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3,8

sur 1112 notes
By Reason of Insanity
Traduction : Clément Baude

C'est dans un état d'esprit assez dubitatif que j'ai tourné la dernière page de ce livre. La chute est excellente, voire atroce, même si le lecteur attentif a saisi, dès la moitié du roman, la contradiction qui devait l'amener. L'ensemble est détaillé au maximum, presque autant que dans "L'Etrangleur de Boston", oeuvre non fictionnelle celle-là, qui évoquait le cas d'Albert di Salvo. Les crimes, quant à eux, sont à l'image de l'abîme gisant tout au fond de celui qui les commet. Mais ...

... mais non seulement il y a des longueurs - ce qui, à la rigueur, pourrait se pardonner - mais surtout, la trame est beaucoup trop lâche. Elle s'étire indéfiniment, comme un chewing-gum qui, peu à peu, perd toute saveur. Enfin, contrairement à ce que prédit la quatrième de couverture, on a beau chercher, il n'y a rien ici qui évoque la tension intense, diabolique de "Dragon Rouge" ou encore du "Silence des Agneaux." Rien non plus qui évoque la perfection glacée, quasi racinienne, du "Tueur sur la Route" de James Ellroy.

En d'autres termes, le psychopathe est bien là, il a vécu une enfance vraiment horrible et le lecteur le plaint en conséquence mais c'est tout : en tous cas, personnellement, je n'ai pu aller plus loin dans l'intérêt.

L'ennui, avec le personnage de Thomas Bishop, c'est que l'auteur nous dévoile l'intégralité de ses motivations. Avec une application méthodique, il transforme son inconscient torturé en cette improbabilité absolue qu'est le "Ca" sans ténèbres. Or, le psychopathe sans ténèbres n'est plus un psychopathe mais une espèce d'ersatz, semblable à l'un de ces produits qui imitent l'alcool mais qui, en fait, n'en sont pas. Même si c'est du bout des lèvres, les psychiatres les plus arrogants admettent que toujours, dans ce type de personnalités, quelque chose leur échappe. Face aux experts médicaux, le psychopathe, lui aussi, reconnaît des zones d'ombres qu'il ressent mais ne parvient pas à maîtriser dans leur intégralité.

Hélas ! avec Thomas Bishop, tout, y compris les ténèbres, est lisse. Trop. Beaucoup trop.

Cette absence de relief, alliée au manque de vigueur de la construction, empêche le lecteur de frissonner réellement et encore moins de se passionner. Dès lors qu'on a passé la première moitié du livre, on a hâte d'en voir la fin. A peine reprend-on un peu courage en constatant les ressemblances de caractère entre le journaliste Adam Kenton et l'homme qu'il traque que, à nouveau, l'ennui nous dégringole dessus. Car enfin, ce roman fait sept-cent-soixante pages !

Bref, en lieu et place de "Au-delà du Mal", lisez plutôt Thomas Harris, James Ellroy, ou, si vous recherchez plutôt le documentaire, "L'Affaire Charles Manson" de Vincente Bugliosi. Ceux-là ne vous décevront pas : "Au-delà du Mal" si. ;o)
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thomas bishop a 10 ans est placé en institut psychiatrique pour avoir tué sa mère. qui le battait, 15 ans plus tard il s,
échappe et entame un périple meurtrier à travers les état unis.
une chasse à l'homme va s, organisé.
un triller efficace, mais plus pour adultes,
a cause des scènes de meurtres, assez sanglantes. et un final qui fait monter la tension.
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A 10 ans, Thomas Bishop a assassiné sa mère en la poussant dans son poêle à bois, après avoir enduré des années de mauvais traitements, d'humiliations diverses et de coups de fouets.
Interné depuis en hôpital psychiatrique, il décide de se faire la belle. Pas juste pour aller au grand air, non, ni voir du pays.
Pour débuter un voyage inédit : une course folle à travers les États-Unis, semant la mort sur son passage, assassinant à tour de bras des femmes croisées au hasard, cherchant l'absolution dans la réalisation d'un plan auquel seul un malade mental pouvait penser : faire payer toutes les femmes de la planète pour ce que lui a fait subir sa mère. Avec à ses trousses la police, la presse (et plus particulièrement le journaliste Adam Kenton), la mafia, et tant d'autres...
Qui saura mettre un terme aux agissements de Thomas Bishop et arrêter l'hécatombe qui terrifie le pays tout entier ? Quelqu'un en est-il même capable ?

L'énorme bandeau rouge portant la recommandation du Maître Stephen King ne fait pas de ce roman, un livre grand public, loin de là. il faut plutôt prendre en considération la recommandation du bien plus sombre James Ellroy comme argent comptant : on n'est pas là pour rigoler, et pour être noir, "Au-delà du mal" est sacrément noir.
L'histoire, pour commencer. Celle d'un serial-killer, certes, thème mille fois rebattu depuis au travers de dizaines, voire de centaines d'ouvrages, mais qui, pour poser le livre comme fondateur du genre, sait être dense, intense, tordue parfois. Dans tous les cas, preuve d'un énorme travail de la part de l'auteur. Même si certains enchainements peuvent parfois paraître un peu simples, les divers rebondissements et ressorts dramatiques fonctionnent comme un charme, et c'est un pur plaisir que de parcourir les quasiment 900 pages.

Non content de proposer une histoire purement addictive incitant le lecteur à dévorer les lignes à vitesse grand V, ce roman offre surtout un style franchement agréable. Ce qui choque certainement le plus (outre l'esprit tordu que devait avoir Shane Stevens pour pondre une telle histoire, jusque dans ses détails), c'est la froideur du style, et le détachement dont fait preuve l'auteur, rendant certains passages vraiment cliniques, dans le sens où l'aspect glacial et purement descriptif avec lequel sont racontées les horreurs commises par Thomas Bishop semble dénué de toute émotion en provenance de l'auteur. Une curiosité qui m'a particulièrement plu, dans la mesure où le manichéisme n'est absolument pas de mise dans ce roman.
La mise en place de l'histoire, sans être longue pour autant, permet à l'auteur de poser les bases de son histoire à l'aide d'un nombre infini de détails permettant de faire connaissance de manière très poussée avec les différents protagonistes de l'histoire. Pour le coup, les personnages ne sont pas seulement esquissés dans ce roman, ils sont véritablement façonnés, presque palpables. Une façon de faire que je rapprocherais de celle de Stephen King qui lui aussi sait créer des personnages et des univers plus vrais que nature, en sachant s'attarder sur l'insignifiant afin de matérialiser ses histoires et ses personnages.

L'ouvrage n'est pas qu'une simple plongée dans la folie d'un meurtrier, même s'il reste bien entendu le centre de l'histoire. Shane Stevens intègre à son chef-d'oeuvre une multitude d'autres intervenants : journalistes, politiciens, membres de la pègre. Autant de rôles additionnels qui permettent, en plus d'étoffer une intrigue déjà solide, de dresser un portrait de la société américaine des années 70. le trait le plus marquant sur cette retranscription d'une époque est sans doute l'important donnée au personnage de Caryl Chessman, condamné à la peine capitale sans preuve formelle. Cet axe permet à l'auteur, en plus de dépeindre la situation à l'époque de l'écriture du roman, d'engager une réflexion sur le bien fond ou non d'un tel châtiment et sur les diverses forces en présence dans le débat (pro et anti, tous enracinés à leurs certitudes, servant des arguments parfois fallacieux pour illustrer leur point de vue).
Gros point positif de ce roman, sans doute imputable au style fluide et au synopsis solide, la multitude de personnages ne perd jamais le lecteur, quel que soit le niveau d'avancement dans le livre. Comme je l'ai mentionné plus haut, chaque personnage est suffisamment bien construit pour qu'on l'identifie sans problème et que l'on reprenne son point de vue dès qu'il devient l'élément central d'un chapitre.

Ce qu'il faut tout de même retenir et mettre en avant concernant "Au-delà du mal", c'est l'horreur absolue qu'il délivre lorsqu'on est aux côtés de son personnage principal, Thomas Bishop, un serial-killer comme on en a rarement vu. A se demander, même, comment un auteur peut être capable d'écrire de telles choses sans être lui-même sérieusement atteint. A travers sa traversée des États-Unis, Thomas Bishop va laisser derrière lui des dizaines de cadavres, portant la marque d'une violence, d'une sauvagerie inouïes, pour laquelle aucun détail ne sera épargné au lecteur. C'est d'ailleurs au tout début du voyage de Bishop à travers l'Amérique que les scènes de meurtre sont les plus explicitement détaillées, afin que le lecteur prenne bien conscience du type de monstre qu'il a sous les yeux. Par la suite, il en devient presque banal de voir que chaque nouveau meurtre en empreint d'encore plus de démence et de violence.
Le pire, dans l'histoire, c'est qu'on ne parvient pas à détester Thomas Bishop, en dépit des choses insoutenables qu'il est capable de faire et de son évidente inhumanité. C'est bien dans ce point que réside le côté anti-manichéen de l'histoire : chaque personnage a sa part d'ombre, c'est un fait, mais Thomas Bishop, peut-être encore plus que les autres, oblige à une certaine forme d'admiration. pas pour ce qu'il fait, bien entendu, pas pour cette folie meurtrière qui l'habite, mais pour l'intelligence hors norme dont il fait preuve tout au long du livre. Car bien que malade mental ayant passé sa vie interné, Bishop est un génie : de l'évasion, de la dissimulation, du mensonge, de la débrouille, de l'invention et du détournement. Bref, un génie qui excelle dans mille domaines, ce qui conditionne bien entendu le statut hors norme qu'il acquiert durant les quelque dix années au cours desquels il sévit.
Et surtout, la question de ses limites ne cesse de hanter le lecteur tout au long du livre : comment imaginer qu'il est possible de faire encore pire que ce qui vient d'arriver ? Est-ce même possible ? Comment même, tout simplement, concevoir d'en arriver là, au tout début du voyage sanguinaire de Bishop. En tout cas, Shane Stevens sait ménager son petit effet et y aller crescendo, sans bridage, sans limite et sans censure, un peu à l'image du personnage qu'il a créé.

Thomas Bishop est sans conteste l'incarnation du mal absolu, un être incroyable et terrifiant, un personnage aux multiples facettes, à l'intelligence hors norme, mais surtout à la dangerosité sans limite. La seule limite, peut-être : celle de sa folie, prête à le conduire à sa perte.
Il y avait bien longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir à lire un roman, bien qu'ayant été un peu intimidé par le pavé de 900 pages qu'"Au-delà du mal" représente.
Car tous les ingrédients d'un très bon polar sont réunis : une histoire extrêmement bien pensée, un style qui rend la lecture fluide et très agréable, des personnages charismatiques, attachants aussi bien que repoussants. le tout agrémenté de multiples rebondissements, fausses pistes et coups de Trafalgar.
Il m'est même arrivé de penser à plusieurs reprises que pour être aussi méticuleux, aussi précis et surtout aussi dingue pour imaginer une telle histoire, peut-être y avait-il une part d'autobiographie dans ce roman.
Quoi qu'il en soit, après m'être autant régalé, je ne peux que vous conseiller la lecture de ce brillant bijou. Je le recommande vivement et sans aucune hésitation aux amateurs de polars. Âmes sensibles s''abstenir.
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Tous les amateurs de livres traitant de tueurs en série devraient à mon humble avis se prosterner devant Stevens. La question mérite d'être posée : Au-delà du mal est-il le plus grand thriller jamais écrit ? Votre humble serviteur n'est pas loin de penser que la réponse est oui. Pour cette véritable descente aux enfers Shane Stevens opte pour un style précis et sans émotion apparente, un récit clinique qui plonge dans les tréfonds de l'esprit dérangé de son personnage principal. La cavale de Bishop est semée de cadavres de femmes mutilées, de dissimulation et de cruauté. L'auteur dont on ne sait pas grand chose sinon que ces autres oeuvres sont à mille lieux de la puissance d'au-delà du mal, nous fait partager le quotidien d'un esprit dérangé et pourtant supérieurement intelligent. Ce livre, écrit en 1979 fut précurseur et un véritable modèle pour des générations de thrillers évoquant le thème des tueurs en série. L'odyssée de Bishop est particulièrement violente et certaines pages sont à la limite du soutenable; ceci étant la description particulièrement fouillé de cet esprit aliéné et de son enfance ravagée permet une réflexion approfondie plutôt rare dans ce type d'ouvrage. Vous l'aurez compris nous avons ici affaire à une oeuvre forte qui pêche peut-être par certaines longueurs et la multiplicité des points de vue . Pour le reste on est là devant un thriller haut de gamme, dérangeant et hors-norme que je recommande particulièrement.
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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9/10 Cet opus est un véritable bijou dans le genre! Un des grands romans de la veine "serial killer" sur fond de débat sur la peine de mort aux USA. Une documentation soignée, une traduction plutôt agréable à lire, une angoisse qui croît à chaque ligne... des descriptions fouillées et saisissantes de la psychologie de Bishop et de son mode opératoire. L'enquête progresse, bute, est sur de fausses pistes, analyse chaque détail dans tous les sens... Vraiment un tout grand thriller! A lire sans hésiter par les lecteurs patients et qui aiment que le suspense dure longtemps! Il se lit à la manière dont on devrait manger des Chokotoff: laisser "agir" longtemps, longtemps, longtemps et faire durer le plaisir...
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Avant d'aller plus en avant dans ma chronique je voudrais revenir sur le parcours atypique de ce roman et de son auteur. Publié en 1979, Au-Delà du Mal, est considéré comme un des piliers fondateurs du genre (thriller mettant en scéne un tueur en série) mais malgré un succès incontestable Outre-Atlantique il faudra attendre 30 ans pour que le roman soit publié en français. Ce délai incroyablement long n'est pas dû à la frilosité des éditeurs français mais au fait que son auteur, Shane Stevens (probable pseudonyme), se soit subitement évanoui dans la nature au début des années 80 après avoir écrit 6 romans publiés entre 1966 et 1985. Les Editions Sonatine, à l'origine de la version française du roman, ont obtenu, après de longues recherches, l'accord de la fille de l'auteur ; et c'est ainsi qu'en 2009 les français peuvent enfin découvrir ce mythique thriller dans la langue de Molière !
L'auteur ne se contente pas de suivre le parcours sanglant de Bishop mais aussi de ceux qui gravitent autour de lui, la police bien entendu, un journaliste d'investigation qui recherche un scoop, un politicien qui fait de la défense de la peine de mort son cheval de bataille et même la pègre payée pour liquider le fugitif assassin ! C'est l'occasion aussi pour Shane Stevens de nous dresser un portrait sans concession des Etats-Unis des seventies (un portrait encore d'actualité aujourd'hui sur certains points).
Pour ne revenir au roman à proprement parler le style est volontairement épuré, entre journalisme (sans voyeurisme) et documentaire, un choix qui colle bien au récit et permet une immersion rapide au coeur de l'intrigue. Intrigue qui repose sur la dualité de Thomas Bishop, d'un côté il s'avère totalement inadapté à toute vie sociale (voire même à tout sentiment, sinon la haine) et fortement psychotique, et de l'autre il se fond dans la foule tel un caméléon, s'attirant même les bonnes grâces de ses futures victimes ; un curieux mélange de folie assassine et d'intelligence froide et calculatrice. A défaut d'être attachant le personnage est suffisamment intriguant pour que l'on s'y attarde, une personnalité aussi complexe tend à effacer quelque peu les autres personnages qui font office de figurants dans le récit sans que toutefois cela ne nuise au roman. Bref j'ai littéralement dévoré ce pavé sans jamais m'ennuyer, je ne peux que le conseiller à tous les amateurs de thriller, en le lisant ne perdez pas de vue que c'est ce titre qui a ouvert la voie à d'illustres successeurs…

Lien : http://amnezik666.wordpress...
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Un pavé qui est sorte en 1979 et qui n'a pas pris une ride. Même pas née à l'époque… Je suis scotchée par la qualité du roman qui nous offre Shane Stevens. Une agréable surprise pour moi.
L'auteur va au delà de son histoire de tueur en série. Thomas Bishop, le sociopathe est une sorte de point de départ pour un documentaire sensationnel. Je m'explique. Caryl Chessman a existé et a vraiment été exécuté. L'auteur partira de ce fait réel pour nous entrainer dans une course poursuite fictive mais réaliste.
Un roman dérangeant où l'auteur le développe comme un documentaire pour présenter les failles de la politique et des médias aux USA à l'époque. On a cette traque d'un fantôme qui aura des répercussions sur tout le pays. Shane Stevens ne s'arrête pas aux crimes, il nous brosse un portrait des plus complexe. Il décortique chaque recoins de sa personnalité. Un plongeon dans l'âme humaine des plus dérangeante. Encore un auteur qui met en avant que l'on ne nait pas tueur on le devient. D'ailleurs Shane Stevens saura le démontrer de la manière la plus perverse.
Ce roman est présenté comme le roman fondateur sur les serial killer. Je veux bien le croire. C'est très bien écrit. Une ambiance bien décrite. Un vrai plongeon dans les années 50/60/70. Au delà du mal, c'est la traque d'un homme sans visage et chaque participant aura peur. L'auteur n'utilise pas les codes habituels d'un thriller psychologique, il pose son action doucement mais surement. Il met en place ses protagonistes comme une partie d'échec jusqu'à la confrontation finale et attendue. Les presque 800 pages font peur au départ mais on se laisse vite prendre au rythme imposé par l'auteur. Il faut le lire doucement pour le digérer et intégrer tous évènements.
Un gros coup de coeur. J'aimerais bien savoir pourquoi cela a été compliqué de racheter les droits pour traduction.
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Ecrit en 1979, ce thriller est un petit bijou du genre. L'auteur, Shane Stevens (probablement un pseudonyme), a écrit 5 romans entre 1966 et 1981, puis a complètement disparu de la circulation. Ce livre, considéré comme son chef-d'oeuvre, a été édité en France en 2009 après qu'une maison d'édition ait réussi à retrouver sa fille, mais même aux Etats-Unis, le roman a très longtemps été dur à trouver. Pourtant, je le redis, c'est vraiment une perle pour qui aime les thrillers.

L'histoire se déroule sur près de 1000 pages, et les 150 premières servent à planter le contexte historique et familial de la naissance du tueur, Thomas Bishop. Dans les années 1950 aux Etats-Unis, Caryl Chessman, un criminel condamné à la peine de mort, fait beaucoup parler de lui (le personnage a réellement existé). Thomas Bishop sera persuadé toute sa vie d'être son fils, et cela tiendra lieu de fil rouge dans le roman, de ces 150 premières pages (d'introduction, en quelque sorte) jusqu'au dénouement. On se rend compte dans le début de ce roman que Thomas Bishop a eu une enfance particulièrement tourmentée, avec une mère devenue plus ou moins folle avec les années, qui vit isolée et seule avec son fils. Un jour, à 10 ans, il craque et la tue. Il est alors placé dans un institut psychiatrique / prison, où il restera jusqu'à ses 25 ans. Il a donc vécu seul avec sa mère jusque 10 ans, pratiquement sans contact avec l'extérieur, puis enfermé dans un établissement psychiatrique durant les 15 années suivantes: comment ne pas être dérangé?

Le personnage de Thomas est pourtant incroyablement intelligent. Il parvient à échafauder un plan pour s'évader en trompant toute l'équipe (personnel de l'hôpital, policiers...) qui va être chargée de le retrouver: il arrive à se faire passer pour un de ses "amis" codétenus et à feindre sa mort. Pendant une très longue période, les enquêteurs vont donc être persuadés que Thomas Bishop est mort, et ils chercheront la mauvaise personne. C'est alors beaucoup plus simple pour lui de passer inaperçu dans la nature...

Toute la suite de l'intrigue est orientée sur la traque de ce tueur par les enquêteurs, et sur les ruses de Thomas Bishop pour leur échapper. On suit en parallèle les différents politiciens, journalistes et policiers qui le cherchent (enfin, qui cherchent un tueur sans savoir qu'ils cherchent Thomas Bishop, en fait), et Thomas Bishop lui-même, avec tous les meurtres qu'il commet et ses techniques pour passer inaperçu. le journaliste Adam Kenton évoqué dans le synopsis met quand même pas mal de temps avant d'arriver dans le tableau, mais ça n'entache pas la qualité du roman. Les personnages politiques sont peut-être superflus (le débat politique sur la peine de mort ne l'est pas, je parle bien des personnages politiques), je trouvais qu'ils alourdissaient un peu le tout, les journalistes et les policiers auraient suffi.

Ce livre est juste extraordinaire, il est incroyablement documenté, ambitieux, poussé, l'auteur a du y passer un temps fou (quel dommage qu'il n'écrive plus!) et ça se sent. C'est très rare de lire des thrillers de cette qualité. Il a un style très détaillé, les descriptions sont cliniques (ce n'est pas trop gore), limite froides, on sent une volonté de détachement de la part de Shane Stevens, de raconter son histoire le plus objectivement possible. S'il est un peu long à démarrer, franchement, ça vaut le coup!
Lien : http://read-aholic.blog4ever..
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J'étais curieuse de découvrir ce roman précurseur du genre thriller avec tueur en série qui aurait inspiré les James Ellroy et Thomas Harris. Je peux comprendre ce qu'il avait d'original à l'époque mais il faut reconnaître qu'aujourd'hui, le genre fait fureur et, entre les romans et les séries TV, il devient difficile de surprendre le lecteur. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai lâché ce type de lecture dont j'étais pourtant très friande il y a dix ans.
Mais bon … là il s'agit du pionnier alors j'ai voulu voir ce que ça donnait.

J'ai beaucoup aimé la première partie, l'enfance de Thomas Bishop, son internement, son évasion. Mais 900 pages mes amis … c'est long, surtout quand il n'y a pas de rebondissements.
Ce roman fonctionne selon le procédé que j'appelle Colombo : c'est-à-dire qu'on connaît déjà l'identité de l'assassin et on regarde les enquêteurs se dépatouiller avec leurs indices, leurs raisonnements etc … Sauf que Colombo, lui, a du nez et s'intéresse toujours en premier au coupable. Ici, ce n'est pas le cas, oh que non. La police ne s'en sort pas au point qu'elle demande à la pègre de l'aider. Même les journalistes s'y mettent. Rien à faire ! Normal, car dès le début ils écartent tous LA piste numéro un. Bah oui, il faut bien faire durer le suspense ! Pourtant si j'ai bien appris un truc avec toutes les séries et tous les polars que l'ai vues/lus, c'est bien qu'il ne faut jamais négliger une seule piste. Bref … ça a eu le don de m'énerver …
Donc voilà notre tueur en série qui se promène à travers les Etats-Unis en toute tranquillité.
Le roman alterne plusieurs points de vue de cette chasse à l'homme, celui des policiers, des journalistes, celui du tueur. Heureusement car ajouté au style rythmé de l'auteur, ça permet de tromper un peu l'ennui.

On a donc des policiers pas très futés, un journaliste plutôt intelligent mais qui met 700 pages à découvrir l'identité du tueur … et le tueur dans tout ça ? Ben … quand on connaît Patrick Bateman, plus rien ne nous impressionne. Parce que oui, il tue notre Thomas Bishop mais on est loin, très loin, de frémir d'horreur et de faire la grimace de dégoût. Les scènes de meurtre sont plutôt fades et vite traitées. Les âmes sensibles apprécieront. Même si l'auteur nous dévoile toutes les pensées secrètes et les névroses de Bishop, je suis restée sur ma faim car c'est finalement très répétitif et pas vraiment original ( enfin … ça l'était sûrement à l'époque mais plus maintenant).

Et parce qu'il faut bien avoir des choses à raconter pendant ces 900 pages, Shane Stevens assaisonne son oeuvre d'intrigues politiques. Et ça, désolée, mais je déteste les thrillers politiques. L'avantage c'est qu'on a, grâce à ça, une assez belle description de l'ambiance des Etats-Unis des années 70, on retrouve la montée en puissance des journalistes d'investigation (bêtes noires de Nixon), on est témoin des « arrangements » entre grands industriels et pouvoir politique. On a des réflexions très intéressantes sur la question de la peine de mort. Finalement, l'atmosphère de l'époque ressort assez bien.

Ce qui ressort assez bien aussi, c'est la misogynie de l'auteur. Ce monsieur a une vision de la femme vraiment ignoble, je pense que son Thomas Bishop a du lui servir d'exutoire à sa haine du sexe opposé. Il l'avoue d'ailleurs lui-même en disant qu'assassiner des femmes est le fantasme classique d'une grande majorité d'hommes. S'il n'avait mis de tels propos que dans la bouche de son tueur en série, j'aurais compris qu'il s'agissait de la mentalité du personnage , sauf que ce genre de propos apparait aussi venant des policiers, des journalistes, bref de tous les protagonistes. D'ailleurs, ils sont exclusivement masculins. Les femmes sont quasi absentes sauf pour servir de victimes ou de prostituées d'occasion.

Donc voilà, je suis plutôt déçue par ce roman. Je pense que je suis trop influencée par American Psycho qui, pour moi, est un chef d'oeuvre du genre dont je n'ai pas trouvé d'équivalent jusqu'à présent.

Lien : http://booksandfruits.over-b..
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Un thriller efficace bien que peu crédible. On suit un tueur en série extrêmement intelligent et tous les personnages plus au moins liés à lui : un journaliste d'investigation, des policiers et un sénateur qui surfe sur la vague pour atteindre ses ambitions politiques. le problème : c'est très (TRÈS) long. Je dirais à peu près 200 pages qui pourraient être supprimées.
Pour moi, c'est un bon livre mais pas le chef d'oeuvre qu'il est censé être.
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