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Corinne Sombrun a rencontré Enkhetuya chamane de ce peuple Tsataan du nord de la Mongolie qui vit de génération en génération dans ce pays hostile en élevant des rennes.

Mais le collectivisme de l'URSS qui a obligé ce peuple à se sédentariser, a réussi à faire diminuer le nombre de rennes de manière dramatique et à obliger les Tsataans à émigrer vers les villes ou à survivre à peine en gardant leurs coutumes.

Enkhetuya raconte son enfance , vivant de manière traditionnelle avec ses parents, ses frères et soeurs dans l'urtz habitat de la famille, la découverte de son don, l'enseignement qu'elle a reçu en secret et qui fera d'elle un chaman puissant.

Survivre avec seulement une petite vingtaine de rennes devient impossible et Enkhetuya trouvera sa solution en accueillant le modernisme à sa façon.

Un livre qui apprend beaucoup sur ce mode de vie exceptionnel que notre mondialisation fait disparaître.

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Entre 2001 et 2009, Corine Sombrun s'est rendue en Mongolie pendant plusieurs mois par an, pour recevoir d'Enkhetuya, chamane du peuple Tsataan, son initiation chamanique. Celle-ci a été relatée dans Mon Initiation chez les chamanes. Cet ouvrage-ci, par contre, consiste en la biographie d'Enkhetuya relatée par elle-même, depuis sa naissance en 1957, jusqu'à un voyage à Paris que l'auteure lui organise. En ce demi-siècle, à travers une trentaine d'épisodes biographiques emblématiques qui sont interprétés par leur protagoniste comme autant d'épiphanies des Esprits guidant sa vie, on apprend aussi les avatars du chamanisme en Mongolie, des persécutions communistes à sa dévitalisation néocapitaliste.
En effet, lorsqu'à l'âge de six ans Enkhetuya reçoit le premier signe de sa « vocation » chamanique sous forme d'une mélodie de prières qu'elle chante à tue-tête involontairement sans les avoir jamais entendues, la mémoire familiale est encore fraîche de l'assassinat d'un grand-père et d'un grand-oncle par le régime pour leur état de chamane, lors des purges des années 30 ; l'ambition de la fillette est de devenir un jour institutrice, d'aller s'instruire dans cette école qui est la première institution d'éradication des « croyances arriérées » et de promotion de la « modernité socialiste » : les différents signes de l'héritage de « l'étincelle chamanique », notamment son don de prémonition, apparaissent à toute la famille comme une véritable malédiction. L'abandon de la vie ancestrale d'élevage des rennes, pour l'internat dans l'école de village où son appartenance ethnique est stigmatisée, constitue une première expérience douloureuse, à laquelle fait suite l'apparition de symptômes très graves d'une pathologie dont elle ne guérira que par son initiation chamanique, qui se déroulera dans la clandestinité.
Les premières étapes de sa vie de jeune femme, son veuvage très précoce à l'âge de vingt ans, et surtout de chamane, sont toujours caractérisées par la peur de la délation des voisins, l'angoisse de ne pas satisfaire les objectifs de production du plan quant à l'importance du troupeau de rennes « confiés aux éleveurs », l'inquiétude d'encourir le courroux des Esprits par la négligence des rituels.
Et soudain, au début des années 90, c'est la fin du communisme, le pacte maléfique d'un lointain parent fonctionnaire qui propose à sa famille de se déplacer dans une région où le gouvernement souhaite promouvoir le tourisme étranger. Un tourisme qui, en une décennie à peine, se transforme de celui de quelques rares hurluberlus épris d'aventure qui ne demandent qu'à photographier des rennes en tourisme chamanique de masse, où l'on demande toujours plus, y compris des fausses cérémonies, l'achat de tambours et de robes chamaniques consacrés, et l'initiation du premier Occidental venu. Et, tout aussi rapidement, les Mongoles perdent leur innocence, leurs croyances, leurs pratiques, le respect des Esprits : Enkhetuya la première, parmi des chamanes qui, d'environ 30 ont atteint le nombre de 30.000 en dix ans, qui ont très vite appris la cupidité du capitalisme, qui ont su anticiper les désirs des étrangers porteurs de devises en leur construisant des villages touristiques, des centres de recherche sur le chamanisme... Dans les tipis, les téléphones portables ont été suspendus près de la viande séchée et des rubans sacrés, les panneaux photovoltaïques ont remplacé les seaux pour traire les rennes, on s'est mis à rêver d'émigration en Amérique et de jeeps rutilantes. Mais Enkhetuya, l'avisée femme d'affaires de succès, a aussi enduré un mari qui, devenu alcoolique car frustré par la déchéance de ses fonctions, lui a porté des coups, elle a élevé des enfants veules, incapables, déprimés, orphelins de leur culture, de leurs valeurs et refusant l'héritage chamanique. Dans son incompréhension d'avoir été abandonnée par les Esprits, il y a eu une étonnante résignation à opiner que : « Le progrès, c'est comme la pluie, on ne peut l'empêcher de tomber » (p. 320).
Si 70 ans de communisme, avec son lot de persécutions et d'exécutions, avec sa destruction des terres et des coutumes au nom de la modernité, ont paradoxalement permis la conservation souterraine du chamanisme, le libéralisme mondialisé, en 10 ans, a donné l'impression d'une renaissance, d'un épanouissement sans précédent de celui-ci, mais il l'a folklorisé, tout en détruisant en profondeur les gens et leur environnement naturel et culturel.
Dans ce récit, la rencontre avec Corine a aussi sa place dans le dernier tiers du livre, contact précoce avec une femme, étrangère dans son approche à l'apprentissage du chamanisme, et pourtant devenue familière et amie, la dernière de la famille à porter le deel, la robe traditionnelle, alliée familière donc, grâce à sa présence prolongée et justement à cette transmission rituelle : Corine qui, de Croïcroï au prénom imprononçable sera à la fin Tchitchic Ochkonoc, « Petit trou du cul » ! Une observatrice aussi perspicace que discrète et capable de s'abstenir de jugements : une anthropologue idéale qui suit son propre chemin de réflexion avec une lucidité admirable servie par une plume qui a perdu ses aspérités mais non son argutie splendide.
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Après un passage aux États-Unis pour y faire la rencontre d'un descendant de Géronimo, Corine Sombrun revient avec un ouvrage sur le chamanisme mongol, centré sur la vie de celle qui l'a initiée à cette spiritualité, Enkhetuya, chamane du peuple Tsataan. A travers une trentaine de chapitres, cette dernière revient sur des épisodes de sa vie, de sa naissance dans un pays interdisant le chamanisme jusqu'au « tourisme spirituel » d'aujourd'hui.


Bien que régulièrement perdu dans un afflux de vocabulaire et de coutumes dont je ne suis pas familier, cette lecture fut enrichissante à la fois sur le peuple Tsataan, sur la Mongolie en général mais surtout ses croyances et traditions.
La vie d' Enkhetuya, qui a traversé de nombreuses crises, est à la fois passionnante et enrichissante tout comme l'est l'apport du témoignage de Corine Sombrun sur son intronisation (dans le dernier tiers de l'ouvrage).


Une belle escapade à la fois géographique et folklorique.
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Il s'agit du second ouvrage que je lis de cette auteure française. C'est un récit. Elle retrace la vie d'Enkhetuya de son enfance dans une Mongolie socialiste jusqu'à son ouverture à la modernité et la mondialisation. Dans les années 60 et 70, les anciennes traditions, le chamanisme sont persécutés. La narration permet de rendre compte de la discrimination dont sont victimes les nomades de Mongolie. Ils sont soumis à la sédentarité et au quotas de rennes. Enkhetuya est une femme chamane de l'ethnie des Tsaatans. Elle vit avec ses parents et sa fratrie dans une urtz en peau de renne. Elle quitte sa famille pour aller à l'école de la toute nouvelle République de Mongolie. Heureuse, elle déchante rapidement, témoin de la violence avec laquelle les traditions animistes sont combattues. Dans les années 70, La jeune femme est initiée secrètement au chamanisme. Cette transmission se poursuit aujourd'hui. Dans les années 80, la Mongolie s'est ouverte au monde et au tourisme. Ce tourisme n'a pas épargné la nature encore préservée. La steppe recouvre une grande partie du pays qui fait environ 3 fois la France.
J'ai découvert des termes spécifiques liés au chamanisme. L'ongod est un esprit que l'on appelle avec des chants accompagnés d'offrande et du son du tambour. « Partir au sel », c'est être passé de l'autre côté, être mort. Entre autre.
La lecture de ce récit dévoile aussi le déséquilibre entre un mode de vie ancestral et le mode de vie contemporain où la consommation à outrance et un tourisme non régulé exercent une pression sur la nature et la population. C'est une vraie prise de conscience.
Enkhetuya est le mentor de Corine Sombrun qui a été révélée Chaman lors d'un premier voyage en Mongolie.
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Nous entrons dans une famille ou la mère est chamane, la fille a également la racine chamanique et doit faire son apprentissage, durant la période soviétique ou le chamanisme est interdit. On suit l'histoire de cette famille, et de la Mongolie jusqu'au début du 21ème siècle; il y aura une transformation profonde des moeurs avec le changement politique et l'arrivée des touristes dans cette région, on part d'un mode de vie basée sur la transhumance à une utilisation maximum de la manne touristique. On commence le voyage avec des rennes, et on le termine avec des 4x4, avec des tambours pour le finir avec un radio cassette ou l'on écoute BAD.
Il y a aussi un intérêt réel et des observations scientifiques nouvelles pour étudier les modifications d'une pratique de la transe sur le cerveau.
La trame de cette histoire est tenue par une journaliste française qui a est entrée en transe en entendant le son d'un tambour et qui se formera à la pratique chamanique, avec son regard différent et ses propres questions.
Intéressant.
Merci pour cette approche.
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Ce livre retrace l'histoire d'une famille de Mongolie dont la fille a hérité des capacités de chamane de sa mère. le lecteur suit les étapes de l'initiation et son évolution.
La lecture plonge le lecteur dans la vie des Mongols des steppes, leur vie difficile qui alterne entre les grands froids et le nomadisme.
L'évolution de la culture mongole et l'ouverture du pays au tourisme a petit à petit transformé la culture, les traditions qui avaient pour autant si bien été cachées et maintenues pendant la période communiste.
Un livre poignant et passionnant.
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Avant que ce peuple ne disparaisse à jamais, Corine Sombrun évoque la vie d'Enkhetuya, une chamane Tsaatan du nord de la Mongolie, qui lui a enseigné le chamanisme durant plusieurs années.

À travers cet ouvrage, Corine Sombrun évoque ce qu'a subi ce "peuple des rennes" dont la vie de nomade remonte à l'âge du bronze. Sédentarisés par le gouvernement de la République populaire mongole, les Tsaatans, face à l'idéologie communiste, se voient contraints d'abandonner tout rituel chamanique sous peine d'emprisonnement. En quelques années et avec l'arrivée de la mondialisation, on assiste avec amertume au déclin et à l'éradication de ce peuple, de sa culture et de son mode de vie ancestral.

Alternant entre document ethnologique et récit biographique dans lequel Corine Sombrun évoque en parallèle ses ressentis, ses interrogations et ses premiers pas d'apprenti chamane. C'est un vibrant témoignage et hommage que rend Corine Sombrun pour ce peuple des rennes.
Lien : http://www.leslecturesdeflor..
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Un livre intéressant. Corine Sombrun relate efficacement et avec empathie la vie d'Enkhetuya, qu'elle parvient à nous rendre attachante voire familière malgré le fossé culturel et historique qui nous sépare. Dommage que la qualité de l'écriture soit parfois moyenne...(les "!!!" n'ont pas leur place dans un livre, et j'ai vu plusieurs fautes de typo concernant les prénoms notamment Gandjii mais ça, ce n'est pas le fait de l'auteur). Je trouve tout de même admirable d'avoir pris la peine d'écrire la vie d'Enkhetuya, de nous expliquer ses choix de vie et son quotidien, tout en remettant dans le contexte mongol avec des petites pages d'interlude sur la vie politique. Une lecture vraiment sympathique pour en apprendre davantage sur les Tsaatans et la dé-soviétisation de la Mongolie.
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Les esprits de la steppe sont ceux avec lesquels Enkhetuya entre en contact pendant les rituels chamaniques.
Enkhetuya... si éloignée et pourtant devenue si proche grâce au récit de Corine Sombrun. Se jouant des kilomètres, des différences de langue, de culture et d'histoire, une étrange familiarité se noue avec cette femme chamane du peuple Tsataan. Avec les mots les plus riches parce que les plus vrais, Corine Sombrun nous raconte son histoire : les années d'enfance alors que le chamanisme est interdit et qu'une sournoise inquiétude travestit chaque rencontre. L'âpreté du quotidien est estompée par une sensation d'harmonie avec la famille, avec la nature, avec l'univers. le changement à la fois brutal et insidieux vers la modernité s'effectue sur le fil entre nostalgie et adaptation à un confort nouveau.
J'ai quitté Enkhetuya et Corine Sombrun comme on laisse partir des amies, avevc tristesse, avec le coeur qui tente de retenir encore un peu, avec l'espoir des les retrouver bientôt. Un livre envoûtant !
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