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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
ATTENTION : Spoilers ! ;o)

S'il est rare de voir Maigret en vacances, on le trouve parfois déjà à la retraite dans ce tome III de la toute dernière édition Omnibus de l'intégrale. C'est le cas pour ce "Maigret" qui date pourtant de 1934 - et du tout début de la fameuse Affaire Stavisky. En pleine nuit, notre commissaire et son épouse sont réveillés par des coups violents à la porte de leur petit pavillon de Meung-sur-Loire. le responsable de cet esclandre, à deux heures du matin, n'est autre que Philippe, le neveu par alliance de Maigret, dont ce dernier a favorisé l'entrée dans la police. Reconnaissons-le, Philippe a de sacrées bonnes raisons de s'affoler ainsi : lors d'une planque dans un miteux cabaret parisien, il a fait l'idiot. S'étant introduit au Floria dans la petite chambre de repos que s'y réservait le patron, Pepito, il a assisté, à la fermeture, au meurtre de celui-ci. Comme tout se passait dans le noir, il a fini par sortir lui-même son arme pour aller voir d'un peu plus près. Tout en se déplaçant dans la salle, il pose la main sur une arme abandonnée sur une table. Comprenant la bêtise qu'il vient de faire, il persiste et signe et s'empresse d'aller déposer le revolver qui, vu la température du métal, est certainement l'arme du crime, près de la main du cadavre. Enfin, il se décide à quitter les lieux et, comme de juste, tombe nez à nez avec un quidam passant par là comme qui dirait par hasard mais qui s'empressera de témoigner, devant tout le monde et n'importe qui, que le jeune policier sortait à telle heure, pile après la mort de Pepito, du bar que tenait celui-ci.

Maigret est furieux, furieux. On ne peut pas être plus sot, surtout quand on est policier ! Il ne le dit pas - Philippe est le neveu de sa femme - mais il le pense. Qui pis est, c'est son vieux rival Amadieu qui est chargé de l'affaire, sous la houlette du juge Gastambide, un petit Basque que Maigret n'a jamais beaucoup apprécié non plus. Et voici que le Floria, dont tout le monde pensait qu'il allait fermer au moins pour quelques jours, est immédiatement racheté par Albert, homme de paille d'un certain Cageot, caïd discret mais incontesté de la pègre parisienne, que Maigret n'a jamais réussi à coincer et qui, pour le commissaire, est celui qui tire toutes les ficelles.

Mais là, l'affaire est vraiment grave : Philippe, que tout accable, risque sa tête.

Maigret prend donc la route de Paris et se montre à nouveau au Quai des Orfèvres où, étant donné les circonstances, l'on est à la fois heureux et gêné de l'accueillir. Amadieu rôde, lance des petites phrases, recherche le dialogue pour mieux faire la leçon. Gastambide est comme tous les procureurs : il veut des résultats, et vite, d'autant que les preuves sont simples. Certes, il est regrettable que Maigret se retrouve mêlé à tout ça mais on ne va tout de même pas prendre des gants avec Philippe sous prétexte que le jeune homme est le neveu du grand Maigret ...

Résolu, la pipe agressive, plus pesant que jamais , sans se laisser impressionner un seul instant par les mauvais garçons qui constituent le cercle de Cageot et savent tous de quoi il en retourne, à peine ému par une tentative de meurtre à son encontre qui se retourne d'ailleurs contre celui qui devait l'amener dans un piège, Maigret sillonne certains quartiers nocturnes de Paris sans désemparer. Il résoudra l'affaire, il le sait. Il coincera Cageot et son ramassis de demi-sels tous plus insolents les uns que les autres. Et il sauvera au moins la tête de Philippe même si, sans illusions sur l'avenir, il comprend bien que la carrière policière sera désormais fermée au jeune homme.

Je parlais d'affrontement pour "L'Ecluse N° 1" et il en existe un également ici : celui d'un Maigret qui ne renonce pas face à un Cageot qui, lui non plus, n'a jamais renoncé. Mais autant le duel avec Ducrau, dans "L'Ecluse ...", se faisait d'égal à égal, autant le lecteur ne parvient jamais à ressentir la moindre petite once d'empathie envers le Cageot. Intelligent, rusé, économe dans les moyens à utiliser, ne recourant pas systématiquement au crime mais faisant assassiner sans états d'âme par ses hommes de main, ne se mouillant strictement jamais, Cageot est froid, répugnant, authentique et, pourrait-on dire, plus vrai que nature. Mais il n'y a pas en lui cette grâce pervertie, cette passion du Mal qui, même si elle vient des ténèbres et y retourne, n'est pas interdite aux chefs de bande et aux escrocs, surtout pas dans l'univers littéraire. La passion, fût-ce pour le sang ou la dernière parcelle d'humanité - corrompue, hideuse, mais encore vivante - qui rapproche parfois Maigret de l'un ou l'autre de ses adversaires.

Bien que le caractère de Cageot ne parvienne pas à toucher le lecteur, il est, comme d'habitude, très bien analysé. Simplement, cet homme ne connaît pas l'émotion vraie - ne l'a peut-être jamais connue. Sa jouissance, si jouissance il y a, c'est de contrôler, de diriger, de tirer les ficelles qui animent les pantins. Mais s'il le fait en parfait professionnel, il le fait aussi sans génie.

Bref, une bonne petite aventure de Maigret mais pas l'une de ses incontournables. ;o)
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"D'habitude, vous vous mêlez à la vie des gens ; vous vous occupez davantage de leur mentalité et même de ce qui leur est arrivé vingt auparavant, que d'indices matériel."
Voici comment un collègue de Maigret lui résume sa méthode.
Et voilà comment Maigret va résoudre une nouvelle énigme pour secourir sa propre famille.

Maigret est un Simenon à la tonalité plus policière que d'autres. Peut-être parce qu'il met notre commissaire, fraichement retraité, en lien direct avec la pègre. On sent la tension monter régulièrement dans cette intrigue très "cinégénique" qui se conclut avec une scène d'une originalité incroyable pour un roman écrit en 1939. Maigret est un excellent cru!
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Alors qu'il passe sa retraite à Meung-sur-Loire, entre jardinage et pêche à la ligne, Maigret reçoit en pleine nuit la visite de son neveu. Jeune inspecteur à la Police judiciaire, Philippe Lauer a commis une imprudence qui peut lui valoir des ennuis sérieux : alors qu'il surveillait dans une boite de nuit de Montmartre un truand impliqué dans un trafic de drogue, celui-ci a été assassiné sous ses yeux. Paniqué, le jeune homme a laissé sur place des indices qui pourraient faire de lui le principal suspect et il a de plus été opportunément aperçu par un témoin alors qu'il sortait de l'établissement pour appeler les secours.

Dans L'écluse n° 1, Simenon, qui voulait clore la série des Maigret pour se consacrer à l'écriture de « vrais » romans, précisait que le commissaire était à quelques jours de la retraite. Il décida pourtant d'arracher Maigret à sa vie tranquille et de lui faire reprendre du service pour ce qui est sa dernière aventure avant son retour près de neuf ans plus tard en 1942. Toutefois, dans l'incapacité d'utiliser les ressources de la police, privé de ses collaborateurs, Maigret doit faire cavalier seul. Il fait alors de l'enquête une affaire personnelle, tant pour innocenter son neveu (qu'il a aidé à intégrer la police mais qui se montre peu doué pour le métier) que pour mettre fin aux agissements de Cageot, le chef d'une bande de trafiquants. Ce qui explique qu'il agit plutôt en détective privé, quand il s'assure par exemple la confiance d'une prostituée pour qu'elle surveille les membres de la bande, prend lui-même en chasse un des hommes de Cageot ou use d'un subterfuge pour soutirer des aveux à ce dernier. Nous sommes bien loin ici de la « méthode Maigret » telle que la résume son successeur à la P.J. : « D'habitude, vous vous mêlez de la vie des gens ; vous vous occupez davantage de leur mentalité et même de ce qui leur est arrivé vingt ans auparavant que d'indices matériels. » (Début Ch. 8)

Dans cette dix-neuvième et provisoirement dernière enquête du commissaire, Simenon situe l'action à Pigalle et dans le monde des truands, ce qui est rare dans la série, La nuit du carrefour étant le seul exemple parmi les précédents romans. Certes l'histoire est un peu difficile à croire et les protagonistes assez stéréotypés : de petits truands, un bellâtre sûr de lui, une prostituée au coeur tendre avec qui Maigret développe une relation ambiguë. Seul Cageot, ancien clerc de notaire devenu chef de bande, personnage maladif et sans éclat, sort du lot. Maigret est pourtant un roman agréable à lire, avec de l'action et des rebondissements, des coups de feu et même une tentative d'élimination de l'ex-commissaire. On y découvre un Maigret heureux dans sa vie paisible au bord de la Loire mais farouchement déterminé à mettre un terme aux activités de ceux qui ont mis son neveu dans l'embarras, façon aussi de montrer à ses anciens collègues qu'il n'a pas perdu la main et qu'il sait adapter sa « méthode ». Un Maigret un peu taquin aussi, comme quand il prend en charge sa belle-soeur venue au secours de son fils pour lui faire découvrir les charmes de la capitale, l'entrainant même dans la boite de nuit où tout a commencé.

Lien : https://maigret-paris.fr/202..
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Tonton, au secours, c'est pas moi !

Déjà, une enquête, c'est pas toujours facile. Une enquête quand on n'est plus enquêteur, ça l'est encore beaucoup moins.

Maigret, désormais à la retraite, est réveillé potron-minet dans sa maison de campagne par son neveu, qui arrive de Paris. Paniqué, le neveu ! Au secours tonton Jules, on m'accuse d'avoir flingué le malfrat que j'étais chargé de surveiller ! On t'as vu ? Ben oui, un type. T'as touché à rien au moins ? Ben si…

Direction Paris, en duo. Qui c'est le supérieur hiérarchique du neveu ? Amadieu ! Amadieu qui a remplacé Maigret à la tête de la Criminelle. S'aiment pas ces deux là. Idiot, l'Amadieu. Mauvais poulet, mais du bon côté du manche. Pas le cas de Maigret qui n'a plus pour lui l'appareil policier.

Mais il enquête quand même, Maigret. Avec rage, car il s'agit de sauver le neveu. Il se rend vite compte que le témoin miracle, Audiat, passe son temps entre le bar de la rue Fontaine et les champs de courses. Apprend que la boite de nuit où a eu lieu le crime appartient, comme d'autres, à un nommé Cageot, malfrat mais aussi indic, un monsieur bien vu dans la Grande Maison.

Une –longue- scène extraordinaire, simenonienne pur calva de ce bouquin nous montre un Maigret, volontairement placide, chat pelotonné au fond du bar de la rue Fontaine, qui, assis, subissant sans broncher le mépris du personnel, regarde venir à lui, un à un, les protagonistes de ce qu'il n'est pas convenu d'appeler une bande. Ils viennent parce que le téléphone est en dérangement. Providentiel, le dérangement… Un poulet sait aussi bien couper les fils que n'importe qui….

Cerné par des truands qui le savent hors circuit, surveillé de près par son remplaçant inquiet de son retour, Maigret fait face. Très vite, il comprend. le tout est de réunir des preuves : il les obtiendra, au mépris de toutes les règles.

Publié en 1934, ce dix-neuvième Maigret devait initialement être le dernier : c'est pourquoi Simenon, souhaitant dire au revoir au commissaire, l'avait imaginé à la retraite. Il n'en fut rien, heureusement pour nous.

Il s'agit d'un Maigret assez lent, et certains pourront le regretter. Bien au contraire, les fidèles encenseront la force tranquille de Maigret dans ce rôle là. Car en réalité, il écume de fureur. Une fureur qui ne s'extériorise pas. Elle n'en est peut-être que plus dangereuse.
Lien : http://noirdepolars.e-monsit..
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Roman entièrement bâti autour du personnage de Maigret, qui, retraité, revient au Quai des Orfévres pour tirer son neveu de l'embarras dans lequel il s'est fourré. C'est lui la star ! Sa femme, sa belle soeur ont un rôle à jouer. Sinon, l'atmosphère rend le Paris de Pigalle des années 30, ses mauvais garçons et ses filles de joies. le style inimitable de Simenon est bien là : sec, pas vraiment aimable. Et le fond de l'histoire est noir, comme souvent.
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Maigret dans ce tome est retraité. Il s'est retiré à la campagne avec Madame sur les bords de Loire. Une nuit il est réveillé par son neveu Philippe qui est inspecteur à la P.J. à Paris et accusé d'avoir tué un malfrat qu'il surveillait. Malgré lui mais content d'y regoûter quand même, Maigret va reprendre du service pour tenter d'innocenter son neveu. Mais il n'est plus forcement le bienvenu au Quai des Orfèvres et n'a pas les moyens qu'il avait à sa disposition quand il était en poste. Empêché, Maigret va malgré tout et grâce à son bon sens et son obstination bourrue, réussir à faire tomber les vrais coupables.
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
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Une histoire qui me laisse un peu dubitatif. Nous y trouvons un Maigret à la retraite. Il s'agit, je crois, du dernier roman de la première époque, celle durant laquelle Jules était un entraînement pour Georges.

Il y a de la maîtrise dans le récit et comme le commissaire nous éprouvons une forme de colère contre ce neveu maladroit et gaffeur qui est la cause de notre retour à Paris.

Maigret voudrait cultiver son jardin, mais il replonge dans la vie parisienne. Il y éprouve une sorte de nostalgie, mais on sent aussi qu'il n'est plus à sa place au milieu des policiers, prostituées et truands.

Comme toujours avec Simenon, il s'agit pas tant d'une enquête que d'un voyage dans l'humanité. Pour autant, ce voyage tire en longueur, il me semble, et je n'ai pas trouvé ce que j'aime chez Maigret.

Simenon en avait sans doute marre de ce personnage qui occultait déjà le reste de son oeuvre.
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Maigret revient (puis au revoir...).

Parce qu'il est à la retraite ! A Meung-sur-Loire, comme tout le monde devrait le savoir.

Son neveu est le premier à s'en souvenir, et part vite le retrouver, lorsqu'on le suspecte d'un meurtre.
Tout jeune inspecteur, il est fort probable qu'il se soit fait piéger lorsqu'il surveillait la victime, Pepito Palestrino...

Notre désormais ex-commissaire retrouve un monde de truand, où il est chahuté de par le fait de ne plus être de "la maison".
Récit pas impérissable, mais sympathique.

Sorti en 1934, c'est son dernier Maigret d'avant guerre (hors nouvelles courtes). Simenon souhaitait à l'époque "tuer" son héros, pour se consacrer à ses romans durs.

Et cela aurait été bien dommage, au regard des belles enquêtes qu'il nous a gratifié par la suite !
(plus d'avis sur PP)
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Maigret est à la retraite, du côté d'Orléans, pépère...
Il est rappelé Quai des Orfèvres par son neveu, lui aussi policier, soupçonné d'assassinat. le commissaire replonge dans la maison où sa réputation le précède.
Maigret est un peu largué ( très jolie scène dans la chambre d'une prostituée): c'est ce qui fait tout le charme de cet épisode.
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