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sur 77 notes
Une mise en abîme d'une histoire, qui commence banalement par une enquête mené par un journaliste afin de débusquer le passé nazi de dirigeants allemands.Ce journaliste se voit remettre toute la correspondance d'un fonctionnaire du corps diplomatique allemand/nazi au Japon de 1941 à 1945.


Ce jeune allemand Friedrich Kessler,quitte l'Allemagne Nazi pour s'éloigner au loin des combats, Et sa mission commence bien "En ces splendides jours d’été, comment imaginer qu’au-delà de l’horizon si bleu et calme, les flots sont souillés d’huile et de sang, les avions piquent et explosent, les corps noircis de mazout dérivent jusqu’aux plages paradisiaques pour y finir rongés par les crabes ?… ". Il va engager une longue correspondance avec sa soeur restée au Pays. Nous sommes à l'écoute de leur vision (non ou peu censuré) témoin des évènements tragiques. D'une sensibilité de vainqueur, celle-ci déteint progressivement avec les bombardements alliés. Il va se se trouver confronté au Racisme anti blanc, de l'impréparation de la défense civile de la folie des militaires japonais lié au code Bushido. Et va faire peu à peu le parallèle dans la folie des idéologues de tout bord qui veulent une guerre totale, il se voit plongé dans une folie qui le dépasse complètement.

Mais il reste subjugué par la culture du Japon, partagé entre ses lectures des 'Milles et une nuit" , des rencontres, de philosophie et sa collection des estampes d'Hiroshigé.

J'ai été absorbé par cette lecture (j'hésiterais à dire sous le charme vue la gravité des éléments),mais captivé sur ce témoignage, sur la vision de la guerre vue par un fonctionnaire du corps diplomatique. Les correspondances sont un témoignage qui plonge peu à peu dans les horreurs de la guerre d'ou qu'elles viennent. Un roman remarquable
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Ce livre est pour moi l'image même du fait que la vie n'est pas noire ou blanche. C'est d'ailleurs ce que j'ai préféré dans le roman. le personnage principal du roman n'est pas un nazi tel que nous français, nous nous les représentons. Il doute souvent du bien fondé de la politique du parti nazi tout en l'approuvant et surtout tout en restant patriote.

A travers ses lettres, plusieurs thèmes sont évoqués. le premier est bien évidemment la vie au Japon. Même si l'auteur reste dans les clichés (les temples, les geishas…) il est très plaisant de se plonger dans le quotidien des japonais. Friedrich découvre la culture à travers son regard d'européen. Il enchaîne les regards amusés ou les regards affligés. Il découvre également l'art à travers les estampes d'Hiroshige.
Le second thème est le quotidien d'un allemand en pays étranger. On découvre la vie dans une ambassade : les querelles pour le pouvoir, les amitiés et surtout la vie entre expatriés. Même à l'autre bout du monde, Friedrich et ses compatriotes se sentent supérieurs au monde entier et particulièrement aux japonais. Il rencontre de « vrais » nazis qui tiennent des propos insupportables.
Le troisième thème est la guerre. Évidemment, les japonais sont engagés avec l'axe. Il est très intéressant de voir comment la population réagit à la guerre. Les japonais (comme les allemands) sont complétement embrigadés et n'imaginent pas un instant perdre. C'est la situation géographique qui leur fait croire qu'il n'y aura pas d'attaque sur leur sol. Ainsi, on apprend par exemple, qu'il n'y a quasiment aucun abris souterrain et qu'il est recommandé de se cacher dans les placards en cas d'attaque aérienne ! Les scènes d'attaque sont décrites dans les moindres détails et il est parfois difficile de continuer sa lecture.
Lien : https://lesbaladesdelimpossi..
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De Romain Slocombe, je ne connaissais que le nom et je ne m'étais donc jamais aventurée à lire une de ses oeuvres.
Aussi, après la lecture de " Un été au Kansai", je ne peux dire qu'une chose : Merci à Babelio et aux Editions Arthaud pour cette très belle découverte.
Un jeune homme, Friedrich Kessler faisant parti des officiels de l'ambassade du troisième Reich au Japon pendant la deuxième guerre mondiale va échanger des lettres avec sa soeur restée en Allemagne nazie.
On va découvrir grâce à ses lettres le peuple nippon pendant cette période jusqu'à l'abominable fin que chacun connait.
L'intensité de mon intérêt pour cette lecture est allée crescendo et pourtant la manière dont cela allait se terminer était inéluctable.
Les atrocités de la guerre, surtout au niveau de la population civile sont évoquées et racontées de manière imagée et sans aucune concession.
Un récit bouleversant, sur un sujet qui a pourtant déjà été traité de nombreuses fois.
A lire, pour ne pas oublier...........

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A travers la correspondance d'un jeune diplomate du troisième Reich en poste à Tokyo durant la guerre, Romain Slocombe évoque, avec beaucoup de nuances, le point de vue des vaincus. Friedrich n'est pas vraiment un nazi, c'est un type normal qui a pris sa carte du parti en 1939 pour accéder à la carrière diplomatique. Il n'aime pas trop les juifs, il est d'une loyauté absolue envers sa patrie et trouve qu'Hitler est un leader talentueux. Dans le même temps, il hait la Gestapo, se méfie des sbires du parti, condamne les persécutions raciales et trouve les jeunes résistants de la Rose Blanche fascinants. Ambivalent donc, insouciant malgré la guerre, il aborde son poste japonais avec curiosité et intérêt pour la culture nippone.
La première partie du roman est presque légère, on suit Friedrich découvrant la philosophie zen, s'extasiant devant les estampes d'Hiroshige, admirant les cerisiers en fleurs ou le Mont Fuji dans toute sa majesté. Slocombe décrit un jeune homme autocentré qui semble complètement indifférent au drame qui se joue autour de lui. Le bruit de la guerre lui parvient comme étouffé par les dépêches diplomatiques feutrées.
Mais de plus en plus, les sirènes retentissent et ce qui paraissait presqu'irréel s'impose avec brutalité. Ce seront les bombardements de Tokyo, décrits avec une effrayante minutie par Slocombe, les corps déchiquetés, les familles décimées, les quartiers rasés puis, comme en écho, ceux des villes allemandes. L'auteur se garde de juger, il raconte les faits dans leur violence inouïe.
Cet Été au Kansai laisse un goût étrange. C'est un mélange de délicatesse toute japonaise et de fureur. C'est l'histoire d'un homme qui ressemble à tout le monde, ni courageux, ni pleutre, ni un salaud, ni un héros et qui, au seuil de sa vie d'adulte, cherche simplement à être heureux. En donnant cette humanité aux ennemis, Slocombe brise un tabou. Il y a encore vingt ans, il était quasi impossible d'aborder la question du bombardement des villes ennemies en 1944 et 45 de manière sereine. Émettre un doute quant à la pertinence d'opérations qui avaient coûté la vie à des centaines de milliers de civils, femmes, enfants et vieillards compris, apparaissait comme au mieux une marque d’imbécillité, au pire une complicité avec les crimes nazis.
L'écriture est très fluide et sert admirablement le propos, les chapitres sont courts, ce sont des lettres, et sans digressions inutiles. très vite, on cerne la personnalité du personnage principal, on entre dans ses logiques et une intimité étrange se crée.
La question ne manquera pas d'être posée; fallait-il humaniser l'ennemi au point qu'il inspire la pitié? La notion même de culpabilité collective a perdu de sa pertinence 70 ans après le conflit. Le temps est peut être venu d'aborder le conflit sans tabou, avec un regard résolument humaniste.
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Merci beaucoup aux éditions Arthaud et à Babelio pour m'avoir offert ce livre !

Il s'agit d'un roman principalement epistolaire, raconté comme s'il rapportait des lettres d'époque. C'est bien fait et du coup on est vraiment dans l'ambiance.

J'ai trouvé le sujet particulièrement intérressant : les lettres sont écrites par un allemand qui travaille à l'ambassade d'Allemagne au Japon pendant la seconde guerre mondiale, et le livre s'intéresse beaucoup à une sorte de "nazisme modéré" : le personnage n'est pas très politisé, "normalement" antisémite et raciste (pour les circonstances), pour la grandeur et la fiereté de l'Allemagne mais qui trouve Hitler parfois excessif,... En bref, un homme de son temps, ni courageux ni plein de convictions. Le tableau est bien dépeint et me semble assez réaliste. On est en pleine zone grise, ni méchant ni gentil, du moins pour l'époque. C'est une période rarement traitée avec ce poit de vue, sur lequel il y a pourtant fort à dire.

Vu d'aujourd'hui bien sûr les idées du personnage ne sont pas défendable : il lui semble parfaitement normal de considérer les allemands et nordique comme une race supérieur, il fait preuve d'un patriotisme associé à de la grandeur aujourd'hui terriblement surannée et condamnable. Tout est dans la nuance et le laisser-faire : lui en particulier ne fait rien pour tuer les juifs ou entretenir la guerre mais son état d'esprit, centré sur lui-même, partagé par tant de personnes, permet à des atrocité d'exister. Quelques scènes autour de ces idées obsolètes sont très bien trouvées, comme le fait qu'il reproche aux japonais leur racisme anti-blanc sans y voir de contradiction avec sa propre attitude.

Les lettres ne parlent pas que de nazisme, loin de là. Il y a des tranches de vie des ambassadeur à Tokyo, des soupçons liés à la guerre, des excursions dans les montagnes, de l'inquiétude, des relations, et de terribles scènes de villes bombardées. Tout est très bien écrits, très poétique est agréable à lire. Le personnage à une vraie sensibilité ésthétique sur la vie et ce qu'il voit, et le style est bon. A noter que l'on passe dans un style plus terre à terre un peu journalistique pour les rares passages racontés par d'autres personnages.

J'ai donc trouvé ce roman fascinant et beau, tout en étant terrible. J'ai appris pas mal de chose sur la façon de vivre au Japon pendant la seconde guerre mondiale, et sur l'état d'esprit qui pouvait animer certaines personnes. Les scènes de destructions sont mémorables. Et, étonnamet pour son sujet et son format, il est très difficile de lacher le livre et on veut connaître la suite, même en sachant dès le début comment celà doit probablement finir. Une très belle lecture.
Lien : http://lemoulinacritiques.bl..
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Merci au édition Arthaud et Babelio pour ce roman Un été au kansaï de Romain Slocombe à l 'occasion de Masse critique.
Mes premiers sont sentiments sont multiples, je ne sais par où commencer car un tel roman vous laisse dans des émotions en émulsions, un mélange étrange vous gangrène l'intérieur, une mélancolie légère frisonne votre état d'âme...
Après avoir lu Monsieur le commandant Romain Slocombe livre avec passion ce passionnant ouvrage d'une vérité romancé de la chute d'un pays la japon en filigrane la guerre 39-45 entre l’Allemagne, la Russie, les États-Unis, le Japon, la France ....
C 'est un échange épistolaire entre le jeune érudit Friedrich Kessler, en mission diplomatique à Tokyo à l'ambassade Allemande , de l’hiver 1942 à l’été 1945 avec sa sœur Liese resté à Berlin .
Cette correspondance du jeune allemand oscille entre la beauté de la nature Japonaise comme la floraison des camélias, les cryptomerias bordant les avenues, les cerisiers en floraisons puis avec ses lieux magiques comme l'île d'Enoshima pour déguster des huitres frites avec sa grotte du Dragon, le lac Matsubara,Atami une station thermale réputée surnommée " la Riviera du Japon " , le volcan Asama, la route du Kisokai-dô ou celle du Tokai-dô menant à la ville antique de Kyoto, l'île de Kyûshû,le lac Chûzenji....jalonnent les instants chaleureux de notre jeune diplomate à la découverte de ce Japon au tradition forte, enclin à un raciste anti-blanc mais à une courtoisie naturelle. Comme un carnet de voyage notre diplomate se passionne aussi pour les arts,au théâtre Bunraku-za assiste à un spectacle de marionnettes, collectionne les estampes de Hiroshige puis se remémore des extraits de "Rien que la terre" de Paul Morand puis du romand de Erich Maria Remarque "A l'ouest rien de nouveau, parle de romancier Japonnais comme Jun'ichirô Tanizaki.....Cet homme se trouble des mauvaises nouvelles de l' Allemagne par sa sœur, se lamente de sa chance d'être loin de ces compatriotes tués sur le front, vit sa vie d'homme d'une romance irréelle avec une infirmière allemande....
Puis dans les dernières lettres, la vie au Japon change. au fil de la guerre qui se perd, des bombardements atroces, décris avec une réelle force, une vision d'enfer de la folie humaine, des scènes atroces, des descriptions froides d'une apocalypse de corps en sang..... Puis le récit de la bombe sur Hiroshima reste un passage puissant d 'un lyrisme impitoyable,d'une froideur acide coulant dans nos veines, un cauchemar ou surgissent des ténèbres ces âmes humaines souffrant de la radiation barbare,le feu danse sa chaleur mortelle d'un tableau ou Pompéi se souvient des ses statues humaines zombies de laves fumantes ....
Je suis assez prolixe avec ce beau roman historique ou le style, les recherches,la poésie pour ce pays nippon, la mélancolie de ce jeune allemand perdu dans la folie d'une guerre dans une société brut à l'héritage lourd font de ce texte d'une richesse infini ou l'on puise son bonheur selon ces humeurs ....
Merci pour Un été au Kansaï de Romain Slocombe au titre songeur, reste ce sourire du 6 aout 1945 à Hiroshima .....
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Un journaliste allemand souhaite écrire un article sur le passé nazi de certains de ses compatriotes. Au cours de ses recherches il est amené à rencontrer une ancienne journaliste de 86 ans, et à l'interroger sur le passé nazi de son frère Friedrich Kessler.
Afin de lui démontrer qui était son frère, elle lui confie un paquet de lettres reçues de son frère, une petite partie de cette correspondance entre elle et lui…le reste à disparu dans la bateaux ou sous-marins coulés entre l'Allemagne et le Japon, ou dans les bombardements
Et après "Monsieur le Commandant" et "Avis à mon exécuteur" Romain Slocombe nous livre un nouveau roman épistolaire, ou prenant pour base de départ une lettre de son personnage principal..
Il faut reconnaitre qu'il sait captiver le lecteur avec cette forme de roman.
Friedrich était un jeune diplomate de 25 ans attaché à l'ambassade allemande de Tokyo dans laquelle il travaillait au service de propagande. Qu'y faisait-il exactement?, On ne le saura pas, mais on saura qu'il assistait à des réceptions et qu'il voyageait beaucoup…
Oh ce n'était pas un nazi violent, ni non plus un résistant au régime, il n'a commis aucun crime, il avait sa carte du parti, mais tous les diplomates l'avaient, et les lettres qu'il transmettait à sa soeur nous présentent un jeune homme certes embrigadé, mais un peu benêt qui croyait dans le nazisme, admirait Hitler mais l'appelait quand même "le fureur", dans le privé, selon sa soeur. Ses lettres nous font découvrir qui cherchait surtout à "se planquer", à se faire bien voir de ses supérieurs, afin de ne pas rejoindre les jeunes de son âge sur le front russe. Et comme son emploi lui laissait pas mal de temps libre, semble t-il, il cherchait l'amour et assouvissait sa passion de l'art en voyageant dans le Japon en guerre pour augmenter, dès qu'il le pouvait, sa collection de gravures d'Hiroshige
Un roman qui permet à Romain Slocombe amoureux du Japon - ce n'est pas la première fois qu'il prend le Japon comme thème de son oeuvre - de nous décrire un Japon en guerre. Une occasion pour le lecteur de découvrir les relations d'alliés dans la guerre, du Japon et de l'Allemagne nazie, le fanatisme de ces deux régimes, un Führer et un empereur intouchables l'un comme l'autre, les thèmes de pensée, de culture communs, " entre le bouddhisme zen, l'esprit guerrier du Bushi-dô et les sources païennes du national socialisme allemand", selon Friedrich.
Les lettres reçues par la vieille journaliste en réponse aux siennes disparues, nous présentent le Japon voyant dans chaque homme de race blanche un espion potentiel à la solde des américains, un Japon qui a par ailleurs expulsé nombre de diplomates étrangers, un Japon dont la population souffre, sans être protégée, comme l'Allemagne nazie de bombardements meurtriers, de restrictions alimentaires, et du fanatisme de ses dirigeants.
Un livre qui monte progressivement en puissance, des pages terribles, celles de la souffrance au quotidien des japonais et aussi des allemands devant faire face aux restrictions de toute nature qu'ils doivent affronter, celles des bombardements, celle du bombardement final de l'été 1945…des thèmes que je n'avais pas lus dans d'autres romans.
Un livre intéressant, non pas du fait du personnage principal, falot, auquel je n'ai pas pu m'attacher, mais surtout du fait du travail important de recherche et de documentation effectué par l'auteur, de la mise en parallèle de deux pays en guerre, l'Allemagne nazie et le Japon, de leurs idéologies et fanatisme. Romain Slocombe a déniché des petites anecdotes rendant son livre également instructif
Un livre sans point final…..
Merci à Arthaud et à Babelio de m'avoir permis de découvrir, non pas l'auteur, je l'appréciais déjà, mais un livre, une trouvaille à partager!

Lien : https://mesbelleslectures.wo..
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Friedrich Kessler débarque à Tokyo en 1941. Affecté à l'ambassade d'Allemagne, il raconte, dans ses nombreuses lettres envoyées à sa soeur restée au pays, la vie quotidienne et dramatique de cet allié plongé dans une guerre fort différente de celle qui se déroule sur le continent européen. A la découverte de la sophistication du mode de vie japonaise s'oppose l'écho du fracas des bombes lancées sur les grandes villes allemandes. Un temps protégé de la réalité du conflit, Friedrich parcourt le pays, collectionne des estampes et s'adonne à quelques aventures amoureuses. Progressivement, l'atmosphère s'assombrit, l'espionnite aigue se répand comme une traînée de poudre, la propagande impériale tourne au mensonge industrialisé alors qu'être un « bon allemand » signifie clairement devenir nazi. Vivre dans un Tokyo bombardé s'apparente alors plus à une survie de chaque seconde.
De ce roman à demi épistolaire (nous n'avons accès qu'à un seul des correspondants) se joue tout le basculement de deux pays extrêmement civilisés et cultivés dans la barbarie. Leurs chutes réciproques se répondent dans un jeu de miroir tragique.
Reportage sur le vif, ces lettres constituent un témoignage de premier choix : par son contenu en premier lieu, par son style littéraire de qualité ensuite, puis par cette vision assez rare des perdants de la Seconde guerre mondiale. Sans la dévoiler totalement, la fin est particulièrement poignante
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Un été au Kansai, c'est l'histoire d'un jeune allemand, Friedrich Kessler, qui fuit la guerre en allant au bout du monde, en mission diplomatique à Tokyo, de l'hiver 1942 à l'été 1945. Une correspondance s'installe alors entre Friedrich et sa soeur qui est restée à Berlin. Mais la guerre va le rattraper. Cette correspondance (à sens unique, puisque ce sont seules les lettres de Friedrich que nous lisons) se fait l'écho de la façon dont la guerre est vécue au Japon, loin de l'Allemagne et des bombardements, tout du moins au début quand ce pays semble encore épargné par l'horreur.
Ce qui est intéressant dans ce roman c'est la collision de destins individuels, japonais et allemands, et de la Grande histoire qui les rattrape, à distance. Il est finalement impossible, même pour Friedrich, de vivre une vie normale car il est malgré tout, malgré lui, pris dans quelque chose qui le dépasse.
Le style est sobre et réaliste, et c'est sans doute ce qui fait la puissance de ce récit épistolaire. Les pages consacrées aux bombardements de Tokyo puis les dernières consacrées à Hiroshima sont criantes de vérité, brutes, et poignantes.
Une belle découverte.

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Romain Slocombe a choisi de raconter la vie quotidienne des civils au Japon durant la seconde guerre mondiale par l'entremise d'une série de lettres entre le diplomate Friedrich Kessler, en poste à l'ambassade d'Allemagne au Japon, et sa soeur restée à Berlin. Kessler, jeune homme cultivé, amateur de jazz, adhérent depuis peu au parti nazi, comme tous les membres du corps diplomatique allemand de l'époque, suit la politique du troisième Reich sans zèle particulier, mais en acceptant ses thèses raciales et la guerre de conquête qui étend l'Allemagne vers l'Est.

Relativement protégé au début de la guerre par l'absence de combats sur le sol nippon, il découvre, par les courriers de sa soeur, les restrictions qu'entraîne la guerre en Europe et les premiers bombardements sur Berlin, qui s'avèrent n'anticiper que de peu le premier bombardement de Tokyo, mené comme un raid quasi suicidaire par une escadrille de bombardiers américains en avril 1942. La population japonaise heurtée par ces destructions et portée par la propagande militaire voit alors des espions partout. D'autant que les Japonais découvrent que le correspondant de presse allemand Richard Sorge transmettait depuis des années des informations à Moscou. Pour les Allemands, le Japon n'est plus un havre de paix. La nippophilie de Kessler, qui s'est offert une collection d'estampes de Hiroshige, n'y change rien. Alors que les autres européens, britanniques et américains sont arrêtés et détenus dans des camps de prisonniers, les relations entre les allemands et la population se crispent.

Les nouvelles venant d'Europe inquiètent Friedrich qui perçoit dans les informations que lui communique sa soeur que la situation n'est pas aussi brillante que la propagande de Goebbels voudrait le faire croire. Les nouvelles de la guerre en Russie parviennent malgré tout à Tokyo. Dans une ambiance de plus en plus délétère au sein de l'ambassade entre nazis convaincus et personnel civil, Kessler tombe amoureux de l'infirmière de l'ambassade, avec laquelle il découvre le pays. Mais ces précieux instants ne durent pas, elle doit repartir en Allemagne. En 1945, Kessler va assister à la fin de l'ambassade du Reich en même temps que le Japon est frappé extrêmement durement par les bombardements américains.

Les scènes du brasier que constitue Tokyo lors des bombardements de mars 1945 sont apocalyptiques. Les bombes incendiaires brûlent tout dans une ville presque entièrement en bois, où les abris souterrains sont rares. Les flammes embrassent les vêtements de coton qui, plutôt que de protéger les habitants de Tokyo, transmettent le feu aux corps. Kessler erre dans ce brasier où la population se retourne contre lui, lui blanc forcément lié à ce désastre venu du ciel.

Le livre s'achève avec la lueur de la bombe A d'Hiroshima, dans une description de cendres moites.

La grande force de ce roman épistolaire est de décrire la guerre de l'arrière du front, au côté des civils. Guerre à laquelle ils souscrivent tant qu'elle est victorieuse tant pour les Allemands que pour les Japonais, mais qui devient vite insupportable et surtout d'une cruauté sans limite quand les bombes détruisent sans cible bien précise.

Slocombe parvient très efficacement à retranscrire l'horreur des pertes humaines. En parallèle, il décrit minutieusement une société de diplomates repliée sur soi, à part de la guerre, qui tente des rapprochements culturels dans un monde militarisé.

Solidement documenté, ce livre est d'un réalisme effrayant. On peut dès lors reprocher à l'auteur l'artifice de l'introduction qui consiste à présenter les lettres comme de réels documents historiques. L'écriture de Slocombe se suffit à elle-même, il n'avait pas besoin de renforcer le réalisme par cette présentation initiale trompeuse.
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