La machine maternelle s’est rallumée d’un coup. Dîner. Bain. Pyjamas. Dents. Histoires. Coucher.
Ta peste est en moi, pilote. Ta guerre sème le cancer dans des millions de veines. Bombe à retardement. Bombe lente, mais sûre. Bombe qui ne figure pas dans les rapports d’experts que publient tes grands chefs.
Comment avez-vous fait avec si peu de lettres pour nous vaincre alors que nous, nous en comptons presque autant que d’idées ? Vous combinez. Nous désignons. Vous réduisez. Nous exprimons. Je pense « vous », mais c’est toi. C’est toi que je vois.
C’était déjà bien assez de coucher le soleil une fois.
Du Dieu au charognard, il n’y a qu’une victoire parsemée des tessons de bouteilles et des larmes des putes.
C’est sans doute cela, la mort ; quand on ne s’appartient plus ; quand l’esprit se découple de tout ce qui nous retient. Respirer. Sentir. Se demander pourquoi. Bouger. Vouloir. Se souvenir. Espérer. Tenter de se relever. J’étais ailleurs. Je flottais
Ils sont douze dans l’avion. Comme les apôtres lors de la Cène.
Je suis celle qu’on coltine de l’archipel au continent, comme une bête de foire, pour récolter des dons, des gestes de charité, mais jamais de révolte contre ce qu’ils ont fait.
Je suis la vierge maudite. Je suis la femme affreuse. Je suis la mère minée. La fillette fracassée.
Elles sont la honte qui accouche d’un remords. Une peine au carré. Des regrets à l’infini. Quand les branches sont pourries, on se méfie de leurs fruits. Les miennes n’ont pas germé. J’étais un corps si frêle quand la bombe est tombée.