Le Yo-yo de verre

Simone Freeland, moulée dans un maillot noir, apparut à la porte du petit chalet qui dominait l’étang et s’avança jusqu’au bord de la terrasse.
Le soleil faisait miroiter l’eau par endroit et les feuillages bruissaient sous la caresse d’un vent léger.
La jeune fille se pencha, cherchant ses compagnons du regard. Elle avait les cheveux coupés courts, à la façon d’un garçon., elle était mince et frêle et on ne lui eût pas donné son âge : dix-sept ans.
— Hello, Mone !
La voix provenait de la droite et Simone aperçut Richard Thuilier - Ricky pour les intimes - qui lui faisait signez de la main.
Il se mit à nager vers elle :
— Sautez !
Elle enjamba la balustrade, hésita, puis s’y assit, les jambes pendantes :
— Elle est froide ?
....

Les deux promeneurs étaient parvenus à l'étang. D'un commun accord, ils entreprirent d'en faire le tour.
- Décidément, vous pensez et vous dites beaucoup de mal du yo-yo..., fit M. Koob. Permettez-moi de ne pas partager votre avis. Ce jeu m'a séduit d'emblée et je lui découvre chaque jour un intérêt nouveau.
M. Flour parut choqué. Il suivit un moment des yeux le va-et-vient de la bobine au bout du fil manié par son interlocuteur, puis haussa les épaules pour toute réponse.
- J'aime ce jeu parce qu'il laisse à l'esprit toute sa liberté, reprit le petit homme au risque d'attirer sur sa tête les foudres de l'irritable sexagénaire. Tandis que je m'y adonne, mes pensées se suivent et s'épousent sans le moindre heurt ou la moindre interruption. S'il s'en produit d'aventure, c'est que je viens dans l'instant de commettre une maladresse : ma bobine remonte mal ou ne remonte plus... et, vous me croirez si vous voulez, cet accroc correspond chaque fois à une faute de raisonnement, à une erreur de logique ou à toute autre déficience intellectuelle.