Les Mirages du temps

J'ai lu un livre …
Les mirages du temps de Caroline Soledad pour le thème du mois d'avril du challenge #1IndéParMois
Ce qui m'a vraiment marqué, c'est la richesse de l'univers. L'autrice a donné vie à un monde complet où la magie fait partie de la vie de tous les jours, où tous les êtres vivent en symbiose avec la nature. C'est un univers avec ses langues, sa philosophie et ses lois originales.
Ce roman est écrit dans une prose poétique, qui rend parfois la lecture de certains passages difficiles, tant les circonvolutions de la langue sont épaisses, mais cela donne vraiment une tonalité unique au roman et fait vivre l'univers. Tout est magique : les prénoms des personnages, les noms des lieux, le village d'Epholiom, les éléments constitutifs des êtres vivants …
L'intrigue est complexe. le passé, le présent et le futur s'y mêlent en une spirale qu'il faut parfois s'accrocher pour suivre. Les enjeux sont à la fois personnels et cosmiques. de plus, tout n'est pas noir ou blanc, on vogue dans le gris.
L'humour et la tristesse se côtoient à quelques pages d'écart, mais la tonalité globale est plutôt solennelle et grave. Pourtant, au détour d'un chemin, au milieu d'un bosquet, on peut croiser l'elfe fêlée, qui marche la tête à l'envers et prononce des phrases incompréhensibles, qui expriment une vérité fascinante.
Je me suis attachée aux personnages, qui ont une vraie profondeur et une vraie voix. Ils sont vraiment affectés par l'intrigue. Chacun d'eux peuvent être à la fois agaçant et émouvant, même l'antagoniste. On a envie de les secouer, de les remercier, de leur crier dessus, de les rassurer, de rire avec eux … Mention spéciale pour Orogûn, que je n'ai pas encore réussi à cerner, et Aets'en, la meilleure élémentomage de l'univers. Sans oublier Ilemne' (pauvre chou !) et les Arbres.
J'avoue que j'ai eu du mal à bien appréhender la fin, surtout après avoir lu l'épilogue. Mais elle reste malgré tout une belle fin. Comme je l'ai déjà dit, les pistes de lecture de cette oeuvre sont multiples, comme les fils du temps.
Une très belle découverte que je suis contente d'avoir lue.

J'avais grande hâte de lire ce livre – que dis-je : ce pavé ! – que Caroline nous promet depuis plusieurs mois, maintenant. Une couverture douce, aux couleurs réconfortantes et à la pointe de magie perceptible ; des thèmes parlants, qui me rendaient curieuse…

Autant dire que je ne m'attendais pas tout à fait à ça malgré tout. Je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais, en fait, mais qu'importe.

Le plus frappant, à mes yeux, est l'étendue et l'exigence de l'univers installé par ici, sa richesse incroyable et ses détails à s'en faire tourner la tête. le microcosme de la forêt d'Epholiom est travaillé, pensé jusqu'au bout, parsemé de tellement de créatures bien définies et qu'on aimerait bien aller rencontrer au détour d'un chemin de nos bois à nous.

C'est foisonnant d'idées, et c'est également très dense. Je dois reconnaître que ma fatigue présente était parfois un obstacle pour saisir toutes les subtilités de ce monde (et c'est pour cette raison qu'une deuxième lecture viendra sans doute un jour) tant il y a d'éléments de partout et de petites choses que l'on veut retenir dissimulées dans chaque recoin.

Ne serait-ce que l'écriture en elle-même, fluide et teintée de poésie, mais surtout à la plume bien choisie et aux phrases et répliques si bien tournées. Certaines provoquent le sourire, d'autres tordent le coeur ou scintillent de lyrisme ; bref, de quoi se régaler.

Mais ce que j'ai préféré par-dessus tout, ce sont les liens si fort entre les êtres de cette forêt, qu'ils vibrent à travers les pages. L'amour sous bien des formes, au-delà des notions de romance, d'amitié, de filiation ; je trouve que Caroline a su installer une dimension encore plus profonde, qui se passe de définitions.

Les personnages sont travaillés, attachants, très caractériels et bien assis ; le tout dans ce monde où toute la question de l'identité est si bien mise en avant, tout en subtilité. Certaines situations sont juste dingues d'ingéniosité et si bien ficelées. Toute l'intrigue, d'ailleurs, l'est également, dans cette vaste et complexe question du Temps.

On pourrait sans doute en parler des heures (vu le volume du roman, il y aurait de quoi) mais la seule chose à faire, c'est encore de le découvrir par soi-même. Un moment hors du temps – ce qui est bien le cas de le dire – pour plonger dans cette histoire atypique imprégnée de douceur, malgré les affres que subissent les protagonistes. Finalement, il n'en ressort que toute la magie.