AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,53

sur 1035 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Second coup de coeur 2017 !

Berkshire, Angleterre, 30 mars 1924,
Un dimanche, le dimanche des mères, de nombreuses mères orphelines de leurs fils tombés à la guerre,
Une journée magnifique, lumineuse,
Jane la jeune servante orpheline des Niven va rejoindre le fils des voisins , Paul Sheringham, à Upleigh House, dans sa propre maison, dans sa propre chambre, pour la première et dernière fois.
Ce dimanche des mères, ils sont seuls dans le manoir. Une liaison de sept ans, qui doit prendre fin avec le prochain mariage de Paul avec une riche héritière de sa propre condition.
Mais la vie de Jane ne s'arrête pas à sa vie sexuelle et amoureuse. Bien que clôturant une liaison , cette journée lui ouvrira les portes de la liberté, une liberté qui avec sa passion des livres " pour garçons" , Conrad, Stevenson.....qu'elle emprunte à son employeur, vont crucialement changer son destin.
Le livre raconte cette unique journée, remémorée par Jane soixante ans plus tard.
Une journée qui la marquera à vie. Une journée que Swift nous raconte dans ses moindres détails, ancrés à jamais dans la mémoire de Jane. Une journée vécue, rêvée imaginée, fantasmée, où réalité et fiction s'entremêlent . Une journée qui débouchera sur un destin quasi fictionnel........

Ce qui semble une histoire simple d'amours interdits n'en est pas une. Elle est tout autre et je vous laisse la découvrir.
Mais le sel du récit est sans conteste la prose de Graham Swift, concise et envoûtante.
Chaque mot est à sa place et l'auteur s'y amuse (v.o). "Undo" par exemple pour dénuder, qu'il utilise suite to " undress", le mot approprié classique; "the shower" que Paul utilise en parlant de ses parents, littéralement un groupe de personnes insignifiantes; "Emmamobile" pour la voiture de Emma ,la fiancée de Paul; "orchid" ,Milly la cuisinière qui confond "orphan/orpheline" avec "orchid/orchidée"......jouer avec les mots, ce que fera aussi Jane ....beaucoup plus tard.
Cette journée remémorée dans le temps, pose aussi la question sur le rôle et la nature de la fiction, comment la fiction pourrait devenir réalité ? La vérité peut être imaginée aussi bien que la fiction peut découler de la vérité, et parfois même s'approcher plus de la vérité que la vrai vie.
Outre sa plume, l'autre point du génie de Swift est de se mettre avec succés dans la tête d'une femme . La Jane qui parle de Littérature, c'est lui. Un bel hommage à la femme à une époque où une situation comme celle de Jane était des plus précaires.

Un bijou littéraire de sensualité et de sensibilité !


" the great truth of life, that fact and fiction were always merging, interchanging "
"la grande vérité de la vie, fait et fiction toujours se confondaient, se permutaient"


Commenter  J’apprécie          13717
Ce court roman est une vraie réussite de sensualité, liberté et nostalgie. Il condense en une seule journée, à la fois un beau portrait de femme dont la vie bascule ce jour-là, et l'ambiance d'une époque et d'un monde aristocratique révolus.
J'ai souvent pensé à Stefan Zweig, pour la concision de narration, la précision de psychologie des personnages, c'est dire si l'histoire se lit avec plaisir et livre une réflexion intéressante sur le changement de destinée.

Il souffle surtout un incroyable vent de liberté sur cette histoire nichée au coeur de la campagne anglaise, le dimanche 30 mars 1924, jour traditionnel de congé pour les domestiques.
Jane, l'héroïne, orpheline et bonne de son état, a dû « partir avec une feuille vierge ou, plutôt, être soi-même une feuille vierge. N'être personne. ». Oui, mais voilà elle est dotée d'un appétit de vie inhabituel ce qui va lui permettre de dénouer progressivement les noeuds d'un destin à priori de servitude et de contraintes pour devenir écrivain.

« Nous sommes tous du combustible. Sitôt nés, nous nous consumons, et certains d'entre nous plus vite que d'autres. Il existe différentes sortes de combustion. Mais ne jamais brûler, ne jamais s'enflammer, ne serait-ce pas triste ? »

Commenter  J’apprécie          968
Mars 1924. L'Angleterre porte encore les stigmates de la guerre. Elle panse ses plaies et les mères pleurent leurs fils morts au combat. Ce 30 mars, en ce dimanche des mères, le soleil inonde la campagne. L'on se serait cru au mois de juin tant le climat est doux. En ce dimanche des mères, les maîtres des lieux, comme cela se fait, donnent congé à leur personnel. La plupart se rende justement auprès de leur mère. Mais pas Jane Fairchild, orpheline qui n'a personne à visiter. À Beechwood, au petit matin, les Niven se préparent afin de rejoindre, à Henley, les Hobday et les Sheringham. Un repas entre amis organisé afin sans doute de finaliser les préparatifs du mariage de Paul Sheringham et Emma Hobday. Jane, elle, en profitera peut-être pour lire au soleil ou encore parcourir à bicyclette la campagne de Berkshire. Mais, un coup de fil va modifier ses quelques projets. Paul, son amant depuis sept ans, l'appelle en douce afin qu'elle le rejoigne chez lui, à Upleigh House. Il a la maison pour lui seul, ayant dit à ses parents qu'il bûchait son droit avant de rejoindre sa fiancée, Emma. Ce sera la première et la dernière fois que les deux amants feront l'amour dans la chambre du jeune homme. Après, il s'en ira, mettant fin à cette liaison…

En ce dimanche des mères étonnamment chaud, Graham Swift nous entraîne au coeur de cette campagne anglaise, dans cette chambre inondée de soleil, là où Jane et Paul, dans leur simple nudité, se voient, s'observent, pour la dernière fois. Ce dimanche marquera à jamais la vie de Jane qui, 70 ans plus tard, alors écrivaine, reviendra sur ce jour si mémorable. Une journée qui, à la fois, marquera le début et la fin d'une nouvelle vie pour la jeune femme puisque à la fois sa personnalité, ses désirs et ses passions se dessineront. Graham Swift, de son écriture gracieuse et sensuelle, nous offre un roman étincelant, lumineux, d'une incroyable finesse et sensibilité. Il se dégage de ces pages une certaine musicalité, tant chaque mot sonne juste, une force émotionnelle et un brin de nostalgie. L'auteur évoque avec justesse la profession d'écrivain mais aussi le plaisir de la lecture, les notions de vérité/mensonge, réalité/fiction. Un roman délicat et d'une rare intensité...
Commenter  J’apprécie          874
Pourquoi ajouter une critique à tant d'autres ?
Je ne peux m'empêcher de souligner la plénitude de ce bijou littéraire—— une totale réussite de liberté, de sensualité, et de nostalgie ——-
Comment en 150 pages par une journée à l'air d'une enivrante douceur , une journée où le sang chantait dans les veines de Jane, jeune servante orpheline qui rejoint pour la première et dernière fois son amant de longue date, Paul Sheringham, à Upleigh House dans sa propre maison, dans sa propre chambre «  Un bonnet Hollandais «  dans son vagin , comment cette journée se retournera comme un gant ?
Cette folle impression que tout était possible ?

Cette journée où tout est lenteur , abandon de soi et maîtrise des sentiments , où l'auteur tisse de magnifiques images , le tableau d'une rare précision , la peinture du monde déliquescent d'une aristocratie déclinante portant les stigmates de l'après grande -guerre mais aussi les empreintes lumineuses , sensuelles , celle d'une domestique intelligente , primesautière qui prendra son destin en main ....

Comment peut- on être une femme aussi libre en 1924?
Un court roman bouleversant, lumineux et enchanteur , intense et gracieux à propos du pouvoir des mots et de l'écrivain, à l'écriture superbe , dans les coulisses d'une bourgeoisie languissante , en quête d'une classe nouvelle assoiffée de changement et de liberté .

«  le crépuscule approchait, la lumière se moirait de reflets abricot et le monde voilé de vapeurs vert doré était d'une sublime beauté. »p159.
Commenter  J’apprécie          7715
Est-ce qu'il vous arrive comme moi de pratiquer la photographie mentale ? Lorsque je quitte un lieu chargé d'émotions parce que j'y ai vécu quelque chose de très fort et que je sais que je ne reverrai plus jamais cet endroit, je le photographie avec mes yeux, je ferme les paupières comme si c'était l'obturateur d'un appareil photo, j'y mets tout mon coeur pour que l'image s'imprime en moi, puis je rouvre les yeux, voilà c'est fait, cela n'aura duré que quelques secondes. La photo sera en moi à jamais. Je suis sûr que cela vous arrive aussi, dites-moi...
Ceux qui ont lu le dimanche des mères, ceux qui ont aimé ce livre, savent à quoi je fais allusion : cette chambre que Jane photographie elle aussi mentalement avant de la quitter, parce qu'elle y entre pour la première fois et aussi pour la seule fois de sa vie, parce que cette chambre est justement un endroit chargé d'émotions, un lieu d'amour, un lieu de transgression aussi, puisque sa condition de bonne l'en interdit l'accès. C'est un lieu de passage au sens où elle s'apprête dans cette chambre à passer d'un versant à l'autre de son existence... Elle ne sait pas encore qu'à cet instant d'autres événements viendront plus tard accroître la charge émotionnelle de ce lieu...
Mais revenons à l'histoire...
Ce roman m'a touché au coeur. Je me réjouis toujours de ces textes dont les silences en disent davantage que le seul récit narratif.
Ici, une seule journée suffira pour étirer l'imaginaire presque jusqu'à l'infini.
Le dimanche des mères est ce fameux jour que les aristocrates britanniques devaient accorder à leurs domestiques comme congé pour qu'ils aillent rendre visite à leur mère le temps d'un dimanche.
Nous sommes le 30 mars 1924. Quand je pense que deux mois plus tard mon père s'apprêtait à naître, que ma grand-mère que j'ai bien connu avant déjà trente-quatre ans, je me dis que c'était presque hier...
Nous sommes en 1924, en Angleterre et ce siècle avait déjà perdu sa jeunesse. La mémoire de la Grande Guerre est encore présente.
Jane, bonne chez les Niven, étant orpheline, elle accordera ce dimanche à tout autre chose, rejoindre son amant Paul Sheringham, aristocrate de son état, qui prépare son droit. Ils sont amants depuis sept ans, mais Paul Sheringham doit se marier dans quinze jours. Et dans ce mot de devoir, on sent tout le poids de l'aristocratie britannique et des mariages arrangés à l'avance.
J'ai aimé cette façon délicate d'inviter deux amants dans ce décor juste après la guerre, leur amour en est imprégné forcément, c'est d'une justesse belle, autour d'eux le monde est en deuil ou bien mutilé, tandis qu'ils s'aiment. Faut-il en avoir mauvaise conscience ? Simplement, sans doute à cause de cela, une étrange gravité se mêle parfois à leurs fous rires d'amoureux. C'est une légèreté en forme d'apesanteur.
Ce dimanche des mères sera l'occasion de leurs dernières étreintes, faire l'amour une dernière fois. Ultime cadeau, la demeure des Sheringham étant vide ce jour-là, Paul invite Jane à l'y rejoindre et à franchir la porte principale de la demeure. Aujourd'hui pas question de cacher sa bicyclette dans la haie d'aubépine. Fini l'amour dans une serre ou derrière un buisson, elle aura droit d'entrer dans la chambre de Paul, non pas en tant que bonne, mais en tant qu'amante. Ce sera leur ultime transgression à l'ordre si bien établi des choses...
Ils ne sont pas tristes de ce dernier jour qui scelle la fin de leur relation, c'est une joie pure qui clame un amour à jamais. Il n'y a pas de tristesse, pas de regret, ce dernier jour il faut le croquer à belles dents...
Jane, en parfaite photographe mentale, nous délivre ici quelques clichés inoubliables pour elle, et même sonores : une clé sous un ananas en pierre, leurs corps nus sans entrave qui se promènent dans cette chambre baignée de soleil, une fenêtre ouverte où entre le ciel comme une lumière de juin, une bibliothèque car Jane à la passion des livres, une tâche sur le drap, la sonnerie interminable du téléphone longtemps après, longtemps après... Après quoi ? Je vous laisse le découvrir. Des clichés inoubliables, puisque soixante-dix ans après elle s'en souvient encore comme si c'était hier.
En lisant ce roman, j'étais nu moi aussi dans cette chambre, j'étais présent dans ce décor et c'est la force prodigieuse de ce texte que de poser ces instants éphémères, clandestins...
J'ai aimé ce désir qui traverse Jane lorsque que sur sa bicyclette elle pédale vers ce rendez-vous d'amour, j'imagine son visage irradié de soleil, sa peau déjà disponible à la joie, c'est un désir entre la pudeur et l'audace, confirmant dans ce mouvement que le désir est à la fois manque et plénitude. Plus tard lorsqu'ils seront nus, marchant dans cette chambre, la seule impudeur ce seront deux corps nus de deux classes sociales différentes, l'une qui domine l'autre, ou dit autrement l'une qui est au service de l'autre. Ce sont deux corps nus consumés d'amour qui s'affichent, n'ont rien à faire l'un avec l'autre, sauf à s'aimer de manière clandestine, outrageuse, éphémère. le langage du corps prévaut par-delà les classes sociales. Ce sera cette transgression qu'ils auront franchie et scellée à jamais dans leurs coeurs entre deux mondes qui les séparaient avant et qui les sépareront bientôt à jamais. La première partie du roman qui dit cela est sensuelle à souhait...
J'ai aimé le silence de ceux qui savent et se taisent...
J'ai aimé le regard de cette femme devenue écrivain, près de soixante ans après, et même soixante-dix ans après. Je pense que c'est dans cette chambre que son désir d'écrire est venu.
J'ai aimé sa façon d'affronter la célébrité lorsqu'elle devint une auteure reconnue. Elle écrivit beaucoup d'histoires, mais en taira une, une seule, la sienne. Être écrivain, c'est peut-être revenir à être fidèle à l'essence même de la vie. Qu'importe ce qu'on dit, ce qu'on ne dit pas, la manière dont on le dit...
Laute
Graham Swift nous peint ici un magnifique portrait de femme.
Pour tout cela j'ai trouvé ce texte fort beau. Je ne connaissais pas l'écrivain Graham Swift que je découvre ici, quelle belle rencontre ! Merci Nathalie de m'avoir fait découvrir ce livre et cet auteur.
Commenter  J’apprécie          7120
Un début tout en sensualité...
un très joli moment.
Lui, s'habille... elle, nue, est presque immobile sur le lit, elle le regarde se vêtir.
Image... comme une oeuvre d'art.
Insidieusement, on en apprend un peu plus, sur elle, sur lui.
L'histoire pivote... étonne... se décortique... se déguste... en jouant merveilleusement avec les mots.

Il me semble impossible d'en dire plus, j'aurai l'impression de vous soustraire une partie du bonheur distillé par cette lecture.
Il vous faut la découvrir ainsi, sans en savoir trop... et il est probable que vous l'aimerez.
Commenter  J’apprécie          6416
C'est Bookycooky et sa critique enthousiaste qui m'ont donné envie de lire ce livre , avant , je craignais qu'il fût mièvre ... pas du tout !
Ce tout petit livre (à peine 142 pages ) est empreint d'une grâce et d'un petit parfum de nostalgie positive (!) qui m'ont séduit .
Dans l'Angleterre de 1924, il est une coutume à laquelle les aristocrates, se prêtent volontiers :" le dimanche des mères" . Pendant cette journée, les patrons accordent généreusement une journée à leur domesticité afin que ces braves personnes puissent aller voir leurs mères . Une petite journée de liberté dans un monde de servitudes élastiques et de dur labeur... Ce jour là, Jane ne sait pas trop quoi en faire, et pour cause : elle est orpheline . C'est alors qu'un coup de fil arrive, son voisin et amant (depuis 7 ans ) , Paul Sheringham l'invite chez lui . Ils seront seuls dans sa grande maison , les bonnes en congé pour la journée, et ses parents , occupés à déjeuner et fêter la future union du jeune homme avec une jeune fille de bonne famille . Seuls pour la première fois dans sa maison et dans son lit et aussi seuls pour la dernière fois . Après ce rendez-vous, Paul partira à un déjeuner prévu avec sa riche fiancée , après ce rendez-vous, ils n'auront plus l'occasion de se revoir , le mariage étant prévu 15 jours plus tard .
Entremêlant la petite histoire et la grande , Graham Swift nous offre le portrait d'une époque, d'une classe sociale qui disparaît dans le fracas de la guerre , ainsi qu'une autre qui émerge , saisissant toutes les opportunités qu'offre l' intelligence . Cette petite bonne deviendra une écrivain célèbre , cette journée particulière nous la montrera dévorant les livres, "habitant" les bibliothèques, et découvrant la magie des mots .
Il nous offre aussi ,un subtil regard sur les rapports employeurs/employés quand tombent (presque ! ) les masques , dans la nudité ou le chagrin .
Je n'avais pas fait attention au prénom de l'écrivain et ai réalisé en cours de lecture qu'il s'agissait d'un homme . J'en ai été très surprise au départ puis réflexion faite , je n'ai pas été étonnée : une plume sensuelle et délicate qui n'hésite pas à balancer deux ou trois mots crus sans aucune vulgarité, une déambulation totalement libre dans la maison , un amour pour la "littérature pour garçons" .. . Oui , tout ceci contribue à donner à ce roman qui aurait pu tomber dans la mièvrerie, une touche d'originalité qui fait qu'il ne ressemble à aucun autre ...
Commenter  J’apprécie          6410
Le Dimanche des mères est un livre sur l'Amour, l'amour charnel, l'amour des livres, l'amour des mots.
C'est aussi un livre initiatique où l'on découvre comment Jane , jeune femme de chambre va s'éveiller et devenir écrivain.
C'est un livre qui montre comment un jour, un seul jour peut vous changer, changer une vie.
C'est effectivement, le 30 mars 1924 que l'avenir de Jane va prendre une nouvelle direction. Cette journée va être décrite avec une précision d'orfèvre pour le plus grand plaisir du lecteur. Tous les mots sont choisis, placés , c'est un vrai régal. Quel talent !
Commenter  J’apprécie          622

1924: l'Angleterre porte encore le deuil de ses jeunes hommes perdus à la guerre. C'est le cas des familles dans lesquelles nous arrivons dans le roman.
30 mars , c'est le dimanche des mères en Angleterre.
Les domestiques ont congé pour rendre visite à leur mère.
Jane Fairchild, orpheline, est employée chez les Niven.
Elle a une aventure depuis plusieurs années avec le jeune voisin, Paul Sheringham. Comme c'est souvent le cas, les maîtres ont des aventures avec les bonnes. La littérature nous en a livré de nombreux exemples.
Dans deux semaines, Paul se marie avec une jeune riche voisine, Emma Hobday.
Aujourd'hui, dans sa maison vide de domestiques et de parents, Paul a donné rendez-vous à Jane pour vivre leur dernière rencontre.
C'est très librement qu'ils vont la vivre et l'auteur va nous raconter la scène de façon très naturelle, sans fausse pudeur.
Emma se promènera nue après le départ de Paul parti rejoindre sa fiancée.
Un drame se déroulera ce jour-là.
Nous retrouverons Jane à l'âge de quatre-vingts ans, devenue célèbre et ce sera vraiment intéressant d'avoir son regard sur les évènements.
Graham Swift nous livre un très beau roman d'ambiance dans une Angleterre de début du vingtième siècle dans une société qui avait été bouleversée par la première guerre mondiale.
Je m'attendais à un livre conventionnel, et bien pas du tout.
Un vrai régal!
Commenter  J’apprécie          616

Jane Fairchild, 98 ans, est un écrivain reconnu. Elle ne rechigne pas à répondre aux différents entretiens, un sourire au coin des lèvres. Enfant abandonnée dans un orphelinat, elle a travaillé comme bonne. Elle avoue même que cet état est à l'origine de sa vocation d'écrivain. Oui, être orphelin, c'est une page blanche, sans passé, sans date de naissance, sans même un nom. Ceci est le discours officiel.

Sa vie a changé à tout jamais un dimanche de mars 1924. Ce dimanche de fête des mères octroyé à l'époque par les employeurs, le seul jour de congé de l'année, un dimanche qu'elle n'évoque jamais. Elle avait prévu de lire, profitant du calme de la maison vide, ou d'enfourcher sa bicyclette en cette journée ensoleillée. Elle va finalement rejoindre son amant sur son invitation, entrer par la porte principale de cette maison bourgeoise désertée, passer quelques heures dans cette chambre qu'elle ne reverra jamais. Mais tous les détails sont minutieusement imprimés dans sa mémoire, soixante-dix ans après les faits.

En peu de mots, Graham Swift nous parle de ce temps d'avant. Celui où les fils ne sont pas revenus de la Première guerre mondiale, les chevaux ont été remplacés par les automobiles, les familles aristocrates tristes pouvaient se permettre de payer uniquement une bonne et une cuisinière, les mariages étaient toujours arrangés (pour combien de temps encore). Il nous parle aussi de la création littéraire, l'auteur qui raconte des histoires, peut-être vraies, peut-être un peu inventées aussi. L'auteur nous livre un hommage à Joseph Conrad, cet écrivain aujourd'hui passé de mode qui n'écrivait pas que des livres sur la mer, qui a changé de nom en devenant anglais, qui n'a jamais écrit en polonais ou en français – des langues qu'il maitrisait parfaitement.
Un superbe roman beau et fort.
Commenter  J’apprécie          512




Lecteurs (1897) Voir plus



Quiz Voir plus

Londres et la littérature

Dans quelle rue de Londres vit Sherlock Holmes, le célèbre détective ?

Oxford Street
Baker Street
Margaret Street
Glasshouse Street

10 questions
1053 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature anglaise , londresCréer un quiz sur ce livre

{* *}