À l'aube de la vingtaine, l'auteur est appelé à travailler pendant deux mois près d'une réserve indienne où il fréquente quotidiennement deux guides de la nation Cri. Cinquante ans plus tard, il écrit sur cette expérience, mais la mort le rattrapé avant qu'il puisse terminer. Publié à titre posthume, ce court roman n'en est pas moins intéressant malgré ses allures d'inachevé.
C'est avec un soif d'apprendre et une grande ouverture d'esprit que Soucy aborde les Cris. Ceux-ci, en constatant le respect qu'il leur voue, s'ouvrent peu à peu sur leur culture et croyances. Sans mettre d'étiquettes, on peut dire que de ces deux guides, l'un était plutôt traditionnaliste alors que l'autre était plutôt partisan d'une adaptation graduelle à la modernité tout en voulant aussi farouchement conserver son héritage culturel. Ces deux points de vues enrichissent le texte et incitent le lecteur à la réflexion. Depuis 1963 la réalité des réserves a bien changé mais le texte reste d'actualité, notamment quant à l'infantilisation qu'entretenait la loi fédérale sur les Indiens. C'est bien écrit, instructif, facile à lire mais on ne peut que regretter que l'auteur n'ait pas eu le temps d'étoffer encore plus son récit.
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À six ans, je grimpais sur les collines derrière chez moi, à Amqui, afin de dominer la vallée de la Matapédia. À mes pieds, les champs descendaient vers la rivière; en face, d’autres champs montaient vers d’autres collines boisées. Je me disais que si je pouvais m’élancer droit devant moi et planer comme les hirondelles, je survolerais les toits des maisons et des granges, la route, la rivière. Découvrir le monde d’un autre point de vue. À vol d’oiseau. Le rêve millénaire des humains, rêve qui ne m’a jamais quitté et s’est réalisé pour la première fois à l’adolescence