Charlie avec ses mots croisés et ses anagrammes amusantes (ETHICS/ITCHES, GROANS/ORGANS, CHARLES DICKENS/CHILDREN CAKES).
On avait déjà vu ça, ce fantasme bourgeois. Les étrangers - ils s'installent en France, s'enterrent dans leur hectare de boue et se demandent pourquoi ils deviennent fous.
Pour passer le temps, j’ai regardé les touristes. Il semblerait que nous vivions à l’Ere du Short, l’Ere du Cul. « N’avons-nous pas de honte » me suis-je demandé. La réponse est : « Non ». Nous exhibons tous nos postérieurs moins que parfaits et nous nous en fichons. Toute honte bue.
Je dis « tout comme » mais ce n’était en rien comparable au roman –la Vie imite rarement l’Art. L’Art a une certaine pertinence, alors que la Vie…
Comme je l'ai dit, c'est le printemps à présent et les pommiers de Bovery sont en fleurs. Il y a un camion de déménagement devant la maison : les nouveaux propriétaires s'installent. Ils sont anglais, eux aussi, comme les Bovery. Un couple. Il est plus âgé qu'elle, me dit Martine. Elle a croisé la femme dans l'allée. Elle s'appelle Jane. Jane Eyre.
- Martine ! Martine ! Devine quoi ! Devine...
Madame Bovary est notre voisine !!! Sans blague ! Ils sont Anglais mais ils s'appelent BOVARY !
BOVARY ! ... Incroyable non ?
"Est-ce là ce qu'est la vie ?" ai-je pensé en regardant les fusées, "un bref élan vers les étoiles, un magnifique éclat, bang, et juste un bâtonnet qui retombe ?"
Il est intéressant de noter que c'est la caméra de télévision qui nous a appris a espérer une perception complète et continue des événements. Dans les documentaires animaliers par exemple, quand un serpent poursuit un rat dans un trou, la caméra est là. Précédant le reptile, elle nous permet, téléspectateur, d'attendre avec le rongeur angoissé dans ce qui va bientôt devenir une petite chambre d'épouvante. Mais grâce au ciel, dans la vraie vie, le rat et le serpent disparaissent sous terre et voilà ! On ne voit pas la suite. On reste hors du trou et on échappe à un spectacle pour le moins éprouvant.
Je dis "tout comme" mais ce n'était en rien comparable au roman — la Vie imite rarement l'Art. L'Art a une certaine pertinence, alors que la Vie...
J’ai un mauvais pressentiment pour Charlie en général.
C’est fou, mais je sens toujours sa vie en proie à une force maléfique. Je méprise la superstition et pourtant je redoute chaque jour d’apprendre sa mort soudaine. Je le sens dans mes tripes (les rillettes de porc, peut-être, ou alors Dutronc dit vrai, il faut que j’arrête le vin).