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3,58

sur 817 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les livres de voyage c'est bien, mais les livres de voyage agrémentés de photographies, c'est encore mieux !

Non, mais l'idée est simple comme bonjour: on prend un texte de voyage, un classique du genre, et on l'édite dans une nouvelle édition, format beau livre, en rajoutant des photos du trajet parcouru par l'écrivain.
Et tout de suite, la qualité du livre s'en ressent ! le texte en lui-même est très bien. Stevenson, on le sait, est un excellent écrivain, qui par ailleurs fait beaucoup d'écrits de voyages. Ici, il se balade dans les Cévennes avec un âne -d'où le titre, ben oui...-, et c'est bien. C'est agréable à lire, ça donne un nouveau regard sur les Cévennes, et ça donne envie de voyager.
Mais les photos, c'est la cerise sur le gâteau: elles marchent sur les pas de Stevenson, au travers du sentier préparé exprès pour ça par la région. Elles sont pleines de couleurs et servent de support au texte. Non, pas seulement de support: elles servent aussi comme fenêtre entre le texte, et notre réalité. Pouvoir lire une description datant du siècle dernier et voir à quoi ressemble cette description donne une nouvelle perspective à votre lecture.

C'est une édition un peu coûteuse, mais qui ne devrait pas être trop difficile à trouver. C'est sûrement une des meilleures éditions du livre, et celle que je conseille absolument. Enfin, après, vous pouvez aussi ne pas acheter ce livre et partir dans les Cévennes avec un âne vous-même, ça marche aussi...
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Après "Belles étoiles : avec Stevenson dans les Cévennes" d'Eric Poindron, j'ai naturellement poursuivi le périple avec son inspirateur, le Stevenson de "Voyage avec un âne dans les Cévennes".

En 1878, Stevenson habite en France. Il décide de faire ce voyage à pied, au coeur des Cévennes, par goût pour le contact avec la nature et aussi pour meubler sa solitude pendant le voyage de Fanny, sa future femme, en Amérique.

Seul, il ne l'est pas tout à fait. Il est bien sûr accompagné de Modestine. Réticent et même un peu agressif au début avec son ânesse, il se prend peu à peu de tendresse pour elle et découvre la nature "avec (leurs) six jambes".

Plein d'humour, de bonne humeur et de tonicité, ce récit est aussi un hymne à la nature. L'automne dans les Cévennes est encore magnifié par l'écriture de Stevenson, tellement en communion avec l'extérieur qu'il choisit le plus souvent de dormir "à la belle étoile" plutôt qu'à l'abri.

C'est après avoir découvert cette région imprégnée à la fois de coutumes païennes (la bête du Gévaudan est encore dans tous les esprits) et d'esprit religieux (c'est le pays des Camisards) qu'il écrira ce récit devenu mondialement célèbre (un sentier "Stevenson" a été balisé).

Ou comment découvrir ou redécouvrir les Cévennes grâce à la littérature.
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Le 22 septembre 1878, le jeune écrivain écossais Robert Louis Stevenson part à pied du Monastier sur Gazeille (Haute-Loire) avec l'ânesse Modestine .Douze jours, 220 km et beaucoup d'aventures plus tard, il arrive à Saint-Jean-du-Gard. Son objectif était double : oublier le retour en Amérique de la belle Fanny Osbourne (qu'il épousera finalement quelques années plus tard),et aller à la rencontre du pays des Camisards.

"Le lit était fait, la chambre prête. Pour leur veillée ponctuelle, les étoiles étaient allumées. L'air était calme, l'eau coulait. Il n'était besoin de servante ni de domestique. Quand nous nous levâmes, baudet et moi, au vert caravansérail du bon Dieu ..."
"Je rendis grâce à Dieu d'être libre d'errer, libre d'espérer, libre d'aimer" .
"Ma religion n'est pas fondée sur un choix d'arguments; elle est la poésie de l'expérience humaine, la philosophie de l'histoire de la vie".
De courts extraits qui donnent le ton du récit.
L'homme et son âne; un duo au long cours qui arpentent les magnifiques sentiers des Cévennes.
L'auteur nous livre un inoubliable cours de géographie, d'histoire (la révolte des Camisards, ... ) et de poésie.
Une oeuvre qui dépoussière l'image du Stevenson de "L'Ile au Trésor".
Un moment de lecture exceptionnel !
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Passer un peu de temps avec Modestine et son maître ( Qui est le patron ?), Cela fait vraiment du bien. Ça donne des envies de sac à dos, de chaussures de marche et de carnet de voyage. On a tout à coup envie de faire des dessins au milieu d'un texte de reportage.
C'est ancien, connu, mais aussi très moderne en termes de réponse à nos vies trépidantes. A sa manière, et dans un but un peu différent, une sorte de pèlerinage dans un Compostelle du Centre.
Rafraîchissant.
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"Apprends à t'orienter de nuit
Apprends à t'orienter de jour
Trouver gite refuge ou sentier
Apprends à savoir t'orienter"*

Que savez-vous du sentier, de la Grande Route ? Etes-vous déjà parti, comme ça, un lourd sac au dos, sans être tout à fait sûr de pouvoir revenir ? Robert Louis Stevenson, un jeune homme chétif ayant passé la moitié de sa jeunesse cloué au lit, a un jour pris son sac et, en quelques jours, a traversé une chaîne difficile des Cévennes. Un chemin de Grande Randonnée porte encore aujourd'hui son nom, la-bas, quelque part entre les Cévennes et l'obscur Gévaudan.

De son voyage, Robert Louis Stevenson en a tiré un livre "Voyage avec un âne dans les Cévennes", publié en 1879, soit quelques années avant la publication de 'L'île au trésor" qui fera de lui l'un des plus grands auteurs de la littérature mondiale.

Quand il se rend en France, en 1878, Robert "Lewis" Stevenson a déjà transformé son nom en un plus francophile Robert "Louis" Stevenson. C'est que l'auteur aime la France et en parle couramment la langue. Avec des amis, il en a déjà traversé les vallées et les fleuves et même tiré quelques livres. Aucun de ses précédents voyages n'a cependant l'ampleur de celui qu'il s'apprête à effectuer. Il entend en effet marcher seul et, s'il le faut, dormir à la belle étoile. La randonnée, cette idée folle de marcher pendant des heures pour l'unique plaisir de marcher, est alors un phénomène assez nouveau. Ce n'est qu'à la fin du 19ème siècle qu'apparaissent les premiers guides et ce récit de Stevenson serait l'un des premiers ouvrages majeurs à raconter une telle expérience.

"Nu sous un nuage orageux
Qui te surprend chemin faisant
Dans ce printemps pluvieux et chaud
Sur ton GR chemin faisant"*


Ce récit prend la forme d'un journal écrit quotidiennement sur la route. Tous les matins, il s'efforce de noter ce qu'il a vécu la veille. Il a pris la route au Monastier, un minuscule village où les gens s'affairent autour de lui et l'aident à préparer son voyage. On lui propose une ânesse, Modestine, qui deviendra son compagnon tout au long de l'aventure. D'une source de préoccupation, d'abord, quand l'ânesse ne veut pas avancer et que l'Ecossais ne sait pas la diriger, l'ânesse devient rapidement sa meilleure et seule, unique amie.

Le récit commence ainsi, avec cette amitié naissante entre l'homme et l'animal. Un tiers du récit est consacré à Modestine. Avec elle, il va marcher plusieurs jours, se faire surprendre par la pluie, la nuit tombante, sans étoile. Il va trouver gîte dans un monastère, il va apprendre à s'orienter de nuit, à s'orienter de jour. A trouver refuge dans les abris les plus improbables. Ainsi, perdu au milieu de nulle part décide-t-il de s'installer pour la nuit :

" Je n'avais pas souvent éprouvé plus sereine possession de moi-même, ni senti plus d'indépendance à l'endroit des contingences matérielles. le monde extérieur de qui nous nous défendons dans nos demeures semblait somme toute un endroit délicieusement habitable. Chaque nuit, un lit y est préparé, eût-on dit, pour attendre l'homme dans les champs où Dieu tient maison ouverte. Je songeais que j'avais redécouvert une de ces vérités qui sont révélées aux sauvages et qui se dérobent aux économistes."

Superbe moment de littérature que ces pages nocturnes où Stevenson le fragile, le chétif, le tuberculeux, qui était à deux doigts de mourir dès qu'il franchissait la porte de sa chambre édimbourgeoise, Stevenson, l'auteur de romans d'aventures qui a passé sa jeunesse enfermé chez lui, passe une nuit dehors, découvre une autre vie, un autre lui. Il n'en moufte mot, bien sûr. Impossible de lire la moindre faiblesse dans les lignes qu'il écrit au matin. Stevenson fait figure d'aventurier exemplaire, toujours heureux de ses mésaventures, heureux de connaître autre chose, autre identité, autre chemin. Il n'a pour réponse aux quelques déconvenues qu'il rencontre qu'un simple verre de brandy et un peu d'amour.

"Vaï Vaï Vaï Vaï", dit la chose, que sais-tu du sentier
Faut faire semblant d'être un autre, seule façon d'exister"


La préface de Francis Lacassin nous permet d'apprendre d'autres détails précieux, que Stevenson se garde bien, lui, de dévoiler. On peut se demander pourquoi diable quitter son Ecosse pour quelques mauvaises terres françaises, même par passion pure pour la marche ? Lacassin, aidé par une correspondance désormais connue de Stevenson en donne la réponse : par dépit amoureux. Bien sûr. Son aimée est partie aux Etats Unis pour divorcer de son riche mari américain. Stevenson ne peut l'accompagner et s'inquiète de l'issue de ce voyage. Et donc, voyez-vous, c'est pour fuir son monde connu, qu'il décide de partir au loin. Ses lettres en attestent : il ne cessa durant tout son voyage de penser à elle. Il lui dédie chaque ligne et lui fait même certaines dédicaces à peine voilées ici ou là.
Je suis de ceux qui trouvent ça sublime : la femme au loin, partie régler ses comptes, et Stevenson, seul avec son corps de rien, s'enterrant dans les profondeurs de la France.

"Un homme seul fête l'automne
Le poids de l'âme fait le coeur lourd
La nuit nous tient en ciel d'orage"*


Lisez donc ce livre et vous aurez une sympathie infinie pour lui. Peu importe la destination et le voyage, finalement, c'est le coeur de Stevenson qui est le sujet de cet ouvrage. C'est sa sensibilité que l'on aime, pas de vulgaires descriptions de paysages, dont Stevenson se rend de toute façon rarement coupable.

On apprend, en lisant sa biographie, que Stevenson est mort à quarante quatre ans à Samoa. Pour avoir été avec eux quotidiennement pendant les dernières années de sa vie et pour leur avoir raconté tant d'histoires, les Samoans ont veillé sur son corps une nuit durant, ont porté son cercueil face à la mer et sur son tombeau inscrit cette épitaphe écrite par Stevenson lui-même :

Under the wide and starry sky,
Dig the grave and let me lie.
Glad did I live and gladly die,
And I laid me down with a will.
This be the verse you grave for me:
Here he lies where he longed to be;
Home is the sailor, home from sea,
And the hunter home from the hill.


*Les citations marquées d'une étoile sont de la plume de Jean-Louis Murat. Impossible de ne pas associer les deux hommes et leurs oeuvres respectives :

"Miss popeline, mazette, mais moi j'existe aussi
Au bout de combien de rêves changerait-on de vie ?"*

L'album Toboggan fait ainsi figure de compagnon idéal à cette lecture.
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J'ai tenu à relire ce charmant petit ouvrage de l'immortel auteur de « L'île au Trésor » et de « Docteur Jeckill et Mr Hyde ». Suite à un chagrin d'amour, Stevenson s'était retiré dans le petit village de Monastier sur Gazeille d'où il voulut partir vers le sud, à l'aventure et à pied. Comme il devait se trouver dans l'obligation de bivouaquer et de peut-être ne pas trouver de ravitaillement sur certaines parties de son chemin, il avait pas mal de matériel à emmener qu'il aurait été bien incapable de porter sur son dos. Il fit fabriquer une sorte d'ancêtre des sacs de couchage composé de peaux de moutons retournées et cousues ensemble. A cette époque, le camping était encore inconnu et il devait trimballer réchaud, paniers, lanternes et casseroles, tout un matériel brinquebalant qu'il arrima sur le dos d'une petite ânesse nommée Modestine.
N'ayant aucune notion du maniement de cet animal fantasque, Stevenson eut toutes les peines du monde à s'en faire obéir. Ses déboires avec son âne sont d'un grand comique… Après avoir traversé le Velay et le Gévaudan, escaladé le Mont Lozère et traversé le pays camisard, il parviendra à Saint Jean du Gard d'où il prendra la malle-poste pour Alès…
Ce récit est passionnant à plusieurs titres. C'est un témoignage sur la vie des campagnes profondes de cette époque. Plus pauvres mais plus peuplées que de nos jours. Plus croyantes mais à l'horizon plus restreint. Plus solidaires, mais parfois très méfiantes vis-à-vis de l'étranger. En bon écossais protestant, il se sentira mieux en pays camisard que chez les catholiques de la région du Puy. D'ailleurs, il retrace brièvement l'histoire de cette révolte occasionnée par la monstrueuse erreur commise par Louis XIV en révoquant l'Edit de Nantes et en envoyant les Dragons « pacifier » (c'est-à-dire génocider) une région « rebelle ». La République pratiquera de même en Vendée quelques années plus tard, mais au détriment des catholiques royalistes cette fois. Comme quoi ce n'est pas d'aujourd'hui que l'intolérance la plus bête et la plus sordide sévit sous nos latitudes. Stevenson note avec honnêteté qu'au moment où il passe, si les souffrances subies ne sont pas oubliées, catholiques et protestants vivent néanmoins en parfaite harmonie.
Tous les randonneurs devraient lire ce livre parce qu'il fut le premier traitant du sujet et que l'on peut considérer Stevenson comme le père fondateur de la randonnée itinérante moderne. On mesure l'ampleur de sa descendance et les progrès réalisés depuis cette « première ».
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Les chagrins d'amour sont souvent une source d'inspiration chez les auteurs. C'est justement à cause (ou grâce, pour notre plus grand plaisir) d'une peine de coeur que Stevenson, écrivain écossais, entreprend ce périple. Il lui fallait effacer l'image de cette belle américaine dont il était tombé fou amoureux, Fanny Osborne, lors d'une rencontre à l'auberge de Grez-sur-Loing, en Seine et Marne. Car bien qu'écossais, Robert-Louis passait le plus clair de son temps en France. Son médecin lui conseilla de se changer les idées. Stevenson partit alors à la campagne, au Monastier-sur-Gazeille. C'est l'ennui qui le poussa à effectuer cette longue randonnée à travers les Cévennes.

Nous sommes loin ici de L'Île au trésor ou de L'Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde. En toute simplicité, l'auteur nous décrit son périple, ses émotions, ses difficultés, notamment avec son ânesse, Modestine, à laquelle il est profondément attachée, l'accueil qu'il reçoit. Il s'interroge sur les camisards et nous fait revivre ainsi l'Histoire de ce lieu où baignent encore mystères et religions. Ce livre est un véritable hymne. L'amateur de randonnées pourra parcourir à la lettre les chemins empruntés par Stevenson. le lecteur lambda sera, quant-à-lui, transporté dans cette région dont on ne parle pas assez.

Cette lecture fut un grand moment. Je ne peux que vous la conseiller.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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