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Le premier volume d'Anatèm m'avait laissé circonspect. Si j'avais apprécié l'ambiance générale du roman (notamment ces « monastères » un peu coupés du monde, qui font de la philosophie et de la physique de pointe, divisés en ordres philosophiques), j'avais trouvé le roman difficile d'accès, et j'étais bien décidé à en rester là. Mais voilà, il y a des livres qui vous marquent plus que vous ne le souhaitez, et à force de passer et de repasser devant ce deuxième volume dans les librairies, j'ai fini par m'en emparer.

Notons que ce découpage en deux volumes n'est valable qu'en français : en version originale, il n'y a qu'un seul roman. Et ça ne m'a pas simplifié la vie : pas de résumé, pas de petites scènes qui permettent de reprendre pied dans cet univers, mais une plongée directe au coeur de l'intrigue, avec un vocabulaire particulier et des noms de personnages à moitié oubliés. Merci au lexique en fin de volume qui permet tout de même de se rafraîchir les idées. Avec le recul, j'aurais sans doute dû enchaîner les deux romans à la suite. Toute la mise en place du premier volume prend naturellement son sens avec les événements du second.

Le livre reste compliqué : on est clairement dans de la hard-science, qui mêle physique quantique, multivers et principe de causalité. La question banale « Qu'est-ce que tu lis en ce moment ? » devient embarrassante quand on s'entend se perdre dans ses tentatives d'explication. Et il sera sans doute difficile de comprendre de quoi on parle sans avoir quelques bases sur les sujets évoqués (quelques articles ou vidéos de vulgarisation devraient toutefois suffire pour au minimum suivre l'intrigue).

Mais au final, c'est tellement documenté, et tellement possible (au vu de nos connaissances actuelles en tout cas) qu'on en sort avec l'impression d'avoir lu un roman de fiction qui aurait pu, à pas grand-chose près, être classé dans la section Histoire dans un monde parallèle (tiens, on y revient). Anatèm est un peu comme un marathon : on souffre pendant et on se demande pourquoi on s'est lancé dans un truc pareil, mais une fois terminé, on en ressort avec une certaine satisfaction mêlée de fierté.
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Il aurait été dommage de ne pas aller au bout de cette lecture. Anatèm vient d'entrer au panthéon de mes romans de science-fiction préférés. Une fois de plus, le seul défaut de ce livre, c'est son édition française en deux parties. Ce choix a dû diminuer le plaisir de bon nombre de lecteurs.
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RELECTURE 2023

Une relecture qui m'a fait voir une autre vision de l'histoire qui m'avait échappé la 1ere fois.
J'avais préféré ce tome la 1ere fois mais cette fois j'ai préféré la partie 1. L'effet de surprise n'était plus là mais cela reste dans le très haut du panier.
J'ai aussi mieux cerné certains passages notamment la fin. Je me suis rendue compte aussi que tout avait été bien préparé par l'auteur depuis la première partie. Je pense m'être plus attachée à Erasmus que lors de la première lecture. Et je suis devenue plus sensible à la critique que fait l'auteur du système mis en place, chose qui ne m'avait pas autant marquée à la première lecture. Mais il faut dire que le roman est tellement riche que cela est difficile de tout encaisser en une fois. Je suis vraiment contente de l'avoir relue. C'est vraiment un roman que je continuerai à encenser tant il est aux antipodes de ce que j'ai pu lire et parce qu'il est juste extraordinaire en tout point.

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AVIS DE 2018
Une de mes lectures preferées et une de mes plus marquantes de ma vie de lectrices Anatèm de Neal Stephenson. Cet avis concerne les 2 tomes car ils ne forment qu'un en VO.
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Voilà ce que j'en disais en 2018
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Ce roman est décrit comme difficilement abordable car il faut accepter d'être bousculé pendant 150/200 pages.  Vous n'êtes clairement pas en terrain connu. Attention, cela ne veut pas dire que c'est incompréhensible, illisible ou WTF, au contraire, c'est en fait fascinant.  Mais je suis consciente qu'il peut être difficile d'entrer dans cet univers. Personnellemenr, j'avais l'impression d'être une chercheuse, lisant un témoignage sur une civilisation éloignée, mais proche de la nôtre qui a développé son propre langage, son propre système, ses propres croyances. Et pendant 200 pages, il fallait que j'apprivoise ce monde. Par la suite, vous êtes complètement immergé et vous entrez dans le coeur du récit et de l'intrigue.
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L'histoire est racontée par fraa Erasmus (fraa=frère), un jeune chercheur qui vit dans un sanctuaire fermé au monde extérieur sauf pendant certaines périodes. Lors d'une de ces périodes des événements anodins vont perturber son quotidien plutôt calme.
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Ce qui est remarquable dans ce roman, c'est que je ne me suis jamais ennuyée.  Tout est bien amené, les explications ne sont pas faites pour annoncer un quelque événement immédiat. Fraa Erasmus est en apprentissage, il fait des rencontres, il participe à des débats, il raconte sa quotidien et celui de ses amis . Tout cela participe intelligemment à nous ouvrir les portes de cet univers.
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Des définitions parcourt le récit en les présentant comme des extraits de leur Livre. Les termes sont ensuite utilisés dans le récit comme s'ils faisaient partis du langage courant du lecteur. le roman est parcouru de néologisme et ce fut assez ludique de deviner à quoi elles faisaient références. J'en profite pour souligner le travail incroyable du traducteur car le résultat est remarquable.
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Les personnages sont attachants. Erasmus reste accessible. Il admet ses incompétences et ses défauts. J'ai tout de suite apprécié Fraa Erasmus. le ton du récit n'est ni distant ni trop érudit ce qui aurait pu
être le cas avec des personnages aussi savant.
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Les personnages qui gravitent autour de lui,
ont chacun leur attrait et ils sont facilement
identifiables. Avec du recul, je me rends compte
que ce n'est pas toujours évident surtout dans un
récit à la 1ère personne. J'ai pu me souvenir de
la plupart des personnages alors que pourtant on
les voit peu. Mais en faisant partir quotidien
Erasmus, ils le deviennent aussi pour nous.

Cela avait été mon roman préféré de 2018.
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Emballé par le premier tome, une longue respiration nécessaire avant le second tome permet de se replonger dans un roman aventursque loin des sentiers battus où se mêlent les réflexions les plus tordues et les éclairs de génie les plus brillants. On retrouve avec bonheur les personnages principaux, fidèles à eux mêmes bien que lancés dans des aventures cette fois extra-terriennes qui ne permet malheureusement pas de développer d'avantage encore les mille facettes du monde arpenté. Il faut savoir prendre le temps de (re)lire certains passages, ne pas s'y perdre, leur donner une importance qu'ils n'ont en réalité pas ou encore savoir attendre le moment où quelques centaines de pages plus loin, ils trouveront tout leur sens (pas toujours) dans ce qui pourrait être une forme d'éloge à la patience. La conclusion est assez dans l'air du temps puisqu'elle aborde un thème aujourd'hui presque majeur dans la culture SF mainstream mais cela ne doit pas gâcher le plaisir d'une oeuvre assez monumentale, parfois insondable mais qui méritera une relecture au moins dans quelques années.
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Alors je dois dire que ce tome 2 m'a très agréablement surpris, agacé que j'étais avec les longueurs et le peu d'action du tome 1.
Neal Stephenson est vraiment un grand auteur tant par son imagination débordante et détaillée, que par le déroulé des actions incroyables qu'il développe ici.
Le roman est toujours aussi astreignant et minutieux, mais quelle claque on prend lorsqu'on découvre les nombreuses péripéties (le mot est trop faible) que Fraa Erasmas et ses amis doivent affronter.
Il y a plusieurs scènes d'anthologie, au moins celle de la longue approche du vaisseau et de la suite: quelle conception, quelles inventions, quelles visions, que l'auteur développe avec moultes détails tous aussi hallucinants les uns que les autres.
Anatem apporte à la SF une référence d'une immense qualité.
Ce long roman est finalement inoubliable, mais difficile d'accès, et très exigeant dans sa lecture.
Néanmoins, tout lecteur de SF de qualité doit s'y atteler.

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Ce roman est la suite immédiate du tome 1 (pour mémoire, il est paru en un seul tome dans la VO : un bébé de presque 1 000 pages en anglais et 1 200 pages en français). Nous retrouvons donc Erasmas qui est sorti de sa concente et découvre sa propre planète, mais je ne vais pas trop en dire sur l'intrigue pour ne pas divulgâcher et abîmer le plaisir de lecture de ceux qui n'auraient pas encore lu la première partie.

Disons seulement qu'un énorme rebondissement arrive au milieu de ce tome !

Que dire d'autre ?

Nous retrouvons un long passage de débats philosophiques, mathématiques ou de physique (comme au début du tome 1) de plusieurs dizaines, peut-être plus d'une centaine de pages (je n'ai pas compté). Alors, soyons honnêtes, la lecture est costaude et exige un effort de concentration. L'érudition de l'auteur est indéniable, ainsi que son envie de jouer avec les concepts. Les maintes réflexions peuvent perdre plus d'un lecteur, mais si vous avez apprécié le tome 1, sachez qu'ici on est dans la même veine. Plus surprenant, tous ces débats ont une utilité dans l'intrigue, et servent à expliquer ce fameux rebondissement qui bouleverse le cadre du roman. À ce titre, je trouve que l'auteur a réussi un coup de maître. Les amateurs d'une science-fiction de haut vol s'y retrouveront.

Comme nous sommes dans une « littérature de l'imaginaire », le worldbuiding n'est pas oublié, y compris la fine description de sociétés avec leurs habitudes et leurs non-dits, ainsi que les relations complexes entre les cercles de pouvoir. L'auteur a aussi effleuré la hard SF, notamment dans la seconde partie de ce tome, mais sans jamais tomber dans un texte « écrou et boulon » ardu ou soporifique.

Peut-être peut-on trouver la conclusion un peu moins palpitante que ce que nous imaginions (l'auteur sème des indices pour une piste, et prend un autre chemin). II n'en reste pas moins que ce roman est vraiment à part dans la science-fiction contemporaine : philosophique, théorique, exigeante, fascinante, sans oublier un sens of wonder indispensable au genre.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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J'étais déjà attirée par ce roman en 2 parties dans sa version grand format de chez Albin Michel Imaginaire, aussi lorsqu'il a été annoncé dans sa version poche chez le Livre de Poche (sortie le 13/10/2021), je n'ai pas résisté et je l'ai demandé en SP.

J'ai mis un peu de temps à le sortir car j'avoue qu'il me faisait un peu peur. Il est annoncé comme un incroyable croisement entre Dune et le nom de la rose. "Un roman monumental, d'une extrême exigence. On arrive au terme avec le sentiment d'avoir lu un livre majeur." (Télérama) ou encore "Un chef d'oeuvre de la science-fiction qui met longtemps à déployer son univers, mais ensuite ne vous lâche plus." (Le Parisien).

De fait, ce roman est à mes yeux un ovni. L'action ne démarre vraiment qu'à la moitié de la 1ère partie soit à environ 400 pages sur 787 pages et même ensuite, les choses prennent leur temps. L'ensemble du récit se fait sur 1400 pages, comprenant beaucoup de digressions théoriques, scientifiques, religieuses et philosophiques et pourtant je ne me suis jamais ennuyée ! J'ai trouvé le récit passionnant et addictif. La plume est magnifique, le world building juste dingue et je tiens ici à saluer le travail de traduction qui est incroyable !

Pour vous situer un peu, nous nous situons sur la planète Arbre et nous rencontrons Fraa Erasmas, un jeune chercheur vivant dans la congrégation de Saunt-Édhar, un sanctuaire pour les mathématiciens et les philosophes. Méfiante vis-à-vis du monde extérieur violent, la communauté ne s'ouvre au monde qu'une fois tous les dix ans. C'est lors d'une de ces courtes périodes d'échanges avec l'extérieur qu'Érasmas se trouve confronté à une énigme astronomique. Ce mystère va l'obliger à partir pour retrouver son mentor Fraa Orolo et vivre l'aventure de sa vie. Une quête qui lui permettra de découvrir Arbre dont il ignore quasiment tout.

J'ai effectué la majeure partie de ma lecture des 2 parties de ce roman en audiobook qui est d'excellente qualité et dont l'écoute a été totalement addictive. J'avais effectivement l'intention de n'écouter que la 1ère partie en ce mois de décembre mais je n'ai pu résister à l'envie d'enchainer directement avec la 2nde partie et de découvrir le fin mot de cette aventure épique.

Je vous recommande fortement ce roman mais avec toutefois un bémol : il me parait difficilement abordable pour les novices en SF.
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Néomatière à réflexion

Jubilation de deux tomes que ce pavé-monde des plus immersifs. L'auteur démarre par un avertissent aux non-aguerris à la fiction spéculative. Pour les amateurs de SF, pas besoin d'être prévenus, c'est tout ce qu'on a toujours cherché.
En effet, ce qui peut être rebutant, c'est le nombre de néologismes que l'auteur aligne avec une aisance suffisante pour qu'on le croie réellement habitant de la planète Arbre. Arbre est semblable à la Terre en bien des aspects, notamment par le fait que ses habitants ont des bras, des jambes, des mains et des sciences. Pourtant, le terme « science » ne sera jamais prononcé. Tous les néologismes décrivent un fonctionnement de société propre à ce monde et à son rapport à la connaissance. Ce sont quelques définition de leur Dictionnaire qui ponctuent les chapitres et insistent sur l'importance de (re)définir les concepts. Entre deux péripéties bien visuelles, on plonge profondément dans de longues discussions philosophique/scientifiques. Autour du thème « L'Homme a-t-il découvert les mathématiques, ou les a-t-il inventées ? » (pour simplifier), plusieurs écoles de pensées ont vu le jour. Évidemment, une intrigue prend place, se développe, le monde s'élargit...
Ce livre contient beaucoup de choses rebutantes comme ces longues discussions et de très longues descriptions. Mais ça ne bute jamais car tout y est fascinant. D'abord parce que tout y est nouveau, le vocabulaire, l'architecture, l'organisation sociale, mais surtout parce que chaque discussion même stérile et chaque description même interminable vous en apprend sur ce monde. Rien n'est ordinaire. Ou plutôt, même l'ordinaire paraît nouveau. Certains mots compliqués ont des équivalents simples chez nous mais rien que le mot inventé pour le décrire définit un rapport totalement différent à l'objet ou à la technique qu'il désigne.

Il y a quelque chose d'Umberto Eco et le Nom de la Rose dans ce roman, avec ces ascètes accaparés par leur soif de connaissance cadré et leur Discipline envers un mode de vie, les murs et escaliers entrecroisés dans lesquels ils vivent, avec la différence qu'ici, la grande érudition d'Umberto Eco est en intégralité imaginée.

J'aime beaucoup dans un bon livre de Fantasy me référer régulièrement à la carte géographique en début de livre. Ici, c'est une chronologie énumérant brièvement plus de 6000 ans d'histoire. le texte est assez bien écrit pour s'en passer mais s'y référer permet une meilleure compréhension encore. J'ai un regret, faute à l'édition française, c'est de n'avoir accès à cette chronologie que dans le tome 1, et au glossaire rassemblant la bonne centaine de mots inventés qu'à la fin du tome 2. Ce livre contient un cosmos et n'a pas été pensé en deux parties distinctes, c'est simplement un roman coupé en deux, sûrement pour ne pas effrayer les lecteurs devant un gros pavé. Pourtant, je crois que ceux qui seront attirés par ce type de lecture sont des férus de pavés. Pour ma part, j'en aurais bien pris encore plus, arrivé à la fin. En revanche, pour défendre l'édition française, un sacré défi a été relevé par le traducteur (Jacques Collin), car le livre (sorti aux USA en 2008) a été longtemps considéré intraduisible et on comprend pourquoi. En plus d'inventer des mots, ceux-ci forment souvent des petites boutades qui jouent sur la langue. En le lisant, je me suis demandé à quoi ressemblait le livre en anglais, tant j'avais l'impression d'être devant le délire d'un intellectuel francophone. Chapeau.

La prouesse de Neal Stephenson (et de son traducteur) est de réussir à créer une lecture fluide en présence de tous ses ennemis (monde inconnu, nouveaux mots, nouveaux concepts, nouvelles techniques). Les longues descriptions décrivent mine de rien beaucoup de choses, des lieux très grands et labyrinthiques. de même pour les mots et les concepts, c'est riche mais il faut souvent se contenter du minimum de compréhension avant que la suite ne déferle sur les lignes. Il y a donc une qualité propre à un très bon imaginaire : la densité. Deux tomes c'est beaucoup, mais c'est finalement très peu comparé à la richesse du monde décrit, son développement, son intrigue. le point de vue unique à la première personne a quelque chose à voir dans notre confort de lecture, une seule paire d'yeux est amplement suffisante à décrire cela. C'est même assez osé, car derrière la densité il y a le désir de rendre les choses faciles à saisir pour nous immerger. Là où d'autres auteurs choisiraient la polyphonie ou l'éclatement du récit pour une apparente complexité, Stephenson choisit le récit chronologique à la première personne, découpé en chapitre homogènes, à l'intérieur duquel la complexité peut s'épanouir.

Anatèm est un parfait livre de science-fiction par les (nombreux) thèmes qu'il aborde mais surtout par ce qu'il nous apporte. A travers ce monde inconnu, il met à mal notre rapport au savoir, notre rapport à l'autre, aux croyances, au mythique, il questionne notre organisation politique, et dans plusieurs domaines, il pousse très loin la spéculation sans jamais perdre de vue le plausible. Bref, comme un bon roman de l'imaginaire, il nous extériorise. Il nous sort de notre système de pensée, ce qui est indispensable à la santé de l'esprit. Stephenson n'a pas inventé tout ça tout seul, et sans les citer, il sait ce qu'il doit à tous les auteurs passés avant lui.
En plus de ça, on voyage, on en prend plein les yeux, plein les sens et plein la culture, et très souvent, on se marre.

Chef-d'oeuvre.
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Après avoir suivi un mooc sympa de l'université d'Artois sur la SF, je me suis bêtement dit que je pouvais passer aux travaux pratiques.
Première erreur.
Deuxième erreur : j'ai choisi imprudemment [anatèm], roman très bien noté sur Babelio, présenté comme une sorte de « Nom de la rose » intergalactique dont seules les premières pages étaient susceptibles de rebuter un lecteur novice.
Ben quoi? me suis-je susurré. D'abord je ne suis pas novice et de surcroît même si je lis très peu de SF je me suis quand même fait une bonne partie du cycle de « Dune » à l'adolescence. Alors? Qu'est-ce qui pourrait bien m'empêcher de lire [anatèm], je vous le demande?
Rien. J'ai tout lu. Mais j'ai pas compru grand chose.
Le bandeau de couverture annonce que le roman a été n°1 des ventes selon le New York Times. Alors de deux choses lune (comme on dit dans les romans de SF): soit le niveau général de la population anglophone a sacrément augmenté pendant qu'on avait le dos tourné, soit Neal Stephenson passe super bien à la télé et son livre sert surtout de marqueur CSP+ sur la table du salon.
J'ai fait des études littéraires. Alors, pour moi, les premières pages si décriées d' [anatèm], elles roulent toutes seules. Une fois qu'on a compris que les fraa sont des frères et les suvines des écoles, ce qui se fait assez vite, le déchiffrement ne pose aucun problème. Ces inventions langagières sont d'ailleurs plutôt bien faites et prennent en compte l'évolution des mots ; de même que le mot bureau vient de la bure qui recouvrait le meuble, « calca » en taerran signifie « exposé » à partir de la craie qui sert aux démonstrations.
Si les lecteurs habituels de hard S.F. ont eu des difficultés à se familiariser avec ce nouveau vocabulaire, moi c'est bien entendu tout le reste ou presque qui m'a posé problème. Et notamment le monstrueux tunnel par lequel commence le tome 2 et qui narre par le menu une conférence essentielle sur la compréhension de nouveaux phénomènes cosmiques.
Allez, juste un exemple au hasard, on n'a pas tous les jours l'occasion de rigoler:
« Je rapportai à Paphlagon que, selon Orolo, l'esprit équivalait à la construction prompte et fluide de représentations mentales de mondes contrefactuels, et que cette hypothèse n'était pas simplement possible, ni simplement plausible, mais facile – si l'on envisageait l'esprit comme embrassant un ensemble de versions légèrement différentes du cerveau, chacune gardant trace d'un cosmos légèrement différent.
Paphlagon conclut en formulant la chose beaucoup mieux : « Si l'espace de Hemn est le cadre et qu'un cosmos est un point unique du paysage, alors un esprit donné est un trait de lumière en mouvement dans ce paysage, tel le faisceau d'une lampe torche qui éclaire une série de points – de cosmi – proches les uns des autres, cerné par une pénombre qui vire rapidement à l'obscurité sur les bords. Au coeur le plus rayonnant du faisceau, une diaphonie se crée entre de nombreuses variantes du cerveau. Les interférences sont beaucoup moins nombreuses dans la périphérie à demi éclairée et inexistantes dans les ténèbres au-delà.  »
Voilà voilà voilà.
D'une certaine façon, [anatèm] ressemble aux livres de Pierre Bayard, cet universitaire qui s'amuse avec les enquêtes d'Hercule Poirot pour les démonter et trouver un coupable alternatif. Ici, c'est pareil. Sauf que Stephenson ne corrige pas Agatha Christie, lui, mais carrément Platon, en reprenant la querelle des universaux à la lumière de l'astrophysique (Que l'on se rassure, je ne comprends absolument rien à ce que je viens d'écrire).
Sur un plan purement romanesque, je reste sceptique quant à la construction de ce grand oeuvre, découpé en 1) les données du problème 2) les hypothèses 3) la résolution. Mais là encore, j'ai cru comprendre que les lecteurs naturels de ce livre (ceux pour qui il a été écrit) sont eux admiratifs de ce schéma.
Donc je m'incline et nous nous retirons, mon incompétence et moi, admiratives et humiliées.

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Que dire... rien, comme ce livre en fait... J'avais lu le 1er tome, et comme je n'ai pas l'habitude d'abandonner (je le fais dans les premières pages) je suis passé à la suite... pour rien... Bon, le mec il s'est foulé à inventer tout un vocabulaire qui visiblement suffit à en impressionner plus d'un, mais au-delà de ça, quoi ? eh bien rien... C'est marqué un peu partout "le chef d'oeuvre" de Neal Stephenson... S'il suffit d'inveter des mots pour écrire un chef d'oeuvre alors en voilà un autre : La sphectrine de Glos flisqua ébourdement avilensant tout ce qui vêlugeait tout astour. Putain, qu'est-ce que je suis génial !!!
Quant au scénario, à l'histoire... rien de transcendant, rien d'autre qu'un ixième livre sur les mondes parallèles et leurs rencontres...
Non, vraiment rien dans ce livre ne mérite le terme de "chef d'oeuvre" si l'on est un lecteur honnête et pas un journaliste ou un réseauteur (éventuellement égyptien... ah,ah,ah... my private joke) rémunéré au panégyrique.
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