AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,25

sur 215 notes
5
62 avis
4
24 avis
3
7 avis
2
3 avis
1
0 avis
Quel passionnant mais bouleversant et déchirant roman que Avant la longue flamme rouge de Guillaume Sire. Nullement étonnant qu'il ait séduit le jury du Prix Orange 2020 !
L'histoire se passe en 1971, la guerre civile fait rage, Norodom Sihanouk vient d'être destitué par le coup d'État du général Lon Nol, soutenu par les Américains. Ce dernier, aussitôt sur le trône a proclamé la République et n'hésite pas à héberger au palais royal astrologues, nécromanciens et sorcières dont le premier conseil est de traquer et d'exécuter les Cambodgiens d'origine vietnamienne. Si ses armées maîtrisent à peu près Phnom Penh, vers où les réfugiés affluent mais dont les habitants ne sont pas pour autant à l'abri, elles doivent, ailleurs, faire face et résister aux Khmers rouges et aux Vietcongs, le pays est à feu et à sang.
C'est dans ce Phnom Penh assiégé que nous allons découvrir la famille Inn. : la mère Phusati, le père Vichéa et leurs deux enfants Saravouth, 11 ans et Dara 9 ans. Au début du roman, ils semblent mener une vie paisible. Phusati enseigne la littérature française au lycée René Descartes et son plus grand plaisir est de lire des histoires à ses enfants et pour elle toute occasion est bonne pour réciter un vers, le plus souvent de René Char. Vichéa, lui, travaille à la chambre d'agriculture où il instruit les litiges entre paysans et les enfants savourent le moment où leur père rentrent du travail, Saravouth lui proposant aussitôt une partie d'échecs et Dara lui présentant ses dessins. Avec les lectures de Peter Pan et de L'Odyssée, Saravouth arrive à construire un pays imaginaire, un véritable Royaume Intérieur qu'il essaye de faire partager à sa soeur. Mais l'Empire Extérieur, la réalité avec ses dangers va tous les rattraper.
Ce roman, inspiré d'une histoire vraie, rappelle s'il en était besoin la monstruosité et les dégâts engendrés par les guerres. En prenant Saravouth, ce jeune enfant comme victime principale de ce carnage, l'auteur nous implique intimement dans ce récit.
Rester en vie, Saravouth n'y pense que pour retrouver sa famille et la douceur de son foyer, son Royaume est en piteux état. Seul, l'espoir de retrouver les siens le maintient en vie. Une ténacité à toute épreuve et une force mentale hors du commun le poussent à continuer sa quête, à retourner sur les lieux, à fouiller les ruines ...
L'auteur sait trouver les mots pour nous décrire l'indescriptible. Une écriture exceptionnelle fait côtoyer le pire et la beauté, avec parfois un entrelacs des deux comme cette nature luxuriante qui peut se transformer elle aussi en ennemie : les sables mouvants dans lesquels Saravouth manque y laisser sa peau, les marécages, où la vase arrive jusqu'aux genoux de ceux qui fuient, les moustiques s'acharnant sur eux, ou encore ce tigre décharné et blessé qui se dresse face à eux, ceci alors que des grenades éclatent à moins de cent mètres.
Guillaume Sire tout en nous plongeant dans ce conflit décrit également fort bien le pays, son climat avec la saison des pluies, sa nature dévorante et ses animaux, son lac Tonle Sap et ses sampans, ce pays encore ancré dans le passé avec la sorcellerie, les astres, mais aussi la magie bénéfique des plantes et aussi la vie de ces Cambodgiens qu'ils soient paysans ou autres. N'oublions pas enfin les cris, le bruit des armes, mitrailleuses ou grenades et les odeurs qui peuvent être d'une grande délicatesse ou au contraire nauséabondes, le plus souvent mêlées, le tout formant le cadre sonore et odorant du roman.
Ce livre est rempli de poésie. Il est une ode à la littérature, une ode au pouvoir de l'imaginaire, de l'esprit qui permet de se retrancher d'une réalité trop atroce pour être vécue, mais jusqu'où ?
Je savais qu'il s'agissait d'une histoire vraie dès le départ et pourtant l'épilogue m'a laissée sans voix.
Je pense que pour saisir toute la richesse de ce roman, il faut absolument le lire et je remercie infiniment Nicolas Zwirn de Lecteurs.com, grâce à qui j'ai pu le découvrir. Cela restera pour moi un moment de lecture inoubliable !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          1034
Je suis très embêtée, voire gênée... mais après 185 pages, j'ai décidé d'abandonner la lecture de ce livre.
Certes, il est très bien écrit : il y a de belles phrases, bien tournées, poétiques ; il y a de beaux mots, certains même que je ne connaissais pas.
Mais, malgré l'histoire issue de faits réels, malgré le tragique de la situation au Cambodge à cette époque, je n'arrive pas à rentrer dedans. J'y reviens sans plaisir, sans envie d'en savoir plus sur cet enfant, sur cette histoire.
Cela me fait culpabiliser un peu... N'ai-je pas de coeur ? Pourquoi nje n'arrive pas à m'attacher à cet enfant ? Pourquoi ne suis-je pas touchée, comme nombre de lecteurs ?
Je ne sais pas.
Mais, égoïstement, j'ai envie de prendre du plaisir à lire, et là, ça n'est pas le cas....
Alors, c'est décidé : avec regret, j'abandonne...

Commenter  J’apprécie          40
Je sors de ma lecture bouleversé, complètement traversé par cette vie que Guillaume Sire a si bien su écrire, ce drame cambodgien - un de plus sur notre chère planète Terre – un peu trop vite oublié parce que lointain alors que la France était présente dans ce pays où nous avions tenté d'imposer la religion catholique, notre langue et notre culture.

Si Avant la longue flamme rouge n'avait pas obtenu le Prix Orange du livre 2020, je ne sais pas si j'aurais entendu parler de ce roman publié par Calmann-Lévy. C'est ce prix mis en avant par Lecteurs.com et grâce à Nicolas Zwirn que je je remercie, que j'ai découvert la terrible histoire de Savarouth.
Tout débute en pleine déconfiture du prince Sihanouk, choyé par la France, mais chassé par le général Lon Nol que les États-Unis soutiennent. Ce dernier instaure une république mais c'est le chaos dans tout le pays car les Khmers rouges, aidés par leur voisins communistes veulent mettre le grappin sur le pays.
À Phnom Penh, la capitale, vit la famille Inn qui a tout pour être heureuse. Vichéa, le père, dirige le service des litiges à la Chambre d'agriculture pendant que Phusati, la mère, enseigne la littérature française au lycée René-Descartes. Ils ont deux enfants : Savarouth (11 ans) et Dara (9 ans) et leur maman ne ménage pas ses efforts pour leur lire des histoires et leur faire découvrir la poésie. Ainsi, Savarouth se crée un monde fantastique de personnages imaginaires où Peter Pan côtoie les héros de l'Iliade et de l'Odyssée. Il réussit même à mettre mentalement au point un Royaume Intérieur qu'il maîtrise et un Empire Extérieur d'où vient le danger.
Guillaume Sire m'a offert une plongée extraordinaire dans un pays qui se déchire. La nature, la plantes, les traditions, les superstitions s'accumulent sans jamais lasser car tout se passe sur les traces de ce que vit Savarouth. Petit à petit, l'horreur, l'indicible, la cruauté humaine prennent le dessus. Savarouth que l'auteur a rencontré à Montréal, de 2004 à 2007, subit les pires épreuves, rencontre à chaque pas la méchanceté et la violence mais révèle une force incroyable malgré des souffrances intolérables.
En trois parties et un épilogue étonnant, se déroule la vie de ce garçon qui voit son pays ravagé. Tout se passe durant les années 1970 et si j'ai bien entendu parler des incroyables malheurs apportés par les Khmers rouges, grâce à Guillaume Sire, j'ai été plongé dans ces années terribles où tout bascule, où des êtres dits humains se croient tout permis et commettent les pires exactions.
C'est vécu presque au jour le jour comme dans cet hôpital Calmette de Phnom Penh où dans la mission Saint-Joseph qui recueille des orphelins que de riches Français viennent récupérer avant qu'ils sachent parler mais exigeant qu'ils soient propres. Détail important : avant ce rapt déguisé en adoption, aucun bébé n'a encore reçu de prénom.
Prostitution, viols, misère, famine, tout cela se vit sous les bombes et les roquettes mais Savarouth qui a appris à jouer aux échecs avec son père, est très fort grâce à ce monde imaginaire forgé à partir des légendes lues par sa mère.

J'ai regardé Odysseus' Gambit, ce court-métrage conseillé par Guillaume Sire et c'est avec une émotion intense que j'ai vu cet homme qui a traversé tant d'épreuves, subi tant d'horreurs, été grièvement blessé, Savarouth qui joue aux échecs à Union Square dans la ville de New York, aujourd'hui…
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          1071
Jusqu'à présent, je n'avais jamais lu de roman traitant du conflit qui s'est joué au Cambodge alors que pourtant, je suis assez friand des textes qui traitent de la guerre. Avec ce livre, ma méconnaissance de cette horreur est désormais comblée et je nourris l'espoir de trouver d'autres bouquins de ce type. Même si ce roman ne se verra pas attribuer la note maximale par mes soins, elle s'en approche de très près. D'avance, je sais que je vais avoir beaucoup de mal à remplir cette chronique car il m'est toujours difficile de parler de ce genre littéraire mais aussi, des oeuvres que j'ai vraiment apprécié. Au moins, cela confirme déjà mon amour grandissant pour les romans historiques et à mes yeux, c'est une bonne chose.

Point négatif :

- Il m'a manqué ce petit quelque chose pour faire de cette histoire, un nouveau coup de coeur en ce qui concerne cette année 2020.

Points positifs :

- Une chose est sûre : Saravouth est un garçon véritablement courageux. Très vite, il décide de ne pas baisser les bras et se lance à la recherche de son père, sa mère et sa petite soeur dès que le conflit débute. Au sein de ce livre, cet enfant réalise des rencontres qui vont l'aider à progresser dans sa quête et surtout, lui fait gagner des jours en terme d'existence.
- J'ai beaucoup aimé le regarder grandir aussi même si les conditions, le concernant, n'étaient guère idyllique. Au fur et à mesure de sa croissance, Saravouth se durcit et ne ressent presque plus rien. Il faut dire que les atrocités que ce jeune garçon a pu connaître et voir y sont pour beaucoup et l'ont aidé à se préserver, dans un certain sens.
- La conclusion. Je voulais savoir ce qu'il allait devenir et même si un reportage existe le concernant, ma curiosité s'est arrêtée à ces dernières pages. Comme tout à chacun, il a mené une vie normale avec ses joies mais également ses peines. En tout cas, la réponse concernant ses maux de têtes est apportée et jusqu'au bout, nous espérons que son mal ne l'emportera pas. A l'heure actuelle, Saravouth vit encore de beaux jours devant lui et suite à ce qu'il a enduré, c'est clairement mérité.
- Enfin, et c'est mon avis personnel. le sort réservé à l'homme qui a dénoncé sa famille par jalousie est clairement mérité. Toutefois, j'estime qu'il méritait de souffrir un peu plus.
Commenter  J’apprécie          102
C'est un récit dramatique et profondément émouvant.

L'histoire remonte à 1975, au Cambodge, lorsque les khmers rouges destituèrent Norodom Sihanouk de son trône, déclenchant une guerre civile avec tout ce qu'elle implique d'atrocités. Saravouth a onze ans. S'il ne peut mesurer tous les enjeux de ce qui vient bouleverser son quotidien, il perçoit clairement le danger qui rode, et se tient prêt à tout instant à se réfugier dans son Royaume intérieur, nourri des instants de bonheur qu'il cueille comme des coquelicots poussés sur une ruine pierreuse, et d'un univers littéraire qu'il découvre avec gourmandise, où décors et personnages se plient à ses volontés. de Peter Pan à l'Odyssée, ils sont là bien présents, ses compagnons de voyage, dont il a conscience que leur disparition signifierait la fin de tout. Jusqu'où ses capacités d'imagination pourront-elles le protéger contre l'Empire extérieur si cruel?

La perte de sa famille, sa survie miraculeuse lors d'une fuite digne des plus rocambolesques films d'aventures, tout cela est d'autant plus incroyable lorsqu'on apprend qu'il s'agit d'une histoire réelle et que le jeune garçon rêveur vit de nos jours aux Etats-unis, entre défis aux échecs et lutte contre les démons qui ont envahi son Royaume. La vidéo dont le lien apparait à la fin de l'ouvrage est terriblement émouvante.

La littérature ne manque pas de récit de guerres, y compris ceux contés par des enfants (on se souvient du sublime Petit Pays de Gaël Faye). Et celui ci ne se démarque pas, si ce n'est pas l'extraordinaire intelligence et la capacité de résilience hors du commun du héros, et du don d'écriture de l'auteur qui manie les mots pour composer un récit où se mêlent barbarie et onirisme, pour un grand moment de lecture.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          772
Une de ces histoires qui vous prend aux tripes, qui vous remue aux larmes, qui vous fait à nouveau prendre conscience que l'Humain peut être cruel. le souvenir de ce Cambodgien qui a croisé ma route. Intellectuel, il avait vécu les camps, avait souffert mais c'était relevé avec la rage de vivre et un sourire à toutes épreuves. A l'époque, il avait 75 ans, il était guide... il devait travailler pour nourrir sa famille et l'opération de sa fille gravement malade. Une rencontre qui m'aura marquée à tout jamais.
Commenter  J’apprécie          90

Cambodge, mars 1970. Avec le soutien des Etats-Unis, le général Lon Nol renverse le roi Sihanouk et proclame la République. Il doit combattre sur trois fronts : les Khmers rouges, les fidèles du souverain déchu et les Vietcongs.
« Des voisins, des amis, des frères s'entretuent au nom de la république, du communisme, du prince, au nom d'un peuple ou d'un dieu, d'un cadastre, une idée, un livre, la misère » écrit Guillaume Sire dans ce formidable roman, inspiré d'une histoire vraie, qui souligne combien cette guerre civile eut des effets délétères et irréversibles sur les populations.
En 1971, Saravouth a onze ans. Il vit avec Dara, sa soeur de deux ans sa cadette, Phusati et Vichéa, ses parents.
Nourri par les lectures de sa mère, il s'invente un monde imaginaire , « Le Royaume Intérieur », synthèse des aventures de « Peter Pan » et d'Ulysse. Il construit même une île pour la benjamine. Cette dernière l'appellera Ithaque... C'est cet univers fantasmagorique, qui s'oppose à « L'Empire Extérieur » où vivent tous ses semblables, qui va l'aider à surmonter les épreuves après la séparation d'avec sa famille. Toute sa vie, il n'aura de cesse de la retrouver.
Conte initiatique, « Avant la longue flamme rouge » est le portrait déchirant d'un garçon que l'intelligence, la résilience, la détermination, le courage, l'instinct de survie et la capacité à rêver pour oublier la terrible réalité de l'existence mais aussi les belles rencontres et un soupçon de chance vont sauver.
Une superbe leçon de vie !


Lien : http://papivore.net/litterat..
Commenter  J’apprécie          130
C'est la guerre du Cambodge vécue par un enfant de onze ans.
Saravouth vit à Phnom Pennh dans un milieu privilégié avec ses parents et sa petite soeur Dara. Sa mère est professeur de français, sa soeur et lui baignent dans la littérature française depuis leur plus jeune âge, leur mère leur lit beaucoup de livres, Saravouth, doté d'une imagination sans bornes, s'est construit un monde intérieur "le royaume intérieur" qu 'il enrichit de nouveaux détails au fur et à mesure que Phusati leur lit des nouveaux livres. Ce monde est un refuge pour l' enfant, il essaie d'y entraîner sa petite soeur.
Au dehors, la guerre fait rage. Un jour, les soldats emmènent la famille de Saravouth dans la forêt, les balles pleuvent, Saravouth est blessé à la tête, quand il revient à lui, il est seul. Une drôle de paysanne, à moitié sorcière , va le soigner. Dès qu'il se sent mieux, il repart, il veut retourner à Phnonn Pennh, il croit que ses parents y sont revenu, sains et saufs. Il traverse forêt, lac, marécages, sables mouvants d'où il est sauvé de justesse par un paysan. Il va braver mille dangers, sera à nouveau blessé et évacuer dans un hôpital. Quand plus tard, placé dans un orphelinat, il revient à son ancien domicile, il réalise que sa famille n'est plus là, ses espoirs s'effondrent .
Le recit de son épopée est situé entre le rêve et le cauchemar. L'auteur nous enchante avec une écriture poétique qui sert admirablement les descriptions exotiques, oniriques et cauchemardesques. C'est un roman très riche et très documenté, très visuel aussi, grâce aux descriptions très précises, on peut suivre le petit garçon quand il fuit dans la jungle exotique au milieu des cadavres pourissants. le beau y côtoie l'horrible.
La fin du roman est très émouvante quand on réalise que Saravouth existe , qu'il a vraiment vécu tout ce cauchemar. Un lien donné par l'auteur à la fin du roman nous permet de voir un court métrage sur Saravouth qui vit aujourd'hui aux États-Unis et joue aux échecs dans la rue.
Commenter  J’apprécie          292
Voyage au coeur du Cambodge dans les années 70 dans le corps et la tête de Saravouth âgé de 11 ans.
Récit dynamique, descriptions du Cambodge efficaces, beaucoup d émotions ressenties à travers tous les personnages qui ont chacun bien leur rôle. Mention très bien pour le caractère de Saravouth. Livre très bien construit et documenté. J ai appris beaucoup de choses en plus de l émotion ressentie.
Je n ai découvert qu'à la fin que cette histoire est issue d'un fait réel. Top !
Commenter  J’apprécie          20
Le Royaume Intérieur face à l'Empire extérieur. Deux mondes, une échappatoire, un imaginaire pour continuer à vivre dans le bourbier des hommes. Un univers puisé dans les livres où chaque personnage, chaque héros va prendre une place réelle dans l'esprit de Saravouth. Depuis l'âge de six ans, le jeune garçon continue de bâtir un gigantesque Angkor, aussi foisonnant, aussi fantastique, aussi spirituel. Sa mère Phusati lui raconte des histoires puisées dans la bibliothèque familiale, une bibliothèque comparable à une reine avec une cour des mots. Aux oreilles attentives de Saravouth et sa soeur Dara, elle narre les pérégrinations de Peter Pan et autres petits princes. Phusati à une origine française, la famille est catholique, leur pays le Cambodge en proie à une guerre civile qui deviendra la terre d'un immense charnier. le général Lon Nol a pris le pouvoir avec l'aide des américains et la distribution des armes servira, via un marché parallèle, à alimenter les Khmers rouges. Longue flamme rouge sang à l'horizon.

En attendant, Vichéa, le père continue de travailler comme il le peut dans cette société qui chaque jour devient un peu plus délatrice et où on peut être enlevé, torturé, tué pour la moindre jalousie, le moindre regard, la moindre attitude et dénoncé comme étant d'origine vietnamienne ou d'obédience pro-prince. Des ténèbres vont naître un long crépuscule. Saravouth croit en son royaume intérieur surtout depuis qu'il a rencontre Homère. L'Iliade et l'Odyssée vont dorénavant faire partie de sa vie, lui s'apprête sans le savoir encore à devenir un nouvel Ulysse sans peut-être jamais revoir un jour Ithaque alias Phnom Penh.

Le grand échiquier de la vie va devenir le terrain d'une lutte inhumaine pour l'adolescent : échecs et pièces maîtresses, homme au complet bleu, sorcière de la forêt, orphelinat avec le père Michel. Trahisons, violences et douleurs, une énorme triade qui se transforme en un palimpseste du désespoir et de l'errance. Pourtant Saravouth, blessé, écorché croit pouvoir retrouver ses parents en implorant Athena et Zeus. Avec comme hameçon, les mots de René Char « Il faut trembler pour grandir »

Un récit époustouflant, aussi tragique que magnifique, porté par une plume qui sculpte chaque méandre du parcours de Saravouth et pour qui on s'attache sans même le connaître. La puissance de l'écriture provoque un électrochoc à la lecture de cette pérégrination du courage où la réalité est dominée par les références mythologiques, en particulier celle de l'Odyssée qui fouette les pages comme si le navire d'Ulysse venait se fracasser contre les parois du livre.

Car cette histoire est vraie, le Cambodge a encore des tranchées ouvertes après tant d'années de guerre, après un génocide faisant plus de deux millions de morts et Saravouth existe. Et combien d'enfants, combien d'adultes ont subi les mêmes tragédies et les subissent encore…

Guillaume Sire tisse progressivement une énorme toile sur les pouvoirs de l'humain ; ce que le corps humain est capable de supporter par la puissance de l'esprit, l'évasion du mental dans la prison du crépuscule, la ténacité d'une âme ne voulant jamais éteindre la moindre étincelle pour rallumer la flamme de la vie. Cette vie où coexistent les âmes enrobées de cendres ténébreuses et celles auréolées d'une flamme immortellement lumineuse.



Ô Saravouth, conte-moi l'aventure de l'Inventif

Celui qui vit le Cambodge pillé et qui pendant des années erra

Voyant beaucoup d'atrocités, découvrant l'ignominie humaine

Souffrant beaucoup d'angoisse dans son âme sur l'enfance

Pour défendre sa vie sans un possible retour de sa famille

Sans pouvoir sauver aucun de ses membres

Cet enfant qui toucha au troupeau des infâmes

Et vit le soleil dans quelques âmes

A nous aussi, Guillaume Sire, conte un peu ces exploits !
Merci à lecteurs.com de la Fondation Orange pour l'envoi de ce livre

Lien : https://squirelito.blogspot...
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (539) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3189 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}