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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Instinct de survie, culot et persévérance ont conduit le chat dans la maison du professeur Kushami où il a été recueilli malgré l'opposition farouche d'O-San, la bonne. Ignoré par la maîtresse de maison, harcelé par les fillettes du professeur, détesté par la bonne, le chat n'est pas très apprécié, on ne s'est même donné la peine de lui donner un nom, mais il a un toit sur la tête, des repas réguliers et un certain prestige, dû au statut de professeur de son maître. Aussi mène-t-il tranquillement sa vie de chat, entre exploration du quartier, rencontres avec ses congénères et surtout observation des humains qui l'entourent et qu'il juge avec acuité et ironie.

Sentiments ambigus à la lecture de ce roman : plaisir et ennui.
Plaisir d'abord parce que tout commence très bien avec ce jeune chat qui s'immisce dans un foyer où il n'est pas forcément le bienvenu. L'animal est malin, sagace, attachant et très drôle. Par sa bouche, Sôseki met à mal la nouvelle société japonaise qui se dessine avec l'ère Meiji et l'ouverture du Japon sur le monde. On rejette les valeurs traditionnelles, on glorifie tout ce qui vient d'Occident sans esprit critique et les intellectuels perdent de leur prestige au profit des hommes d'affaires. Plaisir aussi devant l'autodérision de Sôseki qui, s'il parle avec la voix d'un chat, s'est également mis en scène dans le personnage du professeur Kushami avec qui il a de nombreux points communs. Discrètement, le chat écoute son maître et ses amis refaire le monde. Histoires abracadabrantes, théories loufoques, batailles d'ego sont au menu des discussion de ces pédants ridicules qui sont plus sots que malins.
Mais si l'on s'amuse de cet homme dépassé par l'évolution de la société, entêté dans ses certitudes et aux prises avec ses voisins, on finit par se lasser des discussions philosophiques de ses acolytes. Au fil des pages, l'humour s'étiole et l'intérêt aussi, dommage.
Je suis un chat reste un livre au ton original qui met la lumière sur cette période charnière où le Japon a opéré sa mutation d'une société traditionnelle vers une ère plus ''occidentalisée'', provoquant une vague de suicides chez les intellectuels. En même temps roman et essai, il est parfois ardu à suivre et demande beaucoup d'attention. A réserver aux passionnés de l'histoire du Japon.
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L'écrivain japonais Natsumé Sôseki est né en 1867 et mort en 1916. Bien que Natsumé soit son patronyme et Sôseki son prénom, c'est sous son prénom qu'il est le plus souvent désigné. Spécialisé en littérature anglaise, il commença par enseigner. de 1900 à 1903, il vécut en Angleterre. de retour dans son pays natal, Sôseki succéda à Lafcadio Hearn à la chaire de littérature anglaise de l'université de Tokyo. Son ouvrage Je suis un chat, parut d'abord en feuilleton dans une revue en 1905 avant de s'achever en 1906 par lassitude de l'auteur, ce qui explique certainement sa construction chaotique et sa fin abrupte.
Le professeur de littérature anglaise Kushami recueille bien malgré lui un jeune chat abandonné. L'animal sans nom, son nouveau maître ne se souciant guère de le nommer, va devenir le témoin et chroniqueur de la maisonnée où vivent aussi la femme et les trois petites filles du professeur, ainsi que leur bonne.
Sôseki utilise un procédé narratif ayant fait ses preuves chez d'autres écrivains avant lui, comme par exemple Montesquieu dans ses Lettres Persanes, prendre l'oeil complètement neuf et innocent du personnage principal, pour décrire et commenter. L'écrivain qui ne manquait pas d'humour se sert ici d'un chat, ce qui renforce le procédé puisque le fait que ce soit un animal qui commente la vie des hommes renverse les rôles. Cette astuce permet à Sôseki de décrire son pays, le Japon d'alors, d'un oeil critique et emprunt d'une fausse naïveté.
Il faut dire que l'écrivain vécut quasiment en même temps que l'ère Meiji qui s'étend de 1868 à 1912 et qui symbolise la fin de la politique d'isolement volontaire et le début de la politique de modernisation du Japon. Epoque durant laquelle, Edo devint Tokyo. La modernité induite par cette nouvelle période historique ouvrait des perspectives mais prêtait le flanc à la critique de la part des anciens, comme toujours et partout dans ce genre de situation.
Le professeur Kushami est de ceux-là, et à mesure qu'on avance dans le roman, des personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres défilent chez l'homme de lettre, ce qui est une belle occasion de dépeindre la société japonaise en pleine mutation. L'ouvrage s'apparente alors plus à un essai, qu'à un roman ; essai qui aborderait de nombreux sujets et thèmes, comme la fin annoncée du mariage ou la progression inévitable des suicides, au fil des digressions dans lesquelles se lancent les visiteurs venant s'entretenir avec le professeur.
Sosêki, derrière le masque peu dissimulateur du professeur Kushami, développe son mépris pour le monde de l'argent et des affaires où s'engage son pays ainsi que l'activité fébrile qui déjà perce et trahit l'occidentalisation qui s'avance lentement. Par contre, certaines réflexions sur le rôle de la femme sont moins acceptables de nos jours.
Quant au chat, bien qu'anonyme, il ne manque pas de personnalité pour autant. Il adopte vite le statut social de son maître ce qui lui confère une sorte de snobisme et des connaissances dépassant largement ce qu'on est en droit d'attendre d'un animal, même de compagnie. Doté d'un certain bon sens, il n'hésite pas à juger les autres (« Je sais depuis longtemps que mon maître est un égoïste à l'esprit étroit ») comme lui-même (« le fait que j'ai évolué jusqu'à me considérer comme un membre du monde des hommes indique où est mon avenir »).
Un livre très intéressant pour son humour sous-jacent et ses descriptions de la vie et des moeurs japonaises de l'époque mais qui parfois s'étire dans de trop longues digressions qui savent aussi être ennuyeuses.
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Dans les romans sur le Japon, on trouve souvent sous entendue une certaine supériorité des japonais, plus raffinés que nous. Dans celui-ci pas du tout puisqu'il s'agit d'une satire.
Les personnages sont tous plus ridicules les uns que les autres, vus par ce chat qui dresse le portrait d'une dizaine de personnages, essentiellement des hommes et plutôt des intellectuels en principe.
L'humour est plus présent dans les premiers chapitres, ou alors je me suis habituée.
Cet ouvrage fini je me suis lancée dans un autre Soseki Matsumé , ( voir Botchan ).
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Bonne idée en 1905 de donner la parole à un chat qui observe les humains et a lui-même, de son côté, des considérations au moins aussi élaborées qu'eux sur la vie, la philosophie, le progrès...
L'ouvrage est truffé de références issues de la culture sino-japonaise, mais aussi, et tout autant, tirées de la culture occidentale. L'auteur les connaissait bien toutes les deux et a quelque peu tendance à le montrer.
Il est notamment influencé par le Tristram Shandy de Laurence Sterne, mais ans parvenir, comme ce dernier, à distiller de l'humour tout au long de l'ouvrage.
Le livre est tout de même très long, et le lecteur peut être lassé des balivernes présentes en abondance, et en toute connaissance de cause de la part de l'auteur, ce qui est très regrettable. On y trouve cependant des considérations assez profondes sur le progrès, la société, la civilisation, l'amour.
Une curiosité à recommander aux amateurs motivés de littérature japonaise.
Traduction Jean Cholley
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