Après
Art Spiegelman,
Claire Bretécher,
Franquin,
Riad Sattouf,
Catherine Meurisse et
Chris Ware, la Bpi du Centre Pompidou continue d'honorer les arts graphiques avec l'exposition consacrée à
Posy Simmonds (jusqu'au 1er avril), la reine du roman graphique, genre dont elle est incontestablement la pionnière par un heureux mélange de contraintes de mise en pages et d'amour de la littérature. C'est, en effet, à l'occasion de la parution dans le Gardian de la série
Gemma Bovery qu'elle a dû se débrouiller pour caser dans un espace étroit et long dessins et textes. Comment pouvait-elle faire autrement, elle qui, dit-elle, "aime autant dessiner qu'écrire " ?
Le genre était lancé et a plu autant que décontenancé les amateurs de bandes dessinées peu habitués à cette mise en forme originale. Est-ce un roman, est-ce une bande dessinée, se demandaient certains.
C'est avec la lecture de Gemma Bevary, paru ensuite en album, que j'ai découvert
Posy Simmonds et suis tombée littéralement in love de cette english lady.
Paris étant loin de moi, je suis venue à elle en me procurant cet ouvrage concocté en écho à cette exposition, décidée à lire tout ce qui concerne cette dessinatrice aux talents multiples. Et quel bonheur car il donne à découvrir son premier roman graphique True Love, pour la première fois traduit en français.
Si True Love est la première de ses oeuvres futures que sont
Gemma Bovery,
Tamara Drewe et
Cassandra Darke, et donc moins abouti, on découvre déjà l'imagination graphique et le sens de la composition de
Posy Simmonds. True Love retourne l'amour romantique comme un gant, joue des codes des romances de façon grinçante, ironique et féministe, en mettant en scène une histoire d'amour entre une jeune femme loin des clichés de la belle nana sexy et un vieux beau volage et cynique.
Car de l'ironie, de l'humour satirique et du féminisme,
Posy Simmonds en a plein dans ses crayons, forgée en cela par ses années de dessinatrice de presse à une époque où les mâles dominaient le terrain. Son talent, le respect du Guardian envers elle et l'expérience qu'elle y a acquise ont fait qu'elle s'est doucement et sûrement imposée comme une artiste de premier ordre tout en restant étonnamment modeste. C'est ce qu'on découvre dans le très intéressant entretien de
Posy Simmonds, appelé Autoportrait, qu'elle a accordé à Anne-Claire Norot et qui conclut ce catalogue.
Avant, on découvre les débuts prometteurs de
Posy Simmonds avec un florilège de dessins sortis de ses cartons privés, des one pagers des années 80, un conte inspiré par le patrimoine des contes de fées , des extraits de ses albums pour enfants, etc.
Bref, plus je découvre
Posy Simmonds plus j'aime ses dessins qui fourmillent de détails, les trognes qu'elle croque avec extrêmement de talent, la profondeur de ses textes, son amour de la littérature dont elle s'inspire.
Un tout petit bémol qui n'a cependant en rien retiré à mon plaisir, cet ouvrage aurait mérité un papier de qualité supérieure et surtout une couverture pelliculée. Celle choisie est très fragile et s'abîme à grande vitesse. Selon mon libraire, cette tendance à baisser la qualité du papier est de plus en plus fréquente, même chez les grandes maisons d'édition, alors qu'à contrario, le prix des livres augmente... Allez comprendre... Je me console en attendant avec impatience le prochain roman graphique dont elle nous fait la faveur de nous livrer des croquis préparatoires.