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3,7

sur 223 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
un petit livre, court, trop court. Malgré ses recherches, elle le sait ...il y a peu de traces de la fuite de son grand-père. un livre presque intimiste, qui laisse sur sa faim. Je déplore un peu le manque de développement des personnages cités, chacun aurait mérité largement plus. Mais ce livre a le mérite de parler de cette rafle et de ce camp si peu connus.
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Ce livre est très court pour son sujet, ce qui en dit long sur le peu de traces laissés par les événements qu'il évoque. Il m'a laissé un goût d'inachevé, mais il ne pouvait en être autrement faute de témoignages obtenus quand c'était encore possible. Par contre il atteint bien son but : mettre en lumière un épisode ignoré, du moins par le grand public. Il s'agit de la première rafle de juifs français, tous notables, entre les premières rafles de juifs étrangers et la grande rafle du Vel d'Hiv. Je m'attendais à un livre centré sur l'enquête, la recherche de documents, mais il y en a si peu, que ce n'est pas cela qui structure le livre. Anne Sinclair explique les raisons pour lesquelles elle en sait si peu, au point qu'elle ignorait l'existence de ce camp de Compiègne. Donc, aucun témoin direct, quelques photos, aucune lettre (il y en a eu mais elles ont apparemment disparu), un dessin. Il ne lui reste qu'à se rendre sur les lieux, parfois si peu parlants qu'elle a du mal à retrouver la plaque commémorative qui s'y trouve. Ce livre m'a un peu déçu mais il est nécessaire, et pour ceux qui voudraient obtenir plus d'informations historiques, il fournit toutes les pistes en nous renvoyant vers les ouvrages d'historiens.
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LA RAFLE DES NOTABLES d'Anne SINCLAIR (mars 2020)

Dans son livre « 21 rue de la Boétie » (2012), Anne Sinclair revenait sur l'histoire de son grand -père maternel, Paul Rosenberg, célèbre marchand d'art. Aujourd'hui, elle s'attache au versant paternel de sa famille à travers la figure de Léonce Schwartz, son autre grand-père.
Elle avait connu son grand-père paternel, elle possédait de nombreux documents et archives le concernant : c'était un grand galeriste, un précurseur en art moderne, une figure de son temps dont l'histoire personnelle croisa la route de l'Histoire. de son autre grand-père, mort juste après la fin de la guerre, en revanche, elle ne connaissait qu'une légende familiale -qu'elle évoque d'ailleurs dans « 21 rue de la Boétie »- : une rocambolesque évasion du camp de Drancy.

Elle n'avait jamais cherché à en savoir plus adolescente et, la vieillesse venant, lorsqu'elle a eu envie de se pencher sur le passé de son aïeul, elle a découvert une réalité qu'elle ne connaissait pas. Il n'avait jamais mis les pieds à Drancy mais été déporté au camp de Compiègne -Royallieu, un camp dont elle n'avait jamais entendu parlé avant. C'est ce qui l'a poussée à écrire : pour rendre connu du grand public et non plus d'une simple poignée de spécialistes l'existence de Compiègne Royallieu, à moins de 100 kms de Paris, qui fournit le premier contingent de juifs de France à la déportation en mars 1942.

LES FAITS

Elle évoque comment, le 12 décembre 1941, son grand -père fut interpellé avec 742 autres personnes au petit matin (les victimes furent ciblées grâce aux recensements des Juifs demandés par l'armée d'occupation en octobre 1940 puis en octobre 1941 ). Léonce eut à peine le temps de prendre quelques effets : un costume de rechange, deux couvertures, du linge pour deux jours …parqué d'abord dans le manège de l'école militaire puis amené manu militari jusqu'à une gare il fut conduit, avec ses compagnons d'infortune, au camp de Compiègne-Royallieu tout proche, - mais était-ce vraiment un hasard ? – du wagon de Rethondes, le wagon de la honte où fut signé l'armistice si défavorable aux allemands en 1918.

Cette rafle, effectuée avec l'appui de policiers et de gendarmes français, était voulue par les Nazis comme des représailles après des attentats commis contre les forces d'occupation. Lors de cette opération, les Allemands ont surtout arrêté des chefs d'entreprise, des magistrats, ou des intellectuels. Ils ont d'abord visé ceux qu'ils appelaient des « Juifs influents ». C'est pourquoi on lui a donné le nom de « rafle des notables » Parmi les personnes déportées, on retrouve notamment le mari de Colette, ou le frère de Léon Blum directeur des ballets de Monte-Carlo. le grand-père d'Anne Sinclair, lui, était un « petit chef d'entreprise qui avait un commerce de dentelle ». Ces Juifs français, généralement installés dans des quartiers bourgeois et « intégrés depuis des générations » dans la société française, se sont demandés pourquoi on les arrêtait. C'était souvent d'anciens combattants, et ils se disaient qu'ils avaient toujours servi la France, se pensaient avant tout comme Français et ne comprenaient pas. Mais dans le camp de Compiègne, ces Juifs français ont côtoyé d'autres nationalités. En effet, pour atteindre un quota de 1.000 détenus exigé par les autorités, les Allemands avaient aussi enfermé 300 Juifs étrangers, des réfugiés de Pologne, d'Allemagne, de Hongrie, de Roumanie, qui avaient fui le nazisme et avaient été internés par la France à Drancy. On eut donc affaire à une cohabitation étonnante de Juifs très intégrés en France et de Juifs étrangers qui, eux, avaient déjà connu les pogroms et les discriminations.

Ce camp était un camp nazi en France, administré par les Allemands, théoriquement par la Wehrmacht, mais en réalité par la Gestapo, et tout ça à 70 kilomètres de Paris. Et si le camp ne comportait pas de chambre à gaz, la solution finale était en marche par d'autres moyens : la mort par la faim, le froid la maladie, des conditions d'hygiène atroces. le fils de Tristan Bernard qui faisait partie des détenus baptisa ce camp de Compiègne « le camp de la mort lente » ; il décrit ce lieu « sans travaux forcés, sans tortures, sans extermination, [où] le bourreau demeurait invisible : il ne s'agissait que de laisser ses victimes mourir peu à peu de faim » . Anne Sinclair cite également les propos de Roger Gompel un autre rescapé : « c'était un acheminement implacable vers la mort selon une méthode pour humilier, avilir, abrutir, épuiser, jusqu'à la complète extinction de toute personnalité humaine (…) une sorte de pogrom à froid. »

Pourtant, ils résistent autant qu'ils peuvent : malgré cette souffrance, une vie culturelle s'organise : les prisonniers donnent des conférences pour permettre à l'esprit de survivre :
René Blum disserte sur Alphonse Allais par exemple, ou bien Louis Engelmann, le voisin ingénieur de Léonce, leur fait un exposé sur l'électricité…. Une vraie solidarité se met en place aussi avec les prisonniers des deux autres camps, moins maltraités : les prisonniers Russes ou politiques quis e débrouillent pour leur faire passer quelques lettres et colis.

L'ENQUETE

Pour raconter ce passé douloureux, la journaliste ne disposait que de très peu d'éléments recueillis au niveau familial : quand pour l'autre branche de sa famille elle avait pléthore de documents et de témoignages, ici il n'y avait plus de témoins directs et seulement quelques photos, un dessin, pas de lettres. Elle regrette l'incuriosité de sa jeunesse : elle posait des questions aux autres mais pas aux siens … Elle ne parvient même pas à élucider réellement les conditions de libération de son grand-père qui, peut-être grâce à une complicité de l'équipe médicale du Val de grâce où il fut admis, échappa au transfert vers Auschwitz le 27 mars 1942 mais mourut des suites de son internement en 1945 après s'être caché sous une fausse identité pendant le reste du conflit .

Alors, Anne Sinclair va se rendre sur les lieux qui ne sont guère parlants, où seule demeure une plaque dont même les gardiens ne remarquent pas l'existence. Elle va chercher à faire revivre ces lieux et ce qui s'y est déroulé, avec l'aide de Serge Klarsfeld, en s'appuyant sur les archives et les publications éditées par le mémorial de la Shoah : journaux des internés de Compiègne, ceux qui ont survécu, ceux qui sont revenus des camps et même ceux qui sont morts et qui ont jeté par la fenêtre du train qui les emmenait des petits bouts de papier …. Elle s'éloigne donc peu à peu de la figure de son grand-père pour faire le portrait de tous ces hommes et leur rendre hommage.

UNE ECRITURE DE LA RESISTANCE

Ce livre a avant tout l'ambition de participer à la mémoire collective. Il est écrit en quatre courts chapitres et retrace l'itinéraire de tous ces hommes sacrifiés, sans pathos, sans romanesque dans une écriture sobre, parfois hésitante. Elle ne cherche ni à combler les lacunes ni à tout interpréter. Il y a parfois des blancs et l'autrice se fait surtout l'écho de la parole des internés. Anne Sinclair y rend hommage à des personnalités qui ont fait preuve d'abnégation et de courage.

« Léonce restera donc comme une ombre qui passe dans ce récit. Mais l'effort pour retrouver sa trace durant ces mois de 1941-1942 m'aura permis d'entrer par effraction dans une tragédie déchirante et mal connue et me donner la volonté d'en transmettre le récit à mes enfants et mes petits-enfants » déclare-telle ( p.122).En faisant cela, elle fait donc oeuvre de résistance à double titre. Résistance pour ses proches d'abord : son grand-père n'étant pas mort à Compiègne ou en déportation, il n'avait pas son nom gravé sur la stèle de verre à l'entrée du camp. Il l'a désormais dans cet opuscule.

Ensuite et surtout parce, redonnant sa signification première au nom de guerre arboré par son père qui lui sert de pseudonyme, elle entre en résistance contre l'oubli ! « La rafle des notables » a en effet été écrit dans un contexte où l'antisémitisme, l'extrémisme et le populisme connaissent des regains inquiétants en Europe. Ce témoignage est donc utile et salutaire et incite à la vigilance … la barbarie est parfois aux portes de Paris !

C'est un témoignage rude, inconfortable, tant par le propos que par l'écriture qui n'omet rien et ne cherche pas à embellir et à créer du suspense ou du happy end. On entre dans une vérité brute où des intellectuels se retrouvent jetés vivants dans les fours . Je remercie Anne Sinclair, Les éditions Grasset et Netgalley France de m'avoir permis de lire ce texte dont on ne sort pas indemne…
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Dans la famille d'Anne Sinclair, la légende voudrait que son grand-père paternel, Léonce Schwartz, ait échappé à la déportation de manière romanesque grâce à l'intervention de sa femme Marguerite.

En enquêtant sur cet épisode, Anne Sinclair découvre une réalité plus complexe et met surtout à jour un événement très peu connu de l'histoire de la France de Vichy.

En décembre 1941, 743 juifs ont été arrêtés. Parmi eux des avocats, des médecins, des chefs d'entreprise et Léonce. Ils seront internés au camp de Compiègne, sous autorité allemande. C'est de là que partira en mars 1942 le premier convoi vers Auschwitz venant de France. Léonce ne fera pas parti des déportés. Malade, il a été conduit à l'hôpital du Val de Grâce d'où sa femme parviendra à le faire sortir.

L'histoire personnelle de Léonce, mise à jour par sa petite fille, est surtout l'occasion de revenir sur une page d'histoire assez méconnue. le camp de Compiègne n'est en effet pas celui qui est le plus cité et surtout cette rafle ciblée n'a pas été très souvent évoquée.

Alors évidemment, ce livre ne nous apprend rien qui n'ait déjà été dit, et magnifiquement dit, par certains témoins de ce crime contre l'humanité. Il ne dévoile rien de nouveau sur la cruauté, la monstruosité, l'inhumanité des bourreaux. Mais il met en lumière certaines personnalités et des faits particuliers qui ont marqué ces trois mois passés dans le froid de Compiègne où la température avoisine les - 20 degrés et où la faim est une torture de tous les instants.

Il précise les contours d'une politique nazie vouée à exterminer et dont cette rafle est l'un des événements initiaux en France.

Il met aussi en exergue d'autres écrits et constitue quasiment une réserve bibliographique sur laquelle se pencher pour en savoir plus. Ce livre est surtout une pierre de plus pour faire perdurer le souvenir de ces atrocités, pour que la connaissance de ce qui s'est passé au cours de la seconde guerre mondiale ne disparaisse pas avec les derniers témoins.
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Ce récit court de Anne Sinclair retrace la rafle en décembre 1941 de personnalités juives au cours de laquelle son grand-père paternel Léonce Schwartz a été arrêté. le principal intérêt de ce livre est de rappeler que en dehors des grands camps de concentrations et des grands centres de regroupement des juifs comme celui de Drancy, l'armée allemande des nazis, appuyée par la gendarmerie française aux ordres du gouvernement de Vichy, ont mis en place des structures concentrationnaires comme celui de Royallieu à Compiègne, dont personnellement j'ignorais l'existence. En s'appuyant sur une documentation fournie par les survivants, voire par les écrits de disparus, elle décrit les conditions de vie déplorables qui régnaient dans ces camps, en précisant toutefois que ce n'étaient pas des camps d'extermination. Elle montre combien le gouvernement de Pétain approuvé la volonté des nazis, d'éliminer les juifs, n'ayant rien fait pour empêcher cette rafle qui concernait beaucoup de français de longue date, certains avaient été militaires, officiers, décorés pendant la guerre de 14, il y avait également des scientifiques, des médecins, des avocats, des hommes politiques qui avaient servi la France. C'est bien plus qu'une enquête familiale, c'est une enquête historique qui rend hommage non seulement à son grand-père mais également à tous ceux qui ont été victime de l'idéologie nazi. C'est d'autant plus important que l'antisémitisme se manifeste régulièrement dans notre pays.
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Aujourd'hui, je viens vous parler de la rafle des notables d'Anne Sinclair.

J'adore l'histoire et j'ai toujours été intéressée par les récits et témoignages sur la seconde guerre mondiale. J'étais donc contente de trouver ce petit livre de 120 pages pour en apprendre plus sur cette période peu connue de décembre 1941, à savoir la rafle des notables, où 743 juifs faisant partie de la population privilégiée française (avocats, écrivains, scientifiques...) ont été enfermé dans le camp de Compiègne. Un camp qui regroupe tout des camps nazis : famine, manque d'hygiène, conditions de vie horrible... C'est aussi de ce camp que le premier convoi de déportés de France vers Auschwitz en mars 1942.
Léonce, le grand père de l'auteure, a été enfermé là-bas . Anne Sinclair a donc voulu mettre en lumière cette période et la vie de ces prisonniers.

J'ai certes appris des choses mais j'ai eu plus de mal avec la façon d'écrire de l'auteure. J'ai trouvé que le récit était un peu "brouillon". Elle aborde un sujet pour repartir sur un autre et revenir sur le premier sans forcément trop de liens. A certains moments, l'énumération des noms des prisonniers et de leurs familles... était aussi assez longue même si je comprend qu'un témoignage est différent d'un roman. le fait qu'il y ait peu d'éléments sur cette période n'a pas dû faciliter la tâche de l'auteure.

Une enquête historique qui rend hommage à son grand père mais aussi à tous ces juifs victimes du nazisme.

Vous l'avez lu ? Il vous tente ?
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Un vrai travail d'historienne pour une histoire mal connue - cela dit, on a lu tellement de choses sur l'indicible que cela devient parfois lassant.
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