Citations sur Lucien Leuwen (66)
Un ministère ne peut pas défaire la Bourse, et la Bourse peut défaire un ministère.
Toutes les idées tristes de Lucien s’envolèrent à l’aspect de cette jolie figure ; son âme en fut ranimée.
Les murs écorchés et sales des maisons de Nancy, la boue noire, l’esprit envieux et jaloux de ses camarades, les duels nécessaires, le méchant pavé sur lequel glissait la rosse qu’on lui avait donné, peut-être exprès, tout disparut.
Mme de Chasteller était simple et froide, mais de cette simplicité qui charme parce qu'elle daigne ne pas cacher une âme faite pour les émotions les plus nobles, mais de cette froideur voisine des flammes, qui semble prête à se changer en bienveillance et même en transports, si vous savez les inspirer.
A quoi bon être toujours sur des échasses ?
Le temps s’envolait rapidement pour notre héros. Mais les amants sont si heureux dans les scènes qu’ils ont ensemble que le lecteur, au lieu de sympathiser avec la peinture de ce bonheur, en devient jaloux et se venge d’ordinaire en disant : « Bon Dieu ! Que ce livre est fade ! »
Elle avait une simple robe blanche, et sa toilette montrait une simplicité qui eût semblé bien ridicule aux jeunes gens de ce bal, si elle eût été sans fortune. Les bals sont des jours de bataille dans ces pays de puérile vanité, et négliger un avantage passe pour une affectation marquée.
En attendant ce but final de tous les libéraux, le Code civil se charge de faire de petits bourgeois de tous nos enfants. Quelle noble fortune pourrait se soutenir avec ce partage continu, à la mort de chaque père de famille ? Ce n’est pas tout ; l’armée nous restait pour nos cadets ; mais, comme ce Code Civil, que j’appellerai, moi, infernal, prêche l’égalité dans les fortunes, la conscription porte le principe de l’égalité dans l’armée ; l’avancement est platement donné par une loi ; rien ne dépend plus de la faveur du monarque ; donc, à quoi bon plaire au roi ? Or, monsieur, du moment où l’on fait cette question, il n’y a plus de monarchie. Que vois-je d’un autre côté ? Absence de grandes fortunes héréditaires et par là encore point de monarchie.
– Pour te plaire, disait Lucien, il faudrait jouer un rôle, n’est-ce pas ? et celui d’un homme triste !et qu’est-ce que la société me donnera en échange de mon ennui ? et cette contrariété serait de tous les instants. Ne faudrait-il pas écouter, sans sourciller, les longues homélies de M. le marquis D... sur l’économie politique, et les lamentations de M. l’abbé R... sur les dangers infinis du partage entre
frères que prescrit le Code civil ? D’abord, peut-être, ces messieurs ne savent ce qu’ils disent ; et, en second lieu, ce qui est bien plus probable, ils se moqueraient fort des nigauds qui les croiraient.
Quant à ces personnages importants, de ton dur et
suffisant, qui s’intitulent mes camarades, je n’ai de commun avec eux que l’épaulette. Il regarda du coin de l’oeil le capitaine qui était à sa droite et le lieutenant qui était à la droite du capitaine. Ces messieurs font un parfait contraste avec les lanciers ; ils passent leur vie à jouer la comédie ; ils redoutent tout, peut-être, excepté la mort.
Si Lucien avait eu un peu d’usage du monde, il aurait parlé du crédit qu’avait son père au bureau de la guerre. Mais il
n’apercevait rien des choses de ce genre. Tel qu’un jeune cheval ombrageux, il voyait des périls qui n’existaient pas, mais aussi il se donnait le courage de les braver.