Elle a entre vingt et trente ans, est née dans les années septante et ne veut plus perdre son temps en conversations futiles avec les filles. Elle tourne donc le dos à la douceur et la sécurité d'un groupe de copines pour se frotter à un groupe de mâles. Elle aime leurs âpres conversations, leurs soirées sans fin, jusqu'à la sad hour, leur recherche de vérité sans concession. Et puis un jour, elle découvre le couple. Aucun compromis envisageable, même en amour : seule prévaut la virilité.
Toute fille réussie (jetons l'expression garçon manqué aux orties) a été confrontée un jour au choc culturel, voir même civilisationnel, du dîner entre hommes. Et de se poser la question du pourquoi les femmes ont tendance à partager, à parler du privé alors que les hommes auront tendance à affirmer et à aborder des sujets relevant du politique ou du sociétal.
On est en plein dans l'essai de Steinem sur le langage Quand les hommes et les femmes se parlent, si ce n'est que la narratrice décide ici de tourner le dos à son genre, de mépriser les codes plus féminins et de survaloriser la virilité. Elle ferait donc partie, si l'on en croit la féministe américaine, de ces femmes qui ont tellement intégré le patriarcat qu'elles ne jurent que par les valeurs dites masculines : force, affirmation de soi, etc.
Pourtant la narratrice s'affirme comme féministe, et on comprend parfaitement son point de vue sur la société divisée et genrée, sur cette difficulté à se faire entendre en tant que femme, sur cette volonté d'égalité totale entre les sexes.
Entre essai et fiction, à lire pour entretenir le débat !
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