appeal dans son sillage. Une femme pour laquelle se damner. En outre, du prestige, de la classe, langueur de gestes ronds et lents, sensualité de tout son être. Mais aussi, à l'opposé, un artéfact citadin, perdu en rase campagne entre vie austère, quasi monacale et son frère qui l'enferme chaque soir ... Maigret est troublé face à un bout de sein qui dépasse de l'entrebâillement d'une robe moulante. Else, déphasée mais attirante, face à un passé de luxe qui s'est enfui via les erreurs de jadis ; une femme face à une lente décrépitude des choses et des êtres autour d'elle.
Lequel des six du côté de la gâchette du révolver ?

Maigret enquête … la suite appartient au roman…

Le background de départ : un meurtre par arme à feu, trois maisons, six suspects. D'emblée s'impose l'impression trompeuse, car réductrice, de participer à une partie de Cluedo. L'intérêt n'est pas là, dans ces coups de dés successifs sur le plateau de jeu mais dans cette atmosphère de nuit, humide et froide, mystérieuse et incertaine, comme sur la lande des Baskerville, dans l'étude pointue de personnalités troubles et attirantes. le décor pèse de sa nuit noire sur tout le roman, de ses champs boueux et lourds, d'un épais brouillard impénétrable, d'un isolement campagnard où le mauvais voisinage prospère.

Ne pas s'y tromper quand même … et si tout ce petit monde comme dans un Agatha Christie célèbre …

Lien : https://laconvergenceparalle..
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Le commissaire Maigret,célèbre héros de Georges Simenon (écrivain belge du XX° siècle de romans et policiers dont beaucoup furent adaptés à la télé et au cinéma) reprend régulièrement du galon(malgré le décés de son auteur) car les "Poche" sont republiés.
La Nuit du carrefour,classique du genre, met en scène au "Carrefour des trois Veuves"aux environs de Paris, touché jadis par un drame, trois maisons.
Dans l'une, au décor théâtral, se sont isolés le discret Carl Anderson,homme du monde danois "à l'élégance d'aristocrate", beau malgré son monocle, et sa soeur Else belle, troublante mais cloitrée.
L'autre appartient à un couple: les Michonnet, dont le mari est agent d'assurances et la femme épie tout de derrière ses rideaux. La troisième est un garage où l'on manie l'argot aussi bien que les réparations en tous genres.
Carl Anderson subit un interrogatoire serré, car chez lui, mais dans la "six cylindres neuve" des Michonnet a été retrouvé le cadavre d'Isaac Goldberg, courtier en diamants.
"Parole d'honneur que je suis innocent" plaide Carl!
Le commissaire Maigret "entre deux âges, le visage un peu rouge,le melon posé sur la tête" et la pipe à la bouche, installé dans l'auberge proche, ne se laissera pas séduire par le jeu et "l'air de petite fille"d'Else, ni dévier de sa tâche.
"Personne n'a d'alibi".
Mais quel est le mobile du meurtre, des meurtres et tentative de meurtre?
"Qui joue la comédie?"
Un bon polar (un brin désuet comme ces films en noir et blanc qui ont toutefois leur charme) à la tension palpable, au rythme soutenu et aux dialogues changeant selon le milieu auquel Maigret est confronté. On y croit à ce commissaire prêt à tout pour faire éclater la justice.
Et on se dit que c'est bien qu'il y ait encore une justice!
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Après le voyant d'Etampes (rien à voir, d'ailleurs), voici le carrefour d'Étampes. Un Maigret atypique avec de l'action, des coups de révolver, des menottes et des voitures qui foncent dans la nuit.

Après plus d'une trentaine de Maigret, une chose de plus que je trouve fascinante avec Simenon, c'est son traitement des relations hommes-femmes dans une époque bien tradi-patriarcale. Et alors qu'il se vantait d'avoir connu 10'000 femmes lors d'un entretien avec Fellini (il dira par la suite que ce fut une boutade), le commissaire Maigret semble asexué et insensible aux charmes féminins. Pour autant, que dire descriptions des femmes qui parsèment ses livres et peuvent paraître aujourd'hui bien « étranges » ?

Et les relations Monsieur et Madame Maigret ? Et les différents couples représentés ? le témoignage d'une époque ?
Lien : https://www.noid.ch/la-nuit-..
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Ayant déjà lu une petite dizaine de "Maigret" il est difficile d'ajouter une critique indépendant des précédentes lectures.
J'ai trouvé cette nuit du carrefour plus "policière" que d'autres romans de Simenon. L'intrigue prédomine dans un récit vif et rebondissant. On cherche à savoir qui est le coupable dans le petit microcosme assez varié qui nous est présenté. On retrouve bien sûr cette atmosphère un peu pâteuse propre à l'auteur, mais le décor est beaucoup plus neutre. Il aurait été difficile d'ailleurs de donner une âme à un carrefour sur la nationale 7. Moins littéraire que les autres Maigret, La Nuit du Carrefour fait songer à un Agatha Christie, en particulier dans sa conclusion.
Au final, on passe quelques heures agréables, mais ce n'est certainement pas le meilleur de la série...
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Au carrefour des trois veuves se trouvent trois maisons. Tranquilles en apparence. Et puis un jour surgit un cadavre... Mais qui est concerné par le drame? Ou plutôt qui ne l'est pas?...
Une belle enquête qui nous montre un commissaire Maigret très humain, qui se laisse séduire par l'ambiance de ce petit village autant que par la belle Else, mais pas de panique : il n'en oublie pas pour autant sa mission et finira bien par découvrir le pot aux roses...
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Un Maigret qui n'hésite pas à utiliser son arme et bousculer physiquement les suspects! C'est rare et dénote dans sa bibliographie; à lire pour Else, personnage énigmatique.
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