Rédiger une critique sur un livre de
Dan Simmons est un exercice la plupart du temps très difficile pour moi.
Surtout quand le livre est exceptionnel.
Et avec Simmons on est la plupart du temps dans l'exceptionnel.
Hyperion, L'échiquier du Mal,
Terreur et j'en passe, le CV parle de lui même.
J'ai toujours peur d 'en faire trop, de mettre trop d' emphase ou à l'inverse de ne pas trouver les mots tellement cet auteur me bouleverse et me prends aux tripes.
Encore une fois Simmons se sert de véritables faits historiques comme socle au récit et y rajoute de la pure fiction.
C'est tellement bien écrit qu 'on n' arrive même pas à distinguer le vrai du faux.
L'auteur, en s'inspirant de la disparition de George Mallory et Sandy Irvine,-deux brillants alpinistes britanniques disparus sur l 'Everest dans des conditions qui restent aujourd'hui encore très floues- va nous entraîner avec son style si addictif dans un roman d' aventures hors du commun.
La mise en place est longue, comme d'habitude habitude chez lui mais croyez moi ça veut le coup d'être patient.
On escalade pas l'Everest comme ça et on ne rentre pas dans un Simmons comme dans un banal roman de gare.
Car l'auteur ne néglige rien, absolument rien, tel un alpiniste chevronné qui soigne les moindres détails avant de se risquer sur la montagne.
Les personnages, les dialogues, les préparatifs, les descriptions sont comme d'habitude chez Simmons une pure réussite grâce à une documentation démentielle.
Simmons nous immerge en plus dans les mentalités et le contexte politique des années vingt avec la montée inexorable du nazisme.
Nous ferons d 'ailleurs des virées en Suisse, au Pays de Galles et en Allemagne avant de nous attaquer au plus haut sommet du monde, virées nécessaires pour ancrer les personnages et l' intrigue.
Certains diront que c'est un démarrage un peu long avant que le récit s'emballe et je leur répondrais que c'est vrai.
Pas d'inquiétude nous avons affaire à un auteur tellement talentueux que même quand il ne se passe rien c'est un délice à lire.
La dynamique du livre s'emballe au fur et à mesure et l'auteur va se jouer de nous dans une intrigue et des rebondissements qu 'il est impossible de deviner.
Tout n' est pas parfait à cent pour cent non plus, le personnage de Pasang est un peu trop caricatural et la scène de fin est un peu "too much" selon moi.
Difficile de lui en vouloir pour vingt pages de trop à la fin quand les neuf cent quatre vingt dix neuf d 'avant sont un concentré de bonheur littéraire.
"
L' Abominable" est une merveille d 'écriture et Simmons prouve à nouveau,-si tant est qu' il ai encore quelque chose à prouver- qu 'il reste pour moi un des plus grands écrivains de notre temps.
Ce genre d' écrivain qui vous fait réaliser à quel point une expérience de lecture peut être magique et sublime.
Merci Dan.
Ton plus grand fan.