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Le deuxième tome de l'histoire romancée de la famille de Leïla Slimani est toujours aussi nostalgique.
Cela débute en 1968 ; Aïcha poursuit ses études de médecine à Strasbourg et est complétement dépassée par les évènements de mai.
Les cours sont suspendus ; elle en profite pour retourner voir sa famille au Maroc.
Les choses ont changé, la pauvreté s'est éloignée, la piscine a été creusée mais malgré tout, le bonheur a du mal à s'installer.
Il est question de choix difficiles, des relations parents-enfants, de jalousie fraternelle, du besoin d'échapper à une vie déjà tracée, du mouvement hippie, de révoltes sociétale et de désir.
La encore beaucoup de contradictions et d'ambivalences,
Là encore la tradition côtoie la modernité.
La plume est toujours aussi élégante et mélancolique.
Un peu de légèreté arrivera t'elle dans le troisième tome ?
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Deuxième tome d'une trilogie et suite des aventures de la famille de Mathilde et Amine à Meknès : le temps a passé et nous voilà fin des années 60, début 70. A force de travail, le couple a développé une activité florissante et vit désormais dans le confort. Aïcha part faire ses études de médecine à Strasbourg tandis que Selim se laisse emporter par un groupe de hippies installé à Essaouira. Un nouveau personnage apparaît, Medhi l'amoureux d'Aïcha, professeur à l'université de Rabat. On retrouve également Selma, la soeur d'Amine à la beauté foudroyante et aux amours contrariés et Omar son frère mystérieux.

Le Maroc a beaucoup changé après la fin de la colonisation française. Hassan II au pouvoir resserre peu à peu l'étau sur la population et place progressivement le pays sous haute surveillance. Omar, le frère d'Amine fait partie de la police chargée de traquer les opposants au régime.

Comme dans le premier tome, Leila Slimani brosse une galerie de personnages et en profite pour nous raconter l'histoire de son pays depuis la seconde guerre mondiale. La narration est agréable et fluide et son roman se lit avec plaisir. Malgré la forme romanesque, elle réussit également à dresser un tableau précis, intéressant mais aussi assez glaçant du retour du roi après le départ des français. J'ai toutefois un peu plus de réserves qu'à l'égard du premier tome car les personnages de la seconde génération, celles des enfants, m'ont semblé beaucoup moins attachants que ceux de leurs parents. On peine parfois à suivre leurs tourments ou leurs motivations alors que les personnages principaux du premier volume m'avaient emporté. J'attends la suite….
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Après « Le pays des autres » qui nous avait conduits de 1946 à 1956, d'un Maroc colonial à un pays indépendant, ce 2e volet, « Regardez-nous danser » situe les événements d'avril 1968 à août 1972 et décrit un Maroc divisé et plein de contradictions entre un désir de plus en plus vif d'émancipation chez les jeunes et le régime très autoritaire d'Hassan II. En effet, les tensions sont vives, et l'écart entre les riches et les pauvres de plus en plus marqué. On sent que le Maroc de ces « années de plomb » peine à trouver sa voie après la période de protectorat : le pouvoir réprime violemment les manifestations étudiantes, le roi subit deux attentats fomentés par l'armée dont il réchappe miraculeusement et l'État va jusqu'à retransmettre à la télé les terribles exécutions de militaires.
Cependant, l'on sent que Mai 68 est passé par là : Barthes enseigne à Rabat et les hippies s'installent à Essaouira : la jeunesse rêve d'émancipation et se passionne pour l'Amérique.
Mais les moeurs évoluent bien lentement : les femmes sont toujours victimes de préjugés, la sexualité demeure un tabou. le patriarcat et les coutumes ancestrales les empêchent d'être libres.
Quant aux Belhaj, à force de travail, ils sont devenus de très riches propriétaires terriens : leur exploitation agricole s'est modernisée et elle se porte à merveille. A la demande de Mathilde, ils ont fait creuser une piscine, symbole un peu ostentatoire de leur réussite sociale. Leur fille Aïcha poursuit ses études de médecine en Alsace et leur fils Selim a toujours une scolarité un peu chaotique. Dans ce second tome, c'est vers cette jeunesse que la caméra se déplace...
Les Belhaj, devenus des notables, sont dorénavant parfaitement intégrés à la bourgeoisie locale constituée de riches Marocains et de Français qui cachent tout leur mépris pour ceux qu'ils continuent entre eux à nommer « les bicots ».  Amine s'inquiète malgré tout pour l'avenir de son entreprise à laquelle il s'est dévoué et craint des révoltes paysannes qui risqueraient bien de teinter de rouge l'eau turquoise de sa nouvelle piscine…
Si l'on retrouve avec plaisir les personnages du « pays des autres », il m'a semblé que ce second volet manquait un peu de relief, de « grandes scènes » qui frappent l'imagination et pour lesquelles l'autrice est particulièrement douée.
Leïla Slimani parvient cependant à dresser des portraits très nuancés des personnages qui se trouvent décrits dans toutes leurs contradictions.
L'ensemble demanderait quand même à être un peu « relevé » soit par davantage d'action (c'est pourtant pas vraiment mon genre de réclamer de l'action!) ou de relief dans l'écriture. Bref, j'ai ressenti parfois un certain ennui à la lecture, qui reste très agréable mais qui manque un peu de peps.

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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1968. A Meknès, nous retrouvons Mathilde et Amine, devenus désormais des notables reconnus et recherchés dans la bonne société marocaine. Les années de guerre sont derrière eux et la ferme d'Amine est devenue une exploitation florissante, tenue d'une main de fer. Mathilde poursuit ses soins dans son dispensaire tout en veillant à la bonne tenue de la maison. Leur fille Aïcha est à Strasbourg où elle poursuit ses études de médecine. Quant à Selim, il doit passer le bac mais n'est vraiment pas porté sur les études.

C'est dans une époque où souffle un vent de liberté et de modernité que Leïla Slimani poursuit sa saga inspirée de son histoire familiale. Nous retrouvons en Amine et Mathilde dans la fleur de l'âge, cette fois-ci bien à l'abri du besoin mais toujours en proie à des inquiétudes sur l'avenir. Amine a dû mal à comprendre cette jeunesse qui rêve des lumières de la ville et rejette le travail de la terre. Mais lui et Mathilde ont également changé. Ils ont adopté, bien malgré eux, tous les clichés du petit couple bourgeois où l'homme trompe sa femme à tour de bras et et où celle-ci se console dans un confort matériel enfin acquis. Leur ascension sociale passe aussi par celle de leurs enfants, notamment Aïcha, la première de la famille à partir en France pour poursuivre ses études. Elle et son frère Selim, qui découvre la liberté sexuelle et les paradis artificiels au coté des hippies, symbolisent cette génération marocaine qui s'émancipe, qui a soif de liberté et de changement. Ils n'empruntent pas les mêmes chemins mais se rejoignent dans l'idée de vivre une vie différente de celle de leurs parents. Trouvent-ils le bonheur au final ? A force de trop vouloir s'arracher à leur milieu, ils risquent pour certains d'en oublier leurs idéaux…

Ce deuxième volet de la trilogie de Leïla Slimani nous offre donc le tableau d'un Maroc ambivalent, celui qui oppose la tradition et la modernité, dans les campagnes comme dans les villes. J'ai ainsi découvert que certains villages marocains étaient devenus de véritables lieux de culte pour les hippies. le Maroc des années 1960-1970 est un pays aux multiples facettes : alors que l'on torture dans les caves ou devant les caméras, on voit la jeunesse faire la fête sur la côte, dans la « Californie marocaine ». Les bidonvilles sont cachés derrière de grands murs tandis que l'on continue à ériger des palais ou des résidences modernes pour les nouveaux nantis qui n'ont rien à envier aux anciens colonisateurs.

Les personnages de Leïla Slimani, que nous suivons de 1968 à 1974, sont les témoins attachants et complexes de ce Maroc à la fois cosmopolite et répressif. Ils tentent de s'adapter à un pays qui se cherche entre son désir d'émancipation, la rigidité du pouvoir royal et une société en pleine révolution.
Dans un style toujours aussi agréable et fluide, Leïla Slimani parvient sans mal à nous emporter dans le pays des autres. Une suite réussie qui nous entraîne déjà vers le troisième tome.
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Si la famille était au centre de "Le pays des autres" (2020), premier opus de la trilogie de Leïla Slimani, le fil directeur de ce nouveau tome est plus volontiers axé sur la société marocaine, dans les années suivant l'indépendance du Maroc (1956).

La famille Belhaj a gardé le cap du labeur et de la volonté de réussite économique, de l'accession à une classe bourgeoise aux repères encore très ancrés dans ceux de la colonisation.

Avec cette notabilité, la seconde génération, éduquée et détachée des traditions se doit de relever les défis d'un pays à développer, combattre misère et analphabétisme, construire le progrès et la liberté. Cette période d'énergie joyeuse et débridée, de légèreté de l'existence où tout semble possible cohabite avec une tension politique et sociale violente sous la monarchie autocrate d'Hassan II. Cette dualité se retrouve dans des personnages en quête d'identité face à un avenir incertain où modernité et traditions s'opposent, où le clivage richesse et pauvreté demeure.

Peut-être moins attachant que le premier livre, cette lecture reste néanmoins éclairante sur une époque, instructive et parfois insolite, à l'image de cette vague hippie de l'ancienne Mogador sévèrement réprimée par le régime.

En attente du troisième thème narratif, sans doute déjà sur le métier de l'auteure.
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Leïla Slimani nous propose avec Regardez-nous danser la suite de cette fresque familiale et largement inspirée de ses grands-parents et parents. Douze années après le premier volet, que l'honnêteté (et ma liste de livres "Lus") me pousse à confesser que je n'ai pas lu, le récit est centré sur les enfants de Mathilde et Amine : Aïcha et Selim. Alors que L Histoire avance à grands pas vers 1969, Mathilde, la jeune alsacienne amoureuse et prête à s'installer de l'autre côté de la Méditerranée est devenue une femme parfois frustrée, souvent inquiète pour/par ses enfants et incessamment trompée par son mari. Amine, lui, est parfaitement installé dans la société bourgeoise de Meknès, efficace propriétaire terrien et un convaincu de l'importance de la monarchie marocaine.

Leurs deux enfants prennent au fur et à mesure la première place dans le récit. Alors qu'Aïcha mène de brillantes études de médecine à Strasbourg, son frère tâtonne un peu plus et rate ses études. Pourtant, l'une et l'autre poursuivent une trajectoire similaire : ils sont pris dans les tourments de leur époque et sont tiraillés entre le modèle traditionnel dans lequel ils ont été élevés et l'appel de la modernité. Ils sont balayés par 1969, par la vague de hippies qui viennent s'installer au Maroc et tout ce qu'ils amènent : libération des moeurs, des corps et des idées. Selim part sur les routes, se retrouve au bord de l'extinction à Mogador, aux bons soins d'une femme inconnue. Il s'en va dans le "paradis des hippies", vit sa vie de roots, sur sa route oui, et disparait du livre. Aïcha, bien que toujours aussi sérieuse, s'émancipe, saisit les revendications de ses contemporains sans pour autant s'y mêler, revient au Maroc et aime comme elle l'entend.

Il est pourtant difficile de dire que Sélim et Aïcha sont les moteurs de leur histoire. Les ruptures que ces deux protagonistes marquent à chaque fois dans leurs propres récits interviennent parce qu'ils sont mus par d'autres personnages. Aïcha est bouleversée par la rencontre avec Mehdi, le jeune communiste plein de fougue politique, d'ambitions et de romantisme. Ce dernier n'est qu'amour pour la jeune femme, pourtant fille d'un riche propriétaire, le stéréotype du bourgeois qu'il conspue. Sélim, lui, est d'abord confronté à la passion, interdite, avec sa tante Selma, puis avec Nilsa, une hippie qui le mène vers ce nouveau monde, riche de sexe, drogue et cheveux sales. Mehdi est au carrefour entre une riche vie intellectuelle sous haute surveillance et une vie au service d'un régime répressif et d'un modèle de société conservateur qu'il déteste, mais qui apporte tous les conforts possibles. Selma est déchirée entre la révolte contre cette société qui lui a imposé sa vie et toutes les richesses que cette société, justement, peut lui apporter, lorsqu'elle s'y soumet.

Les bouleversements du Maroc et du monde sont donc incarnés dans ces personnages secondaires, qui vont, viennent, changent le cours de la vie d'Aïcha, de Sélim, et au final, deviennent eux-mêmes des points de vue principaux. J'aime comment Leila Slimani mêle finement l'histoire de ses personnages au scope plus large de la modernisation du Maroc. A travers ses personnages, on voit ce Maroc en proie aux inévitables tensions entre société traditionnelle et volonté de modernité. Les bouleversements du monde sont dépeints avec ces mouvements hippies, issus de 1969. L'autrice dépeint aussi ce Maroc corrompu et corrupteur, autoritaire et répressif, meurtrier pour rappeler les quelques pages d'Omar (l'un des frères d'Amine), cynique et pétri de ses profondes inégalités sociales. L'histoire familiale est fondue dans l'histoire du pays, c'est fait sans concession et c'est fait avec grande finesse.

Ce n'est pas le genre de lecture qui m'attire d'ordinaire mais ça a été une expérience enrichissante : je me méfierai davantage des types en imperméable beige qui se promène avec un petit chien dans les bras. Bon, en vrai, je retournerai volontiers suivre la prochaine génération, qui s'annonce encore moins joyeuse, selon Leila Slimani, mais intéressante aussi, car plus proche de notre époque.
Bon, et maintenant, on va faire une cure de SF, parce que le Maroc, c'est joli, y'a des oliveraies et la vallée du Bouregreg, qu'on peut voir depuis ces hauteurs de Rabat, mais ça manque de vaisseaux spatiaux qui font pan-pan.

Merci à Babelio et Gallimard pour la jolie rencontre organisée avec Leila Slimani, c'était fort intéressant d'écouter l'autrice parler de la construction de son livre.
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Encore meilleur que le premier tome. Ici ce sont les enfants de Mathilde et Amine que l'on suit : Aicha devient docteur après avoir passé plusieurs années en France. Selim lui peine à trouver sa place et va prendre le large.
J'adore les personnages et leur évolution et les personnages secondaires ne sont pas en reste.

Nous sommes dans les années 1968 au Maroc et arrivent les premiers mouvements hippies qui heurtent la mentalité traditionnelle du pays. Instabilité, menace d'attentats contre le roi, la situation du pays est vraiment bien expliquée.

J'espere vite qu'il y aura un dernier tome pour découvrir les années plus moderne et la suite de la saga familiale.


Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Regardez nous danser est le deuxième volet de la trilogie le pays des autres.
Dans cette trilogie Leila Slimani nous raconte la saga de la famille Belhadj. Dans le premier tome intitulé la guerre nous faisions la connaissance d'Amine, jeune marocain envoyé en France et en Alsace pendant la Seconde guerre mondiale. .Il rencontra Mathilde et celle ci le suivit au Maroc où ils fondèrent une famille et une entreprise agricole.
Nous retrouvons cette famille avec ces enfants , Aicha et Selim en 1968.
Amine a fait de son domaine une entreprise florissante. Amine appartient à la nouvelle bourgeoisie dominante , proche de la royauté.
Aicha a fait ses études de médecine à Strasbourg et vit sa vie entre ses deux cultures.
Lors de la chronique du premier tome j'avait écrit ceci :
J'ai ressenti dans ce roman comme une volonté de la part de Leila Slimani de ne pas prendre parti et de mettre tout le monde dos à dos afin de ne froisser personne et permettre la mise en place ce cette saga familiale.
Tout est ébauché mais sans véritable profondeur.
Pourtant que de thèmes porteurs ! La place de la femme dans la société marocaine, la marche vers l'indépendance, la construction d'un couple mixte, le lien au colonisateur.
J'espérais , les personnages installés, que le deuxième tome approfondirait les différents thèmes.
Malheureusement, j'ai le même ressenti que lors de la lecture du premier tome. Beaucoup de thèmes abordés comme si il fallait cocher les cases : la royauté, le pouvoir, la corruption, les attentats etc...
Bien évidemment ces évènements ont fait le Maroc et les Marocains.
Mais je trouve que Leila Slimani n'approfondi pas ces événements à la lumière de ces personnages.
Par contre Leila Slimani nous montre des femmes magnifiques , combattantes, libres et sensuelles.
Ces femmes qui me feront lire la fin de cette trilogie ou plutôt saga
Lien : https://auventdesmots.wordpr..
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C'est avec beaucoup d'impatience que j'avais guetté la sortie de ce deuxième volet de la trilogie (Le Pays des autres) de Leïla Slimani ; et je m'aperçois que j'ai oublié de rédiger ma critique alors que je l'ai lu dès sa sortie!

Si le premier volet nous contait la vie de Mathilde et Amine, leur rencontre en France, le contexte post Seconde Guerre mondiale et leur déménagement à Meknès, le deuxième volume s'attarde surtout sur leurs enfants Aïcha et Selim.
La narratrice n'oublie pas pour autant la première génération, nous parlant de leur couple qui s'est dégradé avec le temps et l'ascension sociale d'Amine.
Leïla Slimani passe très vite sur la décennie des années 1950, à mon grand regret dans la mesure où celle-ci a été importante dans une partie de mon histoire familiale et j'aurais été curieuse de voir comment elle se serait saisie de cette période historique ! En revanche, la romancière s'attarde sur une autre année qui a été charnière en métropole : 1968.
Dans un pays devenu indépendant où règne Hasan II, un roi très conservateur, qui établit une identité marocaine par opposition à l'ancien colonisateur et en dirigeant le pays de façon très "traditionnelle", c'est-à-dire d'une main de fer et sans compromis. Mais bien entendu, cela s'oppose aux aspirations de liberté et de renouveau des valeurs venu de l'Europe et qui fait rêver les universitaires.

Une fois de plus j'ai été totalement séduite par la finesse et la justesse des portraits de personnages que dresse Leïla Slimani mais ce qui m'a le plus marquée et que j'ai trouvé brillant c'est la façon dont elle met en scène et raconte la rencontre entre ces deux pôles qui s'attirent et s'opposent : le monde d'avant et les promesse d'une nouvelle ère, l'Orient et l'Occident, les pragmatiques désillusionnés et les rêveurs qui ne prennent pas toujours leurs responsabilités.
Plusieurs mois après cette lecture, je me rappelle encore très vivement des scènes avec les touristes occidentaux venus se défoncer et profiter de tous les plaisirs que le Maroc et ses habitants ont à offrir (y compris ceux de la chair) et les contrastes entre ces riches rêveurs et les pauvres (de bonne foi ou non) face auxquels ils font leurs expériences.
Bien sûr j'ai été ravie de retrouver Mathilde et Amine et de voir l'évolution d'Aïcha et Selim. J'ai hâte de les retrouver et de voir comment les tensions décrites ici vont évoluer. Et je me demande ce qu'il en sera de cette fameuse question de "l'assimilation" et de "l'intégration" et de ce que deviendra cet Occident donneur de leçon dans ce récit.

En plus d'être une superbe saga familiale et historique, le point de vue de Leïla Slimani a de quoi interroger plus d'un lecteur dans ces temps où beaucoup ne savent plus trop comment regarder l'histoire.
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Ou l'on retrouve le couple franco-marocain Mathilde et Amine du ‘pays des autres' au début de l'année 1968. Ils dirigent leur très prospère domaine agricole marocain avec fierté, surtout lui, alors que, Aïcha, leur fille aînée part mener des études de médecine en France,  à Strasbourg, ce qui fait de l'ombre à Selim, le cadet qui ne se trouve à sa place ni dans sa famille ni dans sa peau d'ado métisse.

Mai 68 révolutionne la France alors Aïcha rentre au pays, grimée en Françoise Hardy et souffle sur les braises qui couvaient chez son frère et chez sa tante. Les blessures que l'on voudrait cicatrisées se déchirent dans la douleur, tous deux vivront des destinées chaotiques  ! 

Au hasard d'une soirée organisée par sa copine d'avant, Monette, la 'pas farouche', elle fait la connaissance de Medhi qui lui ouvre les yeux sur la condition de ses compatriotes et de ses contemporains. Elle, la petite fermière inculte va alors intégrer un monde nouveau pour elle, peuplé d'intellectuels voire de contestataires. Une vie nouvelle s'ouvre.

A côté de cette héroïne directement inspirée par la mère de l'autrice (comme le tome 1 rendait hommage à sa grand-mère), nous allons voir évoluer le Maroc et les marocains qui vont s'émanciper des colons français, voir se peuple frustre s'élever et exister après les tentatives d'étouffement orchestré par le roi désireux de garder la population sous sa seule autorité.

La ‘petite' histoire d'Aïcha suivra l'histoire avec un grand H de son pays, en faisant partie intégrante, elle, héroïne parmi les autres, maillon d'un peuple en marche vers un avenir libre.

Avec autant de plaisir que pour le tome 1, les pages se tournent allègrement, nous faisant parcourir les années 70, tournant politique majeur pour le Maroc, évoquant aussi bien les attentats contre le roi, le passage furtif et coloré des hippies à Essaouira ou la réforme agraire en marche tout en égrenant la saga réjouissante d'une famille hors normes.

Beau moment de lecture !!
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