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J'aime les fresques familiales magistrales, les histoires longues, qui se déroulent sur plusieurs générations, ce sentiment de retrouver des personnages devenus familiers entre chaque tome. Mes souvenirs du Pays des autres gardent Mathilde en tête : femme blonde aux larges épaules, qui ne renonce pas à son histoire et sa liberté mais qui peine à se faire une place au Maroc, en tant que française mais surtout en tant que femme.

Vient ensuite Amine, frêle, bourreau de travail, qui ne renonce pas à ses ambitions, celui pour qui le regard des autres a tant d'importance.

Puis, Salma seul électron libre d'une fratrie qui aime la rigueur, le sérieux et les coutumes.

Enfin, Aïcha, la petite sauvage dont les premières années présagent déjà une difficulté à trouver ses racines dans le pays qui l'a vue naître et Selim, le petit dernier, dont j'attendais que les contours se dessinent.

Dès les premières pages, je retrouve les odeurs des tajines de Mathilde, celle des vergers d'Amine, celle des cheveux emmêlés d'Aïcha. Je suis enfin arrivée. C'est aussi l'odeur de l'été qui me happe, celle des terres et des hommes assoiffés, celle de la volonté de tout un pays qui se soulève. Cette liberté offerte à l'indépendance qui brûle parfois les ailes, mais qui ouvre le champ des possibles. Mathilde et Amine sont désormais les observateurs d'un monde qui tente d'évoluer. Selma tente de se libérer de ses chaînes. Aïcha se cherche et se construit.

Ce tome réserve des surprises au niveau de la narration. Tout va très vite, comme une volonté de transcrire ce moment où l'on regarde derrière soi et que l'on comprend que tout nous a échappé. Que les années ont défilé au rythme des pages qu'on a dévorées.

Leïla Slimani brille lorsqu'il s'agit de raconter le laid, le honteux, le tragique. C'est pour moi l'écrivaine naturaliste du siècle et cette fresque sera celle de toute une génération, et plus si affinités.
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Choisir un nouveau livre, en fonction de celui qui vient d'être lu, est un plaisir absolu mais aussi risqué si l'on est resté sur une impression profonde. Concrètement, quel roman élire après un roman aussi brillant que le grand monde ? Pourquoi pas Regardez-nous danser, le deuxième volet de la trilogie marocaine de Leïla Slimani ? Au petit jeu des comparaisons, l'auteure de Chanson douce ne sort pas gagnante mais qui aurait pu l'être face à l'éclat du livre de Pierre Lemaitre ? Après le pays des autres, Leïla Slimani parvient pourtant immédiatement à nous immerger dans une époque (fin de la décennie 60, début de la suivante) et un pays qui, après l'euphorie de l'indépendance, va entrer progressivement dans des années de plomb qui vont marquer le règne de Hassan II, synonymes de répression et de violences. Dans le même temps, une nouvelle génération arrive à maturité, désireuse de s'émanciper et de goûter aux fruits de la vie. Dans Regardez-nous danser, ce sont le fils et la fille de Mathilde et de Amine, les héros du Pays des autres, qui incarnent ce désir de changement qui va laisser place au désenchantement. Dans le même temps, les parents s'embourgeoisent mais leur réussite sociale ne s'accompagne pas pour autant du bonheur espéré. Leïla Slimani raconte la médaille et son revers : aux nantis qui jouissent de leur richesse s'opposent des hordes de pauvres dans les bidonvilles des grandes cités. Saga familiale, le roman prend le temps de s'attarder sur l'évolution de chacun de ses membres, mais aussi de leurs proches et il est vrai que l'on a parfois le sentiment que Leïla Slimani se disperse et survole, davantage dans la description que dans l'action. Mais le livre, fourmillant de détails comme une tapisserie, entre les rêves et la réalité des vies de ses différents personnages, dans un style sobre et classique, réussit cependant à aller à l'essentiel, en captant l'essence de l'étoffe humaine faite de contradictions, d'orgueil et de petites lâchetés, entre autres. Ce sera un plaisir de se laisser embarquer encore, pour l'ultime récit de cette trilogie.
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« Regardez-nous danser » est le second volet de la vaste fresque inauguré par Leila Slimani il y a deux ans déjà avec « le Pays des autres », dont je m'étais délecté, le dévorant avec un plaisir immense. Saga historique et familiale, cette épopée marocaine contée avec autant d'acuité que de flamboyance s'attache aux pas de la famille Belhaj.
Alors que le premier opus s'arrêtai sur la première génération -celle des grands-parents- Mathilde et Amine, « Regardez-nous danser » se concentre sur les enfants du couple, Aïcha et Selim et depuis leur enfance brossée dans « le Pays des Autres » qui s'achève en 1956 dans un Maroc en proie à l'agitation et à la veille de son indépendance, douze ans ont passé. En 1968, le pays est apparemment prospère et il a retrouvé un peu de calme, de sérénité. A moins que…
Parce qu'Amine a travaillé comme un forcené, parce qu'il est un patron intransigeant et à la limite de la dureté, sa petite propriété est devenue grande. Au coeur de ce Maroc post-colonial qui évolue sous la houlette de Hassan II, l'aisance nouvelle des Belhaj leur donne le droit d'appartenir à l'élite du royaume et Mathilde ne croit pas s'y tromper tandis qu'elle rêve de sa piscine et de ses cocktails mondains. L'illusion pourtant se fendille, le rêve finit par se craqueler et éclater en morceaux. Il est des sourires qui cachent mal la condescendance et le mépris… Les anciens colons, français fortunés, cachent bien mal leur arrogance et leur mépris face à ces nouveaux riches, trop marocains pour être fréquentables. Quant aux Belhaj, ils ne sont rien de moins que déchirés, tiraillés par leur ambivalence face à ces français qui les écrasent insidieusement : oui, ils sont fiers de faire partie des leurs à leur manière mais ils ont aussi conscience de certains regards qui en disent longs. Conscience d'être moins. de n'être rien. le salut viendra de leurs enfants et Aïcha partie étudier la médecine en France fait leur fierté tandis que Selim les déçoit. Il faut dire qu'ils ne le comprennent pas, cet enfant lunaire qui ne sent nulle part à sa place, qui voudrait être libre, qui expérimente le désir et l'interdit, les limites surtout.
Il y a la famille, les destinées personnelles, les trajectoires intimes, les passions et les déceptions. Il y a aussi la marche de l'Histoire et de tout un Pays et les premières s'imbriquent et se mêlent à la seconde, tissant un canevas complexe et passionnant que Leila Slimani explore avec beaucoup de finesse et de clairvoyance. Ainsi, sous le calme apparent, le pays frémit, tremble. Il est prêt à exploser. Et comment pourrait-il en être autrement ? Dix ans après l'indépendance, rien n'a vraiment changé… Les privilégiés sont restés les mêmes tandis que la population crève de faim dans les rues, la corruption va bon train, la misère aussi et chaque revendication, chaque manifestation, chaque élan est réprimé dans le sang et la mort… La révolte gronde pourtant pour quelques intellectuels qui ont à coeur de faire avancer la cause et pour les hippies qui poursuivent sous le soleil d'Essaouira un idéal qui ne survivra pas aux années soixante-dix.
Dans ce monde en pleine mutation, les Belhaj devront faire des choix, avancer et tout en réalisant leurs destinées personnelles se faire une place dans ce nouveau Maroc.
Dans une langue à la fois ample, sensuelle et précise quoique un peu classique, Leïla Slimani nous offre un splendide roman doublé d'une vraie réflexion historique et sociale. Certains passages sont magnifiques, certains personnages aussi (Selma !) mais le tout ne sombre pas dans le mélo. Au contraire : à la dimension romanesque de son texte, l'auteure ajoute une bonne dose d'amertume, du mordant et c'est là ce qui fait la réussite de ce roman riche et passionnant dont il me tarde déjà de découvrir la suite.

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Dans la suite du Pays des autres, les personnages ont grandi, vieilli, et c'est un plaisir de les retrouver. le domaine d'Amine et Mathilde est enfin prospère et ce second volume s'attache plutôt à la génération suivante. Aïcha étudie la médecine à Strasbourg et revient au Maroc en 1968, Selim fait connaissance avec le mouvement hippie, sexe, drogue et rock'roll, et Sabah, la nièce dont personne ne veut, est reléguée dans un pensionnat pour jeunes filles. La vie suit son cours, les histoires d'amour s'en mêlent et l'histoire politique du Maroc perce aussi derrière le décor de l'orangeraie familiale pour influencer les destins des jeunes personnages. L'atmosphère de l'époque semble particulièrement bien rendue, les personnages, autant que le pays, sont attachants et les pages se tournent toutes seules. le style fluide et les petite chapitres rendent l'ensemble dynamique et on est surpris que ce soit déjà fini, tant l'envie est grande de continuer à parcourir cette histoire pas si lointaine.
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J'avais déjà moyennement aimé le premier tome de cette saga familiale de Leïla Slimani.
Mêmes causes, mêmes effets ... je ne parviens que trop rarement à rentrer en empathie avec l'histoire, les personnages. le sentiment d'être extérieur à ce qui se passe, alors même que je suis en général bon public, en particulier sur ce type d'ouvrage où grande et petite histoire se rencontrent.
Mais j'ai trop l'impression de lire une succession de tableaux, sans toujours parvenir à faire de liens. Des personnages qui apparaissent, disparaissent, parfois complètement, parfois réapparaissent ... et des évolutions, des rencontres, des personnages qui manquent parfois de crédibilité. Ou du moins, dont on aimerait mieux comprendre pourquoi ... pourquoi ils abandonnent un idéal et se plient à ce qu'ils détestaient quelques pages auparavant, pour ne donner qu'un exemple.
Reste que l'on prend plaisir à suivre l'évolution du Maroc moderne au travers de l'histoire mouvementée même si trop peu creusée à mon sens de cette famille.
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J'aime beaucoup Leïla Slimani et ce qu'elle écrit, j'attendais impatiemment le deuxième tome du pays des autres.
Nous retrouvons avec beaucoup de plaisir Amine et Mathilde Belhaj dans leur belle propriété agricole de Meknès.
Il a énormément travaillé et réussi au-delà de tout ce qu'il pouvait espérer, n'ayant plus de dettes Mathilde lui réclame une piscine depuis quelques années. Elle réussit mais lui pense différemment car ils imitent et vivent comme les riches français.
Malgré leur statut il n'est pas très à l'aise car il sait très bien ce qu'on pense d'eux.
Dans ce livre nous faisons plus ample connaissance avec les enfants et suivons leurs vies d'adultes.
Aïcha poursuit ses études de médecine en Alsace et devient gynécologue, ses parents et surtout son père sont fiers d'elle. La jeunesse s'émancipe tout doucement et ils ont moins de contraintes. Ils font des fêtes , boivent de l'alcool.
Amine est déçu par son fils Selim car il ne veut pas reprendre et continuer tout ce qu'il a créé. Un jour sans prévenir ses parents il s'enfuit et se retrouve à Essaouira avec des hippies , il tombera très bas avant de rêver de l'Amérique...
Sous Hassan II beaucoup de tension, la différence entre les riches et les pauvres est de plus en plus marquée et certains ont peur que tout explose à nouveau dans un bain de sang.
J'ai passé un très bon moment, il se lit vite. Un peu de longueur sur la vie des hippies et vu leurs moeurs je me demande comment les marocains ont accepté cette façon de vivre surtout qu'ils sont très à cheval sur les coutumes et ils ont beaucoup de tabous.
Je vous le conseille et vivement le dernier de la trilogie.
Bonne lecture à tous.
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Regardez-nous danser fait suite au premier tome :  le Pays des Autres que j'avais bien aimé. J'ai  retrouvé Mathilde, l'alsacienne, qui sait se faire apprécier en soignant les paysannes. Amine a réussi son rêve d'exploiter la terre que son père lui a légué.  Propriétaire terrien prospère, il peut prétendre à la bourgeoisie cossue du Rotary. Aïcha, la studieuse écolière fait médecine à Strasbourg tandis que Sélim rate eux fois son baccalauréat. le Maroc est indépendant, une riche bourgeoisie marocaine prend la place des colons ou plutôt cohabite avec les Français qui sont restés.

La jeune génération, après 1968, s'est installée en bord de mer. Une ambiance décontractée, hédoniste, règne dans la bande de copains qu'Aïcha fréquente qui affecte des positions progressistes et rêve de changer le monde.

" Hassan II avait fait cette déclaration : « Il n'y a pas de danger aussi grave pour l'État que celui d'un
prétendu intellectuel. Il aurait mieux valu que vous soyez des illettrés. » le ton était donné."

Omar, le frère d'Amine, est un gradé des services de renseignements, par son intermédiaire l'auteur nous fait sentir le côté obscur du règne de Hassan II. Les débuts des années 70, les attentats manqués et la répression qui a suivi.

Par la suite, les jeunes s'installent. Les idéalistes font carrière et l'amour romantique et incandescent fait place à des relations plus traditionnelles, surtout pour les femmes qui n'ont de place qu'à l'ombre de leur mari. 

Elle pensait que c'était cela aimer. Être loyale. Laisser l'autre inventer sa vie, la reconstruire, ne pas s'opposer à son désir d'être un personnage.

Quant à la fin, je n'ai pas bien compris que l'histoire était terminée, sans doute elle l'était puisque l'auteure remercie ceux qui l'ont aidée...Je suis restée un peu sur ma faim.

Une belle lecture avant de partir. Cependant il faut lire d'abord le Pays de autres avant! 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Ce roman est le 2eme tome de la trilogie ‘le pays des autres'. le lire sans avoir lu le 1er est possible car Leila Slimani a eu la pertinence d'inclure un index où la biographie des personnages principaux permet de connaitre qui est qui, de plonger aisément dans la saga de la famille BELHAJ. Chapeau !

Qu'il est loin le temps ou Amine l'indigène marocain et Mathilde l'Alsacienne, mariés à la fin de la 2eme guerre mondiale, s'installaient dans une ferme pauvre, hostile, dans la région de Meknès. Ils n'avaient rien, subissaient les humiliations et les sarcasmes, mais se serraient les coudes et s'aimaient dans un Maroc conservateur, traditionnaliste, marqué par la montée du nationalisme pour se libérer du joug de la France coloniale.

Années 1960. le Maroc est un pays indépendant où il est permis de rêver à un avenir radieux.
À la télévision, le roi avait déclaré : « L'intégrité morale est le secret de toute réussite. » Et le pays entier avait éclaté de rire.
Les colons d'hier sont remplacés par des nouveaux, l'armée, la bourgeoisie locale, la famille royale et sa cour, sous le régime autoritaire du roi Hassan II. Avec une plume tranchante et courageuse, Leila Slimani peint un tableau peu reluisant mais tellement vrai de la période post-coloniale du Maroc, qu'on pourrait extrapoler à tous les pays nouvellement indépendants des années 1960. Chapeau !

Les BELHAJ font partie de la nouvelle bourgeoisie. Amine bouffi d'argent et d'orgueil, est indifférent à la misère qui l'entoure. Ses infidélités fissurent son mariage.
Mathilde, la quarantaine, se sent vieille, abîmée, inutile. le meilleur de sa vie est passé.
Les parents s'effacent peu à peu au profit de leurs 2 enfants ; ces derniers habitués à l'abondance, à la vie facile, ne connaissent rien à leur pays. Leila Slimane dilue l'histoire des BELHAJ dans celle du Maroc d'une façon MAGISTRALE.
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Qui trop embrasse mal étreint...

Avec une écriture toujours aussi maîtrisée, l'auteure nous conte dans ce deuxième tome (il devrait y en avoir un troisième) la suite de sa saga familiale. Ici, l'histoire n'est plus centrée sur ses grands parents, Amine et Mathilde, mais sur leurs enfants mais aussi sur d'autres personnages familiaux. Et c'est peut-être ce qui m'est apparu moins intéressant dans cet opus. Leila Slimani essaie de mettre en miroir l'évolution du Maroc après l'indépendance (les années de plomb) et les destins de ses parents, oncles, tantes, cousines... du coup, le récit est plus éclaté, fini par s'éparpiller et n'a pas le souffle du précédent volume. On n'arrive plus à savoir ce qui est réel, ce qui est romancé et l'évocation de l'histoire du Maroc reste superficielle.
Le récit des hippies à Essaouira à la fin des années 60 est extraordinaire, un épisode méconnu.
La fin s'effiloche un peu, mais ne me fera pas renoncer à un troisième volume.
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Dans ce deuxième tome nous retrouvons la famille Belhaj. Amine a transformé son domaine en une affaire florissante. Malgré sa réussite il n'arrive pas à être heureux " pour lui, tout bonheur était insupportable puisqu'il l'avait volé aux autres." Mathilde tient toujours son dispensaire. Aicha partie à Strasbourg pour ses études de médecine, revient au Maroc.Elle est gynécologue à l'hôpital. Elle épouse son ami Medhi, chef du cabinet du ministre de l'industrie. Selim , mal dans sa peau, s'enfuie du foyer familial et se réfugie au milieu des Hippies à Essaouira.

Si la famille Belhaj demeure le sujet principal de l'ouvrage, des passages concernent l' évolution du Maroc entre désir de modernité et liberté d'une part et archaïsme, police politique, répression et violence d'autre part. Après les attentats contre Hassan II, l'exécution des coupables est publique et retransmise à la télévision.

Intéressant mais j'ai préféré le premier tome.
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