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Il s'agit surtout d'un roman psychologique, qui se situe dans un cadre précis, Trieste à la fin du 19ème siècle. La trame peut d'abord paraître assez ordinaire, un homme est le jouet d'une femme, qui se sert de ses charmes pour échapper à la misère et mener une vie frivole - elle est tantôt l'ange, tantôt la tigresse ou la femme perverse des décadents -, et sans doute encore davantage de lui-même, de sa naïveté, de sa passion, de ses incertitudes, de ses mensonges aussi... Sa soeur, condamnée par sa laideur, vit également un amour malheureux et, tout en s'adonnant à l'éther, plonge de plus en plus dans le délire. le roman mérite donc assez bien son titre, "senilità", et s'avère moins anodin que prévu et moins innocent également. Svevo est un orfèvre qui décrit de l'intérieur des personnages inaptes à la vie, ou que celle-ci condamne.
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C'est son chef-d'oeuvre "La conscience de Zeno" que je voulais lire au premier, mais le hasard m'a mené à celui-ci. Et à dire vrai, je n'étais pas déçu.

Le tout peut paraître assez maigre: quatre personnages importants, deux histoires d'amour et de souffrance. Or Svevo a touché l'universel avec l'histoire individuelle de son anti-héros Emilio.

Un trentenaire indécis, voire aboulique, sans gloire, à la vie modeste et médiocre, tombe amoureux d'une jeune fille infidèle et insatiable, tandis que sa soeur, une vieille fille, s'éprend secrètement de son ami indifférent et séducteur (mais bon). Emilio connait son malheur, il l'analyse, mais ne peut changer d'attitude, ni prendre de décision sérieuse pour son bien et le bien de sa soeur au sort douloureux.

Un roman plein d'amertume sur la solitude, la jalousie, la peur de vieillir, d'être oublié, de ne pas être aimé.. Svevo est un artiste dans la peinture des sentiments.

Je terminerai par cette phrase de Valéry Larbaud:

"Ce qui est fascinant chez Svevo, c'est l'infatigable enquête sur eux-mêmes que poursuivent ses héros sans jamais cesser d'observer autour d'eux, sans jamais cesser d'agir."
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Emilio et Amalia sont frères et soeur. Tous deux vivent à Trieste. le frère s'amourache d'une femme aspirant à une sérieuse ascension sociale, Angiolina. La soeur, qui doit penser à un parti convenable tombe elle aussi amoureuse d'un camarade de son frère, Balli, alors que cette sénilité lancinante semblait s'emparer d'elle autant que son frangin. Mais l'illusion et la réalité ne peuvent en aucun cas s'accorder et cet amour désespéré pour Balli la conduit au suicide à l'éther ( pas glamour...)
De son côté, Emilio plonge de jour en jour dans une solitude des plus sombres, ajoutant à cela l'attitude d'Angiolina qui le répugne. le personnage "svevien" focalisé sur le monologue intérieur est évidemment présent, associé au jugement du narrateur qui y laisse son point de vue sur la situation. Sénilité ou comment vieillir avant de vraiment vivre!
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Svevo, cet auteur classique à présent, a écrit très peu de romans et a même cru très longtemps, après l'échec cuisant de "Senilità", publié quand il avait 37 ans, qu'il ne serait jamais qu'un écrivain raté, ce qui serait advenu si James Joyce, son professeur d'anglais à Trieste, ne lui avait manifesté son soutien et son admiration et ne l'avait incité à écrire plus tard son chef d'oeuvre, "La conscience de Zénon."
Et pourtant quelle maîtrise dans ce court roman aux phrases rédigées avec l'élégance et le raffinement d'un style qui épouse au mieux les hésitations et les inflexions de l'âme aux prises avec des doutes et des incertitudes permanentes !

Les personnages sont peu nombreux, Emilio Brentani, un modeste employé de bureau, au centre du récit, sa soeur Amalia, disgracieuse et effacée, son ami le sculpteur Stefano Balli, qui servira de confident, et surtout la femme dont Brentani est amoureux, la coquette et infidèle Angiolina, surnommée bien à tort "Ange".
Emilio, sensible, porté à l'introspection et surtout dépourvu de volonté et d'esprit de décision, suivant les impulsions du moment dont il se repent ensuite trop tard, prisonnier du sentiment qui le domine, qu'il s'agisse d'amour, de colère ou d'une forme de lâcheté, cherche constamment à justifier à ses yeux ses propres inconséquences... Devant le comportement peu fiable d'une Angiolina charmante mais encline au mensonge et aux caprices, il ne cesse de s'auto-morigéner, de prendre des résolutions définitives, de chercher à rompre avec elle, mais ne parvient pas à respecter ses propres décisions. Jouet de l'amour, de la jalousie qui le ravage au moindre soupçon (très souvent justifié !), il aspire à la douceur, à la tendresse, se forge une image idéale de cette femme qu'il méprise intellectuellement et qui l'attire sentimentalement. Dans cette mauvaise conscience permanente, qui sera aggravée par le sort tragique de sa soeur, on perçoit déjà les germes de la "conscience" de Zénon... En observateur impitoyable, Emilio analyse continuellement ses sentiments et leurs motivations, mais cette lucidité ne l'empêche pas d'agir à l'encontre de ses propres jugements... Perspicacité de l'esprit, faiblesse de la volonté, le lecteur retrouvera cette même dualité dans le reste de l'oeuvre de Svevo, où elle mènera même à l'humour le plus déroutant.

On comprend certes le désaveu des contemporains de Svevo car il ne se passe presque rien dans le roman, et l'intrigue, s'il y en a une, ne suit pas de progression visible, au fil des contradictions du héros et de ses allers-retours entre détachement affecté et passion réelle. Seule la dramatique péripétie de la maladie d'Amalia, qui clôt le livre et où la douleur du deuil supplantera la fascination amoureuse, vient apporter une alternative à l'analyse psychologique du reste du récit.

Toutefois la finesse de l'analyse des sentiments, la peinture de la passion et de son irrationalité, l'obsession de la jalousie, font irrésistiblement penser à Proust et à "Un amour de Swann", publié quinze ans plus tard. Certes les deux écrivains différent beaucoup et par leur style et par leur propos, mais que de points communs entre Odette et Angiolina, adorables, mais si peu fiables, et qu'on pourrait si aisément mépriser...! Que de tourments causés dans les deux oeuvres par une jalousie ravageuse !
Plus que d'une filiation littéraire, on pourrait parler d'une convergence, qui a valu parfois à Svevo le titre de Proust italien, à tort ou à raison.

Alors pourquoi lire "Senilità" ? Eh bien parce que la subtilité des analyses et le raffinement de l'écriture y transforment la lecture en un régal permanent !
Lu en V.O,
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A sa première publication en 1898, senilità fut un échec. Italo Svevo renonça alors à la littérature et n'y revint qu'une vingtaine d'années plus tard, sur les conseils de James Joyce qui fut son professeur d'anglais à Trieste.
C'est dans cette ville que se déroule le roman. Emilio Brentani, employé de bureau, partage une vie modeste et monotone avec sa soeur, la pâle et laide Amalia. Alors qu'Emilio se prend d'une passion malheureuse pour Angiolina, une jeune fille très jolie mais légère et peu fiable, Amalia s'enfonce encore davantage dans sa solitude, sans bonheur et hélas sans amour. Alors que l'un est déchiré par la jalousie, l'autre se meurt de désespoir.

Trieste, Trieste, cette ville magnifique et cosmopolite dont le coronavirus m'a chassée, Trieste, cette ville de bout du monde, est extrêmement fière de ses auteurs. Il était impensable d'y passer plusieurs mois sans me pencher sur les oeuvres d'Italo Svevo.
J'ai lu que certains avaient trouvé des similitudes entre les couples Emilio-Angiolina et Swan-Odette dans La recherche du temps perdu. Cela est vrai mais la plume d'Italo Svevo ne m'a pas entraînée comme l'avait fait celle de Marcel Proust. Ce roman m'a donné l'impression de rester sur ma faim, je m'attendais à être émue davantage. Les personnages m'ont laissée indifférente voire pour certains agacée ; seule Amalia m'a réellement touchée.
A l'occasion, je me plongerai dans La conscience de Zeno, en espérant qu'il me plaise plus que senilità.
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Emilio Brentani, modeste employé dans une compagnie d'assurance et écrivain dilettante ayant des prétentions d'artiste et d'esthète, un brin pédant et jaloux invétéré, s'éprend, si l'on peut qualifier leur relation d'amoureuse, d'Angiolina, sorte d'ingénue libertine, dont il éprouvera le drame de ne pouvoir l'élever par l'amour jusqu'à lui. En proie à son égotisme invétéré, il se berce dans une atmosphère de mensonge et de faux semblant : fausseté des sentiments, amitiés feintes, racontars, autosuggestion. C'est un idéaliste assez ridicule, qui appelle l'imagination à son secours, en guise d' échappatoire aux actes que son maladif manque de volonté l'interdit de réaliser : dans son esprit tournant à vide, il corrige la réalité à sa guise, sourd par son égocentrisme forcené, à la détresse de sa soeur, tels deux monolithes de souffrance qui ne peuvent se joindre …

Le livre s'ouvre sur une note d'ironie mordante pour s'achever dans une atmosphère d'agonie particulièrement saisissante. Les sempiternels atermoiements du personnage principal peuvent lasser, les cinquante dernières pages n'en sont pas moins “haletantes”.
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SENILITÀ de ITALO SVEVO
Second roman de Svevo après Une Vie.
Emilio Brentani vit à Trieste avec sa soeur Amalia. Il a écrit un roman, il a sa petite notoriété et occupe un emploi de bureau. Il va tomber amoureux d' Angiolina, une jolie fille un peu légère tandis que sa soeur s'éprend d'un de ses amis. Comme dans son premier roman, tout l'intérêt de cette lecture réside dans l'analyse des sentiments. Emilio scanne tout dans sa tête et devient indécis pour les actions. C'est un remarquable observateur, plutôt lucide mais incapable de toute volonté.
Ce roman a failli être le dernier de Svevo, il a eu très peu de succès. C'est Joyce en le lisant 20 ans plus tard, alors qu'il lui apprenait l'anglais à Trieste, qui poussera Svevo à écrire ce qui est considéré comme son chef d'oeuvre, La Conscience de Zeno. A suivre...
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Je vais mettre les pieds dans le plat : le roman doit vraiment commencer à la page 120. Maintenant, ça ne veut pas dire que les 119 pages précédentes pouvaient partir à la corbeille. Non, Svevo savait écrire. La moindre description de Trieste, de rue, de chambre, de salon, de jour qui tombe est magnifique. L'exploration de sentiments, minutieuse. Mais il y a un vrai contraste entre cette première moitié que vous lisez avec un peu de distraction (Emilio est un peu lent, un peu lâche, beaucoup jaloux, il ferait mieux d'épouser la femme qu'il aime au lieu de la convoiter tout en la méprisant) et ce qui finit par devenir touchant, puis prenant, angoissant et enfin, tragique. Angiolina, l'objet de désir d'Emilio, a souvent été décrite comme une gourde ou une fourbe, en tout cas une coquette. Franchement, avec nos yeux d'aujourd'hui, on se dit elle est belle, elle n'est pas riche, elle a juste un vernis d'éducation, sait que si elle couche, on ne l‘épousera pas, mais elle sait aussi que si elle ne couche pas, on ne la protégera pas, c'est à dire qu'on ne lui donnera pas ces faveurs financières qui l'aideront à vivre et faire vivre sa famille. Alors quoi ? Elle doit se laisser crever de faim en attendant le prince charmant ? On devrait faire une relecture actualisée de certains grands personnages féminins de la littérature mondiale, comme La Locandiera de Goldoni, elle aussi vue comme une « coquette » alors qu'elle est fine, ambitieuse, bosseuse et redoutablement intelligente.
Enfin bref, j'avais commencé ce roman cet automne, je l'avais abandonné mais sans lui en vouloir, et puis le confinement est arrivé et j'ai donc dû puiser dans les réserves… Je ne le regrette pas.
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Ce deuxième roman d'Italo Svevo publié en 1898, six ans après « Une vie » (1892) fut également un échec.

Emilio Brantani, modeste employé dans une compagnie d'assurances, a écrit un roman de jeunesse et n'a pas abandonné ses ambitions littéraires. Il vit avec sa soeur Emilie. Emilio a une liaison tumultueuse avec la belle et volage Angiolina, tandis que sa soeur, peu séduisante, est secrètement amoureuse du sculpteur Balli, le meilleur ami d'Emilio. L'indécision, la maladresse et surtout la jalousie d'Emilio à l'égard de sa soeur, de son ami et de sa maîtresse vont provoquer des déchirements sentimentaux et des ruptures.
Cette brillante étude psychologique aborde les mêmes thèmes que les deux autres romans de Svevo avec la figure de l'antihéros introspectif et hésitant qui gâche ses chances de bonheur. Ici le thème du mensonge est omniprésent avec des personnages qui, tous, mentent ou déguisent la vérité, par intérêt, par pudeur, par orgueil, par égard. Des situations qui pourraient être saines et simples se complexifient au point qu'il n'est plus possible de sortir de cet imbroglio psychologique.
Dans " La conscience de Zeno " un chapitre était consacré à la mort du père, dans " Une vie " un long développement traitait de la mort de la mère, ici nous avons droit à la mort de la soeur.

Personnellement j'ai préféré " La conscience de Zeno " pour son humour, son optimisme relatif, et le côté positivement attachant de ses personnages.
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Dans ce roman ,paru en 1898, Italo Svevo affronte le problème de l'inaptitude, l'incapacité ,de la part du protagoniste de gérer sa vie intérieure et sentimentale.
L'indécision et l'inertie avec lesquelles Emilio affronte les évènements de sa vie le conduisent à se replier sur ses souvenirs ,dans un état de vieillesse spirituelle.
Il n'a pourtant que trente cinq ans,mais c'est un intellectuel perdu sans le souvenir d'un instant de gloire après la parution d'un roman.
Employé sans envergure dans une compagnie d'assurances ,il accepte un rôle inférieur à celui qu'il désire . Son indolence le place du côté des perdants.
Il habite chez sa soeur célibataire qui prend soin de lui.
Un jour, Emilio rencontre Angiolina,plus jeune que lui, s'éprend d'elle,néglige sa soeur ,se laisse dominer et refuse d'écouter les mises en garde de son ami.
A vous de découvrir la suite.
Lu en V.O


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