Ce récit ne semble pas rencontrer le succès qu'il mérite...
Ce qu'on lui reproche en général, c'est sa longueur et les descriptions très détaillées de
Kate Summerscale.
Il faut avouer que les références en tous genres ne manquent pas : Whicher est comparé à tous les enquêteurs réels ou fictifs possibles, de nombreux autres romans sont cités en référence, l'histoire de la famille et de Road Hill House sont exploités dans les moindres détails...
Et pourtant, je n'ai pas trouvé ces longueurs pénibles. Elles sont même plutôt logique dans un roman qui ne prétend pas être un polar, mais plutôt un documentaire sur une enquête ayant eu lieu au XIXe siècle.
La famille Kent est présentée, comme tout le reste, en détail par l'auteure et
ces gens, malgré le malheur qui les frappe, semblent très suspects dès les premières pages. du coup, même si on lit un documentaire, l'ambiance générale du récit devient vraiment très malsaine : on se sent tendu rien qu'à lire certains passages parlant des habitants de Road Hill House (famille ou domestiques), qui paraissent tous plus ou moins suspects. Plusieurs d'entre eux seront d'ailleurs inquiétés par la police...
Le passé de toutes ces personnes nous est d'ailleurs également révélé. Et certains détails obscurs de la vie de Samuel Kent, le père de Saville, font surface : sa première épouse était folle, dit-on, et est resté cloîtrée chez elle une bonne partie de sa vie. On doute toutefois bien vite de cette affirmation : est-elle vraie, ou Mrs Kent a-t-elle été "accusée" à tort, afin de justifier le remariage rapide de son mari (devenu très opportunément veuf) avec la nounou de ses enfants ? Saville, l'enfant né de ce second mariage, a-t-il été enlevé et assassiné par l'un de ses frères et soeurs qui n'a pas supporté le remariage de Mr Kent ? le mystère est épais !
La maison elle-même est très bien décrite, et ça c'est plutôt un avantage, puisque cela permet de mieux comprendre l'agencement des lieux. Je déplore souvent l'absence de carte dans les romans policiers (du genre de celle qu'
Agatha Christie nous offre dans
le crime de l'Orient-Express) : c'est le genre de détail qui permet tout de suite de mieux rentrer dans une intrigue.
Ici, tout est facilité par les descriptions et les photos des lieux et on repère tout de suite les endroits de la maison par où le(s) coupable(s) auraient pu passer avec Saville sans faire aucun bruit et, surtout, sans laisser aucune trace...
Même si la plume de
Kate Summerscale n'a rien à voir avec celle de
Truman Capote, j'ai trouvé ce récit aussi passionnant que In Cold Blood. On est réellement plongé dans les faits et c'est passionnant de suivre pas à pas une enquête qui a inspiré The Moonstone à William
WIlkie Collins.