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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Emouvant et percutant, ce roman inspiré d'une histoire vraie m'a pris dans ses griffes dès les premières pages.
Ça commence comme un conte et ça continue dans l'horreur. Saravouth a 11 ans quand la guerre civile éclate au Cambodge. Bercé pas la littérature et riche des mondes imaginaires qu'il a créé dans sa tête, il voit la folie des adultes faire exploser son Royaume. Séparé de sa famille dans le chao du conflit, il n'aura de cesse pendant des années de les retrouver, de retrouver la douceur d'une époque perdue.
Un drame puissant, cruel et violent atténué par la poésie de l'écriture et l'imaginaire enfantin.
A lire absolument tant pour le fond que pour la forme.
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Encore une tragédie en cette fin de siècle que la succession d'épreuves qui sont tombées sur les habitants de ce beau pays. Il aurait pu s'appeler auparavant le pays du sourire et aussi de l'insouciance car tout était réuni pour le bonheur de la population : des rizières et du poisson en abondance grâce à la pluviométrie et aussi au Mékong et au Tonlé Sap. Ce peuple vivait de peu mais heureux. Quand sont arrivées les différentes plaies du Cambodge : après leur combat pour l'indépendance, le prince Sihanouk n'est pas resté longtemps sur son trône poussé par le général Lon Nol et aussi la lutte intestine contre les kmers rouges. Déjà je savais que les Vietnamiens étaient considérés comme leurs pires ennemis. L'histoire du Cambodge en fait état. Mais ensuite, il y a eu un très grand génocide qui a duré des décennies. le peuple cambodgien n'en est pas sorti intact. Finie l'insouciance, finie la tranquillité. Ce livre m'a plu car l'histoire est racontée par la voix d'un enfant de onze ans, Saravouth, qui est bien intégré dans son école et dans sa famille lorsque l'insoutenable arrive. le garçon a beau s'être construit un monde intérieur à l'image de celui de Peter Pan, la réalité va le rattraper et il souffrira dans sa chair et dans son âme. Séparé de sa famille proche, blessé atrocement par les balles ennemies, il sera récupéré par de bonnes âmes charitables à l'image de la vieille dame dans la forêt et s'il s'en sort à peu près bien physiquement, son mental aura énormément souffert. C'est tiré d'une histoire vraie et ce n'est pas étonnant. A l'image de beaucoup d'enfants dans toutes les guerres modernes, il survivra mais blessé dans l'âme. Rien ne sera plus pareil.
J'ai aimé l'atmosphère de Phnom-Penh, son marché Orussey si riche en odeurs et saveurs, son hôpital Calmette (où je suis née), son école (pour moi, ce fut le lycée Descartes) et le karmac de Pochentong, l'aéroport international où mes parents venaient siroter un petit alcool en regardant les avions décoller. Moi, j'avais droit à du milk-shake au chocolat. Que de bons souvenirs pour nous qui sommes repartis en France en 1963, juste au moment où cela commençait à être chaud. Les descriptions des différentes soupes m'ont aussi mis l'eau à la bouche. Les sangsues moins mais c'est bien réel aussi !
J'ai souffert de voir ce pays à feu et à sang livré à des brutes sanguinaires qui ont spolié et tué tant d'intellectuels. A chaque génocide, on se dit plus jamais cela et pourtant !
C'est un livre qui fera témoignage de sorte que personne n'oublie et difficile d'oublier de telles horreurs.
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L'histoire débute au Cambodge au début des années 70. On découvre la petite famille de Vichéa, son épouse Phusati, son garçon Savarouth et sa petite dernière, Dara.
Catholique, la famille Inn est unie et les enfants sont élevés dans l'amour de la littérature, des mots. Savarouth, très tôt, développe un imaginaire qui l'amène à créer un Royaume Intérieur nourri, entre autres, des enseignements des adultes sur la nature, des personnages de Peter Pan et des aventures d'Ulysse. Jour après jour, l'enfant peaufine cet univers magique et y entraîne Dara.
Les cents premières pages nous embarquent dans un voyage vers l'enfance et ses créations, c'est poétique et fait appel aux sens du lecteur, envoûté par la richesse de l'imagination de Savarouth. Il faut profiter de ces pages, respirer à fond car la suite s'avère d'une violence et d'une tristesse inénarrables.
La guerre civile s'installe doucement et les armées de Lon Nol et des khmers rouges s'affrontent de plus en plus brutalement et sont aux portes de Phnom Penh. La famille Inn n'est pas épargnée et, quand les miliciens tapent à leur porte, les parents croient à leurs balivernes et se laissent embarquer avec leurs enfants.
Savarouth, grièvement blessé, se réveille au fond de la forêt, dans la masure d'une vieille femme qui a pris soin de lui. L'enfant n'a qu'une idée en tête : retrouver sa famille. Sa quête - que l'on devine vaine - l'amène au coeur des combats, le confronte à mille dangers et horreurs. Certes, il garde en mémoire les paroles de sa mère, « Il faut trembler pour grandir », mais le voyage entrepris dans un monde défait, une humanité qui pratique l'autodestruction, dépasse le supportable pour un enfant. Et pour la lectrice que je suis. Je dois avouer que j'ai été soulagée de terminer ce roman éprouvant, écrit dans un présent de l'indicatif qui nous implique, nous place dans une urgence, nous contraignant à mettre nos pas dans ceux de Savarouth. Alors que nous avons envie de lui dire de cesser cette quête impossible, de commencer le deuil car plus jamais il n'entendra tourner la clé de son père dans la serrure.
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Avant la longue flamme rouge est l'histoire (presque) vraie d'un garçon cambodgien d'une dizaine d'années. C'est d'abord une vie de famille épanouie, puis il se retrouve livré à lui-même après avoir été séparé de ses parents, sans doute décédés. Une des critiques parle d'un mélange de violence et de poésie, c'est exactement de ça qu'il s'agit. L'enfant se réfugie dans son imaginaire pour échapper au monde réel.
D'un point de vue historique, ce livre est assez décevant et n'apporte presque rien. L'action se passe avant l'arrivée des Khmers rouges, à une période charnière où toutes les parties en présence massacrent les malheureux civils sans état d'âme. le récit fait état de cadavres partout sans que l'on sache forcément qui est responsable de ces horreurs. Il n'y a pas d'armée en présence, il n'y a que des individus désespérés ou embrigadés, mais tout aussi méprisants de leurs concitoyens.
Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire, ne manquez pas le témoignage poignant de Pin Yathay "L'Utopie Meurtrière".
Quant au style, il est d'abord plein de poésie. le rythme est lent au départ mais la lecture reste agréable. C'est moins vrai vers la fin où la lenteur est parfois pesante.
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La guerre civile au Cambodge au travers les yeux d'un enfant de 11 ans qui s'est inventé très jeune un monde intérieur. Il a vraiment construit son Royaume avec des lieux précis, des personnages imaginaires qui vont l'aider à survivre lorsqu'orphelin et gravement blessé il devra se débrouiller pendant des années en traversant toutes les horreurs d'une guerre civile, viols, massacres atroces de populations entières.
S'agissant d'une histoire vraie, on sait que Savarouh sera adopté vers 15 ans par une famille américaine, fera de bonnes études, se mariera aura des enfants mais ne pourra s'insérer définitivement dans une vie traditionnelle. On peut le voir sur YouTube, à Union Square, assis devant un jeu d'échec et vivant de la sympathie des passants férus des échecs.
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Parfois, ce n'est pas tant un livre qui nous traverse par son humanité – avec ses mots comme des "hameçons" qui fabriquent des lignes qui nous harponnent, nous embarquent, nous pêchent, nous capturent ou nous embobinent – que ces vies humaines uniques et tragiques qu'il raconte pour construire notre vision d'un monde inhumain.
Il faut lire Avant la longue flamme rouge pour découvrir la vie et le destin bouleversant de Saravouth Inn, jeune adolescent dont la famille sera assassinée durant le coup d'état pro-américain du général Lon Nol en 1970. Orphelin de guerre et grièvement blessé, Saravouth sera évacué et adopté aux Etats-Unis.
Lisez ce roman et son épilogue. Visionnez le documentaire Odysseus' Gambit
https://youtu.be/3BN-i4rE0aY

Bref rappel du conflit de 1970 à 1975, suivi jusque fin 1978 par l'un des génocides les plus sanglants du 20e siècle, perpétré par le régime Khmer Rouge, avec 2 millions de morts, soit le quart de la population du Cambodge :
- mars 1970 : un coup d'État, organisé par le général Lon Nol, et soutenu par les États-Unis "qui cherchaient précisément une porte de sortie au bourbier vietnamien", destitue le prince Norodom Sihanouk (sympathisant des Viêt-cong) et abolit une monarchie millénaire.
- Malade et diminué, Lon Nol et "son régime inefficace et corrompu" s'avèrent incapables de gérer la contre-attaque de Sihanouk qui s'allie avec Pol Pot, chef du Parti communiste khmer, donnant lieu ainsi à une guerre civile qui va durer 5 ans.
- avril 1975 : les Khmers rouges communistes de Pol Pot, entrent dans la capitale et prennent le pouvoir.
- devenu le Kampuchéa démocratique, le pays plonge dans le chaos et la terreur. Les Khmers rouges entreprennent une opération de "rééducation" de masse, visant à dénoncer les "bourgeois" prétendus "contre-révolutionnaires" et leur mode de vie considéré comme décadent. Ils vident toutes les villes et massacrent fonctionnaires, officiers, enseignants, religieux, etc. Les historiens estiment qu'environ 40 % de la population totale du pays a ainsi été déportée vers les campagnes. le régime communiste khmer dynamite la Banque Nationale et ferme les frontières.
- décembre 1978, l'intervention de l'armée vietnamienne met fin au régime terroriste des Khmers rouges au Cambodge.
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C'est le deuxième livre que je lis de cet auteur, et il a un talent certain pour créer tout un univers autour de ses personnages. Dans ce roman, nous suivons le monde intérieur et extérieur d'un petit garçon, en pleine guerre du Cambodge. D'un début très onirique on bascule dans la réalité horrifique de la guerre. le plus surprenant pour moi a été d'apprendre à la fin que
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Phnom Penh 1971, Saravouth,11 ans et Dara 9 ans vivent bourgeoisement avec des parents aimants. Phusati, leur mère est professeure de Français dans un collège et leur fait aimé Peter Pan, l'Iliade et l'Odyssée et René Char en leur lisant leurs oeuvres. Saravouth se fabrique un royaume intérieur en s'inspirant de cet environnement littéraire et de son imagination débordante. Cette harmonie est brisée brutalement par le général Lon Nol et la guerre civile qui ravage le pays. Saravouth se retrouve seul et survit miraculeusement à une longue errance en recherchant inlassablement à retrouver sa famille. Il est toujours à la frontière entre son royaume intérieur et l'empire extérieur au cours de cette quête obsessionnelle dans un enfer de feu, de sang, de cadavres et d'inhumanité. Cette narration au style direct et parfois abrupt restitue bien l'ambiance de cette période sombre du Cambodge, qui hélas, ne sera pas la seule.
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Merci à babelio et aux éditions Calmann Lévy pour ce livre poignant.

Guillaume Sire réussit le tour de force de nous plonger à la fois dans l'horreur, et dans la poésie.

Le Cambodge sombre dans le chaos. Arrestations arbitraires, tortures, viols, meurtres, famine, racisme délation....le joli monde plutôt privilégié de Saravouth vole en éclats.

Mais Saravouth s'est construit un monde intérieur. Un monde fait des images, des rencontres, des lectures que sa mère leur prodigue, à sa soeur et lui.

Et quand l'horreur rattrape Saravouth et sa famille, c'est sans doute ce royaume intérieur qui lui apporte cette résilience. Mais n'est-ce pas lui aussi qui finira par causer sa perte ?

Une belle plume, un bel univers, une perspective originale

J'avoue toutefois que certains passages m'ont un peu échappé
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J'ai lu ce livre au hasard, attire par le visage de la couverture et la quatrième de couverture.
Lire cet ouvrage n'est pas forcément simple.
Pourtant le début est magistral, très poétique dans le descriptif de cette famille cambodgienne.
Mais cela ne dure pas et les atrocités du conflit "Cambodge / Vietnam" les rattrape rapidement et on tombe alors en plein cauchemar.
L'ouvrage est très fort, bien écrit, captivant mais également éprouvant.
Cela m'a refait revivre des souvenirs, car parisien à la fin des années 70, j'ai vu arriver les boat people de la 2ème vague qui fuyait ce conflit. J'ai toujours été marqué par leur force morale, quand à l'école primaire, ceux qui parlaient le français nous racontait des "histoires" incroyables et terriblement dures de leurs fuites d'un pays adoré. Gravé dans ma mémoire à jamais .

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