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« La fiction, c'est la part de vérité qu'il existe en chaque mensonge. » (Stephen King)


« le fils du pêcheur » (Robert Laffont, 2021) est la troisième autofiction de Sacha Sperling depuis la parution, en 2009, de « Mes illusions donnent sur la cour », alors que l'auteur avait seulement dix-neuf ans, récit encensé par la critique. Frédéric Beigbeder écrivait lors de sa parution « c'est le « Bonjour tristesse » de la rentrée. »»


Il s'agit, aujourd'hui, de la narration croisée, passée et actuelle, de l'histoire de deux amours toxiques et dévastatrices - la drogue, l'alcool, la maladie, la dépression, la mort, les questions matérielles et financières perverties - à Paris entre Mona et Sacha, trentenaires, d'une part, et ce dernier - lorsqu'il quitte son amie et la capitale pour rejoindre sa Normandie natale - et Léo, vingt-ans, d'autre part, son deuxième amour.


« J'ai été amoureux deux fois », écrit l'auteur.


Un roman est rarement le fruit de la seule imagination ; il convoque toujours la mémoire. La composition de la recette est ensuite affaire de raffinement entre ces deux ingrédients. Mais que penser et que croire du roman mêlant la fiction et la réalité autobiographique, a fortiori d'un auteur âgé de dix-neuf ans ? « L'impudeur ET la délivrance de l'autofiction » écrivait, en 1999, un critique littéraire au Monde.


Sacha Sperling, enfant de réalisateurs de cinéma, est doué pour inventer des histoires - qui au fil des autofictions se répètent à l'envi à travers le héros de son récit - lui-même - un « gamin » geignard, paresseux, flegmatique et apathique.


Le récit est incontestablement très bien écrit. Comment exiger davantage aujourd'hui au coeur d'une nouvelle littérature très médiocre ?


L'intrigue, dont on peut déplorer la lenteur durant la première moitié du livre, laisse quelquefois perplexe. À cet égard, on aimerait connaitre le sens des propos de l'auteur au début du récit, repris sur la quatrième de couverture : « j'ai détruit le mec que j'aimais ».


Ce n'est pas l'impression que nous laisse le roman à la fin de la lecture. Pourtant, cette question n'est pas un point de détail. Elle serait presque essentielle à la cohérence du récit si l'on considère que dans la liaison amoureuse entre Sacha et Mona existaient en germe les problèmes que l'on rencontre – renforcés - dans celle entre Léo et Sacha.


Et c'est pourquoi le dénouement de l'histoire entre ces derniers laisse perplexe quant à la portée « auto-fictionnelle ».


Une fin bâclée ou une impasse ? Une impasse, surement, dans laquelle, d'ailleurs, Sacha - bébé et trentenaire geignard – s'est toujours enfermé. Et le piège de l'auto-fiction semble rattrapper Sacha Sperling. Où se situe la frontière entre la réalité et la fiction, le mythe du double littéraire ?


Sacha écrit : « j'ai été amoureux deux fois… Je les ai aimés pareil. Je veux dire aussi fort… ». Rien n'est moins sûr, car Sacha ne semble pas connaitre le sens du mot « Amour ». Quand il exige de sa thérapeute qu'elle lui donne des mots sur ses maux :


« je veux des mots ». de guerre lasse, le spécialiste est sans appel : « instabilité émotionnelle. Faille égotique… Troubles narcissiques… peur systématique d'abandon… Angoisses paranoïdes, renforcées par la prise constante de stupéfiants. Tendance à la dépression… »


Alors qui a détruit l'autre ? Et si Sacha, tout simplement, ne s'était borné qu'à révéler ses troubles psychiatriques, réels ou fictionnels ?


Dans quelle mesure cette relation n'a pas été que la seule conséquence de l'unique schéma affectif et amoureux invariablement connu et idéalisé de Sacha, depuis toujours ? Sacha n'est-il pas le seul artisan de sa propre infortune ? N'a-t-il pas reproduit ses errements, ses turpitudes et inconduites pour, en définitive, se détruire lui-même avant de rejeter la responsabilité sur les autres, sa mère, son père, Mona, Léo… ?


La réalité ne dépasse-t-elle pas la fiction ?


Quoi qu'il en soit, « le fils du pêcheur » - à la suite des précédentes auto-fictions de l'auteur - est un très bon récit, remarquablement bien écrit, que je recommande vivement.


Bonne lecture.


Michel



Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
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Première rencontre littéraire avec Sacha Sperling, un jeune auteur français à la carrière prometteuse. J'ai reçu ce livre gratuitement dans le cadre de l'opération Masse critique de Babelio, qui propose chaque mois une sélection de titres à découvrir et à chroniquer. Il faut dire que celui-ci a particulièrement attisé ma curiosité par son synopsis frappant et original, qui rappelle peut-être un peu les premières phrases hachées du grand Albert Camus dans L'Étranger. « Au cours des dix dernières années, j'ai été amoureux deux fois. Elle s'appelait Mona, il s'appelait Léo. J'ai vécu avec elle à Paris, avec lui en Normandie. J'ai été en couple pendant sept ans avec elle, avec lui pendant sept mois. Je les ai aimés pareil. Je veux dire, aussi fort » : c'est beau, c'est fort, ça donne envie d'en apprendre plus.

Dans le fils du pêcheur, l'auteur nous ouvre son coeur sans pudeur et particulièrement sa vie amoureuse et intime. En couple depuis de nombreuses années avec Mona, les deux jeunes gens essaient de bâtir une famille et de concevoir un enfant… en vain. Les faux espoirs s'enchaînent, couplés au décès tragique du père de Mona, qui fait voler leur couple en éclat… ou peut-être pas totalement. Mona et Sacha restent en contact, se guettent à distance, s'attendent mutuellement, espèrent peut-être reconstruire quelque chose un jour ou l'autre. Mais la vie, elle, n'attend pas. Retiré en plein milieu de la campagne, Sacha fait la rencontre de Léo, le fils du pêcheur, le garçon du voisin. Coup de coeur immédiat entre ces deux hommes que tout oppose, qui vont se découvrir progressivement et vivre une histoire d'amour cachée, en dehors des sentiers battus.

Je ne saurais dire si j'ai apprécié ou non cette histoire. Ce serait d'abord juger la vie de l'auteur, ce que je ne souhaite pas. En revanche, je peux dire qu'elle m'a perturbée, tout autant que l'écriture de Sacha Sperling, très belle, aérienne, avec laquelle on se laisse facilement embarquer, mais que j'ai finalement trouvée détachée, assez froide, protocolaire. Il nous parle de sentiment, d'amour, de fusion, de passion, en nous laissant quand même à distance, nous empêchant de ressentir toutes ces émotions. Une ambivalence qui m'a causée quelques désagréments : je suis restée hermétique à l'histoire, ne réussissant pas à m'attacher aux personnages, à ressentir leurs émotions, ni à me plonger totalement dans le récit. Enfin, sans pour autant m'être totalement ennuyée, j'ai trouvé que certains passages s'étiraient en longueur, devenant presque pénible à la lecture. Finalement, il ne se passait pas grand chose durant les presque 350 pages de ce roman…

Un récit personnel et pudique, sans prétention. Une autofiction intéressante, particulièrement bien écrite et originale, qui manque quand même de profondeur et recèle des passages assez longs.
Lien : https://analire.wordpress.co..
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J'aimerai… faire de grandes et belles phrases bien construites pour vous parler de ce livre. J'aimerai vous dire que je l'ai apprécié. Non, ce n'est pas le cas. J'ai hésité sur le genre dans lequel je devais le classer. Roman ? Roman autobiographique ? Autofiction ? Il correspondrait plutôt à cette dernière case, comme d'autres titres écrits par Sacha Sperling – pour ne pas dire comme tous les autres titres.
Il est question ici de passion amoureuse, et le ton est donné dès le départ : « J'ai vu la femme que j'aimais se détruire. J'ai détruit le mec que j'aimais. » Encore faut-il être à la hauteur du programme ainsi donné, et je me suis dit, tel Félix de Vandenesse le héros du Lys dans la Vallée, remis à sa place par la comtesse de Manerville, Sacha Sperling, le narrateur-personnage principal, se donne une importance qu'il n'a pas, surtout, à mon sens, pour Léo, le fils du pêcheur qui donne son nom au roman. Il avait rencontré Mona dans J'ai perdu tout ce que j'aimais (déjà, ai-je envie de dire – le roman date de 2013), il montre la lente destruction de la jeune femme, accro à diverses substances, dans cette oeuvre. Pour avoir lu plusieurs titres signés Sacha Sperling, j'ai l'impression qu'il ne cesse de nous conter sa destruction, nécessaire pour qu'il construise une oeuvre littéraire. Il me fait penser à un personnage de Boris Vian, incapable d'écrire s'il ne souffre pas.

Oui, je pense beaucoup à d'autres romans en lisant la prose de Sacha Sperling, ce pauvre petit garçon parti se réfugier dans la maison familiale, ce gamin qui a fait sa première crise d'angoisse à vingt ans, qui depuis a pris des substances chimiques légales (les tranquillisants) ou illégales et qui attend le salut de son psy – quand il ne le cherche pas, encore et toujours, dans la fuite.

Même si le roman est bien écrit, j'ai l'impression, pour la fin de ma chronique, de recourir à nouveau à des clichés. Avoir un enfant, quand on veut redevenir un enfant, quand on part à la recherche de l'enfant que l'on a été, et que l'on a perdu de vue parce que l'on a voulu grandir trop vite, n'est pas véritablement possible. Lui et Mona sont à la croisée des chemins, Mona qui peine à rendre visite à son père malade, Mona qui finit par perdre son père. Sacha, liée à sa mère, mais pas tellement à son père. Léo, défini avant tout par son lien avec son père, et qui va devenir père à son tour.
Le fils du pêcheur ? L'histoire d'un pauvre petit garçon riche.
Merci à Babelio et aux éditions Robert Laffont pour ce partenariat.
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Un livre qui m'a fait sortir de ma zone de confort.
J'ai eu beaucoup de mal avec la dynamique décrite où l'amour semble toujours étroitement lié à la souffrance.
En revanche, j'ai trouvé que la plume de l'auteur était très juste et je pense que c'est pour cela que je me suis sentie mal à l'aise, comme un témoin impuissant face à une personne en danger.
Enfin, j'ai été très touchée par la manière dont sont décrits ici la solitude et l'enfermement (tant physique que mental).
Je remercie Babelio et les éditions Robert Laffont de m'avoir permis de découvrir ce livre.
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Je ne connaissais pas cet auteur ni sa filiation, pris au hasard à la bibliothèque je n'ai pas été déçue. Livre autobiographie sur une période de sa vie, Sacha nous relate sa relation amoureuse mais nocive avec son jeune voisin Leo dans sa maison de campagne pour oublier son autre amoureuse restée à Paris s'autodetruisant après la mort de son père et le fait de ne pouvoir avoir un enfant.
L'écriture est belle, incisive, la description d'une descente en enfer est parfois crue mais on la perçoit parfaitement.
Une belle découverte.
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Indéniablement, l'écriture est sublime. Une véritable dissection du sentiment amoureux et de sa destruction.
Les mots frappent, les phrases bouleversent.

Malgré tout, on reste loin du héros, trop passif face à sa vie qu'il contemple comme un film.
Ébloui par la plume, frustré par l'histoire.
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Cinquième livre pour Sperling, mais troisième autofiction, où l'auteur n'en finit pas de dérouler son spleen d'enfant gâté/dépressif/drogué sur un ton des plus geignards. Il n'a pas d'amis, ses histoires d'amours sont désincarnées et destructrices, on lui donne des centaines de milliers d'euros pour écrire un scenario tiré de son premier livre, mais il hésite, et horreur, il a pris dix kilos en dix ans. Nous retrouvons donc notre Sacha au moment où il s'enfuit dans une maison en Normandie appartenant à sa mère (qui l'a rachetée à Gainsbourg). Là il entretient sa dépression, n'écrit rien, et finit par rencontrer Léo (le fils du pêcheur d'en face donc) avec qui il entretient une relation d'amour/haine et sexe/violence, tout en racontant son histoire passée et ratée avec Mona (même prénom que l'héroïne de son roman précédant d'ailleurs). Tout ceci est très long, très convenu, très pénible. On a du mal à comprendre comment cet auteur peut bénéficier d'encore tant d'indulgence de la part de ses éditeurs en produisant des livres aussi vains...
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Je viens de finir le livre Sacha Sperling " le fils du pêcheur" que j'ai reçu avant sa sortie et je dois dire que je n'ai pas été déçue. Au delà, de l'écriture que j'ai trouvée sublime et fluide, c'est surtout l'intrigue qui m'a emportée. L'auteur nous plonge au coeur de deux histoires d'amour. L'une au passé avec Mona, sa fiancée depuis 7 ans avec qui les choses ont mal finies. L'autre au présent nous raconte sa rencontre avec Léo, le fils du pêcheur. L'auteur nous plonge dans cette passion entre amour, sensualité, violence et emprise. A chaque page, on découvre des images fortes qui nous marquent au fer rouge, des phrases qui nous donnent envie d'attraper un carnet pour les noter. Sperling nous fait vivre ce rapport "en direct", comme si nous en étions les témoins. Dès la première page, on est pris. On entre dans ce récit et on ne veut plus en sortir. C'est un livre qui raconte le mal-être, l'espoir, les doutes mais surtout, l'amour sous toutes ses facettes, des plus belles au plus terribles... On referme le livre en ayant l'impression d'avoir vécu quelque chose de fort. C'est un livre que vous je recommande vivement, pour le style et pour le sujet.
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Magnifique roman. Je l'ai lu presque d'une traite.
J'ai lu sans repos ni répit « le fils du pêcheur ».Impudique, inconvenant, audacieux, secouant, tout ce que j'aime.
Oui, bien sûr, Léo, Mona, la mère de Sacha le père de Léo, le père de Mona, le souvenir d'Augustin… tous tiennent par le style de Sperling, emporté, galopant, sans trêve.On ne s'arrête jamais, d'une émotion à une autre, d'aventure en surprise.
Un style qui offre une lecture jouissive, aisée, ce genre de style dont on se dit « je peux le faire »… bien sûr que non, on ne peut pas car cette écriture garde ses secrets, en cachant bien sa savante composition. Ce roman est une incroyable plongée en apnée dans les coeurs tourmentés d'une génération, d'une relation belle et dangereuse vers laquelle on se laisse emporter avec plaisir. Un très grand livre selon moi.
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Très rapidement, on comprend l'engouement suscité par cet auteur. Sa plume est incisive et profondément littéraire : Sacha Sperling écrit sans concession, sans rechercher les effets de style ; il écrit comme on court, comme on respire, comme on parle. Et pourtant, naturellement, quelque chose d'incroyable se passe dans la lecture. C'est violent (parfois), cru (souvent), mélancolique (beaucoup) et pourtant, rien n'est superfétatoire. Est-ce malaisant ? Par moment, oui, mais on ne connait pas d'histoire qui ait touché le monde en nous racontant les bisounours. Il y a dans l'écriture autant que dans l'engagement de cet auteur à écrire cet élan particulier aux écorchés vifs, ce petit quelque chose qui laisse aux figures de style utilisées un sentiment de sincérité poignant là où tant d'auteurs surchargent en poésie inutile. Les métaphores filées de la partie d'échecs pour raconter une dispute, ou du jeu de l'oie pour dire les hasards de la vie sont par exemple d'une évidence saisissante.

le récit, d'abord très lent, laisse le lecteur se familiariser avec la situation de Sacha, de se mettre progressivement en contexte. Puis, comme dans un jeu de miroirs, on suit en alternance les réminiscences de son histoire avec Mona et l'histoire naissante avec Léo. Les bouillonnements des débuts, la douceur des continuités, l'acidité des premières disputes, les drames, les traumatismes, les désillusions... Sur des temporalités différentes (sept ans pour la première, sept mois pour la deuxième), ces deux histoires d'amour suivent des chapitres et des péripéties, sinon totalement identiques, disons assez semblables dans leurs détours et surprises (bonnes ou mauvaises, souvent douloureuses). Elles laissent au milieu de ces intrigues croisées un personnage principal en plein questionnements, cherchant des réponses et se cherchant dans ce qui s'apparente peu à peu à une introspection psychanalytique.

Lorsque le rythme de l'intrigue s'accélère, on est surpris de sombrer, dans les derniers chapitres, dans une atmosphère qui semble s'éloigner de l'auto-fiction pour lorgner du côté du thriller psychologique. Ce virage déstabilise, interroge. Mais la question n'est peut-être pas tant de savoir ce qui est vrai ou pas, ni même de dire si c'est vraisemblable, mais plutôt de réfléchir à ce que cela vient dire de la quête du personnage et de son auteur.

En bref : Auto-fiction à l'écriture crue mais profondément talentueuse, "Le fils du pêcheur" est un récit complexe et déstabilisant sur la violence des passions amoureuses, sur le deuil des sentiments, et sur l'éclosion de soi-même. Sacha Sperling est à n'en pas douter un auteur majeur de sa génération.
Lien : https://books-tea-pie.blogsp..
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