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4,2

sur 161 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Attirée par la 1ère de couverture présentant la vue de troncs d'arbre et le titre « La vie obstinée » (quoique différent du titre américain « All the little live things ») (1967) de Wallace Stegner, alors que j'avais déjà lu « Une journée d'automne » du même auteur, je n'ai pas hésité plus longtemps à découvrir ce roman.
Joseph Allston et sa femme Ruth viennent de s'installer en pleine nature, loin de la ville (San Francisco) aspirant à une vie plus au calme, loin de la ‘'civilisation'' pourrait-on rapidement résumer, acceptant la présence de voisins s'ils ne se montrent pas trop envahissants. Si Joe est un vieux grincheux, sa femme se montre plus ouverte et tolérante et elle doit souvent calmer les acrimonies et irritabilités de son mari.
Agent littéraire à la retraite, Joe s'imagine écrire ses mémoires, pendant que sa femme, la douce Ruth, ferait des bons petits plats. Ils lisent, vont souvent faire des promenades (quand le temps le permet, sinon elles se réduisent en ‘'balades hygiéniques'' en faisant plusieurs fois le tour de la maison). Il s'occupe de son jardin, mais râle contre les bêtes à poil -en l'occurrence les thomomys- ces rongeurs qui osent attaquer son potager et ses fleurs. La nature oui, mais sans ses contraintes. On l'aura compris, il veut être tranquille et oublier les aspérités et désagréments de la vie.

L'arrivée à la fois de Peck, un jeune étudiant hippie dont Joe va avoir le malheur d'accepter qu'il s'installe sur son terrain -et qui va vite prendre ses aises et ses mauvaises habitudes de hippie (filles, musique, drogue et tout le tralala), mais également celle de la famille Catlin dont Marian, la jeune maman trentenaire, vont bousculer ses repères, sa façon de concevoir les choses et sa vie (pour ne pas dire la vie).
La narration faite par l'adorable râleur Joe, insatisfait chronique qui se double parfois d'une parfaite mauvaise foi -mais qui n'en est pas moins conscient de ses défauts et faiblesses- donne aux premiers chapitres une croustillance réjouissante. Ses remarques sur ses voisins et Peck -débonnaire insouciant très agaçant- (et ses acolytes de la même veine) sont de la crème d'humour d'une saveur qui reste bien en bouche.
Je ne puis d'ailleurs m'empêcher de citer une de ses remarques, une des petites pépites du roman : « Ma vie trouble l'espace qui m'entoure. Je suis un sachet de thé oublié au fond de la tasse : le produit de ma macération ne cesse de devenir plus opaque et plus amer. »

Que Stegner choisisse l'emploi d'un narrateur -en l'occurrence Joe- et non un récit à la troisième personne intensifie bien entendu le ressenti du lecteur. On est aux côtés de Joe, aussi bien lors de ses balades en forêt, parmi les champignons, le sumac vénéneux et les étourneaux, que durant les pérégrinations de ses pensées parfois sombres et désabusées.
L'antipathie ressentie pour Peck par ‘'le vieux schnoque'' (comme le retraité se définit lui-même) va s'accroitre de manière proportionnelle à l'attachement de Joe et Ruth pour Marian. La jeune femme est une personne solaire, amoureuse de la vie dans son entièreté, toujours avec le sourire et les yeux pétillants. Les nombreuses discussions avec elle notamment sur les rapports humains (notamment intergénérationnels, par la présence de Peck qui rappelle à Joseph son fils décédé), l'écologie et ‘'toutes les petites choses vivantes'' vont amener Joe à reconsidérer ses propres jugements et son rapport aux autres.

Et si le roman commence avec beaucoup d'humour et quelques éclats de rire devant les remarques du vieil ours mal léché, on se tromperait en le croyant uniquement léger. Autant les réflexions sociales ou philosophiques que les émotions vont presque prendre le pas sur l'humour cynique du retraité, et monter crescendo au fur et à mesure des chapitres et des évènements.
Avec ce roman, Wallace Stegner nous offre un beau récit, riche à différents niveaux. C'est tout d'abord lié à Joe, ce narrateur grincheux, drôle et cultivé pour qui on s'attache à la première seconde. Et ce plaisir à s'immerger dans ce texte s'explique aussi par l'écriture dense et ciselé, le vocabulaire relevé et l'alliance parfaite entre humour, tendresse, émotions, interrogations existentielles subtiles (je n'ai malheureusement pas le niveau de Stegner pour appuyer mon argumentaire d'adjectifs plus exquis et rutilants).
En 1976, parait « The spectator bird » ( « Vue cavalière » en France) où on retrouve ce couple Allston, et qu'il me reste pour ma part à découvrir.

Pour quelques heures, on plonge avec bonheur en plein coeur de la forêt, on s'installe dans un fauteuil de la terrasse, pas très loin de Joe, avec les autres protagonistes, et on prend part à leurs échanges sur la vie (et qui résonnent forcément sur nos propres « petites choses de la vie »…)
La tonalité particulière de ce roman fut telle que je me suis vue le replacer dans ma bibliothèque avec une sorte d'affection, proche de celle que j'ai eue pour Joseph et Ruth.
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Un roman très étrange sur le voisinage d'un couple de retraités, partis chercher la paix dans la nature américaine, et un jeune couple, principalement l'épouse, à la personnalité et à la situation un peu particulières...Ajoutons à cela quelques querelles de voisinage avec des hippies venus squatter, quelques remarques sur les adolescents du coin, et l'on obtient le ton de ce roman assez décalé, car le narrateur est toujours ironique et est un retraité somme toute assez acerbe, avec beaucoup de second degré...
Mais aussi beaucoup de sensibilité, et c'est ce qui fait le charme de ce roman. Ce sexagénaire un peu ours découvre la sensibilité de sa jeune voisine, l'obstination de la vie, comment toujours voir le verre à moitié plein (lui qui le voit toujours à moitié vide).
J'ai aimé aussi cette ambiance campagnarde, de gens qui aimeraient vivre différemment mais qui sont en permanence menacés, par le bruit, par l'arrivée d'une route, par l'urbanisation...
Au final un drôle de roman, très bien écrit et assez drôle par moments, avec une fin réussie et émouvante.
Une belle découverte.
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LA VIE OBSTINÉE de WALLACE STEGNER
Un livre superbe, une nouvelle fois s'intéressant au rapport de l'homme à la nature. Un couple s'installe à la campagne non loin de San Francisco croyant retrouver les espaces vierges qu'ils affectionnent mais les intérêts immobiliers du voisinage vont changer la donne et l'arrivée d'un couple va transformer leur vie. Une réflexion admirable sur la vie, les rapports humains, l'écologie. Brillant.
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Dans un coin de nature près de San Francisco, Joe Allston, vieil homme sarcastique, se souvient de son amitié avec sa jeune voisine, la lumineuse Marian. Il voulait s'isoler dans un îlot de Paradis harmonieux, et, démuni, il n'a pas échappé à la discorde et la souffrance. Un roman vibrant d'humanité.
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Un roman bouleversant, au plus proche de la nature, sous la chaleur accablante de la Floride.
Depuis quelques années, le couple Allston a quitté New York et s'est retiré dans une maison en Floride, assez loin de la civilisation. Tandis que Joe s'occupe en bricolant, Ruth cuisine et jardine. Tous les deux font de longues promenades et s'imprègnent allègrement de la tranquillité des lieux. A part quelques voisins amateurs de chasse, rien à signaler. C'est sans compter sur l'arrivée de Peck, un jeune étudiant contestataire et désinvolte demandant à camper sur leur terrain, qui leur rappellera par quelque égards leur fils disparu. Tandis que Ruth est charmée par Peck, Joe fulmine contre le jeune homme.
Un nouveau couple de voisins, les Catlin , va, par leur présence, apaiser les tensions. Marian, une jeune femme déterminée, amoureuse de la vie, mais encore affaiblie par la rémission d'un cancer, va rendre le sourire au taciturne Joe.
le personnage de Marian est magnifique. Malgré des thèmes difficiles, l'auteur insère beaucoup d'humour.
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Ce livre est très beau. L'auteur utilise les mots avec justesse et décrit avec une précision circonstanciée et fascinante les personnages, les caractères, les situations, les paysages.



L'histoire : Joe Allston est un retraité, acariâtre et amer, qui vit depuis quelques années une existence solitaire et paisible à la campagne, dans une maison reculée en Californie avec Ruth, son épouse. L'arrivée de leurs nouveaux voisins, Marian et John, lui apportera beaucoup de joie, de douceur, mais aussi beaucoup de chagrin.



J'ai trouvé cette lecture exigeante, dense : beaucoup de mots inconnus, de tournures sophistiquées, voire compliquées. Néanmoins, le charme opère et je me suis imprégnée du rythme des Allston, de la langueur de la nature et des saisons, de l'irritation viscérale de Joe à l'égard des autres, à l'égard des tracas du quotidien. Les scènes finales sont intenses et les descriptions chirurgicales.



En refermant ce livre, je me suis dit que je n'avais sans doute pas complètement appréhendé l'univers de l'auteur (et sans doute pas compris tous les mots), mais j'ai beaucoup aimé l'atmosphère de ce roman.
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J'ai hésité longtemps avant de noter cet ouvrage. Ses qualités littéraires et humaines sont indubitables mais la tristesse qui se dégage de cette histoire est particulièrement pesante. Ma rencontre avec ce livre ne s'est peut être pas produite au bon moment... et j'avoue que je retire un certain malaise de ma lecture. Ne voulant pas dégoûter d'autres lecteurs potentiels, j'opte pour une note positive car mon humeur du moment n'est pas une raison pour pénaliser un écrit que j'estime de qualité.
Pourquoi pas cinq étoiles dans ce cas ? Parce que je trouve l'ensemble un peu manichéen... Ma principale critique porterait sur le fait que le personnage de Jim Peck, le marginal, me parait un peu caricatural, excessif. Cela donne un côté un peu trop "saga biblique" au récit : les bons d'un côté (l'ange Marian), les mauvais de l'autre (ils sont aussi nombreux que les démons du purgatoire) et un "récitant" qui oscille d'un côté à l'autre mais finit par être touché par la lumière... Un peu plus de subtilité dans les coups de pinceaux et l'on aurait touché au chef d'oeuvre, sous réserve d'accepter le coup de spleen.
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"Une vie obstinée" est moins "bon" que "Une vue cavalière" mais, reste, cependant un bon cru.. C'est un peu comme si nous comparions deux millesimes de Château Margaux... Soyons humbles...
Et prenons du plaisir..

Cependant, Steigner, joue un peu, parfois, avec le pathos..

Mais la confrontation de Joe Allster et son ermite qui squatte son arbre est une pure merveille littéraire..

Cet ermite xynophage ronge les nerfs de Joe... Et ça nous régale.
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Ruth et Joe Allston viennent de s'installer il y a peu de temps en Californie, après la mort de leur fils Curtis. L'histoire est racontée à la première personne par Joe Allston et sur la base d'un retour en arrière. "Je suis un sachet de thé oublié au fond de la tasse : le produit de ma macération ne cesse de devenir plus opaque et plus amer." : tout le personnage est dans cette phrase du premier chapitre, l'humour et la mauvaise humeur cachant une vraie douleur et un regard lucide et profond sur la vie.

Il a des raisons d'être amer : un an plus tôt de charmants voisins ont débarqué près de chez eux : John et Marian Catlin, et leur fille Debby. Marian est un être lumineux et chaleureux et même ce vieux bougon de Joe Allston est transformé. Peu à peu une relation très forte se crée entre les deux personnages mais Marian, enceinte, est rongée par une maladie grave... Résumé ainsi, ça fait très mélo mais c'est sans compter l'humour de Joe qui porte un regard amusé, à la mauvaise foi assumée mais aussi parfois très tendre sur ceux qui l'entourent.

Et puis il y a les autres voisins, le parasite Jim Peck qui s'est incrusté, a construit une cabane dans laquelle il squatte avec une bande de hippies, la jeune et maussade Julie LoPresti toujours sur son cheval, l'ignoble Weld qui transforme la campagne idyllique alentour pour construire toujours plus de logements. Mais le personnage qui illumine le roman reste cette jeune Marian, sensible, exaltée, courageuse et pleine de vie qui transformera en profondeur Joe Allston : "Je serai, toute ma vie durant, plus riche de ce chagrin."
Lien : https://dautresviesquelamien..
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Un vrai plaisir de lecture, des réflexions et des émotions dont on se nourrit
Les mots glissent fluides et précis, les situations sont très finement traitées, l'humour surgit au détour du drame, et quels beaux personnages !
Un livre sur les couples au long cours,
sur les parents, ce qui les questionne et ce qu'ils transmettent,
sur les valeurs qu'on se donne, les grands choix de vie et les loupés désespérants.



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