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sur 1036 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans la campagne anglaise lumineuse et calme, alors que des aristocrates se remettent d'une guerre qui a réduit leur train de vie, mais les a surtout privés de leurs fils morts aux combats, Jane aime Paul, les bibliothèques, les mots : les lire et les écrire. Mais Jane est bonne et Paul un aristocrate qui va bientôt se marier. Alors, quand le 30 mars 1924, le dimanche des mères qui libère les domestiques, il l'invite à pénétrer chez lui pour la première fois, Jane sait aussi que c'est la dernière. Une fin qui est peut-être pour la jeune fille la genèse d’une carrière d'écrivain...

Sensuel, déroutant, magnifique parfois, le récit de Graham Swift nous emporte loin dans les sentiments et les passions d'une femme qui ne s'encombre pas des préjugés de classes. Une femme qui va au bout de ses désirs et devient un écrivain (sorte de double littéraire de l'auteur ?) qui si elle s'exprime avec pondération et réflexion sur Conrad, sur l'écriture romanesque et sa part de vérité, ne reste pas moins une incorrigible passionnée : « Nous sommes tous du combustible. Sitôt nés, nous nous consumons, et certains d'entre nous plus vite que d'autres. Il existe différentes sortes de combustion. Mais ne jamais brûler, ne jamais s'enflammer, ne serait-ce pas triste ?  »
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C'est une journée particulière.
Une journée radieuse dans la campagne anglaise des années 20.
Une journée déterminante pour cette jeune domestique assoiffée de savoir et de liberté.
Juste vingt-quatre heures de la vie d'une femme, qui éclairent le destin peu banal de cette héroïne originale, sensuelle et libre.

C'est une fiction à la fois caustique et charmante, unissant avec talent l'élégance désuète des années post-victoriennes à une prose plus contemporaine.

Intéressante et jolie découverte d'un auteur que je ne connaissais pas (encore).


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Angleterre, 30 mars 1924. La campagne du Berkshire verdoie sous un soleil qui se donne des airs de mois de juillet. Sans doute pour se mettre au diapason de cette journée particulière qu'est le dimanche des mères. En effet, en ce dernier dimanche de mars, les aristocrates du comté accordent, par tradition, une journée de congé à leurs jeunes bonnes afin qu'elles puissent rendre visite à leur mère. Privés de leurs employées, ils ont, pour leur part, décidé d'organiser un pique-nique chez les Hobday, sorte de prélude aux futures noces entre leur fille Emma et le beau Paul Sheringham.
Chez les Niven, comme ailleurs, on se prépare pour cette radieuse journée. Peut-être avec moins d'enthousiasme que par le passé, quand les fils de la région étaient encore de fringants jeunes hommes appelés à un brillant avenir, quand la guerre n'avait pas encore privé les grandes familles de leurs héritiers. Milly, la cuisinière, compte prendre le train pour aller voir sa mère. Mais que va faire Jane qui est orpheline ? Une promenade à bicyclette dans la campagne ? Une journée de lecture dans la bibliothèque de Monsieur Niven ? Alors qu'elle hésite, un coup de fil vient décider de son programme. Paul, le futur marié, l'invite dans le manoir familial pour une après-midi d'amour. Pour la première fois, elle pourra entrer par la grande porte. Pour la première fois, elle pourra découvrir la chambre de son amant. Pour la première fois, elle disposera de la maison quand il partira rejoindre sa fiancée. Tant de premières fois pour ce qui sera sans doute leur dernière étreinte...

Une journée particulière dans la vie d'une jeune fille qui s'en souvient encore dans les moindres détails quelques soixante années plus tard. Une journée fondatrice, une parenthèse hors du temps, une récréation...Soleil, langueur, paresse, sensualité, sexe et drame, pour un moment de lecture envoûtant, une ode à la femme, belle, désirable et libre. A la littérature aussi. Celle de Conrad, de Stevenson, dite ''de garçons'' et que Jane aime à découvrir. de la passion de la lecture à la passion de l'écriture...un cheminement né peut-être par une chaude journée de 1924, quand le temps s'est arrêté, la laissant seule pour réfléchir, se chercher, se trouver.
Roman d'un amour interdit mais surtout roman de la liberté, du choix, de l'appétit de vivre. Un livre lumineux, poétique, vivifiant.

Merci Sallyrose pour ce précieux cadeau.
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Un bijou narratif que ce roman de Graham Swift : le dimanche des mères. Drôle de titre pour une drôle d'histoire... Celle de Jane Fairchild que j'ai suivie pas à pas tout au long de cette journée mémorable pour elle !
Pourtant rien de plus banal dans les faits. La domestique qu'elle est alors va rejoindre dans sa demeure familiale, à Upleigh, un fils de famille, Paul Sheringham, pour une rencontre amoureuse sans lendemain puisque ce dernier doit épouser Emma Hobbay. Un mariage arrangé qui convient aux deux familles, représentantes d'une bourgeoisie que la 1ère Guerre mondiale a mis à mal. Mais rien ne va se passer comme prévu et l'auteur va nous promener dans le temps qui se dilate et se tord au gré des flash-back et des anticipations qui jalonnent le roman. le fil d'Ariane ne sera pourtant jamais rompu et notre curiosité reste constamment sollicitée par une phrase, une remarque d'un narrateur toujours présent en arrière-plan.
Et nos questionnements sont nombreux au fur et à mesure que se déroule l'histoire. Quel étrange personnage que Jane Fairchild, qui, du statut de domestique, va embrasser une carrière d'écrivaine, sur laquelle elle va revenir par bribes alors qu'elle est âgée de quatre-vingt dix ans ! Qui est vraiment Paul Sheringham, ce fils de famille doté de l'aplomb et de la condescendance qui sont l'apanage de la classe dominante à laquelle il appartient et qui, en même temps, est capable de dire à Jane, une simple domestique, avec une sincérité non feinte : "Tu es mon amie".
La construction cinématographique est un autre atout du roman car elle nous donne à voir et à suivre pas à pas ce "dimanche des mères", très transgressif que celui de Jane Fairchild. de belles scènes amoureuses avec des gros plans sur la nudité des deux amants : moments de bien-être et de paix fort bien rendus sous la plume de l'auteur. Et surtout j'ai été émerveillée par ce qui constitue pour moi l'acmé du roman, c'est-à-dire la scène où Jane, laissée seule par son amant, va déambuler complètement nue dans la demeure d'Upleigh désertée par ses habitants. Cette scène est captivante, à la fois sur le plan visuel et symbolique. Elle nous donne à voir dans une sorte de long travelling, la promenade initiatique de Jane qui va prendre possession des lieux, en touchant les objets et en se découvrant pour la première fois tout entière dans un miroir. Un moment fort et symbolique qui va lui permettre de prendre peu à peu conscience de sa propre identité une fois qu'elle s'est débarrassée de ses vêtements de domestique et qu'elle est nue comme aux premiers jours de la création du monde...
La dernière remarque que je pourrais faire sur ce roman, c'est qu'il dépeint avec subtilité les rapports d'une bourgeoisie, en perte de vitesse mais très attachée à son standing, avec une domesticité "invisible" tant elle se fond dans le vécu des maîtres alors qu'elle est si proche de leur intimité !
Ce court roman m'a enchantée et tenue en haleine avec en prime le plaisir de savourer un humour toujours à fleur de phrase, tantôt léger, tantôt beaucoup plus grinçant lorsqu'il évoque et dénonce implicitement les rapports sociaux de l'époque.

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En cette journée de la Femme, je tiens à honorer ces domestiques tout entières dévouées à leurs maîtres, sans vie propre en dehors de « servir ».

Je dis ça, et puis finalement, je n'en pense pas moins. Car tout compte fait, qui, des maitres ou des servantes, connaissait la vraie vie ? Les privilégiés, tout entiers préoccupés de leurs loisirs, ne sachant quel sens donner à leur existence, à leur oisiveté? Ou les domestiques harassées sous de multiples occupations, balbutiant des « oui, monsieur », « bien, madame » à tout bout de champ, courant au four et au moulin, consolant les uns, aimant les autres… ?

Jane, en ce superbe dimanche de mars 1924, se prépare à profiter de la seule journée de congé de l'année, le « dimanche des mères ». Comme elle est orpheline, elle jouit d'une totale liberté et n'est tenue à rendre visite à personne. Quoique…lorsqu'un coup de téléphone retentit, et que son amant (« ami » dit-il) en la personne du jeune aristocrate voisin lui enjoint de passer la journée avec lui, elle y court. Mais ce dimanche qui devait être dévolu au plaisir se retournera comme un gant, comme la vie de Jane : sa future profession d'écrivain va éclore au sein du tumulte des émotions.

Ce roman est une ode à la féminité et à la liberté de ces femmes de l'ombre. Sur fond de prairies fleuries du Berkshire, l'intrigue est entrecoupée d'anticipations vers la vieillesse de Jane, écrivain accomplie, occasions pour l'auteur de gloser sur la littérature et le pouvoir des mots. Empreint d'une ambiance british et si champêtre, ponctué de touches d'humour et d'autodérision, il nous donne envie à nous aussi de nous balader dans la campagne et de rêver à un monde où les femmes seraient vraiment les égales des hommes.
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C'est « le dimanche des mères », celui que les bourgeois octroient à leurs domestiques pour aller dans leur famille. C'est celui que Jane va passer avec son amant, eux seuls dans la chambre de Paul. Nous sommes le 30 mars 1924.

Graham Swift est un enchanteur des mots. Ici, la phrase la plus anodine est une touche impressionniste dans le grand tableau qui s'écrit sous nos yeux.

Elle nue qui va faire le tour de la maison vide, Paul qui se rhabille lentement, elle qui observe le moindre grain de sa peau, craignant de le perdre à jamais, elle nue mangeant un reste de tourte, elle nue regardant son amant partir au volant de sa voiture.

Le roman tient en un jour, un jour qui va à jamais faire basculer sa vie. Quand Paul part rejoindre sa fiancée pour mettre au point la finalisation de son mariage, Jane quitte la chambre, laisse les draps encore humides de leur passion, pour s'enfuir dans la campagne anglaise lire Joseph Conrad.

Hommage aussi à la littérature, celle qu'on déniait aux femmes de lire à l'époque. Jane ne sera plus à compter de ce jour celle qui obéit, mais bien plus celle qui dicte.

Graham Swift nous donne ici un magnifique personnage de femme libre qui bouleverse tous les codes, s'affranchit des étiquettes et vivra sa vie jusqu'au bout de ses rêves.

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Le 30 mars 1924 est une journée radieuse.
Le 30 mars 1924 est un dimanche. Pas un dimanche comme les autres. le dimanche des mères, soit le dimanche où, quand vous étiez employée de maison, votre maitre vous donnait votre journée pour aller rendre visite à votre mère.
Le 30 mars 1924 est le jour qui va bouleverser à jamais la vie de Jane Fairchild.
Orpheline, elle n'a pas de visite à faire. Elle peut occuper sa journée comme bon lui semble. Mais Jane a un secret, un secret qu'elle ne révélera à personne, sauf dans ce récit qu'elle fait à 98 ans. Elle va profiter de sa liberté pour retrouver Paul Sheringham. L'occasion est trop belle d'autant qu'il va se marier 15 jours plus tard.
Quel beau récit !
A la fois sensuel, marqué d'une certaine langueur, d'une certaine indolence et en même temps d'une énergie, l'énergie vitale de cette jeune femme amoureuse qui ne doit surtout jamais raconter son secret, révéler ses sentiments et qui va construire sa vie sur cette journée exceptionnelle entre toute.
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Vestige d'une ancienne tradition aristocrate en perdition, le « dimanche des mères » est un jour particulier, durant lequel chaque employé de maison est délivré de ses obligations et libre d'aller passer la journée où bon lui semble. Pour Jane Fairfax, jeune orpheline au service des Niven qui n'a donc aucune famille à visiter, c'est une occasion exceptionnelle d'aller rejoindre pour la dernière fois son amant, Paul Sheringham, avant qu'il n'épouse une jeune femme de sa condition et ne l'oublie pour toujours.

La jeune fille, toute à son bonheur coupable, ignore encore que cette journée du 30 mars 1924 s'apprête à bouleverser à jamais sa vie et à donner un nouvel élan à son histoire…

Avec le récit détaillé de cette journée très particulière dans la vie de son héroïne, Graham Swift parvient à figer, avec beaucoup de précision et de justesse, chaque instant et chaque ressenti de façon à ce que, même raconté 70 ans plus tard, le récit n'ait rien perdu de sa vivacité, de sa sensualité et de sa puissance dramatique.

Perceptions sensorielles décuplées, émotions bigarrées, irréalité du moment, tout est là pour rendre l'instant inoubliable et souligne chez Graham Swift un sens indéniable de l'esthétique. Cette narratrice de 90 ans est également l'occasion de faire une rapide traversée du XXème siècle et de s'interroger sur la place de la femme, le rôle de la lecture, l'importance dans le choix des mots ainsi que sur le processus d'écriture. Un roman court, mais terriblement intense, envoûtant et parfaitement maîtrisé !

Challenge Jeu de l'oie
Challenge 7 familles
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Dans ce vieux siècle qui n'en finit pas de mourir dans le vingtième débutant, la guerre a pris tous les fils, morts quelque part dans la boue du nord de la France. En ce jour de mai 1924, il n'en reste plus qu'un, le plus jeune. Les autres sont des chambres vides et des portraits encadrés, ils hantent de leur absence le quotidien des vivants. La splendeur du train de vie passé a disparu, mais le monde des domestiques reste cantonné à sa place, derrière la muraille du protocole et des convenances. Totalement ? ...Jane, la petite bonne des Niven découvre la littérature patiemment dans la bibliothèque de ses maîtres. Elle entretient depuis 7 ans une liaison torride et secrète avec l'héritier du domaine voisin.
L'auteur concentre le basculement du monde et du destin personnel de son héroïne sur une seule journée pas comme les autres, le dimanche des mères de 1924, jour de congé pour les domestiques et jour du dernier rendez-vous de Jane avec son amant, qui doit épouser une héritière et partir à Londres.
Le regard se situe depuis la vieillesse de Jane qui repense sa vie, et ce jour précis avec une malice certaine et beaucoup d'émotion , dans des sortes d'interviews imaginaires . Elle interroge le destin, ses choix, l'amour des livres et des mots, ces mots qui évoquent, créent, transforment, adaptent le passé, disent les doutes et l'incertain, ils sont l'objet de toutes ses réflexions. Ils étirent le temps de la scène de la chambre sensuelle et impudique, cette relation tellement vraie de complicité et terriblement émouvante, ils accélèrent la marche vers la construction du destin de l'écrivain qui sommeillait dans la jeune orpheline.
J'ai beaucoup aimé cet éloge de la liberté créatrice, et ce croquis d'ambiance d'une époque où tout devient possible.

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Une belle journée de fête printanière voit le dernier moment d'intimité entre une soubrette anglaise et un héritier de bonne famille en passe de mariage.

Commencé dans le secret des amants cachés et la sensualité, ce dimanche des mères va se clore sur un drame qui sera l'acte fondateur du métier d'écrivain de Jane la petite bonne, de son talent de raconteuse d'histoires, où imagination, observations et souvenirs se mêlent.

Original à plus d'un titre, ce dimanche!
Le fond narratif est accrocheur dès les premières pages, par ces amours ancillaires dans l'atmosphère contemplative de la journée ensoleillée et le silence d'une maison vide et des objets immobiles. Le contraste avec la transgression érotique et la langueur des corps assouvis n'en ait que plus grand

Le twist de mi-parcours est particulièrement réussi, par son annonce lapidaire. le genre de petite phrase qu'on relit deux fois pour y croire.

Certains aficionados d'une série anglaise remarquée verront de la similitude dans les destinées: la société britannique des années 20, la grande faucheuse de 14/18 qui a laminé une génération les jeunes hommes, un monde aristocratique qui disparaît, laissant possible l'éclosion de la classe des domestiques et des femmes dans d'autres formes de talent.

Sur la forme, j'émettrais bien quelques réserves concernant l'écriture, dont les digressions par tirets explicatifs nuisent à la fluidité de la narration. La lecture en devient heurtée et cela m'a souvent gênée.
Il faut également composer avec un récit elliptique, des sauts temporels se mêlant à une réflexion sur la vocation littéraire.

Un petit roman qui a tout d'un grand, faisant échos aux grands noms de la littérature de l'époque évoquée et se démarquant des romans historiques post-victoriens par son modernisme.
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