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J'ai découvert ce grand écrivain classique japonais avec son "oreiller d'herbes" qui me paraît difficile à commenter, car trop atypique, riche en réflexion, plus limité au niveau de la narration. J'en ai tout de même gardé une forte impression qui m'a donné l'envie de lire ce "pauvre coeur des hommes" qui est considéré par certains comme son chef d'oeuvre.
Une assez longue histoire en trois parties, sommes toutes assez banale, celle de deux amitiés et de deux amours, mais aussi histoire de vies et de morts dans un Japon durant une époque assez facile à situer dans le temps, si on prend la peine de chercher puisque son point d'orgue se situe à la mort de l'empereur Meiji, c'est-à-dire en 1912.
Mais au final, l'époque importe peu, hormis l'événement historique qui a son rôle dans l'histoire.
La première partie concerne principalement les relations, à Tokyo, d'un étudiant avec son Maître, un personnage qu'il a choisi et qui n'a rien à voir avec ses études. Relations étranges pour un occidental comme moi, d'autant que notre époque a plutôt tendance à brouiller les cartes lorsqu'il s'agit d'une relation d'amitié avec cette distanciation liée à l'âge des protagonistes et cette forme de respect d'un jeune homme vis à vis de son aîné qu'il appelle "Maître". J'ai donc ressenti une forme de gêne sans pour autant qu'elle vienne perturber une lecture plutôt agréable. L'auteur sait développer une aura de mystère entourant le passé du Maître tout en préservant le cours de la vie quotidienne du jeune étudiant.
La seconde partie est consacrée au retour du jeune homme dans sa famille à la campagne loin de la capitale et sa confrontation avec le reste de sa famille à la mort imminente de son père. On y retrouve les ingrédients classique des chocs socioculturels entre ville et campagne, parents se sacrifiant pour permettre à leur enfant d'accéder à une éducation supérieure qu'ils n'ont pas eue, soucis des parents quant à l'avenir de leur fils, etc. C'est à la fin de cette partie qu'intervient la mort de l'empereur Meiji.
La troisième partie est entièrement consacrée à une longue lettre rédigée par le Maître à l'attention du jeune homme et qui lui dévoile son passé. Une nouvelle histoire de vie, donc, plus ancienne, mais tout autant marquée par cette grande sensibilité japonaise dans les relations sociales et dans l'expression des sentiments.
Cette construction en triptyque dont la partie centrale, plus courte, fait office de charnière, donne à l'ensemble un équilibre assez remarquable, pourvu qu'on se laisse emmener par le style narratif de l'auteur.
J'ai vraiment eu plaisir à lire cette oeuvre, avec tout de même une petite déception sur la fin, imposée par cette construction en triptyque qui efface complètement le personnage du jeune étudiant, alors qu'il aurait mérité, du moins à mes yeux, quelques pages supplémentaires afin d'en savoir plus sur ses réactions à la lecture de cette longue lettre et aussi sur son devenir…
Un autre petit regret : ne pas avoir retrouvé ce superbe mot japonais utilisé dans le titre original : Kokoro
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Ces dernières années j'ai commencé à me constituer une sorte de bibliothèque idéale d'oeuvres que je voudrais transmettre, histoire que mes lectures et tout ce qu'elles me procurent traversent et touchent (éventuellement) quelques générations. J'ai aussi appris à comprendre ce que je recherchais le plus en littérature : certaines émotions, certains regards, certaines rencontres – des instants (l'empreinte de Baricco, ça).
Depuis, j'ai une meilleure idée de ce que j'espère trouver quand j'ouvre un livre : les fragments de clairvoyance et de conscience de celles et ceux que j'appelle des sorciers de l'âme humaine – qui ont su creuser si profond qu'ils en ont atteint la secrète surface.

On le sait quand une lecture va compter, nous marquer – on referme le livre puis on y revient sans cesse, c'est là. C'est ce que j'ai ressenti à la lecture de Wagamese, de Gide, de Mishima et de Baricco par exemple (pour ne citer que ces derniers mois) et plus récemment de Sôseki – celui-ci en particulier.

Kokoro c'est l'histoire d'une rencontre pleine de mystère entre un vieux misanthrope résigné et un étudiant. Tout comme dans sanshirô (lu l'été dernier) on observe les choses du point de vue d'un narrateur un peu fade, en quête de (re)pères, dont la naïve perplexité face à des attitudes qu'il ne comprend pas – doublée d'une admiration sans borne pour ce vieillard qu'il appelle "Maître" – finit par faire tomber les masques.
Les deux premières parties sont très calmes, reposées (bien qu'étranges), puis survient le tranchant de la troisième – le coup d'éclat magistral. La patience paie chez Sôseki et la vérité finit par se dévoiler, s'imposer : elle frappe et tétanise.

J'ai refermé ce livre assez troublée, je dirais même hypnotisée. On tient entre les mains quelque chose de complet et d'unique, un coeur, le sien mais aussi un peu du nôtre. J'ajoute que l'écriture de Sôseki (et sa traduction) est d'une élégance et d'une humilité folle.
C'est vraiment un texte magnifique que je suis certaine de relire, il rejoint illico ma bibliothèque de future ancêtre. 🦋

Petite note sur le choix de traduction du titre : en japonais, 'kokoro' signifie tout simplement "coeur" (pas l'organe, l'autre!)... Je trouve dommage que le titre soit si explicite en français. le coeur et ses battements, c'est l'homme. le coeur c'est l'impulsion, la vitalité, le courage, une force qui décide plus que – et malgré – le reste. le coeur c'est la faute, l'ombre, le péché qui pèse sur l'homme. Mais le coeur c'est aussi la bienveillance et le pardon.
Alors voilà, moi, perso, j'aurais tout simplement laissé "Coeur".
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Roman de l'expiation, construit de façon assez singulière, en trois parties : les deux premières ne racontant rien d'original, à vrai dire c'est plutôt banal : un lycéen se choisit comme Maître, un homme rencontré en vacances et se met à le fréquenter, à découvrir son couple, son foyer. le Maître garde un secret qu'il ne veut pas lui confier. Son propre père étant malade, il part à son chevet.
La seconde moitié du livre étant consacré à la confession du « Maître ». le récit s'arrêtera sur les derniers mots qu'il a écrit. Rien ne pouvait être ajouté. Cette confession est une longue lettre adressée au jeune lycéen qui a pris cet homme, retiré de la vie sociale et professionnelle, comme Maître.
Pour quels raisons ? On ne le sait pas vraiment. Pourtant cet homme est réservé, réticent, au début, à lier un lien avec le lycéen : « Pour quelle raison sentais-je surgir en moi à l'égard du Maître sentiment aussi exclusif, je ne le comprenais pas : en fait, ce n'est qu'après sa mort que j'ai commencé à le comprendre. » Mais, lui qui est « incapable de tendre les bras » trouvera au fil des années dans le jeune homme celui à qui il pourra confier sa faute, se libérer de cette humanité qui le désespère : désespérer de lui même et des autres.
Cette faute, son cheminement, est un crescendo extrêmement dramatique et prenant à lire. le Maître, homme blessé, en a fini de souffrir...
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