Si on songe aux mines et à la littérature, c'est évidemment le Germinal de
Zola qui nous viendra en tête. Pourtant, les nouvelles minières de Morel rendent infiniment mieux le quotidien des mineurs.
L'écriture est sèche, abrupte, presque brutale. L'auteur est concis, il n'y a pas de fioritures, ce qui n'empêche pas une description terriblement réaliste des corons, des carreaux de fosses et des mineurs. En sept nouvelles, le portrait est complet. Celui des mineurs commencent par agacer. On a la sensation que l'auteur les déshumanise, mais en avançant, on comprend la réalité : c'est la mine, les habitations carcérales, les ingénieurs, patrons et actionnaires, qui déshumanisent des gens qui triment de la fin de l'enfance à la mort, avec la bénédiction des évêques et des curés.
Les Gueules Noires est un ouvrage qui se lit très vite, mais il faut du temps pour le digérer. Tout est là, déjà, en 1907 : l'exploitation des travailleurs, le viol quasi-systématique des femmes, la destruction de la nature, la captation des richesses sur le dos de la misère, le mépris politicien et les hommes en armes et uniformes envoyés pour réprimer la moindre velléité de vivre mieux.
On ne peut en sortir qu'en colère. Il est impossible de ne pas faire le lien avec la destruction des droits sociaux actuels. Et c'est entre autre pour cela qu'il faut absolument lire
Les Gueules Noires.
L'autre raison de lire
Les Gueules Noires, ce sont les incroyables gravures de Steinlen, sans doute le meilleur illustrateur de la vie des classes laborieuses. Il publiait entre autre dans La feuille de Zo d'Axa. On est finalement bien loin de
Zola, qui reste un bourgeois condescendant par comparaison.
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